22 novembre 2024 |

Ecrit par le 22 novembre 2024

(Vidéo) Eugénie et Lucile pour la vie, mais qu’en dit la société ?

Alors que ‘Le 8e jour’ ressort sur les écrans au cinéma Capitole myCinewest à Avignon-Le Pontet, Eugénie maman solo de Lucile, autiste, témoignent de leur parcours. En effet, La radio RCF 84 et Cinéma Capitole myCinewest proposent la rediffusion du ‘Huitième jour’ du réalisateur Jaco van Dormael avec les comédiens Daniel Auteuil et Pascal Duquenne dimanche prochain, 15 octobre, à 16h (6€).

A l’issue de la projection, à 18h, RCF entamera le débat sur ‘La différence est-elle acceptable en société ?’ avec Emilie Bourdellot directrice de la Radio RCF Vaucluse et Marc Chabaud, producteur. L’Echo du mardi, partenaire de cet événement propose, pour l’occasion, de donner la parole à des parents et accompagnants de personnes en situation de handicap. Que vivent-ils ? Témoignages.

Eugénie B, maman solo, et Lucile, jeune adulte autiste,
continuent leur bout de chemin ensemble. L’Echo du mardi les avait rencontrés en septembre 2012. Lucile avait 10 ans et Eugénie 34.  Nous nous interrogions sur la place de la différence dans la société. 11 ans après, comment vont mère et fille ? Quel destin se tricotent-elles ensemble ? Eugénie nous en dit plus.

Lucile a 21 ans
«Je me rappelle ce diagnostic d’autisme quand Lucile avait 4 ans, relate Eugénie B. Je vivais à Paris à l’époque et n’avais pas d’enfants autour de moi, et donc pas de comparaisons possibles, sauf, peut-être au parc. Même si Lucile était différente, elle évoluait aussi en fonction de son âge. Aujourd’hui elle a les goûts d’une jeune-femme de 21 ans. Elle est aussi beaucoup en manque d’amis qu’elle se créé au gré de poupées tels que les Ken et les Barbies. Ses personnages dessinés aident également à peupler son imaginaire.»

Dessin de Lucile 2018, à 16 ans

Parcours
«Lucile a été déscolarisée dès la maternelle, puis a fréquenté l’hôpital de jour. A partir de ses 10 ans elle a commencé à faire des expositions de dessins –elle manie le crayon depuis ses 2,3 ans avec une acuité que les autres n’avaient pas-. Il s’agit de personnages très expressifs, dans le mouvement comme dans l’expression du visage, alors que les émotions sont très difficiles à décrypter pour les personnes autistes. Comme elle ne dit rien de ses dessins, c’est nous qui nous racontons des histoires qui ne sont sans doute pas les mêmes que les siennes.»

«Une période noire
Mais là, nous avons vécu quelque chose d’abominable : Lucile n’a pas perçu ses aides durant 15 mois, pour des raisons administratives. A la base, j’ai eu un retard de traitement des formalités administratives de 5 mois, car m’occupant seule de Lucile -reconnue handicapée à plus de 80%- qui connaît des troubles du comportement très violents- je n’ai pas eu assez de force pour m’attaquer à l’administratif tout de suite. Les personnes dans ma situation ont besoin de relais et la Loi nous l’accorde à hauteur de 90 jours par an. Mais c’était sans compter sur le confinement et sa suite.»

«Pendant le confinement
Lucile n’a plus été accueillie en institution. Les prises en charge ont cessé plus longtemps que le confinement puisqu’il fallait tout réorganiser. Il y avait le problème de la vaccination… J’ai ainsi vécu avec Lucile quasiment à temps plein et sans relais, d’où mes retards administratifs ce qui a eu pour conséquence de nous laisser toutes les deux dans le plus grand dénuement. Il y avait aussi le côté psychologique : Lucile ne pouvait plus voir personne, n’avait plus d’emploi du temps, ce qui l’a angoissé. Ce qui nous a aussi privées de sorties et l’a empêchée de se défouler.»

«Je n’ai cessé de lancer des appels à l’aide
et l’on ne m’a renvoyé que des formulaires administratifs. Je n’ai pas non plus d’imprimante, ce qui me demandait de sortir pour imprimer les formulaires, chose peu aisée avec Lucile. Jusqu’à l’âge de 20 ans, les personnes handicapées sont suivies par la MDPH (Maison départementale des personnes handicapées) via l’AEEH (allocation d’éducation de l’enfant handicapé). Passé 20 ans c’est AAH (Allocation adultes handicapés) qui prend le relais. Cependant le transfert ne se fait pas s’il n’est pas demandé. Alors qu’elle était dans le circuit du handicap depuis ses 4 ans, d’un seul coup nous ne disposions plus de rien. Nous sortions du confinement, nous étions seules, les troubles du comportement sont très difficiles à gérer et je ne pouvais plus rien faire, j’étais bloquée.»

Dessind de Lucile en 2018, à 16 ans

«Lucile a disparu du circuit
parce qu’il n’y avait pas de dossier de renouvellement, alors qu’elle est toujours là. Elle n’a pas touché l’aide de base pendant 8 mois et nous avons attendu 15 mois une aide à domicile. J’ai eu l’impression d’avoir une administration où l’humain passait au second plan. Je n’avais pas d’interlocuteur et nous étions dans une situation plus que difficile. J’ai trouvé cela criminel parce que, pendant ce temps, Lucile perdait ses acquis et régressait.»

«Je me sens souvent sur le banc des accusés
Je suis submergée par les formalités administratives. J’ai, comme interlocuteurs, des gens plutôt froids et je me sens souvent placée sur le banc des accusés parce que j’ai fait le choix de rester avec ma fille. Nous vivons depuis 21 ans ensemble, mais maintenant qu’elle devient adulte, sa situation va s’améliorer car on lui reconnaît un nombre d’heures d’aide pour ses besoins journaliers. Je ne me sens pas du tout soutenue dans le fait de vouloir garder mon enfant, adulte, à domicile. Je suis confrontée à des gens qui insistent sur le fait qu’il faut qu’elle aille en institut.»

Lucile et Eugénie

«Comme si sa place n’était pas en société.
Comme si l’on m’indiquait qu’en institut on savait gérer. Une aide existe qui me permettrait d’être embauchée par ma fille. Mais l’administration dit que je ne peux pas l’être. Pourtant, lorsque je décrypte les textes de loi, cela n’est pas vrai. Donc, quoi qu’il en soit, je suis vouée à la précarité. C’est comme une punition, alors qu’en institution, Lucile coûterait une fortune par jour. Et l’on me renvoie que cela est un problème. Ce que cela veut dire ? Que je suis une femme qui ne veut pas travailler et qui se sert de sa fille pour toucher une pension. Alors que j’ai été scripte dans le cinéma et que j’ai adoré un métier où je gagnais très bien ma vie.»

«Les gens ne comprennent pas ce que nous vivons,
car pour cela il faudrait qu’ils le vivent. C’est mon choix, c’est ma fille. Elle a d’importants troubles, elle a besoin d’aide et d’accompagnement, mais dans sa différence elle est très cohérente et remet en question tout le temps, notre propre normalité. C’est riche parce qu’elle veut faire partie de la société. Son handicap est la norme. Pour elle, les handicapés, c’est nous. Elle ne ment pas, elle est entière, elle n’a pas été formatée puisqu’elle n’a pas été à l’école. C’est une adulte avec une âme d’enfant.»

Dessin de Lucile 2018, à 16 ans

«Là, on revient d’une semaine de résidence de musique
avec un groupe (La belle brut), sur une péniche-concert à Compiègne. Ca c’est super bien passé. Il s’agit de musiciens –professionnels de la musique pour certains et professionnels de l’autisme pour d’autres- qui ont fait le choix de travailler avec elle au chant, en improvisation. Ils font aussi partie d’un groupe qui marche fort, ‘Astéréotypie’ dont les chanteurs sont tous autistes. Ce sont des copains de Lucile qui font aussi, comme elle, partie du Papotin, le journal atypique où elle intervient en tant que graphiste. Depuis un an le magazine papier, dont tous les journalistes sont autistes, est devenu une émission télé ‘Les rencontres du Papotin’ sur France 2, un samedi par mois, à 20h30.»

Prévoir la vie de ma fille sans moi ?
«Lucile est très entourée par ses deux grands-mères paternelle et maternelle et voit son papa et sa famille où elle séjourne une à deux semaines par an. Elle aime être entourée et changer d’environnement. Lucile vit un parcours atypique et je continue à faire confiance à ce qu’elle entreprend. Je ne peux pas projeter quelque chose de défini. Lucile est assez autonome à la maison. J’ai bon espoir qu’une fois ses troubles du comportement apaisés, grâce à des accompagnements réguliers et un planning un peu à la carte –car planifier ses activités est essentiel-, elle puisse intégrer un Esat (Etablissement et service d’aide par le travail) artistique.»

«Je n’ai trouvé que le milieu artistique
pour valoriser et laisser s’épanouir la vie de Lucile. Avant ses concerts, je compile ses dessins qui passeront en vidéo derrière le groupe. Le travail de l’image est notre point commun à toutes les deux. Lucile a trouvé une attention et une écoute par la chanson et le dessin comme nulle part ailleurs.»

Dessin de Lucile en 2014, à 12 ans

«En général les gens sont très gentils avec Lucile
mais la société n’est pas vraiment inclusive car le terme implique qu’ils –les personnes handicapées- fassent comme nous. Or, ils ne le peuvent pas. Notre société est très codifiée or, ces codes, ils ne les possèdent pas. Cependant nous ressentons la société, pour nous, comme excluante, et cela dès la maternelle car il n’y a pas de substitut proposé à l’école. Des personnes ont décidé que pour Lucile, la scolarité n’était pas nécessaire. Alors que l’école ça n’est pas juste apprendre à lire, à écrire et à compter mais aussi à apprendre à vivre en société.»

Demain ?
«J’aimerais que Lucile puisse intégrer un Esat artistique, qu’elle puisse vivre et renter le soir dans son appartement, pas dans une institution. Qu’elle puisse obtenir une certaine liberté. Il est très difficile de faire en sorte que les personnes qui ont besoin d’aide soient respectées. C’est aussi vrai en ce qui concerne la décision, car c’est l’autre qui a le pouvoir sur les personnes handicapées. Il est très difficile d’obtenir l’accompagnement qui permet de continuer à respecter la personne en tant qu’adulte, dans les domaines où elle éprouve des difficultés. L’institution ce sont des éducateurs qui décident de la vie des jeunes et des adultes. Nous, nous voulions autre chose pour nous. J’aimerais que Lucile ait une vie sentimentale. La vie nous offrira peut-être ce cadeau. Tout évolue.»
Article antérieur sur le même sujet ici. Les dessins de Lucile ici.

Dessin de Lucile en 2019, 17ans

(Vidéo) Eugénie et Lucile pour la vie, mais qu’en dit la société ?

Alors que ‘Le 8e jour’ ressort sur les écrans au cinéma Capitole myCinewest à Avignon-Le Pontet, Henriette et Alain témoignent de leur vie autour de Matieu. En effet, La radio RCF 84 et Cinéma Capitole myCinewest proposent la rediffusion du ‘Huitième jour’ du réalisateur Jaco van Dormael avec les comédiens Daniel Auteuil et Pascal Duquenne dimanche prochain, 15 octobre, à 16h (6€). A l’issue de la projection, à 18h, RCF entamera le débat sur ‘La différence est-elle acceptable en société ?’ avec Emilie Bourdellot directrice de la Radio RCF Vaucluse et Marc Chabaud, producteur. Exclusion, marginalité, culture et handicaps, où en sommes-nous dans notre société ? L’Echo du mardi, partenaire de cet événement propose, pour l’occasion, de donner la parole à des parents et des accompagnants de personnes en situation de handicap. Que vivent-ils ? Qu’est-ce qui a changé en 28 ans ? Témoignages.

Henriette, Alain et leur fils Matieu vivent à Avignon. Matieu est une personne trisomique 21. A 44 ans, il est agent de service dans un collège de la cité papale et vit dans son propre appartement. Il nourrit de nombreuses relations avec son environnement, voyage, adore le vélo la randonnée en montagne et les voyages. Mais sa vie n’aurait pas été celle-ci sans la pugnacité de ses parents et des associations qui font, au quotidien, bouger les lignes.

Henriette
Première grossesse

«Nous étions en 1979 et c’était ma première grossesse, commence Henriette. A l’époque on ne passait qu’une échographie. J’étais sportive et je me rappelle avoir fait de la randonnée en montagne jusqu’à 15 jours avant d’accoucher. Puis a eu lieu l’accouchement qui s’est révélé très difficile. Notre enfant n’a pas crié tout de suite, il est donc parti en néonatologie, et je ne l’ai découvert que deux jours après. J’ai tout de suite reconnu les traits d’un mongolien, c’est ainsi qu’on les appelait à l’époque.»

Matieu travaille comme agent de restauration dans un collège d’Avignon, ici lors de sa formation en apprentissage

Alain
Une différence dure à exprimer
«J’avais assisté à l’accouchement. Dans un premier temps c’était le bonheur, j’avais un fils. Puis j’ai été convoqué dans un service de la maternité de Sainte Marthe à Avignon. Je me suis retrouvé face à un mur de blouses blanches, tous avec le regard fuyant. Une personne, d’emblée, m’a demandé si je savais ce qu’était le mongolisme. Le trouble s’est emparé de moi. Une sage-femme ou une infirmière m’a tout de suite dit que je pouvais l’abandonner. Puis tout le monde est parti. Je me revois dévaler les escaliers à la poursuite du médecin qui accélérait. Il me fuyait. Le monde du handicap nous était totalement inconnu et nous tombait dessus.»

Henriette
La galerie des horreurs

«Moi, je l’ai vécu différemment parce que j’avais une formation de biologiste et je savais de quoi il s’agissait. Lors de mon adolescence, j’avais visité un établissement pour handicapés et là c’avait été la galerie des horreurs. Quant à l’annonce du handicap ? On me l’a faite deux jours après l’accouchement, avec mon enfant dans son petit berceau, dans l’étroit vestiaire du personnel.»

Un peu d’humanité
«Nous avons eu la chance de connaître le chef de service de pédiatrie qui nous a parlé humainement et sans langue de bois. Il nous a dit qu’il n’y avait pas de comparaison possible entre un enfant placé en institut et un autre grandissant en famille. Ses paroles ont été détrminantes. Au moment où l’on disait qu’un mongolien était inéducable, lui tenait un tout autre discours. Pour autant, il ne nous a pas dressé un tableau idyllique. Nous, nous avons retenu que cet enfant pouvait apprendre et que nous pouvions avoir des relations et une vie avec lui. Une autre personne, une kiné, spécialisée dans les enfants handicapés, nous a également beaucoup aidés.»

Alain
Un moment dramatique
«Il y a eu ce moment dramatique et douloureux gravé dans notre mémoire qui a conditionné notre vie. Nous sommes repartis, tous les deux, Henriette et moi, dans la montagne –Matieu était en couveuse et devait reprendre du poids avant de regagner notre foyer-. Nous sommes restés quelques jours en réflexion. En tant que père, cela a été une 2e naissance. C’est là que j’ai accepté Matieu, cet enfant différent.»

Matieu A

Henriette
Un nouveau départ
«Un jour, alors que je venais le voir à l’hôpital, on m’a dit que je pouvais le ramener à la maison. Je suis repartie avec lui sans y être préparée et sans conseils. C’était mon premier enfant, il était en souffrance, et je devais me débrouiller seule. Très vite nous avons été entourés de nos amis et de notre famille, même éloignée, celle-ci a accepté la situation, ce qui n’était pas le cas de toutes les familles.»

L’acceptation

«Ensuite Matieu a été accepté dans une crèche communale parce que la directrice avait mobilisé, spontanément, son équipe. Notre enfant y était, vraiment, le bienvenu. Nous avons repris nos travails respectifs. Henriette dans un laboratoire d’analyses et moi à l’imprimerie où j’étais maquettiste. En rencontrant d’autres enfants handicapés chez notre kiné, nous avons eu l’idée de créer le Geist 21, association que nous avons portée pendant plus de 33 ans.»

La sociabilisation
«La maternelle a été un peu difficile et l’équipe pédagogique un peu perdue. Tout le monde tâtonnait, y compris nous. Nous étions tous démunis parce que la société considérait les trisomiques comme des débiles profonds qui, la plupart du temps, étaient confiés aux instituts. Dans le même temps, les professionnels exerçant dans ces instituts, commençaient à remarquer le potentiel de ces enfants et jeunes adultes. Nous étions aux prémices de cette dynamique, mais nous partions tous de zéro.»

De mongolien à trisomique
«Il y a eu l’association Geist 21 mais aussi l’appellation quand on est passé de mongolien –qui fermait le regard et le dialogue- à des personnes trisomique 21 et aussi cet ouvrage ‘les trisomiques parmi nous ou les mongoliens ne sont plus’. On s’est beaucoup appuyé sur ce livre qui prônait l’intégration et la considération de ces enfants avec des exigences éducatives. Tout cela a amené à la scolarité et à la vie sociale.»

Alain
Les professionnels changent de paradigme
«Nous, les parents avec les professionnels, avons changé l’image de ces enfants qui n’étaient plus laissés mal vêtus, les cheveux ébouriffés et la langue pendante comme les dessinait Claire Bretécher. Ils n’étaient plus cela ni dans la réalité, ni dans notre imaginaire. Nous avons défendus leurs droits. La fréquentation de l’école Maternelle puis primaire – Matieu a été 3 ans à l’école maternelle et 4 ans à l’école primaire-  les a ouverts à la sociabilisation.»

Une famille éprise de la montagne

Le réseau
«Par notre réseau de parents et de professionnels d’enfants handicapés, nous avons rencontré le Directeur de l’Education nationale qui a évoqué l’ouverture d’une classe spécialisée dite intégrée, -la 2e en France après Saint-Etienne- à l’école Stuart Mill, en 1987, à Avignon. Des classes dactuellement appelées Ulis (Unités localisées pour l’inclusion scolaire). 

Henriette
Ouverture d’esprit
«Pour que ça marche il faut pouvoir être en contact avec des gens ouverts, engagés et motivés sur le handicap. Les institutrices de maternelle comme de primaire l’étaient. Les enfants étaient vraiment intégrés dans l’école. Et les parents étaient très présents et proactifs.» 

Alain
La force d’être plusieurs
«Quand on est seul, on entrouvre les portes. Quand on est tous ensemble, on peut entrer. La semaine il y avait l’école et le mercredi le centre de loisirs. Mathieu, comme les autres enfants handicapés, a pris le train pour aller à Châteauneuf de Gadagne avec les autres élèves, puis s’est mis à voyager avec nous à travers le monde. Tout cela a été rendu possible grâce à l’émulation qu’entretenait l’association.» 

Henriette
Maternelle, primaire, collège, apprentissage
«Mathieu a ensuite été au collège puis au centre de formation des apprentis via les ateliers pédagogiques personnalisés. Il a fait ses stages dans une maison de retraite, dans le cadre du service en restauration. La direction du travail ne connaissait pas la formule. C’est dire à quel point l’administration méconnaissait le système du contrat d’apprentissage pour personne handicapée, tout comme la société en général.»

A chaque porte poussée…
«A chaque porte poussée, il fallait trouver des solutions et décrypter les arcanes administratives : contrat d’apprentissage, emploi jeune… après nous nous sommes trouvés démunis et sans aide. Nous nous sommes alors tournés vers l’Agefiph pour l’accompagnement professionnel adulte et le maintien des acquis. C’est un combat permanent où vous êtes toujours à anticiper la prochaine étape. Après le milieu du travail, plus ou moins investi, il fallait penser à l’hébergement. Ces jeunes adultes devaient-ils rester chez leurs parents ou fallait-il penser à autre chose ?»

En voyage au Portugal

Le regard insistant
«Nous avons mis en place un appartement-formation avec la Fondation de France puis un service SAVS (Service d’accompagnement à la vie sociale) avec le Département. Aujourd’hui de nombreux adultes ont un travail, plus ou moins intéressant, un appartement où ils sont plus ou moins autonomes, car leur vie ne l’est jamais totalement, tout comme nous qui dépendons des autres. Il y aura toujours ce besoin d’encadrement, d’accompagnement et de suivi. La vision du handicap a complètement changé. Quand on se promène dans la rue, on n’a plus droit à ce regard insistant. Le seul regard ? Il émane de jeunes très enfants qui s’interrogent en se disant ‘tiens, celui-là est différent.’ Plus d’une fois j’ai entendu des mamans expliquer gentiment aux enfants cette différence. Le handicapé est banalisé. La personne n’est plus considérée que sur l’angle de son handicap.»

Alain et Henriette
‘15 ans auparavant, nous avions anticipé la loi de 2005’
«La très importante loi de 2005 a instauré la compensation du handicap en partant du principe que tout citoyen avait des droits et que la personne en situation de handicap ne pouvait y parvenir sans aide matérielle ou humaine. La loi a entériné le fait que cette personne avait droit à l’accès à l’éducation, à la formation, au travail et, donc, à faire partie de la société. C’est ce que nous avions anticipé 15 ans auparavant. L’État a pris en compte toutes ces évolutions menées par les actions des associations de la sphère du handicap, et a donc légiféré de manière à donner un cadre et à assurer la pérennité de ces changements.»

Alain
Aujourd’hui
«La loi de 2005 a fixé un cadre dont nous nous apercevons qu’elle a ouvert beaucoup de droits. Paradoxalement elle exerce un effet inverse par rapport aux parents, car ceux-ci, avant qu’elle ne soit inscrite, inventaient des solutions, étaient combatifs et très actifs. Aujourd’hui, on s’aperçoit que beaucoup de parents demandent l’application des droits. Un exemple ? Même si la loi dit que tout enfant doit être scolarisé, ça n’est pas aussi simple que cela, parce que certains types de handicaps sont complexes à prendre en compte et, parfois, la présence à l’école de l’enfant peut apporter plus de problèmes qu’elle ne génère de bonnes réponses. Il y a également une question de moyens –car la présence d’un enfant différent suppose de nombreux moyens comme un auxiliaire de vie scolaire. Aussi, l’on détecte de plus en plus d’enfants souffrant de handicaps sociaux. C’est la raison pour laquelle les enseignants sont démunis dans une classe de 25 à 30 gamins, dont 10 sont hyper actifs. Et là, il faut reconnaître que c’est compliqué.»

Matieu, passionné de vélo

Un autre phénomène ?
«L’action collective a du mal, aujourd’hui, à s’exprimer. On voit que beaucoup d’associations ont du mal à exister. Ca été le cas du Geist 21. On défend son cas personnel, sa situation ce qui est tout à fait normal, mais sans s’occuper de faire avancer le collectif. Le Geist 21, c’était une réponse individuelle dans une dynamique collective. Je suis convaincu que si Matieu est arrivé à cette autonomie, c’est grâce à cette dimension collective. Sans celle-ci, on ne s’inscrit pas dans la durée. Quand nous allions voir un responsable pour lui soumettre une demande, nous disions toujours, derrière nous, nous avons 15 familles. Lorsque l’on porte la parole d’un groupe, c’est forcément plus porteur.»

Henriette
Faire face aux difficultés
«Également, l’avantage d’être plusieurs c’était de porter une famille si celle-ci se trouvait en difficulté, on ne la lâchait pas. Il y avait cette solidarité. Quels genres de difficultés ? Des familles qui n’avaient pas la capacité à gérer cette situation de handicap, perdues dans les démarches administratives. On leur indiquait quelles aides demander. L’association était représentée dans différentes instances qui pouvaient être des leviers pour accéder à l’école, à la création de services –SAVS, Service d’accompagnement à la vie sociale, comme la MDPH (Maison départementale pour les personnes handicapées). Nous avions créé un réseau avec nos entrées. Nous avions convaincus des élus. Ce n’était pas du favoritisme mais nous étions convaincants et avec des projets collectifs et réfléchis. C’était un labourage permanent.»

Alain
Le parcours, pour nous, n’est pas fini.
«Maintenant, Matieu a 44 ans. Nous avons passé les 70 ans. La question est comment Matieu va-t-il nous survivre ? Car le vieillissement des personnes trisomiques est un phénomène nouveau. Désormais, ils survivent à leurs parents, alors, comme d’habitude, il faut anticiper. Les moyens existent comme avec le Mandat de protection future, les tuteurs-curateurs mais la difficulté est de trouver la bonne personne. Il est vrai que nous sommes très exigeants pour notre enfant, ce qui a toujours été notre moteur. On n’avance pas avec des solutions médiocres.»

On commence à passer le relais
On commence à passer un peu le relais avec la PCH (Prestation de compensation du handicap), nous faisons appel à un service d’aide à la personne. Après nous devrons prendre une personne pour régler les affaires plus intimes comme l’accompagnement à la santé, à la solitude… Les services d’aide à la personne ne sont pas formés pour cela. Matériellement, on s’est organisés car Matieu est notre fils unique. Nous avons préparé la succession. Matieu est propriétaire de son logement. Il dispose de suffisamment de biens pour vivre, mais c’est l’accompagnement humain qui sera compliqué car il faut quelque chose de plus qu’un tuteur ou curateur –qui gère de très nombreux dossiers) tel qu’il fonctionne actuellement.»

Alain et Henriette, les parents de Matieu

(Vidéo) Eugénie et Lucile pour la vie, mais qu’en dit la société ?

«Nous sommes ravis de fêter les 3 ans du magasin !» S’exclame Flore Linotte, propriétaire du Self tissus situé au centre commercial Avignon-Le Pontet. Entourée de sa myriade de clientes, vendeuses et des couturières de la Communauté de l’aiguille la journée a filé comme un rêve. Au menu ? Des ateliers couture gratuits pour enfants et adultes du débutant au confirmé, un défilé de mode et 40% de réduction sur les tissus. La formule a mis des paillettes plein les yeux aux couturières et le magasin a fait le plein toute la journée.

Le magasin est en fête. Dans l’atelier les machines alignées sont prêtes à œuvrer, une grand-mère avec sa petite fille, un papa avec ses enfants, tout le monde s’essaie à la couture pour la première fois tandis que les plus aguerris, se laisseraient bien tentés par une nouvelle machine. L’atmosphère est joyeuse, studieuse et familiale. Le magasin fait le plein car pour fêter ses 3 ans, les tissus s’offrent tout de même à moins 40%… Tentant, très tentant !

La clientèle
«Nous avons une vraie clientèle issue du domaine médical : des femmes médecin, infirmières, aides-soignantes pour qui la couture est devenue une méditation. Des professionnels aussi. Des jeunes-filles, à partir de 7/8 ans, viennent apprendre la couture avec ce souci de l’environnement, du zéro déchets. Elles demandent à leurs parents de venir alors que leurs mères ne sont pas particulièrement attirées par ce domaine. Ces jeunes-filles deviendront ce vivier de femmes qui, sans doute, aimeront coudre, prédit Flore Linotte. Nous travaillons également avec le lycée René Char d’Avignon, avec les hôpitaux d’Avignon et de Montfavet qui proposent des ateliers couture à leurs patients comme, par exemple, aux personnes un peu dépressives.»

Les ateliers ont le vent en poupe
«L’atelier couture guidé par Anna, reste un must have puisque l’on part avec sa création au terme de 3 heures seulement de cours que l’on soit débutante, intermédiaire ou experte, précise Flore Linotte. L’atelier sous-vêtement avec Zoé est également très couru. L’atelier mensuel tapissier arrive en bonne place sur la 3e marche du podium. On y fait renaitre son fauteuil préféré, on y refait les assises de ses chaises. Les machines à coudre et les surjeteuses séduisent toujours autant. Elles ont d’ailleurs connu un véritable boum durant le Covid où le magasin a été dévalisé. depuis avril les ventes reviennent à la normale. Enfin, la mercerie marche de plus en plus fort,» sourit Flore Linotte.

La réussite du magasin ?
«C’est l’équipe de vente et l’ambiance du magasin qui font la différence. Un magasin rangé, agréable à l’œil. L’équipe ? Elle joue un rôle primordial ! J’ai embauché des passionnées de couture, à tel point que, bien souvent, elles cousent à l’heure du déjeuner dans le magasin ! Ainsi, Lauriane possède un BTS Action commerciale ; Amélie –qui passe son CAP couture en cours du soir- est Bac+5 en chimie ; Zoé a un BTS couture spécialisée en lingerie et Julie un BTS orienté machines à coudre industrielles.» La robe à sequin que vous portez est faite maison ? Rires… « Oui j’ai fait le corps de la robe puis Amélie et Zoé ont fait les manches et ajouté des finitions tandis que le soir je finissais l’ourlet. Nous voulions être dans le thème du défilé nous aussi… Quand je vous dis que nous sommes des passionnées.»

Flore Linotte

Vite… Se réinventer !
Le commerce c’est compliqué ? «Oui. Il y a eu trop de soldes, trop de remises, trop de promos. A tel point que personne ne s’y retrouvait. En faisant de la sorte -je parle du commerce en général- nous nous sommes tués tout seul. Il faut que les rabais en tout genre cessent pour que le commerce survive face à internet qui doit d’ailleurs l’envol de ses ventes à la crise du Covid.» Une piste pour se réinventer ? «La marque Zodio a un positionnement intéressant. Elle fait très peu de promotions avec seulement quelques journées ou soirées à 15% ; une offre à la date de votre anniversaire, et le reste du temps conserve des prix normaux. C’est un procédé intelligent.»

Magasins physiques versus Internet
«Désormais le magasin physique vit une concurrence féroce avec Internet dont la cible est de toucher les 30-50 ans. Je pense qu’il faut désormais proposer de l’événementiel, inviter les gens à se rencontrer dans une ambiance conviviale, proposer des moments festifs et gais car, comme tout le monde, nous souffrons des effets collatéraux de l’inflation et de la guerre en Ukraine.» Ce qui pourrait faire la différence avec Internet ? « Que nous aussi nous mettions en place des partenariats avec des influenceuses locales pour donner envie aux consommatrices de venir nous voir. Ce que nous apportons de plus face à Internet ? Du conseil, nous calculons le métrage juste, nous proposons des tissus et de la mercerie de qualité. Notre panier moyen est de 35€.»

L’équipe gagnante de Self Tissus récompensée par Flore Linotte

La Communauté de l’aiguille
Laure Nguyenchi, professeur des écoles à la Rocade nord à Avignon, vient de créer l’association La communauté de l’aiguille. Arrivée de  Toulouse fin août, elle voulait se faire des amies autour de sa passion, la couture. Elle vient même d’obtenir son CAP couture grâce à des cours du soir pris durant 18 mois. Cliente de Self Tissus, elle a proposé à Flore Linotte, la dirigeante de l’enseigne, de réaliser un défilé sur le thème ‘Osez briller’. Une quinzaine de membres s’était déplacée pour l’occasion, confectionnant de brillantes tenues, en prévision des fêtes de fin d’année.

Nous nous sommes rencontrées grâce à Self Tissus
«Je me suis prise de passion pour la couture il y a 10 ans en commençant par des petits accessoires –des sacs, des trousses- pour ensuite, me lancer dans la fabrication de vêtements relate Laure Nguyenchi, la présidente de la Communauté de l’aiguille. C’est par le biais d’Instagram que j’ai commencé à discuter avec des couturières du Vaucluse. Je leur ai proposé de fonder une association ce qui a soulevé l’enthousiasme. Flore Linotte nous a invités à nous rencontrer physiquement dans l’atelier du magasin. Puis tout s’est enchaîné.»

La communauté de l’aiguille

On s’écrit sur Instagram puis on se voit !
L’association compte déjà, après seulement 2 mois d’existence, une quinzaine d’adhérentes. «Depuis que j’ai obtenu mon CAP couture je conçois entièrement ma garde-robe. Depuis18 mois que je n’achète plus de vêtements dans le commerce. Je nourris une véritable passion pour la mode, j’aime créer et porter des vêtements originaux. Il y a aussi le côté écoresponsable et éthique que je ne retrouvais plus dans ce que j’achetais où ni la qualité du tissu ni la coupe n’étaient au rendez-vous. En acquérant l’œil exercé de la couturière, je ne me laissais plus tenter par ce que je ne trouvais vraiment pas très bien exécuté.»

Le but de la communauté ?
«Coudre ensemble et s’entraider, notre objet étant le partage. Nous nous donnons aussi rendez-vous autour d’un thé ou d’un verre. Je suis en train d’organiser un week-end couture qui aura lieu en mai, en Haute-Savoie. Ensuite nous nous orienterons, au printemps, vers des ‘Puces de couturières’ qui consistent à se vendre les unes aux autres, à bas-prix, des tissus et de la mercerie que nous avons stocké sans les utiliser. Là encore il s’agit d’un geste éco-responsable.»

Laure Nguyenchi, présidente de la Communauté de l’aiguille

Retour d’expérience
«La conclusion de cette belle journée ? Je ne m’attendais pas à faire d’aussi belles rencontres, avec des personnes gentilles et motivées. L’équipe de Self Tissus est très dynamique et bienveillante. C’est un plaisir.»
Laure Nguyenchi, présidente de lacommunautedelaiguille@gmail.com

En aparté
«Un anniversaire vraiment mérité me souffletons en aparté, alors que le magasin a fait son ouverture le 14 décembre 2019 et que le Covid allait fondre sur le monde avec ses confinements successifs. En février 2022 la Russie déclarait la guerre à l’Ukraine. Depuis plusieurs mois l’inflation a signalé son retour et l’approche des premiers frimas fait craindre des coupures d’électricité… Alors ? « Alors plus que jamais les femmes ont envie de prendre en main leur destin, de signer leur indépendance et de créer dans la joie et la bonne humeur,» me fait-on savoir.


(Vidéo) Eugénie et Lucile pour la vie, mais qu’en dit la société ?

« Nous fêterons demain, samedi 10 décembre, les 3 ans de notre magasin Self Tissus s’enthousiasme Flore Linotte, cheffe d’entreprise à la tête de Sel Tissus et lauréate et membre du Réseau Entreprendre Rhône-Durance. Pour l’occasion, l’association ‘La communauté de l’aiguille’ fraîchement créée depuis 2 mois environ, s’est associée à notre anniversaire. Les couturières de l’association animeront des ateliers gratuits toute la journée de ce samedi et, à 17h, défileront vêtues de leurs créations pailletées. »

Des ateliers couture
Des ateliers couture sont proposés toute la journée. Six créneaux de 30 mn sont disponibles : de 11h à 11h30 ; de 11h30 à 12h ; de 14h à 14h30 ; de 14h30 à 15h ; de 15h à 15h30 et de 15h30 à 16h. Inscription : https://tinyurl.com/es4nremf

Les infos pratiques
Anniversaire, 3 ans de Self Tissus. 472, avenue Louis Braille. Centre commercial Auchan. 84130 Le Pontet. Ouvert du lundi au vendredi de 9h30 à 12h30 et de 13h30 à 19h. Le samedi de 9h30 à 19h, en journée continue. www.selftissus.fr Également sur facebook, Instragram et Pinterest

Association de couturières partenaire : la Communauté de l’aiguille, présidente Laure Nguyenchi ; lacommunautedelaiguille@gmail.com


(Vidéo) Eugénie et Lucile pour la vie, mais qu’en dit la société ?

L’Agence pour la formation professionnelle des adultes (Afpa) située au Pontet vient d’inaugurer sa ‘Place’, un large espace dédié au coworking et au colearning, situé au cœur de son village.

En partenariat avec Pôle emploi, la Mission locale jeunes Grand Avignon et Initiative terres de Vaucluse, l’Afpa du Pontet vient d’ouvrir un espace de coworking et colearning appelé ‘La place’. Un nom symbolique puisqur le lieu a été créé dans le but de faire des rencontres, d’échanger, mais surtout de favoriser l’inclusivité. Ainsi, près de 300m² d’espaces aménagés peuvent désormais accueillir les adhérents de l’Afpa mais aussi un public extérieur à l’organisme et les créateurs d’entreprise.

L’objectif de ces bureaux est de rapprocher les Vauclusiens entre eux afin qu’ils créent du lien social, de favoriser la création d’entreprise mais également de faire émerger de nouvelles idées. Inaugurée il y a seulement quelques jours, cette ‘Place’, qui peut faire l’objet d’une privatisation, peut d’ores et déjà accueillir des bénéficiaires internes et externes. Pour réserver un créneau aux seins de ces locaux, il suffit de contacter l’Afpa du Pontet par téléphone au 04 90 32 78 08.

Un nouvel espace pour une réinvention de l’Afpa

« Nous sommes très fiers d’ouvrir la première ‘Place’ du Vaucluse », s’est enthousiasmée Pascale Grosvalet, directrice du centre du Pontet. ‘La place’ représente donc un lieu qui s’inscrit dans le développement des villages de l’Afpa, mais aussi dans leur transformation puisque l’organisme souhaite élargir ses offres de service.

L’Afpa est connue notamment pour ses formations de qualité, mais aujourd’hui, ce n’est plus seulement cela. « C’est un établissement public qui agit en réponse aux grands enjeux, besoins et défis dont nous faisons face dans le pays, mais surtout dans les territoires », a développé Alain Mahé, directeur régional de l’Afpa Paca.

Des formations dans l’ère du temps et pour tous

Dans une volonté d’aider les jeunes qui se confrontent à la difficulté de trouver une voie professionnelle, ‘La place’ leur ouvre ses portes dans le but de promouvoir l’apprentissage. L’Afpa a également une ‘Promo 16.18’ adressée aux jeunes entre 16 et 18 ans qui ont quitté le milieu scolaire et souhaitent trouver leur voie.

L’Afpa veut aussiproposer des formations qui s’adaptent à l’économie changeante et au développement rapide des métiers. Cette volonté d’aider à s’insérer ou se réinsérer s’inscrit également dans l’actualité puisque l’organisme se mobilise dans l’accueil de réfugiés dans le cadre de son programme Hope (Hébergement, orientation et parcours vers l’emploi) qui tend à redonner de l’espoir à ceux qui ont tout perdu.

L’Afpa s’ouvre aussi aux autres afin de créer une synergie

Toujours dans sa démarche de transformation, l’Afpa essaye de s’ouvrir davantage à des partenariats avec des acteurs sociaux et économiques, ainsi que d’autres organismes de formation et bien d’autres partenaires afin de créer une complémentarité pour accompagner les adhérents au mieux.

C’est en cet objectif de rassemblement et de cohésion que réside ‘La place’. « La place n’est qu’une première pierre à l’édifice des villages, a conclu Cédric Crouzy, chef de projet village Afpa au niveau national, le reste est à faire avec les adhérents et les acteurs extérieurs. »

De gauche à droite : Hicham Bourohi (directeur d’Initiative terres de Vaucluse), Frederic Labesa (agent de développement politique du Grand Avignon), Pascale Grosvalet (directrice du centre Afpa Le Pontet), Alain Mahe (directeur régional Afpa Paca), Claude Tummino (adjoint au maire d’Avignon), Sylvie Clément-Cottuz (directrice régionale adjointe Afpa Paca). ©Vanessa Arnal

(Vidéo) Eugénie et Lucile pour la vie, mais qu’en dit la société ?

Self tissus Avignon le Pontet propose des ateliers de couture à 10€ de l’heure et pour 10 ateliers achetés le 11e est offert. L’offre est valable jusqu’au 25 septembre. Les cours sont destinés à tous et toutes que l’on soit débutant ou expert en couture.

Des exemples ? L’atelier découverte qui permet de faire ses premiers pas se fait en une heure et propose de confectionner un tote-bag. Suivent les ateliers ‘top’ pour se confectionner un haut (30€ pour 3h), ou bombers (50€ pour 5h), ou coussins, ou encore surjeteuse pour prendre bien en main cette machine souvent dédiée aux tissus souples et surtout aux finitions pro ultra soignées, ou tout simplement un atelier libre où l’on prévoit son idée, le tissu, les fournitures nécessaires pour réaliser son projet.

Ce qu’on y trouve ?

Self tissus propose, au cœur du magasin, des tissus dont un grand nombre de nouveautés, de la mercerie, de la laine pour tricoter ou du coton et autres matières à crocheter, des machines à coudre et des surjeteuses, des ateliers de couture et tapissier pour refaire ses chaises, fauteuils ou canapé. On y fait ses vêtements, objets de déco, rideaux… On y trouve aussi de multiples patrons. Les limites sont seulement celles que l’on se donne. Nous avions déjà rencontré Claire Linotte, à la tête de Self tissus, son interview ici.

Cela vous tente ?

Vous êtes tentés par le Do it yourself ? Vous voulez vous habiller en sur-mesure et d’après vos propres choix de style, matière et couleur ? Retrouvez toutes les infos sur le blog je-fais-moi-meme.fr , les tutos ici, et le magasin Sel-tissus Avignon Le Pontet ici. 04 90 03 13 28 472, avenue Louis Braille. Le Pontet.

Les infos pratiques

Self tissus Avignon-Le Pontet. Centre commercial Auchan. 84 130 Avignon-Le Pontet. Inscription ici. Les ateliers se déroulent dans le magasin en présence d’une couturière professionnelle.


(Vidéo) Eugénie et Lucile pour la vie, mais qu’en dit la société ?

Flore Linotte entourée de son équipe d'experts

Flore Linotte et son époux Michel sont à la tête de Self tissus, magasin de 600m2 situé dans la zone du Centre commercial d’Auchan-Le Pontet. Le lieu, entièrement dédié au ‘DIY’ (Do it yourself / au faire soi-même) version couture propose de concevoir sa propre mode vêtement, déco, d’apprendre à tricoter, crocheter et même de refaire une beauté à son vieux fauteuil fatigué. L’idée de génie ? Pouvoir tout trouver et tout faire sur place ! 

Flore Linotte ne savait pas qu’en empruntant la machine à coudre de sa grand-mère, son destin basculerait. Au début, il était simplement question de trouver des tissus et des accessoires de couture, de regarder des tutos sur internet pour s’exercer à faire des vêtements pour ses enfants… «Puis, en parlant autour de moi, j’ai découvert que mes collègues de travail cousaient aussi, se souvient Flore Linotte. J’ai compris que le marché était en pleine expansion. Nous nous plongions enfin dans le Do it yourself alors que, pour d’autres pays, particulièrement en Angleterre, ce mécanisme était déjà enclenché depuis plusieurs dizaines d’années.

Une vraie réponse à la demande

«Pour autant, je n’étais pas toujours satisfaite de ce que je trouvais dans les magasins. Je voulais un concept total, un lieu où l’on puisse acheter du tissu, de la mercerie une machine à coudre, du SAV (service après-vente) et même, de prendre des cours de couture. Est-ce que le concept existait en France ? J’ai mis un temps infini à trouver la perle rare en Bretagne, à Quimper avec Self tissus. L’entreprise existait depuis 1986, disposant aujourd’hui de 25 magasins en France et d’un site vendeur internet. J’ai contacté son fondateur, Hugues Boursin.»

On fonce

Le rendez-vous est fixé à Quimper, au magasin pilote, où Flore et Michel sont reçus par le patron de la chaîne, entrant dans un circuit programmé de visites de magasin de Nantes à Brest, sur deux jours pour bien comprendre le concept et son environnement. Le couple est enthousiaste. Flore, de formation commerciale, s’occupera du magasin, Michel, expert en électro et micromécanique s’attellera à la vente des machines, à la prise en main de la machine ainsi qu’au SAV. Ils signent leur contrat avec le repreneur de la franchise, Dominique Thibaud et ouvrent Self Tissus Avignon-Le Pontet en août 2019.

Self Tissus un choix d’étoffes très souvent renouvelé

Ce qu’il faut bien comprendre

«On n’ouvre pas un magasin que par passion, relativise Flore. La franchise ne recherchait pas une couturière mais un profil commercial avec des compétences de gestion du stock, de management, un profil de chef d’entreprise dynamique, entreprenant, capable de prendre les bonnes décisions au bon moment et solidement ancré dans la réalité. L’accompagnement du franchiseur a été déterminant et Self tissus nous a beaucoup accompagnés tout en étant ultra réactif dans cette période très troublée, nous permettant de tout mettre en place pour continuer à travailler. En temps normal nous assistons à 2 séminaires par an avec de très riches échanges et une mise en avant des perspectives, remplacés actuellement par des réunions en visio-conférence. Enfin, nous employons 3 salariés.»

Le contexte

«Jusqu’en janvier de cette année, le magasin fonctionnait bien. Ce qui a rompu dans notre élan ? La fermeture d’Auchan et de la galerie marchande qui sont les locomotives du flux de clientèle. Le coup de grâce ? Le couvre-feu à 18h. Quant aux aides de l’Etat ? Elles ne concernaient que les magasins fermés. Le PGE (Prêt garanti par l’Etat) ? On a eu besoin de l’utiliser en février dernier. On ne s’est jamais arrêtés et l’on s’adapte en permanence aux horaires. Demain sera mieux qu’aujourd’hui car je suis très confiante en l’avenir. Notre prévisionnel en temps normal ? Nous aurions dû réaliser un chiffre d’affaires de 500 000€ en 2021. Nous prévoyons 750 000€ de CA en 2022 si la situation sanitaire le permet. Notre zone de chalandise ? Marseille, Salon-de-Provence, plateau d’Albion, Apt, Villeneuve, les Angles, Nîmes. Nous sommes un magasin de destination.»

L’accompagnement du Réseau entreprendre

«Je suis accompagnée dans mon parcours de cheffe d’entreprise par le Réseau Entreprendre Rhône-Durance. Laurent Danset qui m’a énormément aidée pour candidater au Réseau Entreprendre, particulièrement dans l’administration de mon dossier. Nous avons pu, ainsi, en tant que lauréats, bénéficier de 40 000€ à taux zéro mais ce qui nous a le plus séduits est sans conteste leur accompagnement. Nos réunions mensuelles nous éclairent sur un sujet à chaque fois déterminant comme ‘savoir lire et interpréter un bilan, analyser les chiffres’ en l’espace de très peu de temps. Le plus précieux ? Etre accompagnés par de vrais chefs d’entreprise. Mon parrain ? C’est le directeur de La Mirande, Francis Lacoste qui est à mes côtés durant deux ans. Ensemble, nous élaborons un plan de ‘pilotage’ des chiffres mensuels mettant en exergue l’objectif, le réalisé, les point forts et à améliorer ; les réalisations importantes du mois passé et les actions à entreprendre dans les prochains mois, bref, c’est une feuille de route conçue pour mesurer, en temps réel, sa progression et pour se projeter.»  

Le mot du parrain

«La Mirande est membre du Réseau Entreprendre Rhône-Durance depuis 4 ans. J’ai investi le Comité d’engagement qui a pour objet de sélectionner les lauréats et de leur accorder des crédits en plus d’un accompagnement bénévole -mensuel sur deux ans- à la fois technique et humain. Flore vend du tissu tandis que je vends des chambres d’hôtel. Si nos produits sont différents ils répondent à des exigences économiques et de saisonnalité très proches. Nous nous voyons pour examiner les tendances, les évolutions, faire le point et échanger sur toutes les problématiques afin de les analyser et surtout mettre en évidence des solutions qui permettront de rebondir. Si le commerce reste, en tous secteurs, très fluctuant, l’entreprise de Flore est très saine et l’accompagner relève d’une belle aventure humaine.»

L’atelier de couture

Surfer sur le Do It Yourself

«Notre pari ? Le DIY. Les femmes se rappellent qu’avant, chaque foyer comptait sa machine à coudre sourit Flore et l’ont, lors du 1er confinement, redécouverte au fond de leur placard. La tendance s’est d’ailleurs accentuée lorsque l’on a tous compris à quel point nous étions dépendants d’autres pays, cela impliquait une prise de conscience en commençant par fabriquer des masques puisque nous n’en disposions pas.»

Montrer sa différence

«Les femmes se sont dit qu’elles pouvaient aller plus loin. Outre la satisfaction de faire soi-même, elles confortaient leur confiance en elles. Le DIY c’est justement çà, montrer sa différence ! Et plus loin encore, avec l’envie de sortir du rang, de choisir son tissu, ses accessoires pour concevoir des vêtements inspirés et inspirants. Car, à bien y regarder, le prêt à porter grand public propose peu de diversité de formes et de couleurs pour plaire au plus grand nombre sans pour autant monter en qualité ni de coupe, ni de tissu. Et puis la génération de nos enfants nous incite à l’achat responsable, au recyclage. Ils sont très conscients des enjeux environnementaux. C’est ainsi qu’on les accueille à partir de 9 ans. Ils viennent apprendre à coudre des pochettes, des lingettes démaquillantes, des fabrications allant dans le sens du zéro déchet.»  

Quelle clientèle ?

«Notre clientèle est très axée habillement. Nous avons, par exemple, des clientes qui créent des patrons très tendance pour venir réaliser leur vêtement avec notre couturière. Elles produisent même des tutos sur Internet. Notre rôle ? Les accompagner du choix du patron à sa mise à la mesure, en passant par le choix du tissu et la confection du vêtement fini. Cette qualité de service a tout de suite eu pour effet d’augmenter notre panier moyen qui est le plus élevé des Self tissus de France à 45€ alors que la moyenne est, ailleurs, de 26€. Nous vendons également beaucoup de machines à coudre et de surfileuses, notamment grâce à la formation de mise en service, à leur entretien et à un SAV toujours sur place.»

Comment expliquer ce boom ?

«Les couturières savent que l’on va au-delà du travail soigné en faisant de très belles finitions intérieures qui peuvent même être fantaisies avec du fil métallique ou autre, la créativité est devenue technologiquement sans limite, comme, par exemple coudre des leds ! Et puis plein de nouveaux produits facilitateurs et gains de temps sortent en permanence comme les patrons transfert qui ‘se dessinent’ directement sur le tissu vous évitant nombre d’étapes. La promesse ? En 3h l’on peut désormais confectionner son vêtement, à sa taille, en trouvant tout sur place et en suivant ses cours de couture. En 7h ? On peut refaire entièrement son fauteuil. Il devenait également difficile, en France, de trouver des produits qui sortent de l’ordinaire, particulièrement en mercerie. Et bien, chez nous, La mercerie Prim qui travaille en haute couture pour Gucci, propose des boutons-bijoux tout ce qu’il y a de plus raffiné, des sangles pour fabriquer ses sacs…»

Les premiers chantiers d’une apprentie couturière ? Les coussins parfaits en out door

Ce que propose Self tissus

Vente de tissus, voilages, laine, mercerie-rubanerie, machines à coudre, confection sur mesure, cours et ateliers de couture, tapisserie. Initiation à la machine à coudre et à la surjeteuse. Des ateliers libres ou d’initiation pour apprendre : le tricot, des éléments tapissiers, coudre des accessoires, des vêtements, de la décoration… 10€/h, un atelier s’étend sur 3h. Ils sont destinés aux novices, débutants, intermédiaires et experts. La franchise Self tissus compte 25 magasins en France. Des ateliers enfants à partir de 9 ans sont organisés les mercredis et samedis. Le futur adhérent et dirigeant de son magasin prévoira un droit d’entrée de 18 000€, un apport personnel de 50 000€, un investissement global de 350€/m2, un chiffre d’affaires la 1re année de 460 000€ HT et de 550 000€ à 2 ans. La formation initiale est de 4 semaines. En période ‘normale’, la franchise promettait 460 000€ de chiffre d’affaires la 1re année. L’enseigne prévoit de réaliser 14M€ de CA en 2020, soir une progression de 50% depuis 2017. Près de 3 à 4 magasins ouvrent chaque année.

Concept store

La conception du magasin Self tissus ? Tout d’abord un joli cadre, des espaces soigneusement organisés et délimités par des couleurs, des jeux de lumières doux : Tissus mode, tissus décoration, mercerie, table présentoir à machines à coudre, garnissage, nappage, mercerie, laine, atelier couture et même le bar à coudre proposant la location, sur place, de machines à coudre et de surjeteuses. On y apprend, sur rendez-vous, à coudre ou à se perfectionner. Et parce que ce sont souvent les femmes qui cousent, un espace enfant jouxte opportunément l’atelier de couture. Les atouts du magasin ? Des nouveautés, des animations, une ambiance conviviale, des vendeurs experts et à l’écoute.Self Tissus Avignon-Le Pontet. Au shopping Avignon Nord. 472, avenue Louis Braille. 04 90 03 13 28.

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