Jean-Marc Behm, patron de Jour 8 Média & services, propose la visite de la synagogue de Carpentras depuis chez soi ! Et ça n’est pas tout : armé de sa caméra 3 D il ‘scanne’ patrimoine, maison, bureaux et commerces…
Caméra 3D, en main, Jean-Marc Behm scanne à 360° bâtiments, maisons et bureaux. Vous rêviez de visiter la synagogue de Carpentras ? C’est désormais possible, depuis votre fauteuil ! Grâce à la numérisation des presque 400m2 de la synagogue de Carpentras, la plus ancienne synagogue de France en activité se prête aux visites immersives.
La méthode
La caméra posée sur un trépied et pilotée au moyen d’une tablette tourne sur elle-même à 360° capturant avec une résolution époustouflante tout son environnement du sol au plafond et de haut en bas. En la déplaçant tous les mètres cinquante, dans toutes les pièces, le cameraman ‘capture’ un cheminement multidirectionnel. « Pour la synagogue compter tout de même 151 points de numérisation pour un assemblage de plusieurs milliers de photos haute définition et l’équivalent d’une visite de 3 étages pour 3h de travail », rappelle Jean-Marc Behm. Ainsi, l’on déambule dans la synagogue, visitant les salles, frôlant les deux fours à pain, descendant les escaliers de pierre qui débouchent sur l’eau claire des bains…
Agrémenter la visite
L’internaute peut ainsi visiter, virtuellement, un lieu, s’arrêter, détailler, reprendre son cheminement dans un univers hyper-réaliste, le tout depuis son fauteuil. «L’important est d’habiller cette captation avec la réalité augmentée qui consiste, par exemple, à proposer des bulles explicatives, à incorporer des liens pour détailler ce que l’on voit avec du texte, des liens hyper-textes, des images, des vidéos… On peut, par exemple, imaginer inclure des personnages, des objets, faire des reconstitutions animées dans ce décor», s’enthousiasme Jean-Marc Behm.
Patrimoine, industrie, business
«Pour peu que l’on ait un peu d’imagination, cette technologie s’adresse à tous les secteurs d’activités: patrimoine, industrie, formation, e-commerce… On pourra numériser un magasin emplit de produits, cliquer sur ces derniers pour obtenir plus d’informations et indiquer un lien ‘ajouter au panier’ qui basculera sur le site de e-commerce. Le petit plus ? Fureter dans le magasin comme on le ferait physiquement !», sourit le chef d’entreprise.
Une ressource pour l’immobilier
« Si la technique parait révolutionnaire elle n’est pas très onéreuse, rassure le président d’Esa Games, d’ailleurs nous l’employons dans l’immobilier au profit de visites virtuelles de maisons et logements ce qui permet aux possibles acquéreurs d’évoluer virtuellement dans les biens proposés à la vente.»
Une technologie inventive
« Cette technologie permet grâce à la numérisation de fournir en une captation des plans, des séries de photos, un film et des fichiers natifs sources pour des traitements informatiques spécifiques dédiés aux modélisations 3D. »
Dans le détail
La numérisation des espaces propose de créer des ‘jumeaux digitaux 3D’, immersifs ouvrant sur de larges possibilités comme planifier des travaux, estimer des biens, documenter des projets de rénovation et même de décoration, de planter des décors réalistes qui seront des sources inépuisables dans les scénarii de jeux vidéo ou films d’animation… L’important ? Imaginer tout ce que l’on peut faire et le faire !
La synagogue de Carpentras
La synagogue de Carpentras, plus ancienne synagogue française en activité, a été édifiée par les Juifs comtadins de Carpentras en 1367, en lieu et place d’une ancienne synagogue (sans doute construite avant 1322), lorsque l’évêque de Carpentras autorise sa reconstruction et dont il a fixé les dimensions car elle ne doit pas dépasser 10 m en longueur, 8 m en largeur et 8 m en hauteur.
Organisation
En 1396 elle comprend déjà deux salles superposées, car la synagogue devait rester invisible dans le paysage urbain. L’accroissement du nombre de juifs a nécessité d’agrandir la synagogue en empiétant sur les rares espaces libres dans les maisons voisines. Les textes montrent qu’il y a eu plusieurs campagnes de restauration au XVIIe siècle. Des témoins de 1740 indiquent que deux tribunes avaient été faites « depuis un temps immémorial » au-dessus des maisons contiguës à la salle de prière et s’ouvraient par des arcades. L’aménagement de salles superposées correspond à la séparation entre hommes et femmes qui a perduré du XIIIe siècle jusqu’à la reconstruction du XVIIIe siècle. En 1730-1731, l’architecte Antoine d’Allemand est intervenu pour rénover la plus grande de ces tribunes. Mais dès 1741, la communauté engage de nouveaux travaux.
Agrandissement
Cet agrandissement est mené en deux étapes ; un premier chantier est mené par l’architecte Antoine d’Allemand entre 1741-1746. On connaît l’état de la synagogue en 1743 car à la demande de l’évêque de Carpentras, Joseph-Dominique d’Inguimbert, qui contestait les travaux, un plan a été dressé. Une seconde tranche de travaux, de 1774 à 1776, donne l’aspect actuel de la salle de prière du premier étage. Faute d’espace au sol, on a multiplié les tribunes. Le développement en hauteur est une solution fréquemment adoptée par les synagogues de la région comtadine qui comportent souvent deux salles de prière superposées, celle du bas réservée aux femmes, celle du haut aux hommes.
Art religieux
La décoration intérieure est un chef-d’œuvre de l’art religieux rococo du XVIIIe siècle avec ses ferronneries italianisantes. En 1793, la synagogue devient salle d’assemblée du club révolutionnaire local. Dès l’automne 1794, l’ensemble de son mobilier est déposé et vendu. Lorsque les juifs réintègrent leur temple en 1800, ils trouvent une salle de prières complètement nue. Il paraît très probable qu’une partie du décor ait pu être récupérée puis remontée dans le courant du XIXe siècle. Les boiseries destinées à recevoir les rouleaux de la Torah sont un don d’Abraham Alphandéry, daté de (5)567 (1807-1808) quand le culte a repris. Le système consistorial a rattaché les 343 fidèles de Carpentras à Marseille. En 1838, le Ministère accorde des crédits pour faire des travaux. En 1855, la communauté achète une partie d’une maison voisine pour établir une tribune à gauche, en face de celle de droite. En 1890, la mairie envisage de raser le quartier grâce à un don d’un industriel marseillais mais la communauté refuse.
Piscines liturgiques et boulangerie
La synagogue offre, outre des salles annexes témoignant du rituel juif (piscines liturgiques, boulangerie pour les pains azymes, salle de vie communautaire), une traditionnelle salle de prière de plan carré, couverte de boiseries présentant un décor de pilastres doriques supportant une frise de triglyphes et métopes. La façade actuelle date de 1909. Cette synagogue fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis 1924.
650e anniversaire
Le 650e anniversaire de la synagogue est célébré le 28 mai 2017 en présence du grand-rabbin de France Haïm Korsia et des représentants des cultes chrétiens et musulmans de Carpentras. La synagogue de Carpentras est un véritable lieu de vie communautaire. Outre la salle de prières, elle est dotée d’un mikvé (salle d’ablution rituelle pour les femmes) profond de dix mètres, d’une boulangerie destinée à cuire le pain de shabbat, alors que la cour intérieure servait à l’abattage rituel.