12 avril 2025 |

Ecrit par le 12 avril 2025

‘Au pas de course’ dernière création de Serge Barbuscia en ouverture de Fest’hiver ce week-end

Auteur, adaptateur, interprète, metteur en scène, Président des Scènes d’Avignon, membre du comité stratégique Avignon Terre de Culture 2025, le marathonien Serge Barbuscia s’exerce au pas de course.

Ne nous y trompons pas ! La dernière création de Serge Barbuscia «  Au pas de course » n’a pas été conçue au pas de course et le directeur du Théâtre du Balcon, malgré ses diverses casquettes n’a pas encore couru un marathon. Mais cet homme de théâtre au parcours impressionnant – depuis qu’il a créé sa Compagnie en 1983 au Théâtre du Balcon à Avignon – aime saisir l’inspiration et la création et même se laisser porter par elle. Point de précipitation donc dans cette dernière proposition mais au contraire le travail d’un long mûrissement grâce aux rencontres faites dans les Centres Sociaux du Grand Avignon, les échanges lors d’ateliers menés avec les habitantes dans le cadre de la Politique de la ville, et ce depuis 2017.

Genèse de la création de ‘Au pas de course’
Ce texte a trouvé son inspiration à partir des ateliers organisés dans les quartiers et les centres sociaux d’Avignon depuis janvier 2024 et regroupant les artistes complices Aïni Iften, Jean-Baptiste Barbuscia, Fabrice Lebert, Gilbert Scotti. Avec la participation, sous forme d’enregistrement sonore, d’élèves de la classe de 3° option théâtre du collège La Salle : Lyna, Elora, Juliette, Emmy, Elena, Charlotte, Aziliz, Elsa, Mélissa, Baptiste, Suzanne, Julie, Cloé, Loris, Waël, Louise, Léa, Amine et Noanne.

De Farida Abaroge à Camille Carraz en passant par Djamila, Sophie, Garance, Emilie, Franscesca : 7 instantanées de femmes abordant 7 grandes thématiques

• Les réseaux sociaux, lien ou solitude ?
• La vision humanitaire des Jeux Olympiques.
• La pulsion de violence et le terrorisme dans la société civilisée.
• L’obligation d’excellence dans nos sociétés modernes et volonté de puissance.
• Violence conjugale ou l’amour qui détruit.
• Le harcèlement.
• La place de l’humain dans le cosmos.

L’extraordinaire destin de Farida Abaroge, l’athlète éthiopienne de ‘Au pas de course’
Originaire d’Éthiopie, Farida Abaroge a fui son pays en 2016, demandé l’asile en France, obtenu son statut de réfugié en 2017 et s’installe à Strasbourg. Elle avait toujours rêvé de participer à des Jeux Olympiques étant très sportive dans son pays mais ne pratiquait pas du tout l’athlétisme. Elle sera pourtant sélectionnée en mai 2024 pour courir les 1500m au sein de l’Equipe Olympique des Réfugiés (EOR) lors des Jeux olympiques de Paris. Un travail écharné, un solide mental et une volonté hors du commun lui a permis de réaliser ce rêve fou. Lors d’une lecture, ce récit a ému aux larmes Djamila, une des habitantes d’un quartier d’Avignon. Farida est devenue Djamila sous la plume de Barbuscia.

Serge Barbuscia. DR

Rencontre avec Serge Barbuscia à quelques jours de la première

Ateliers dans les quartiers de l’extra-muros
« En janvier 2024, nous avons entamé des ateliers dans les quartiers extra-muros d’Avignon en posant la question – année d’olympisme oblige – «  Qu’est-ce que le sport dans nos vies ». Une petite forme théâtrale a pu voir le jour avec une sortie de résidence au théâtre du Balcon dans le cadre du Festival Tous Artistes en juin 2024. Fort de cela, j’ai eu envie d’écrire des textes abordant des thèmes plus larges témoignant du monde actuel.

Décryptage d’une création
« Le travail dans les quartiers a été pour moi un lieu d’inspiration pour les 7 thématiques qui vont être présentées à travers 7 personnages féminins. J’ai pu poser des mots sur tous ces échanges, ces rêves, ces anecdotes que m’ont livrés ces femmes. J’ai voulu parler de toutes les femmes à travers le prisme d’une seule comédienne. Mon souci est donc que les spectateurs la reconnaissent dans sa simplicité et son universalité. Nadia (Camille Carraz) vient pour interpréter une femme, évoquer une rencontre avec très peu d’accessoires. Ce n’est pas un stand-up, juste un instantané sensible d’une situation.

Un théâtre d’intervention
Ce spectacle m’a dépassé. Au départ je comptais créer quelques personnages qui iraient dans les classes pour aborder des thèmes et parler avec cette jeunesse que je trouve un peu dans l’impasse. Il me semble que les jeunes d’aujourd’hui ont l’impression que l’on est à la fin de quelque chose, ils n’espèrent plus rien. Nous, on n’avait rien mais on espérait tout ! La jeunesse actuelle c’est l’inverse. J’ai eu envie de créer ces personnages pour créer du théâtre d’intervention, qu’un débat émerge après les textes. La salle de classe va devenir espace scénique, le spectacle durera 30 minutes et sera suivi d’un temps d’échange et de débat d’une durée de 25 minutes.

A pas de course
Les textes ont pris peu à peu de l’importance et cette idée de chaussures m’a fait trouver le lien. Nadia est la maîtresse de cérémonie qui est obsédée par les chaussures : pantoufles, talon haut, vernis rouge, bottes. Chacune de ces figures féminines trouvera chaussure à son pied. Les chaussures étaient aussi très présentes dans le thème du sport avec le personnage de Djamila qui évoque la vie de Farida Abaroge, l’athlète éthiopienne dont nous avions lu le récit ‘ au pas de course » dans les quartiers.

Sébastien Benedetto et Camille Carraz. DR

De Malher à Sébastien Bénedetto
Il y aura du Malher mais aussi du Sébastien Benedetto ! On connaît bien le visage avenant et sympathique de Sébastien Benedetto, directeur du Théâtre des Carmes depuis 2014. On connaît peut-être moins le musicien, DJ et producteur de musique électronique et ses tournées de Benedetto & Farina. « Cela fait longtemps que je voulais travailler avec Sébastien car on s’aime beaucoup et j’ai trouvé que Sébastien était une évidence dans ce spectacle. Je lui ai donné les textes qui l’ont inspiré. Il a fait des propositions musicales qui apportent beaucoup. Elles apportent la jeunesse à des textes classiquement très écrits et très joués. La lumière aussi apportera cet éclat de jeunesse avec les éclairages laser de Sébastien Lebert qui me fascinent.

La comédienne Camille Carraz comme une évidence
« Il est important d’exister là où on habite. On ne peut pas se proclamer capitale de la culture si on fait tout venir de l’extérieur sinon ça voudrait dire que Avignon est une ville colonisée. Or Avignon a des ressources locales avec des gens exceptionnels dont la comédienne avignonnaise Camille Carraz que je connais bien , qui joue dans «  Pompiers » que j’ai mis en scène et plus récemment dans «  J’entrerai dans ton silence »adaptation à partir des livres de Françoise Lefèvre et Hugo Horiot. Je suis ouvert au monde, mais je voulais donner la parole aux gens qui sont ici. Les gens d’ici ont besoin de travailler, pas seulement d’un point de vue économique mais parce que quand tu travailles, tu grandis. »

Côté pratique

En ouverture du festival Fest’hiver qui a lieu du 18 janvier au 2 février 2025
La pièce « Au pas de course » est à l’affiche du Théâtre du Balcon les samedi 18 et dimanche 19 janvier à 17h en format intégral.

Dans le cadre des « Nuits de la lecture 2025 »
Dans le cadre des « Nuits de la lecture 2025 »,la bibliothèque Renaud-Barrault, à Avignon, accueillera aussi ce spectacle en entrée libre le Jeudi 23 janvier. 20h. Bibliothèque Renaud-Barrault Réservation conseillée. 04 90 85 00 80. contact@theatredubalcon.org

Exposition photographique
Le photographe Gilbert Scotti a suivi, boîtier en main, l’évolution de ce projet « Au pas de course » de décembre 2023 à décembre 2024. Ses clichés seront exposés à partir du 23 janvier à la bibliothèque Renaud-Barrault pour les Nuits de la Lecture 2025. L’occasion de découvrir, en image, le travail de la compagnie Serge Barbuscia autour de la création de ce nouveau spectacle.

Le théâtre s’invite dans la classe
Ce spectacle brise les codes de la « boite noire » habituelle pour aller s’inscrire dans des lieux concrets tels que des salles de classe. A partir du 13 janvier « Au pas de course » sera joué devant plusieurs classes du Collège La Salle d’Avignon, du Collège Alphonse Silve de Monteux et du Lycée professionnel Robert Schuman d’Avignon. Il y aura 3 des thématiques jouées – vraisemblablement celles abordant les réseaux sociaux, le sport et le cosmos – avec comme seul plateau la salle de classe. Un temps d’échange sera ensuite proposé avec les élèves.

Samedi 18 janvier. 17h. Dimanche 19 janvier. 17h. 8 à 12€. Théâtre du Balcon. Cie Serge Barbuscia. Scène d’Avignon. 38 rue Guillaume Puy. Avignon.
04 90 85 00 80 – contact@theatredubalcon.org


‘Au pas de course’ dernière création de Serge Barbuscia en ouverture de Fest’hiver ce week-end

Le théâtre du Balcon dirigé par Serge Barbuscia propose ‘Antoine et Cléopâtre’ dans le cadre du Fest’Hiver 2020 sur un texte de tragédie historique William Shakespeare par la compagnie Le bruit de la rouille.

Le monde a deux piliers. César régit l’Occident, Antoine l’Orient. Cléo- pâtre, reine d’Égypte, est l’amante d’Antoine. L’univers n’a pas assez de place pour contenir autant d’icônes. Une grande guerre éclate et les dés favorisent César. La chute d’Antoine et de Cléopâtre est fracassante, l’ascension du premier dictateur de l’histoire imminente. Shakespeare ouvre la brèche. Le premier mot de la pièce est ‘Non’. Un Kiai. Un cri de contestation qui résonne comme un besoin bafoué. Où sont les héros ? Ils n’existent plus. L’œuvre de William Shakespeare offre des personnages à la psychologie particulièrement étudiée. Comment rester à la hauteur de sa mission politique tout en restant humain ? Une réflexion sur la limite entre le privé et le public, sur l’ambivalence de l’humain, de ses choix.

La source ? Plutarque

La principale source de William Shakespeare est ‘La vie de Marc Antoine’ par Plutarque, selon la traduction de Thomas North du texte français d’Amyot. Shakespeare suit de près le récit de Plutarque, n’omettant que la campagne d’Antoine contre les Parthes. Après la mort de Jules César, Marc-Antoine hérite d’un tiers du monde romain, dont l’Égypte. Las de la guerre, il tombe sous le charme de Cléopâtre et aurait pu passer la fin de sa vie auprès d’elle si les besoins de l’État et les attaques de son rival Octave César le lui avaient permis. Convoqué à Rome pour une conférence au sommet, il se marie avec la sœur d’Octave.

L’argument

Cléopâtre est furieuse et fait tout son possible pour regagner son amour ce qui enrage à son tour Octave. Il déclare la guerre contre l’Égypte et la faiblesse militaire de Cléopâtre entraîne l’échec de celle-ci. Antoine se suicide et Cléopâtre, plutôt que de souffrir la honte d’un défilé par les rues de Rome, fait de même.

L’amour dans la mort

La pièce est aussi une tragédie amoureuse qui, bien qu’écrite quelque dix années plus tard, fait suite à Roméo et Juliette : le Liebestod (dans l’amour et dans la mort) des amants du Nil fait écho au double suicide des amants de Vérone. Certes les protagonistes sont tous deux des personnages d’âge mûr : à la simple vendetta locale des Capulet et des Montaigu se substitue désormais un conflit politique aux dimensions globales, dont la résolution allait donner naissance à l’Empire ro- main et à la fameuse ‘paix universelle’ du règne d’Auguste.

L’art de la tragédie

Shakespeare offre aux spectateurs une nouvelle sorte de tragédie.Après la faute et la culpabilité ex- plorées dans ‘Hamlet’, ‘Othello’, ‘Le Roi Lear’ et ‘Macbeth’, il s’intéresse ici à de grands défauts et à la honte, en sondant chez Antoine la confusion et l’humiliation d’une conduite inconsidérée et, chez Cléopâtre, les manœuvres souvent infructueuses d’une courtisane. Dans une tragédie sans vraie noirceur, il projette continuellement, par-delà les jugements réitérés contre les personnages principaux, une image, celle de deux êtres humains prodigieusement agrandis. Il dirige toute l’action vers son point culminant, vers la rencontre étrangement enivrante de la noblesse et de la mort.

‘Antoine et Cléopâtre’ sur un texte de William Shakespeare. Compagnie Le bruit de la rouille. Direc- tion d’acteur : Thibault Patain. Mise en scène : Mélaine Catuogno. Avec Alexandre Streicher, Julien Perrier, Vivien Fedele et Mélaine Catuogno. Création lumière : Amandine Richaud. Jeudi 23 jan- vier à 19h et dimanche 26 janvier à 16h. Abonnés 15,50€ et tarif plein 22,50€. Fest’Hiver, festival de théâtre, du 23 janvier au 9 février. Scenesdavignon.com Théâtre du balcon. 38, rue Guillaume Puy. Avignon. 04 90 85 00 80. contact@ theatredubalcon.org

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