22 juillet 2024 |

Ecrit par le 22 juillet 2024

Inoubliable ‘Nuit Tchaïkovski’ aux Chorégies avec l’envoûtante Khatia Bunatishvili

Et pourtant, elle a failli ne pas exister cette soirée qui restera dans les annales… Déjà l’année dernière, la pianiste avait annulé son concert à Orange pour une excellente raison : « baby blues » après la naissance de sa petite Charlotte. Samedi 29 juin, c’est la météo qui a fait des siennes avec un violent orage qui s’est déclenché vers 19h30 au-dessus du Théâtre Antique.

Forêt de parapluies, K-Way, les mélomanes ont attendu patiemment que les gouttes se raréfient. Le « corps de balais » des Chorégies s’est activé pour chasser l’eau de l’immense plateau, d’autres ont épongé les sièges et chevalets porte-partitions des musiciens de l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo. La bâche qui protégeait le long piano à queue est emportée par les techniciens.

C’est à ce moment-là que, soulagé, le directeur Jean-Louis Grinda prend le micro, vers 21h45 pour s’adresser au public. « Merci pour votre patience, pour votre fidélité et pour votre gentillesse. Le concert va pouvoir débuter ».

Celle qui se produit dans les sites les plus prestigieux (Salzbourg, Carnegie Hall à New-York, Concertgebouw d’Amsterdam, Philharmonie de Berlin, Théâtre des Champs Élysées, Scala de Milan) fait, pour la 1ʳᵉ fois de sa carrière, son entrée sur l’immense scène du théâtre Antique. Talons aiguilles, robe noire à paillettes, chevelure ondulante, rouge-baiser. Elle se penche sous le Steinway et, avec un kleenex essuie délicatement les pédales du piano à queue, sous des éclats de rire et une ovation générale.

La star entame alors l’allegro du célébrissime concerto n°1 de Tchaïkovski que tout le monde connaît, mais qui, sous ses doigts, son toucher, donne une autre résonance. Au 3ᵉ rang, c’est-à-dire à moins de dix mètres, tout du jeu de Khatia Buniashvili est perceptible : les vibrations du piano, la puissance, la force, l’énergie de la main gauche, le timbre tempétueux et volcanique de la géorgienne puis la douceur caressante des pianissimi, comme des perles de pluie. Sa gestuelle, ses balancements lascifs, sa tignasse brune et bouclée qu’elle envoie en arrière quand elle attaque des montées chromatiques d’un bout à l’autre du clavier, les musiciens qu’elle entoure de ses bras, les regards complices qu’elle échange avec le chef Kirill Karabits. Le public est subjugué, il retient son souffle et exulte à la fin du 1ᵉʳ mouvement. 

Khatia Buniashvili arrive pour la 1ere fois sur la scène du Théâtre Antique suivie du chef Kirill Karabits.

Après l’andantino, c’est le 3ᵉ mouvement « Allegro con fuoco », fougueux comme elle, qui fait chavirer Orange. Durant les quarante minutes que dure ce concerto, les milliers de mélomanes sont sur un petit nuage et le lui prouvent par leurs acclamations et leurs longs applaudissements. Du coup, elle revient sur scène pour les surprendre avec une version jazzy de la chanson de Gainsbourg La javanaise, comme auraient pu l’improviser Thelonious Monk, Art Tatum ou Keith Jarrett. Tour à tour espiègle, rebelle, exubérante, farouche puis câline, elle ose tout, elle donne tout, c’est pour ça qu’on l’aime. Finalement, elle conclura ce concert de pur bonheur par une Rhapsodie de Liszt, la 2ᵉ, où elle éblouira de sa virtuosité légendaire un public conquis d’un bout à l’autre de sa prestation et qui aura conscience d’avoir vécu un moment historique dans la longue vie (depuis 1869) du plus vieux festival du monde. Un concert en « Femme » majeur(e).


Inoubliable ‘Nuit Tchaïkovski’ aux Chorégies avec l’envoûtante Khatia Bunatishvili

Ce voyage inattendu est une expérience unique au coeur de ce monument classé en 1981 au Patrimoine de l’UNESCO proposée par Edeis qui apporte une stratégie à 360° au service de l’attractivité des collectivités. « Nous avons 5 sites majeurs en France, » explique Mathilde Moure, la directrice, « Trois à Orange l’Arc de Triomphe, le Musée d’Art et d’Histoire et le Site des Chorégies, trois à Nîmes, les Arènes, la Tour Magne et la Maison Carrée, un à Cherbourg la Cité de la Mer, un autre en Isère le Petit Train de la Mure et enfin, à Lourdes, le Pic du Jer ».

Toute une équipe pluridisciplinaire de restitution 3D a travaillé main dans la main pour la réalisation de ce film de 12 minutes : historiens, archéologues, architectes, ingénieurs, compositeurs, comédiens topographes, infographistes L’univers sonore aussi est pris en compte par des chercheurs et des ingénieurs du son de la Sorbonne et de l’Université de Caen, en tout une trentaine d’experts.

Quand on participe à cette « Odyssée sonore« , on se retrouve dans les coulisses de l’Antiquité, équipé d’un casque et d’écouteurs dolby stereo et on retrouve le Théâtre Antique tel qu’il était à son âge d’or, à l’époque des Romains. Une 1ère version avait existé en 2018, plus didactique et elle avait attiré 70 000 spectateurs. Cette approche high-tech est plus ludique, plus innovante et permettra le renouvellement des publics en attirant sans aucun doute plus de jeunes.

Grâce à cet équipement, on se retrouve au 1er siècle avant J-C, sur scène, au pied de l’immense mur qui aidait à projeter le son vers l’auditoire, puis en haut des gradins, sous l’immense velum rouge qui protégeait du soleil, puis dans les coulisses où on voit comment le rideau ne tombait pas des cintres mais se rangeait sous la scène et était déployé comme les navigateurs le faisaient jadis sur les bateaux à voiles.

©EDEIS

Ces technologies immersives mobilisent réflexion et imagination et redonnent vie à ce lieu majestueux sans oublier son exceptionnelle acoustique. Pas moins de 10 mois de développement ont été nécessaires pour faire aboutir le film dont la bande-son est composée de 16 sources.

Alors qu’Orange s’apprête à vibrer dès le 14 juin avec les Chorégies, (Musiques en Fête, Mika, la rock-star du piano Khatia Buniatishvili et Roberto Alagna dans « Tosca »), Edeis propose aussi, en journée, toutes les 30 minutes entre 9h & 20h 30, « Les secrets du Théâtre », une de ces visites virtuelles immersives pour 5€. Quand le passé résonne avec le futur.

Contacts : www.theatre-antique.com


Inoubliable ‘Nuit Tchaïkovski’ aux Chorégies avec l’envoûtante Khatia Bunatishvili

Et aussi 67% de remplissage pour Tosca et un millier de billets pour la « Buniatishvili », rock-star du piano.

Les réservations vont bon train après les années chaotiques de soucis financiers, de crise sanitaire et de jauge divisée par deux. L’an dernier à la même époque, seulement 9 500 festivaliers avaient réservé leur place dans les gradins de pierre du Théâtre Antique, soit 3 500 en moins.

Mais l’affiche 2024 des Chorégies d’Orange est alléchante avec pour commencer, Mika ‘philharmonique’ le 23 juin. De son vrai nom Michael Holbroock Penniman, l’auteur-compositeur-interprète mais aussi juré et coach de The voice est né à Beyrouth en août 1983. Disque de diamant dès sa 1ère publication en 2007, ‘Life in Cartoon Motion’ vendu à 5,6 millions d’exemplaires, il enchaîne les tubes, albums de platine et récompenses comme le Music Award en 2019 à Londres. A Orange, Mika interprètera ses chansons accompagné par l’Orchestre National Avignon Provence et le Choeur Région Sud dirigés par le chef québécois Simon Leclerc qui les a arrangées.

Une diva au pied du mur d’Auguste
Samedi 29 juin, une diva du piano pour la 1ère fois au pied du Mur d’Auguste, Khatia Buniatishvili qui avait annulé l’an dernier pour « baby blues » après la naissance de sa petite fille mais qui vient cet été avec le célébrissime concerto n°1 de Tchaïkovski qui va à coup sûr embraser ses milliers de fans. Suivra une soirée Ciné-concert le 5 juillet avec « La ruée vers l’or » de Charlie Chaplin et Débora Waldman à la baguette de l’Orchestre National Avignon Provence.

L’année 2024 s’annonce être un bon crû en termes de fréquentation pour les Chorégies.

Pour les amateurs de danse, la dernière création du chorégraphe Thierry Malandain ‘Les saisons’ le 12 juillet. Celles que tout le monde connaît par coeur, signées Antonio Vivaldi, mais aussi celles à découvrir du compositeur Giovanni Antonio Guido. Elles seront précédées de ‘L’oiseau de feu’ de Stravinsky. Le 16, place aux Black Legends, gospel, soul, jazz, blues, funk, disco… Un siècle de musiques afro-américaines en 37 tableaux mythiques, de Nina Simone à Prince, de Ray Charles à Michael Jackson, de Billie Holiday à Beyonce, de Marvin Gaye à James Brown, une plongée de près de 2 heures dans la légende d’Outre-Atlantique avec chanteurs, danseurs et musiciens. Déjà 2 000 places ont été vendues.

Suivra le jeune violoncelliste Edgar Moreau pour la soirée du 18 juillet : avec l’Intégrale des fameuses ‘Suites pour violoncelles’ de Bach… 2h 30 de bonheur pour les inconditionnels du maître de chapelle du Duc de Saxe-Weimar.

Roberto Alagna devant le théâtre antique d’Orange.

Le retour du chouchou des Chorégies
Et enfin, le 22 juillet, retour à Orange de l’enfant chéri des Chorégies, le chouchou, le ténor Roberto Alagna dans une version concert de ‘Tosca’ dirigée par la chef Clelia Cafiero à l’occasion du centenaire de la mort de Giacomo Puccini. Déjà 67% des 8313 places du Théâtre antique se sont arrachées, 3 mois avant cette unique représentation qui va sûrement provoquer une longue, très longue standing ovation des festivaliers devant leur idole.

Réservations : www.choregies.fr
04 90 34 24 24
Guichet : 18 Place Sylvain – 84 100 Orange

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