21 novembre 2024 |

Ecrit par le 21 novembre 2024

Triomphe de ‘Tosca’ pour clore en beauté l’édition 2024 des Chorégies d’Orange

Roméo et Juliette à la ville comme à la scène, le ténor Roberto Alagna et la soprano Aleksandra Kurzak ont conquis les 8 000 spectateurs du Théâtre Antique qui ont applaudi à tout rompre cet opéra du compositeur Giacomo Puccini dont on célèbre cette année le centenaire de la mort.

En version concertante, c’est-à-dire sans costumes, ni mise en scène, ni artifice, ni accessoire, cette unique représentation aurait pu déstabiliser un public habitué à certains fastes dans les costumes ou les décors et parfois à la créativité à tout crin de metteurs en scène en mal de reconnaissance, qui veulent à tout prix dépoussiérer la moindre partition qui leur tombe sous la main. « Ici, tout est à inventer », explique Roberto Alagna. « Nous devons donner à voir par notre seule voix », ajoute son épouse Aleksandra Kurzak. « En plus avec ce décor naturel, ce mur d’Orange, ce plateau, c’est magique ! », commente le duo à l’unisson.

Roberto Alagna, le chouchou des Chorégies est chez lui sur cette immense scène, au pied de la statue d’Auguste, qu’il a si souvent arpentée, au prix d’une entorse à la cheville une fois, et il a continué comme si de rien n’était. Il est vrai que c’est la 18ᵉ fois que ses fans (dont je suis, je le confesse) viennent l’applaudir. Cette histoire d’amour a débuté en 1993 dans La Traviata. Il est revenu, presque chaque été, en famille, pour  Rigoletto en 1995, un concert en 97, le Requiem de Verdi en 2001, Roméo et Juliette en 2002, Carmen en 2004, La Bohème en 2005, Aida l’année d’après. Puis dans l’ordre, Le Trouvère, Faust, Cavalleria Rusticana et Pagliacci en 2009, Tosca déjà en 2010, Turandot, Otello, encore Le Trouvère en 2015. Il avait aussi fêté ses 30 ans de carrière à Orange en 2016 tellement il est attaché à ce lieu, son acoustique et ses ondes positives, il avait participé à une ‘Nuit magique’ en 2020 en plein Covid et enfin, on l’avait revu en 2022 pour Samson et Dalila de Saint-Saëns.

Le public s’est arraché les 8313 places du Théâtre antique d’Orange pour Tosca.

Ce lundi soir, le mistral a fait des siennes, avec des rafales tourbillonnantes au cœur de l’hémicycle. Mais il n’a pas entamé la puissance de la voix du duo Tosca – Mario, qui est passée au-dessus de l’Orchestre Philharmonique de Nice dirigé par une Clelia Cafiero bondissante. Comme La Tebaldi, Régine Crespin ou Maria Callas avant elle, Alezksandra Karzak a su, dans un sanglot où se mêlaient passion et douleur, interpréter le fameux « Vissi d’arte. » Pendant que Roberto Alagna s’est imposé, sans surprise, dans « E lucevan le stelle. » 

Au terme de deux heures et quart, la représentation de Tosca (dont le livret a été écrit à partir d’une pièce de Victorien Sardou, le grand-père de Michel Sardou), a été marquée par d’innombrables « Bravo ! » à tout rompre, une standing ovation a duré plusieurs minutes pour remercier chanteurs, choristes et musiciens de ce moment suspendu, de cette version qui pourrait faire date dans les annales des Chorégies. Qui vivra verra. En tout cas, l’an prochain, Orange devrait renouer avec la programmation de deux opéras, puisqu’il s’agit du plus ancien festival d’art lyrique du monde, créé en 1869. On connaît l’un des deux, ce sera Lucia di Lammermoor de Gaetano Donizetti.


Triomphe de ‘Tosca’ pour clore en beauté l’édition 2024 des Chorégies d’Orange

Et pourtant, elle a failli ne pas exister cette soirée qui restera dans les annales… Déjà l’année dernière, la pianiste avait annulé son concert à Orange pour une excellente raison : « baby blues » après la naissance de sa petite Charlotte. Samedi 29 juin, c’est la météo qui a fait des siennes avec un violent orage qui s’est déclenché vers 19h30 au-dessus du Théâtre Antique.

Forêt de parapluies, K-Way, les mélomanes ont attendu patiemment que les gouttes se raréfient. Le « corps de balais » des Chorégies s’est activé pour chasser l’eau de l’immense plateau, d’autres ont épongé les sièges et chevalets porte-partitions des musiciens de l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo. La bâche qui protégeait le long piano à queue est emportée par les techniciens.

C’est à ce moment-là que, soulagé, le directeur Jean-Louis Grinda prend le micro, vers 21h45 pour s’adresser au public. « Merci pour votre patience, pour votre fidélité et pour votre gentillesse. Le concert va pouvoir débuter ».

Celle qui se produit dans les sites les plus prestigieux (Salzbourg, Carnegie Hall à New-York, Concertgebouw d’Amsterdam, Philharmonie de Berlin, Théâtre des Champs Élysées, Scala de Milan) fait, pour la 1ʳᵉ fois de sa carrière, son entrée sur l’immense scène du théâtre Antique. Talons aiguilles, robe noire à paillettes, chevelure ondulante, rouge-baiser. Elle se penche sous le Steinway et, avec un kleenex essuie délicatement les pédales du piano à queue, sous des éclats de rire et une ovation générale.

La star entame alors l’allegro du célébrissime concerto n°1 de Tchaïkovski que tout le monde connaît, mais qui, sous ses doigts, son toucher, donne une autre résonance. Au 3ᵉ rang, c’est-à-dire à moins de dix mètres, tout du jeu de Khatia Buniashvili est perceptible : les vibrations du piano, la puissance, la force, l’énergie de la main gauche, le timbre tempétueux et volcanique de la géorgienne puis la douceur caressante des pianissimi, comme des perles de pluie. Sa gestuelle, ses balancements lascifs, sa tignasse brune et bouclée qu’elle envoie en arrière quand elle attaque des montées chromatiques d’un bout à l’autre du clavier, les musiciens qu’elle entoure de ses bras, les regards complices qu’elle échange avec le chef Kirill Karabits. Le public est subjugué, il retient son souffle et exulte à la fin du 1ᵉʳ mouvement. 

Khatia Buniashvili arrive pour la 1ere fois sur la scène du Théâtre Antique suivie du chef Kirill Karabits.

Après l’andantino, c’est le 3ᵉ mouvement « Allegro con fuoco », fougueux comme elle, qui fait chavirer Orange. Durant les quarante minutes que dure ce concerto, les milliers de mélomanes sont sur un petit nuage et le lui prouvent par leurs acclamations et leurs longs applaudissements. Du coup, elle revient sur scène pour les surprendre avec une version jazzy de la chanson de Gainsbourg La javanaise, comme auraient pu l’improviser Thelonious Monk, Art Tatum ou Keith Jarrett. Tour à tour espiègle, rebelle, exubérante, farouche puis câline, elle ose tout, elle donne tout, c’est pour ça qu’on l’aime. Finalement, elle conclura ce concert de pur bonheur par une Rhapsodie de Liszt, la 2ᵉ, où elle éblouira de sa virtuosité légendaire un public conquis d’un bout à l’autre de sa prestation et qui aura conscience d’avoir vécu un moment historique dans la longue vie (depuis 1869) du plus vieux festival du monde. Un concert en « Femme » majeur(e).


Triomphe de ‘Tosca’ pour clore en beauté l’édition 2024 des Chorégies d’Orange

Cette année, Musiques en fête, en direct des Chorégies d’Orange, célébrera l’année Puccini et mettra tout particulièrement à l’honneur les Jeux Olympiques avec plusieurs séquences spécialement conçues pour l’occasion, la flamme passant par Orange à cette même période.

Depuis 2011, France 3 propose chaque année, au mois de juin, un spectacle exceptionnel qui rassemble tous les amoureux de la musique, les curieux, les néophytes et les mélomanes ! Musiques en fête, en direct des Chorégies d’Orange, qui ouvre le festival des Chorégies d’Orange, est ainsi devenu année après année un rendez-vous incontournable de la saison musicale estivale française.

Lors de chaque édition, le public découvre ou redécouvre les plus grands airs d’opéra, de comédies musicales, mais aussi les plus belles chansons du répertoire, des ballets, des musiques de films… C’est dans ce splendide écrin architectural qu’est le Théâtre Antique que de jeunes artistes, mais également de grandes voix et de grands musiciens internationaux, offrent un spectacle unique aussi intense visuellement que musicalement. 

Ce programme sera diffusé en direct sur France 5 et présenté par Cyril Féraud et Judith Chaine 

Avec Mariam Battistelli, Arturo Chacón-Cruz, Faustine de Monès, Emy Gazeilles, Pierre Genisson (clarinette), Florine God, Diego Godoy, Jeanne Gollut, Nika Guliashvili, André Heyboer, Anastasia Kobekina (violoncelle), Neïma Naouri, Lucienne Renaudin-Vary (trompette), Pablo Ruiz, Camille Schnoor, Alexandre Tharaud (piano), Marina Viotti, et Christian Zaremba.

Luciano Acocella et Didier Benetti partageront la baguette avec Ariane Matiakh et Yvan Cassar à la tête de l’Orchestre national Montpellier Occitanie.
Avec les artistes du Chœur de Parme 
Avec la Maîtrise des Bouches-du-Rhône
Chorégraphie par Stéphane Jarny
Dirigé par Ariane Matiakh, Didier Benetti, Luciano Acocella et Yvan Cassar

Un spectacle de l’Olympiade Culturelle de Paris 2024 

Chaque mois, un spectacle de l’Olympiade Culturelle de Paris 2024 fait l’événement sur France Télévisions. Dès à présent et jusqu’aux Jeux, Paris 2024 encourage les artistes, les compagnies, les associations, les collectivités et le mouvement sportif à être acteur de la programmation culturelle des Jeux dans toute la France En tout, une quinzaine de captations de musique, opéra, danse et théâtre sont proposées sur les antennes 

Pour plus d’informations, cliquez ici.

Mercredi 19 juin. Fermeture des portes 20h. Spectacle à 21h. Théâtre Antique. Orange. 04 90 34 24 24.


Triomphe de ‘Tosca’ pour clore en beauté l’édition 2024 des Chorégies d’Orange

Et aussi 67% de remplissage pour Tosca et un millier de billets pour la « Buniatishvili », rock-star du piano.

Les réservations vont bon train après les années chaotiques de soucis financiers, de crise sanitaire et de jauge divisée par deux. L’an dernier à la même époque, seulement 9 500 festivaliers avaient réservé leur place dans les gradins de pierre du Théâtre Antique, soit 3 500 en moins.

Mais l’affiche 2024 des Chorégies d’Orange est alléchante avec pour commencer, Mika ‘philharmonique’ le 23 juin. De son vrai nom Michael Holbroock Penniman, l’auteur-compositeur-interprète mais aussi juré et coach de The voice est né à Beyrouth en août 1983. Disque de diamant dès sa 1ère publication en 2007, ‘Life in Cartoon Motion’ vendu à 5,6 millions d’exemplaires, il enchaîne les tubes, albums de platine et récompenses comme le Music Award en 2019 à Londres. A Orange, Mika interprètera ses chansons accompagné par l’Orchestre National Avignon Provence et le Choeur Région Sud dirigés par le chef québécois Simon Leclerc qui les a arrangées.

Une diva au pied du mur d’Auguste
Samedi 29 juin, une diva du piano pour la 1ère fois au pied du Mur d’Auguste, Khatia Buniatishvili qui avait annulé l’an dernier pour « baby blues » après la naissance de sa petite fille mais qui vient cet été avec le célébrissime concerto n°1 de Tchaïkovski qui va à coup sûr embraser ses milliers de fans. Suivra une soirée Ciné-concert le 5 juillet avec « La ruée vers l’or » de Charlie Chaplin et Débora Waldman à la baguette de l’Orchestre National Avignon Provence.

L’année 2024 s’annonce être un bon crû en termes de fréquentation pour les Chorégies.

Pour les amateurs de danse, la dernière création du chorégraphe Thierry Malandain ‘Les saisons’ le 12 juillet. Celles que tout le monde connaît par coeur, signées Antonio Vivaldi, mais aussi celles à découvrir du compositeur Giovanni Antonio Guido. Elles seront précédées de ‘L’oiseau de feu’ de Stravinsky. Le 16, place aux Black Legends, gospel, soul, jazz, blues, funk, disco… Un siècle de musiques afro-américaines en 37 tableaux mythiques, de Nina Simone à Prince, de Ray Charles à Michael Jackson, de Billie Holiday à Beyonce, de Marvin Gaye à James Brown, une plongée de près de 2 heures dans la légende d’Outre-Atlantique avec chanteurs, danseurs et musiciens. Déjà 2 000 places ont été vendues.

Suivra le jeune violoncelliste Edgar Moreau pour la soirée du 18 juillet : avec l’Intégrale des fameuses ‘Suites pour violoncelles’ de Bach… 2h 30 de bonheur pour les inconditionnels du maître de chapelle du Duc de Saxe-Weimar.

Roberto Alagna devant le théâtre antique d’Orange.

Le retour du chouchou des Chorégies
Et enfin, le 22 juillet, retour à Orange de l’enfant chéri des Chorégies, le chouchou, le ténor Roberto Alagna dans une version concert de ‘Tosca’ dirigée par la chef Clelia Cafiero à l’occasion du centenaire de la mort de Giacomo Puccini. Déjà 67% des 8313 places du Théâtre antique se sont arrachées, 3 mois avant cette unique représentation qui va sûrement provoquer une longue, très longue standing ovation des festivaliers devant leur idole.

Réservations : www.choregies.fr
04 90 34 24 24
Guichet : 18 Place Sylvain – 84 100 Orange


Triomphe de ‘Tosca’ pour clore en beauté l’édition 2024 des Chorégies d’Orange

Les Chorégies d’Orange 2023 auront lieu du 19 juin au 24 juillet. Comme chaque année, afin que tout le monde puisse en profiter, notamment les Orangeois, la Ville organise une distribution gratuite de places pour ses habitants le mercredi 14 juin, dès 8h, à l’espace Daudet.

Un justificatif de domicile ainsi qu’une pièce d’identité seront demandés aux personnes qui se présenteront à cette distribution. Les places seront données dans la limite de deux par personne jusqu’à épuisement des stocks. Les premiers arrivés seront donc les premiers servis !

V.A.


Triomphe de ‘Tosca’ pour clore en beauté l’édition 2024 des Chorégies d’Orange

« Sublime! Unique! Magique! Que du bonheur! Quel enchantement! Felicita! » Voilà les mots que l’on a le plus entendus mercredi 20 juillet vers minuit quand les 8313 spectateurs ont quitté les gradins du Théâtre Antique, tous le sourire aux lèvres.

Cette ‘Nuit italienne’ programmée par Jean-Louis Grinda, le directeur des Chorégies restera à coup sûr dans les annales. Pensez donc, 220 musiciens et choristes de la Scala à Orange. L’alliance de deux lieux dédiés à l’art, la musique, l’excellence. Avec ‘La Fenice’ à Venise, la ‘Scala’ est l’autre scène d’Italie du Nord incontournable pour les amateurs de lyrique et d’opéra. Il suffit de citer quelques-uns des chefs qui ont dirigé le ‘Teatro alla Scala’ de Milan pour s’en convaincre : Toscanini, Giuliani, Abbado, Muti, Barenboim et depuis 2015 Riccardo Chailly ont forgé la réputation de l’orchestre, renforcé par 6 longues trompettes égyptiennes mercredi soir.

Et Verdi de la 1ère à la dernière note pour enflammer un public conquis. Verdi a créé la plupart de ses opéras à la Scala et les lyricomanes du Théâtre Antique ont savouré les ‘tubes’ extraits de Nabucco, Les Lombards, Don Carlo, Le Trouvère, la Force du Destin et évidemment Aïda, trissé pour un public debout pendant un quart d’heure qui tapait dans ses mains et en mesure l’air des trompettes ! Un partage à l’unisson des deux côtés de la scène, à tel point que Riccardo Chailly, dans un premier temps s’est tourné vers le public pour diriger puis a contemplé avec délice l’échange entre ses musiciens et choristes et les spectateurs avant d’applaudir le public.

« Orange se souviendra de la Scala, mais c’est sûr que la Scala se souviendra de cette soirée inoubliable à Orange » a commenté en français et en roulant les « r », un spectateur italien venu spécialement de Milan pour voir son orchestre préféré triompher à ciel ouvert dans ce théâtre romain dédié à l’Empereur Auguste.


Triomphe de ‘Tosca’ pour clore en beauté l’édition 2024 des Chorégies d’Orange

Giselle, chef-d’oeuvre du ballet romantique
Créé en 1841, à l’Académie royale de Musique de Paris Giselle est l’un des ballets les plus dansés au monde. C’est pour cette raison que le chorégraphe Kader Belarbi a voulu être fidèle à l’esprit de la partition tout en apportant une touche personnelle. Il a alors entamé des recherches sur les différentes ‘Gisèle’ afin de projeter cet héritage et de respecter la tradition avec le regard de ce que nous sommes aujourd’hui.

Mais qu’est ce qu’un ballet romantique ?
Être romantique, c’est sortir de l’ennuyeuse répétition du quotidien et divaguer vers le rêve. La ballerine sera donc insaisissable, évanescente vêtue d’un tutu blanc et chaussée de satin. Et évidemment dans le romantisme l’amour est plus fort que la mort.

Un ballet en 2 actes sur une musique d’Adolphe Adam (1803-1856)
Dans un village, au moment des vendanges. Giselle, une jeune paysanne, est amoureuse d’un bel inconnu. De lui, elle ne sait que son nom : Loys. Mais le braconnier Hilarion, épris de Giselle, et que la jalousie rend perspicace, soupçonne quelque grand seigneur. En ce jour de vendanges, la danse s’est emparée de tout le village. Comme à l’accoutumée, Giselle danse à perdre haleine, malgré un cœur fragile et au grand désespoir de sa mère.

Lundi 18 juillet. 21H30. 18 à 100€.Théâtre antique d’Orange. 04 90 34 24 24 24. billetterie@choregies.com


Triomphe de ‘Tosca’ pour clore en beauté l’édition 2024 des Chorégies d’Orange

Et comme pour chaque Fête Nationale, une ‘Marseillaise’ XXL a retenti en ouverture, au pied du mur d’Auguste, entonnée par la contralto québécoise Marie-Nicole Lemieux, la basse Nicolas Courjal, le ténor Cytille Dubois, la soprano australienne Eleanor Lyons, 300 choristes, les musiciens de l’Orchestre Nexus et les 7 000 spectateurs du Théâtre Antique, tous debout. Un moment de communion et de ferveur républicaines en amont de cet ‘Everest’ de la musique sacrée dirigé par le chef John Nelson, 80 ans, habitué des partitions liturgiques(on l’a vu dans ‘La grande messe des morts’ de Berlioz, ‘La création’ de Haydn, ‘La Passion selon Saint-Mathieu’ de Bäch).

Cette ‘Messe solennelle’, Beethoven a mis plus de 4 ans pour la composer. Elle est dédiée à l’Archiduc d’Autriche Rodolphe, son ancien élève devenu ami puis mécène à qui il a dédicacé nombre de partitions, comme ‘Le Trio l’Archiduc’ ou ‘Le Concerto pour piano n° 5 L’Empereur’ qu’on a entendu ici même la semaine dernière, sous les doigts de Pierre-Laurent Aymard. C’est une oeuvre monumentale qui transcende les 5 mouvements traditionnels d’une messe : Kyrie – Gloria – Credo – Sanctus – Agnus dei, en latin, avec une palette de trompettes, de cors, de timbales, de percussions qui ont embrasé Orange, avant de revenir au recueillement et au pianissimo d’un solo de violon. On passe du gigantesque symphonique à la flûte seule d’un oiseau, des ‘tutti’ monumentaux à la fugue d’un Jean-Sébastien Bäch.

Près d’une heure et demi d’enchantement, une standing ovation des milliers de spectateurs ravis mais inquiets à cause de l’odeur de pins calcinés et des tourbillons de cendres venues de l’incendie de La Montagnette, entre Graveson et Tarascon, à quelques encablures de là.


Triomphe de ‘Tosca’ pour clore en beauté l’édition 2024 des Chorégies d’Orange

Après un été 2020 ‘confiné’, 2021 a été l’année de la renaissance… Avec la diva Cecilia Bartoli, le violon pop-rock vivaldien de Nemanja Radulesco, le retour de Roberto Alagna dans Samson et la rencontre flamboyante Béjart-Queen.

Et pour 2022, Jean-Louis Grinda, le directeur artistique veut encore « diversifier le programme, élargir le public ». La saison débutera en juin avec Musiques en Fête, en direct sur France 3, le prime le plus regardé de l’année. Mais les Chorégies entreront dans le vif du sujet le 7 juillet avec le chef Myung-Whun Chung et les 100 musiciens du Philharmonique de Radio France qui accompagneront le pianiste Nicolas Angelich (programme pas encore connu). Le lendemain un inédit ‘Elisir d’amore’ de Donizetti qui n’a jamais été donné devant le mur d’Auguste…et dont tout le monde connaît le tube ‘Une furtiva lagrima’ : avec le ténor René Barbera, la chanteuse américaine Pretty Yende détectée par Placido Domingo et le baryton Erwin Schrott.

Beethoven pour le 14 juillet
Le 14 juillet, la ‘Missa solemnis’ de Beethoven, « L’Everest de la musique sacrée » interprétée par 7 chœurs, des dizaines de musiciens, les sopranos Patricia Petibon et Marie-Nicole Lemieux, le ténor Cyrille Dubois et la basse Nicolas Courjal dirigés par John Nelson. Le 18 juillet, ‘Giselle’, le plus grand ballet romantique français écrit par Adolphe Adam, mis en scène par le chorégraphe Kader Benlarbi, ancien danseur étoile de l’Opéra de Paris.

La Scala de Milan puis Chaplin
Un temps fort, annulé l’an dernier, mais les Chorégies attirent les plus grands, la preuve. ‘La Scala’ de Milan dirigée par son chef iconique Riccardo Chailly sera à Orange le 20 juillet pour un concert des ouvertures et chœurs les plus connus de Verdi, Nabucco, Aida, La force du destin, Traviata, Rigoletto… Bref, un régal ! Le 30, ciné-concert Spécial Chaplin, après ‘Le kid’ l’an dernier, ‘Les lumières de la ville’ l’été prochain.
En août, ‘La symphonie du nouveau monde’ d’Anton Dvorak le 5 et le lendemain, le second opéra de l’édition 2022 : ‘La Gioconda’ d’Amilcare Ponchielli mise en scène par le directeur artistique des Chorégies, Jean-Louis Grinda.
Les Chorégies qui ont failli disparaître en 2018, à l’aube de leurs 150 ans, ont été sauvées par la Région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur qui a d’ailleurs multiplié par 3 sa subvention (750 000€ au lieu de 250 000€) pour compenser la limite de jauge en 2021. De son côté, l’Etat a abondé de 350 000€ sa dotation. En tout, leur budget global est passé en 6 ans de 51 à 65M€, un festival qui s’autofinance à plus de 85%, ce qui est rarissime.

Réservations à partir du 10 décembre : 04 90 34 24 24 ou billetterie@choregies.com

www.choregies.fr

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