Le 14 juillet 2022, 1 600 hectares de la Montagnette partaient en flammes. Deux ans plus tard, une vaste opération de reboisement de feuillus est menée sur 4 hectares et le projet d’irrigation d’une partie de la Montagnette pour renouer avec la culture enthousiasme les Barbentanais. Le coût du reboisement s’élève à presque 102 000€ tandis que Jean-Christophe Daudet, le maire de Barbentane a besoin de lever 3M€ pour irriguer une partie du plateau de la Montagnette. Résultat ? Les défis relevés par le 1er magistrat du Village font bouger les lignes et ouvrent de nouvelles perspectives dans la façon d’aborder le changement climatique. Objectif : Préserver la nature, la biodiversité et la vie. Une ambition qui pourrait faire école.
Lors des incendies de juillet 2022 Jean-Christophe Daudet avait même dû évacuer 25% de la population. Pour parer à toute éventualité, le maire veut des solutions capables de s’inscrire dans le temps. D’où son rapprochement avec la société du Canal de Provence. «Une des solutions consisteraient à apporter de l’eau sur le plateau via un forage dans la nappe phréatique de la Durance, situé à proximité des arènes, pour y construire un puits de 3 à 4 mètres de profondeur relié à une canalisation de 4 kilomètres ponctuée de pompes de relevage ce qui permettrait de monter l’eau 45m plus haut, détaille Jean-Christophe Daudet. Cette eau en goutte-à-goutte permettrait le retour à la culture d’une partie de la Montagnette.»
Opération ‘Des milliers d’arbres pour la Montagnette’ et une retraite aux flambeaux pour célébrer la vie
Pour l’heure, entre le 16 novembre et le 14 décembre 2024, 7 000 feuillus seront plantés sur 4 hectares qui ont été ravagés par l’incendie de 2022. Aux manettes ? 2 500 bénévoles. Le chef trois fois étoilé Glenn Viel était là aujourd’hui et sera de nouveau présent samedi 14 décembre pour fêter les dernières plantations. Ce jour-là, Tous les Barbentanais et leurs amis, particulièrement les bénévoles, se donneront rendez-vous à 16h, sur le site de plantation. Un défilé joyeux mené par la Dame Blanche de la Compagnie avignonnaise Deraïdenz partira de la Montagnette pour rejoindre le cœur de village en une retraite aux flambeaux, puis la fête se poursuivra autour d’un vin chaud partagé au milieu des chalets du marché de Noël.
Les Interviews
Jean-Christophe Daudet
«Cette opération de reboisement est essentielle car après les incendies de 2022 nous étions dans le désarroi le plus absolu. Les habitants me demandaient de replanter. Nous avons retroussé nos manches, avons mis beaucoup de cœur à l’ouvrage et sommes enfin arrivés à cette belle campagne qui nous donne beaucoup d’enthousiasme et d’espoir. Les personnalités qui nous ont aidés comme le directeur du Festival d’Avignon Tiago Rodrigues, Glenn Viel, Olivier Minne, Emmanuelle Béart, Jean Reno, ont, par définition de la renommée et un public. Le fait qu’elles aient donné de leur temps pour cette cause nous a apporté beaucoup d’aide. Ce sont aussi des personnalités qui conçoivent que le dérèglement climatique n’est pas inéluctable, qu’il faut être ambitieux et entreprendre des projets à tous les niveaux pour faire face au réchauffement climatique.»
Comment tout a commencé ?
«Par une opération de solidarité pour récolter des dons avec de la défiscalisation. Puis j’ai eu l’idée du circuit court des personnalités ; C’est-à-dire de ne contacter que des célébrités qui connaissaient la Montagnette et avaient un lien fort avec la nature et Barbentane. Coup de fil après coup de fil ces personnalités ont répondu présent, et nous en sommes très fiers.»
L’autre grand projet ?
«Il s’agit de L’opération Jean de Florette qui consistera à irriguer en goutte à goutte une partie de la Montagnette afin de reconquérir les zones agricoles sur le plateau. Cela permettra de replanter des oliviers qui sont d’excellents coupe-feu et de relancer l’oléiculture pour que nous puissions continuer à produire l’huile d’olive de Provence. Le problème ? Avec le réchauffement climatique il n’y aura, bientôt, plus d’huile d’olive, en Provence. Peut-être d’ici 20 à 30 ans et à cause du déficit de pluie qui ne permettra plus aux olives de grossir. Ce projet d’irrigation, travaillé avec la Société du Canal de Provence est techniquement réalisable, notamment grâce à la Durance, qui court en abondande au pied du village. L’opération Jean de Florette est estimée à 3M€, nous sommes donc en train de chercher des financements auprès de la Région, du Département et de l’Europe. Ça prendra du temps, mais je mettrai beaucoup de cœur à l’ouvrage pour que nous y parvenions.»
D’ailleurs, pour ce projet ‘Renaturation et protection de la Montagnette’ et l’ensemble des actions menées et envisagées, Yaël Braun-Pivet, la présidente de l’Assemblée Nationale a remis à Jean-Christophe Daudet, maire de Barbentane, le Prix de l’innovation au Concours Trophées Eco Actions 2023.
Glenn Viel, chef trois étoiles au guide Michelin pour le restaurant gastronomique, L’Oustau de Baumanière
«Etre là est un geste citoyen, important et puis cela fait du bien. La nature est essentielle. Nous nous sommes trop imposés face à elle. L’être humain à tendance à vouloir tout casser, tout détruire. Pour autant, il y a de plus en plus de militants pour protéger la nature. Je nourris donc l’espoir que tout peut changer mais ça n’est pas une évidence, cela réclame de la conscience. Tout va très vite mais pas toujours dans la bonne direction. Cet incendie doit agir comme un électrochoc. J’en ai vécu un, pas loin de chez moi, à Mas-Blanc-les-Alpilles, où l’on entendait des branches craquer sous le feu. C’est traumatisant. Il ne faut pas penser qu’à l’espèce humaine à ce moment-là, tellement d’espèces sont touchées lors de ces incendies, en fait, toute la biodiversité. Ceux qui sauveront la terre sont les paysans, les pécheurs, tous ceux qui sont en lien direct avec la nature.»
Innover pour préserver la forêt méditerranéenne de demain
Les bénévoles de l’ARPCV, l’association pour le reboisement et la protection du Cengle Sainte-Victoire, accompagnent la commune de Barbentane dans ses opérations de reforestation de la Montagnette. C’est une association qui promeut la reforestation non pas avec des pins d’Alep, traditionnellement replantés dans la région, mais avec des feuillus qui ont l’avantage de bien résister au réchauffement climatique et aux incendies.
Le coup de force de l’association ?
Après avoir vécu le terrible incendie de la Sainte-Victoire en 1986, l’association s’est taillé une solide réputation dans le reboisement réussi et la sauvegarde de la forêt méditerranéenne, avec 140 000 arbres plantés depuis 38 ans, assorti d’un taux de réussite de 85%. Depuis 1 an, à la demande de la commune, l’association a effectué une analyse de sol et conduit un premier essai de plantation de 300 arbres, puis un second de 200 arbres à titre expérimental, en décembre 2023 et janvier 2024. Le résultat, très concluant, -avec une prise en terre des plants de 98%-a donc encouragé la plantation des 7 000 frênes à fleurs –qui représenteront 50% de la replantation-, assortis de sorbiers domestiques, d’érables de Montpellier, de cerisiers et de chênes.
Vers une forêt auto-protégée
«Nous plantons de manière dense avec des arbres espacés d’environ 1,20m évoque un membre de l’association. En poussant proches les uns des autres, les plants s’autoprotègent. Les protections –aquiplants- dans lesquels sont glissés les plants jouent un rôle de mini serres et permettent de les préserver d’une faune gourmande de jeunes pousses. Du broyat de végétaux –sorte de paillage- est ensuite apposé dans la bassine où réside le plant, enrichissant la terre et protégeant la jeune pousse de la sècheresse puisque la terre, en-dessous du broyat, conserve fraîcheur et humidité, même en pleine canicule. Les plants seront arrosés une fois par an pendant deux premières années afin de croître dans les meilleurs conditions, puis la nature fera le reste.»
Combien ça coûte ?
Le coût total de l’opération s’élève à un peu moins de 102 000€ comprenant les études -3 200€-, la préparation du terrain à hauteur de presque 25 000€, l’achat des arbres –les plants ont deux ans et un plant coûte 11€–, du matériel de plantation pour 77 000€, 3 000€ de frais de communication et presque 4 000€ de frais d’hébergement des membres de l’association venus encadrer les plantations durant ces 4 semaines. Quant à la Région Sud, elle a participé à l’effort de reboisement à hauteur de plus de 61 000€ tandis que Barbentane intervient à hauteur de presque 41 000€.
Tous partenaires, tous solidaires
Ils vont se succéder pendant 4 semaines : L’UFA des Alpilles, les Missions locales de Beaucaire, de Châteaurenard et Tarascon et l’entreprise Sanofi, le Centre de détention de Tarascon ;
L’école primaire des Paluds de Noves, le Centre de loisirs Lou Cigaloun-Barbentane-Boulbon-Rognonas, l’Ecole primaire d’Eyragues, l’Ecole primaire Les moulins de Barbentane, l’Ecole privée Notre Dame de Barbentane, l’Ecole privée de Alpilles-Durance de Rognonas, l’Ecole primaire de Maillane, l’Ecole privée Saint-Denis Saint-Joseph de Châteaurenard, l’Ecole primaire de Graveson, Le Collège Henri Pilot d’Aramon, Le lycée agricole de Nîmes, Le Collège Glanum de Saint-Rémy-de-Provence, Le CFA de Rodilhan ;
Le Club Alpin d’Avignon, le personnel de la mairie de Rognonas, de Barbentane, le personnel de Terre de Provence agglomération, le Sdis 13, le Club de randonnée de Maillane, le Club de vélo de Châteaurenard.