22 juillet 2024 |

Ecrit par le 22 juillet 2024

Théâtre du Chien qui Fume : les Vantaggioli prêts pour le Festival d’Avignon 2024

En 2022, Danielle et Gérard fêtaient les 40 ans de leur théâtre avec comme ADN, l’esprit de troupe, le verbe, le partage, la joie et l’amour. En 2024, ils continuent quelle que soit l’actualité. Du 29 juin au 21 juillet, ils proposent 6 spectacles au « Chien qui fume » rue des Teinturiers et 7 au « Petit Chien », en face Rue Guillaume Puy.

Pour une fois, Clémentine Célarié ne sera pas là. En revanche, tous leurs amis, toutes les liens de fidélité qu’ils ont tissés au fil des ans seront visibles. A commencer par Le Grenier de Babouchka qui propose « Cyrano de Bergerac » avec une dizaine de comédiens survoltés mis en scène par Jean-Philippe Daguerre.

« La chienne de ma vie », un texte du journaliste littéraire du Figaro, Claude Duneton avec Alain Reibel accompagné sur scène par l’accordéoniste Michel Glasko. « Rita, la chienne de mes parents, était un peu ma petite soeur, moi qui étais fils unique » explique l’auteur.

Le comédien Alain Reibel qui joue dans “La chienne de vie“ de Claude Duneton

« Mr & Mme Dieu » ou faut-il tout détruire pour tout recommencer? C’est le propos de Jeff Baron, avec notamment Jean-Pierre Bouvier dans la distribution. « Du charbon dans les veines », c’est une fois encore une création de Jean-Philippe Daguerre. Il montre la grandeur des petites gens, des mineurs de fond, ces gueules noires des corons chers Pierre Bachelet. Ces ch’tis souvent immigrés, qui se reconnaissent à travers le football et leur idole de l’époque, Raymond Kopa, le 1er français à avoir reçu le Ballon d’or en 1958.

Lambert Wilson

A l’affiche également « L’odeur des azalées » avec deux comédiennes, Anne Canovas et Kim Schwarck deux femmes que tout oppose mais qui vivront une solide amitié. Dans « Les valises bleues », un texte et une mise en scène du patron du Chien qui fume, Gérard Vantaggioli. Où comment les histoires d’amour finissent toujours mal, de la passion à la désagrégation avec Stéphanie Lanier et Jean-Marc Catella.

« L’os à moëlle », le journal loufoque de Pierre Dac publié entre 1938 et 1940 mis en scène par Anne-Marie Lazarini pour 4 acteurs qui font vivre ce journalisme militant, rebelle, résistant qui fait cruellement défaut aujourd’hui. Autre spectacle à l’affiche : « Je ne veux pas sortir », un huis-clos carcéral avec un détenu qui ne veut pas quitter la prison. Ecrit et mis en scène par Jamel Khada.

Myriam Boyer avec Gérard et Danielle Vantaggioli

« Le lavoir » ou paroles de femmes en 1914 créé en 1986 à Avignon, joué dans le monde entier. La mémoire de ces lavandières assignées à leur lavoir, entre lessive et brosse qui lavent le linge sale des bourgeois, « C’est l’âme de nos grands-mères qui pousse à l’esprit de sororité » explique Frédérique Lazarini qui met en scène, en alternance, pas moins de 16 comédiennes. Myriam Boyer revient avec « Juste un souvenir », des textes de chansons des années 30 à 70, écrits par Cocteau, Carco, Mouloudji, Vian et Trénet. Enfin « Amor à mort », sous-titré « Jusqu’à ce que la mort nous sépare ». Blessures amoureuses, cruauté de la nature humaine, humour noir avec deux comédiens de « Plus belle la vie », Anne Décis et Avy Marciano.

En prime, des photos de notre confrère Bernard Sorbier sont exposées sur les murs du « Petit chien ». Celles qu’il avait prises en 1994 quand il avait couvert le Festival de Cannes avec Quentin Tarrentino, Jeanne Moreau, Bruce Willis, John Travolta, John Malkovitch et Christin Scott-Thomas sur la Croisette. Il avait alors 30 ans et le journal s’appelait « Le Provençal ».

Jeanne Moreau

Avant de passer à l’apéro, la rituelle soupe au pistou et la séelction de « Cotes-du-Rhône – Rive Droite » du vigneron Pierre Pappalardo, Gérard Vantaggioli a rendu hommage à ceux qui nous ont quittés trop tôt , Richard Martin, le pugnace directeur pendant 1/2 siècle du Théâtre Toursky, dans le quartier populaire de la Belle-de-Mai à Marseille, le comédien Jacques Hansen et enfin l’auteur compositeur interprète avignonnais Guy Bonnet.


Théâtre du Chien qui Fume : les Vantaggioli prêts pour le Festival d’Avignon 2024

C’est en 1982 que Gérard Vantagiolli a ouvert ce théâtre dans la rue iconique des Teinturiers, ses roues à aubes, ses platanes et ses calades. Avec sa femme Danielle qui le dirige, ils ont tissé depuis 41 ans des liens avec les plus grands, Annie Girardot, Judith Magre, Jean-Louis Trintignant, Michaël Lonsdale.

Jusqu’au 29 juillet, ils proposent une quinzaine de pièces, en alternance au Chien qui fume et dans la salle plus intime du Petit chien, à quelques mètres de là, Rue Guillaume-Puy.

Au « Chien qui fume », la journée s’ouvre à 10h30 par « Une opérette à Ravensbrück » pour défier le mal par le rire, écrite par la résistante Germaine Tillion, elle-même déportée, qui précisait : « Même dans les situations les plus tragiques, le rire est un élément revivifiant. On peut rire jusqu’à la dernière minute ». Légèreté et gravité, horreur et grotesque se côtoient dans une mise en scène de Claudine Van Beneden.

12h35 : « Le voyage de Molière », 8 comédiens déchaînés sur scène, la vie d’une troupe, d’un groupe fou de théâtre avec le Grenier de Babouchka. Un peu plus tard, à 15h, Corinne Touzet, a quitté son uniforme de gendarme dans « Une femme d’honneur » pour interpréter « Europeana, une brève histoire du 20ème siècle », deux guerres, la contraception, mai 68, voyage sur la lune, dans une mise en scène de Virginie Lemoine.

Virginie Lemoine (à gauche) met en scène Corinne Touzet (à droite) © Andrée Brunetti

A 17h, « Dernière histoire d’amour » qui se déroule en 1943 à Paris sous l’occupation, une reprise de l’an dernier signée Gérard Vantaggioli. Suivra à 19h15 Clémentine Célarié, habituée du lieu, qui se met en scène dans « Je suis la maman du bourreau » ou comment, une mère qui chérit son fils découvre qu’elle a enfanté un monstre. Sous l’armure d’une femme sévère éclate le cœur en miettes d’une maman. Le roman éponyme de David Lelait-Helo avait obtenu le Prix Claude Chabrol en 2022. Enfin à 21h15 : « Colorature » de Stephen Temperley, l’histoire d’une soprano américaine qui chantait faux et massacrait les plus grands airs de Puccini, Verdi ou Donizetti. Une castafiore interprétée par Agnès Bove accompagnée au piano par Grégori Baquet.

Voilà pour « Le chien qui fume ». Côté « Petit chien », le déroulé de la programmation débute à 10h30 par « Gregor Samsa », sorte de « Métamorphose » de Kafka, douce et ironique, avec un humour grinçant mâtiné de tendresse, dans une adaptation de Sarkis Tcheumlekdjian. Les jours impairs, le même metteur en scène propose « La dernière allumette », quand la petite marchande d’Andersen survit grâce à un petit Gavroche.

Olivier Lejeune jouera Sacha Guitry © Andrée Brunetti

A 12h15 : « Le temps retrouvé » de Marcel Proust avec Xavier Marchand seul en scène. A 13h45 : « 60 jours de prison » de Sacha Guitry. En août 44, le dramaturge, soupçonné de crime de collaboration avec les nazis, se retrouve derrière les barreaux. Jour après jour, il raconte cette expérience carcérale, l’absurdité de la situation, la cohabitation avec ses codétenus, les geôliers. C’est Olivier Lejeune, qu’on a vu dans le film  « Les aventures de Rabbi Jacob » ou au théâtre dans « Mémoires d’un tricheur » qui campe le rôle de cet auteur prolifique pendant 1h20.

Toujours au « Petit chien » à 15h45 : « Pannonica, baronne du jazz », jouée par Natacha Régnier qui interprète cette femme née Rothschild qui quitte Paris et son mari pour New-York, vit une passion  avec le pianiste Thelonious Monk, devient mécène de jazzmen noirs. Itinéraire méconnu d’une femme d’exception. 17h40 : « Dissident, il va sans dire » de Michel Vinaver. Une mère et son fils, dans les années 70, aux prises avec les transformations de l’époque.

De retour sur la scène du « Petit Chien » à 19h30, Myriam Boyer qui ne chante pas, mais dit les paroles de chansons de Carco, Cocteau, Queneau, Mouloudji. Tout en nostalgie. « J’avais tous ces textes en moi, les voix de Fréhel ou de Damia, j’ai juste voulu me faire plaisir » a-t-elle confié. Enfin à 21h15 : « Les vilaines », une reprise de l’été dernier avec des meneuses de revues. Mais au-delà des paillettes, des plumes et du satin, des coups de griffes en coulisses. Une mise en scène d’Elsa Bontempelli à partir d’œuvres de son papa, l’inoubliable auteur-compositeur-interprète de « Quand je vois passer un bateau », Guy Bontempelli.

Contacts : www.chienquifume.com 

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