22 novembre 2024 |

Ecrit par le 22 novembre 2024

(Carte interactive) Festival d’Avignon 2023 : l’Echo du Mardi vous en parle

Bon spectacle!

Avec cette carte interactive, retrouvez tous les articles de L’Echo du Mardi sur l’édition 2023 du Festival d’Avignon.




(Carte interactive) Festival d’Avignon 2023 : l’Echo du Mardi vous en parle

Cinéma contre théâtre ? Marche de la Croisette contre celles du palais des Papes ? Le plus grand festival de cinéma du monde a décidé de décaler sa 74e édition. Prévu initialement du 11 au 21 mai, il se déroulera finalement à la même période que le festival d’Avignon.

Deux des plus grands festivals français vont donc se tenir au même moment cet été. En choisissant de décaler sa manifestation en plein mois de juillet, du 6 au 17 juillet, le festival de Cannes va ainsi directement concurrencer le festival d’Avignon qui se tiendra, lui, du 5 au 25 juillet. Un choix et une superposition qui peuvent surprendre alors que le président Pierre Lescure évoque avant tout une décision « d’équilibre », le mois de mai étant très proche et la situation sanitaire bien trop incertaine.


(Carte interactive) Festival d’Avignon 2023 : l’Echo du Mardi vous en parle

La boucle est bouclée. Son père, André Bénédetto avait créé le Festival 0ff d’Avignon en 1967. Depuis hier lundi, c’est le fils, Sébastien, 40 ans, directeur du Théâtre des Carmes, qui est aux commandes. Tout un symbole et un héritage hors du commun. Il devient donc le 6ème président après Alain Léonard, Greg Germain, l’éphémère Raymond Yana (10 mois à la tête d’A.F.C.) et Pierre Beyfette.

Lui qui préfère être derrière les projecteurs plutôt que dans la lumière aura à coeur de « Fédérer toutes les forces du festival » le plus populaire d’Avignon avec près d’un million de spectateurs, hors COVID…

En 2020, le spectacle vivant a été stoppé net par le coronavirus. « Je me concentre sur 2021, c’est une envie, un espoir incompressibles, la culture est absolument essentielle. Nous réfléchissons aux règles de normes sanitaires, aux jauges réduites, à l’aération des salles de spectacles, aux sens de circulation dans les files d’attente ».

L’Avignonnais Sébastien Bénédetto, compte travailler main dans la main avec les compagnies locales du théâtre pour conforter la professionnalisation initiée par son prédécesseur, Pierre Beyfette et peut-être encadrer l’offre foisonnante de spectacles (1592 au programme l’an dernier) sans toutefois porter atteinte à la liberté de création.

Normalement, le Festival 0ff 2021 doit se dérouler entre le 7 et le 31 juillet.


(Carte interactive) Festival d’Avignon 2023 : l’Echo du Mardi vous en parle

Le Verbe Fou est un théâtre permanent d’Avignon, dédié au verbe contemporain ou classique. Comme d’autres lieux, l’envie de jouer, l’envie du public est tenace et l’équipe propose avec ces Estivades une programmation allégée mais cependant variée et de qualité. Attention cependant aux dates et aux horaires. Les cartes Off de 2019 sont acceptées, au vu des événements sanitaires.

Du 15 au 19 juillet. 11h.14 et 20€. ‘Les Audacieux’ de Colette/Debussy par la compagnie Imagine.

Du 15 au 21 juillet. 14h45. A partir de 5 ans. ‘Loup cherche beurre désespérément.’
Du 21 au 26 juillet. 11h. ‘Le corps de mon père’ de Michel Onfray par la compagnie Rhizomes
Du 15 au 21 juillet. 21h. ‘Amor Sulfurosa’, écrits licencieux et complaintes vénéneuses d’Alain Klinger et Lionel Damei par la compagnie Chansons de Gestes
Du 17 au 31 juillet. 19h. Les jours impairs. 15 et 20€. ‘Requiem, ou le Louis d’Or’ de Alphonse Allais, Villiers de l’Isle-Adam, Gaston Leroux et Guy de Maupassant par la compagnie Laventurine

Du 22 au 31 juillet. Relâche le 28. 14h45. ‘L’avare’ de Molière. Cette création intègre chant, danse, marionnettes et masques dans le respect du texte de l’auteur.

Les Estivades. Du 15 au 31 juillet. Les réservations se font via le site : www.leverbefou.fr en choisissant vos sièges et par paiement Paypal. Elles peuvent également se faire via Billet-reduc. Théâtre du Verbe Fou. 95 Rue des Infirmières. Avignon. 04 90 85 29 90.

Michèle Périn


(Carte interactive) Festival d’Avignon 2023 : l’Echo du Mardi vous en parle

Ecouter et écrire, voilà ce que nous propose l’auteur Alessandra Blache, bien connue du festival off. Dès le matin, à l’ombre du magnolia, écouter une lecture en sirotant un café puis continuer par un ‘tea-time’ l’après-midi autour d’un atelier d’écriture, ouvert à tous, petits et grands , aucun pré-requis n’étant sollicité hormis la motivation  et prolonger la soirée autour d’un verre entre amis.

11h-12h. Lecture par Alessandra Blache. ‘Chronique d’une mère annoncée’. Jours impairs. Ce texte relate la difficulté de certaines femmes à devenir maman. Alessandra Blache aborde sans tabou mais cependant  avec humour, les aspects médicaux, sociaux et psychologiques de l’infertilité. ‘Mes carnets du Monastère’, Jours pairs. Un auteur accueilli en Résidence d’écriture au Monastère de Saorge dans la vallée de La Roya, pour finaliser un recueil de Nouvelles, se trouve pris au piège de l’inspiration…

Michèle Perin

15h à 18h. Ateliers d’écriture. 45€. Demi-tarif enfants et ados.
Du 15 au 25 juillet. Lecture. 7€.  Bar à vin ‘Au cœur d’Avignon’. 9, rue du Collège d’Annecy. Avignon. 07 85 54 90 46 www.chroniquedunemere.com


(Carte interactive) Festival d’Avignon 2023 : l’Echo du Mardi vous en parle

Avignon, le Théâtre de la condition des soies accueille l’enfant terrible, Philippe Caubère, avec lui on redécouvre Alphonse Daudet, l’auteur chéri de notre enfance, dès le 15 juillet.

Philippe Caubère. Acteur et comédien de renom mais pas seulement. Celui qui se bat pour que la Corrida reste dans notre culture et que l’on ne doive pas nous empêcher d’y aller et d’aimer regarder Eros et Thanatos se livrer bataille dans l’arène, même s’il on est un enfant. Il est aussi celui qui ose dire qu’il fréquente les dames qui vendent leur charme, parce qu’il les aura approchées toute sa vie, n’en déplaise à messieurs et mesdames les censeurs et à la Loi aussi. Un homme vertical, construit comme çà, une bibliothèque sur pattes, aussi.

70 ans au compteur, droit dans ses bottes

70 ans au compteur, droit dans ses bottes. Sa vie ? Un roman. Comment approcher le bougre ? En faisant comme le petit poucet tout d’abord. En s’immisçant sur Youtube. Chaque vidéo nous en dit un peu plus sur lui. Puis, paf, là, tout de suite, on a drôlement envie de le rencontrer pour de vrai. Et pour approcher l’animal dans ce qu’il a de plus vrai il n’y aura que la scène. Un plateau nu. Une chaise. Des costumes d’époque. Lui sur le plateau. Lumière et tout un monde éclot.

Entretien

Dehors le soleil cogne déjà sévère. Il arrive avec plusieurs bouquins sous le bras. «J’avais un peu de temps avant l’interview alors j’ai été chercher des bouquins. Là, juste devant les Halles, vous connaissez ? » « Oui.» Il y a des ouvrages d’Alphonse Daudet, de Frédéric Mistral, son maître et ami. Des biographies, de quoi poser les grands artistes dans leur contexte pour mieux les incarner. «Vous avez remarqué que lorsque l’on lit un texte, quand celui-ci est donné en lecture -ou joué- on y met au jour ce que l’on n’avait pas discerné avant ?» « Oui, c’est magique.»

«J’avais envie de renouer avec Alphonse Daudet, ce grand écrivain provençal»

Comment tout a commencé ?

Sur une colline, dans l’ancienne demeure de ses grands-parents, puis de ses parents, que le comédien Philippe Caubère s’est imprégné d’Alphonse Daudet donnant la vie à deux spectacles : «Comme un retour sur mon enfance et peut-être celle des spectateurs qui viendront les découvrir avec leurs enfants et petits-enfants. Ces spectacles peuvent être appréhendés à partir de 7,8 ans, mais les textes s’adressent tout autant aux adultes car Alphonse Daudet n’a pas écrit que des textes légers et amusants mais aussi des textes puissants qui révèlent une réalité parfois sombre.»

J’ai relu Alphonse Daudet

«J’ai relu les œuvres d’Alphonse Daudet il y a un an de cela, par simple curiosité, comme ça, pour voir si je ressentirais le même plaisir, le même trouble que pendant mon enfance, relate Philippe Caubère. Emporté par la force de cette écriture, de cette pensée, par ce sens du drame et de la comédie, l’idée m’est venue d’en faire un spectacle. Et même deux différents pour que l’œuvre puisse être donnée dans sa plus grande partie, sans que chacune des deux soirées ne dure trop longtemps.»

J’avais envie de m’amuser

«J’avais envie de m’amuser, comme celle d’amuser et de toucher les autres, petits et grands. Egalement, après ‘Adieu Ferdinand’, je savais qu’un vide se ferait sentir et qu’il me faudrait quelque chose de fort pour ne pas y sombrer ; qui me ramène à l’enfance, la mienne comme celle de tout le monde. L’enfance de l’art aussi.»

Des histoires, des personnages, des paysages et des accents

«Voilà, juste ça, des histoires, des paysages, des personnages, des accents. Et un pays, le mien : la Provence. En assistant à un spectacle à la Condition des Soies, l’idée du spectacle s’est concrétisée. ‘On dirait un moulin!’, me suis-je dit. Et…toc ! Le lien s’est fait. Il se trouve que ce lieu a pour moi une histoire particulière : j’y ai créé mon premier spectacle en solo, La Danse du Diable, en 1981.»

Théâtre à vendre

«Quelques années plus tard, son ancienne propriétaire m’a dit au téléphone : «Je dois me séparer du théâtre, vous êtes la seule personne à qui je voudrais le vendre !» —«Vous me touchez et m’honorez», lui répondis-je —«hélas, je ne pense pas que j’aurais les moyens de réaliser votre vœu. Je connais quelqu’un, en revanche, qui les aura peut-être…»  C’est ainsi qu’Anthéa Sogno et sa famille décidèrent d’acheter le lieu et d’y réaliser les travaux qu’il fallait pour rendre à cet endroit, devenu presque un taudis, sa splendeur originelle. Depuis, le théâtre fonctionne du feu de Dieu et je devais y créer les deux spectacles cet été, au Festival.»

Pour Théodora

«Et puis… Et puis. Sauf que, voilà, l’impossible, non, l’impensable, s’est produit : on peut jouer ! Moins de fois que prévu certes, sans le barouf habituel —tant mieux! —, ni le public non plus —tant pis. On fera sans, c’est à dire avec qui sera là. Mais le théâtre aura lieu et le spectacle verra le jour où je voulais, où je le voyais. Ah, j’oubliais ! Anthéa est la mère de ma fille, Théodora, à qui je dédie ces deux soirées.» 

Fin d’entretien

«Vous avez tous les renseignements que vous vouliez ?» «Oui.» Il se replonge dans ses livres qu’il ouvre avec sérieux, comme on ouvre un cadeau précieux. Son corps est là, assis sur le banc, accoudé à l’immense table en chêne. Ses mains empoignent les pages déjà usés par d’autres. Son âme parcourt déjà les lignes et d’autres destins s’animent derrière ses yeux. Il est l’insatiable. L’enfant de cette maman si spéciale qu’il aurait sans doute aimée s’il l’avait rencontrée ; l’étudiant entré au Théâtre du Soleil et le grand ami de la grande Ariane Mnouchkine.

Quelque chose à ajouter ?

«Oui, insistez sur le fait que ce n’est pas une lecture ! C’est vraiment joué !» «Ça a dû être incroyablement difficile à apprendre tous ces textes, non ?» Il se raidit, un brin surpris, même plus interloqué. «C’est mon métier ! Le BA ba c’est d’apprendre son texte !» Puis il se pose, réfléchit. Silence. «Oui, parce que l’écriture d’Alphonse Daudet est très simple et que l’on dit facilement un mot pour un autre et moi je veux être précis. Dire les mots du texte. Alors oui, cela a été plus dur que je ne le pensais. L’écriture d’Alphonse Daudet est si belle et parait si simple. C’est parce qu’il utilise les mots du quotidien mais c’est mon métier !» «Autre chose ?» « Oui. Venez tous, venez tous !»

 

Les infos pratiques

1er spectacle, les mercredi 15, samedi 18, mardi 21 et vendredi 24 juillet, durée 1h30, reprenant : Installation, La diligence de Beaucaire, Le secret de Maître Cornille, La chèvre de Monsieur Seguin, L’Arlésienne, La légende de l’homme à la cervelle d’or, (Le curé de Cucugnan), Le poète Mistral.

2e spectacle, vendredi 17, dimanche 19, mercredi 22 et samedi 25 juillet, durée 1h30. La mule du Pape, Les deux auberges, (Le curé de Cucugnan), Les trois messes basses, L’élixir du révérend père Gaucher, Nostalgie de casernes. 10 € adultes et 5 € moins de 20 ans. Réservation et renseignements : 06 66 04 00 61 & 04 90 22 48 43 Condition des soies. 13, rue de la Croix à Avignon. www.conditiondessoies.com


(Carte interactive) Festival d’Avignon 2023 : l’Echo du Mardi vous en parle

Laurent Rochut*, directeur de la Factory, structure comprenant le Théâtre de l’Oulle et la salle Tomasi à Avignon pense que le Festival d’Avignon a été annulé prématurément plombant durablement l’économie avignonnaise. Le dirigeant propose un changement de paradigme. Sa réflexion ? Utiliser le gisement de salles et de matériel dormants en créant un maillage de théâtres qui accueillerait, toute l’année, des compagnies européennes et françaises de l’art vivant et dont le festival serait le point d’orgue et non plus ‘l’excuse artistique’.

«J’ai le sentiment que l’on a été soumis, durant plus de deux mois, à un diktat de gens qui avaient peur, positionnant la vie contre l’économie. Je crois qu’aujourd’hui on se rend compte que l’on n’a pas forcément sauvé plus de vies que ça. Il y a des pays qui ont très peu confinés, où qui n’ont confiné que les personnes atteintes du virus Covid-19, comme la Corée, la Suède, les Pays-Bas et l’Allemagne et qui n’ont pas eu plus de morts que ce qu’aurait provoqué, habituellement, la grippe. Ce qui est certain ? On a durablement tué l’économie avignonnaise, peut-être pour toute l’année. Ce qui aurait pu être fait ? Confronter nos idées, se mettre en ordre de marche et décaler le festival de 15 jours ?»

Le moment fondateur ? Le discours présidentiel

«Et puis il y a eu le moment fondateur. Le discours du Président Emmanuel Macron le 13 avril expliquant qu’il n’y aura rien avant le 15 juillet au moins. A partir de ce moment-là ceux qui pensaient autrement ‘n’insultons pas l’avenir et pensons aux retombées économiques d’une annulation du festival’ étaient disqualifiés. Nous ? On tenait bon. Nous nous faisions insulter, on nous disait que nous ne pensions qu’à l’argent. A partir de ce moment-là nous n’avions plus de soutien, plus de point d’appui pour maintenir l’idée qu’il puisse y avoir un festival.»

Laisser du temps au temps

«Aujourd’hui, à mi-juin, on comprend que l’on aurait pu organiser le festival à partir du 15 juillet parce que fin juin le Gouvernement expliquera que l’on pourra s’installer dans les théâtres sans distanciation sociale ni avec des masques. On aurait pu organiser le festival si l’on avait laissé du temps au temps. Pourquoi en est-on là ? Est-ce que l’Elysée a subi des pressions de producteurs, d’importantes entités économiques qui n’ont pas voulu prendre le risque de salles vides à Avignon et des lourdes pertes financières qui s’ensuivraient ? L’annulation pour cas de force majeure devenait alors la garantie de sauver leur mise et la suite démontre qu’on a été bien moins prudents sur d’autres dossiers…

« Est-ce que l’Elysée a subi des pressions de producteurs, d’importantes entités économiques qui n’ont pas voulu prendre le risque de salles vides à Avignon et des lourdes pertes financières qui s’ensuivraient ? »

Les clivages

«Les lieux qui ont soutenu qu’il n’était pas prudent de faire le festival étaient ou des lieux avec peu de charges fixes ou des lieux fonctionnant sur le partage de recettes et non pas la location de créneau. Cela met au jour un clivage persistant du festival d’Avignon qui est moins lié à la qualité artistique qu’au modèle économique des lieux. Certains lieux sont fondés sur la dynamique entrepreneuriale d’un investisseur, c’est mon cas, je ne prends pas un euro aux compagnies l’année quand elles viennent en résidence mais j’ai besoin du festival pour structurer mon année car j’ai très peu de subventions ; d’autres lieux font de la co-réalisation parce qu’ils ont obtenu de conséquentes subventions à l’année et que leur mode opératoire fait partie de leur cahier des charges… de là à préjuger d’une hiérarchie artistique…»

Des modèles économiques différents

«Leur différence ? Ils ne mettent pas en œuvre le même modèle économique. Ces différences expliquent les ‘tiraillements’ qui s’exercent au sein du Off de même que celles qui s’opèrent entre les compagnies et les lieux. Ces mêmes lieux n’obéissent pas aux mêmes logiques selon qu’ils sont éphémères, louent du matériel pour le mois puis ferment alors que nous avons investi, durablement, en matériel dans nos théâtres et que nous payons, chaque mois de l’année, un loyer.»

Le grand questionnaire

«Suite au grand questionnaire qui a été lancé sur le Off d’Avignon, nous proposerons des modifications de statuts inhérentes aux remarques les plus récurrentes. Mais il ne faut pas se leurrer, le festival reste un ‘assemblage’ de lieux passant des contrats de gré à gré entre des entrepreneurs privés sous forme associative ou d’entreprise et un millier de compagnies, donc l’on ne pourra jamais cadrer le festival de façon drastique au point qu’il ressemble au festival In. Ce que l’on pourra faire ? S’accorder plus de discipline, améliorer la qualité de l’accueil des compagnies c’est d’ailleurs ce que fait AF et C depuis cinq ans…»

Des exemples ?

«Un exemple ? Le fonds de soutien aux compagnies pour les pousser à la professionnalisation, faire en sorte que chaque comédien soit payé. Le bouche-à-oreille fait que lorsqu’un lieu n’est pas à la hauteur cela se sait au sein des compagnies et chez les programmateurs. Les programmateurs font leur choix parmi les lieux sans qu’on ait besoin de leur fournir un décodeur. Tout cela existe sans être structuré. Peut-on imaginer obtenir de l’argent public qui fasse émerger un 1er cercle de lieux doté d’exigences artistiques et d’accueil poussé parce que ça hiérarchiserait l’idée du Off ? Ça n’est pas gagné. La hiérarchie ? Elle s’est imposée d’elle-même avec une quinzaine de lieux déployant de 150 à 200 spectacles de grande qualité tirant le festival par le haut, maintenant, qu’il y ait aussi des centaines de spectacles ou plus qui ne soient pas au niveau, c’est un peu la rançon du succès.»

Le danger

«Si l’on veut brider le festival, par exemple en réduisant le nombre de salles, nous nous trouverons dans un système de numerus clausus, avec une augmentation de la valeur des lieux, des ventes à la hausse, des coûts d’amortissements élevés et donc une augmentation du nombre de créneaux loués de plus en plus chers. Le diable se cache dans les bonnes attentions.»

Pas un mais des festivals

«Aujourd’hui nous sommes dans un marché capitaliste qui propose non pas un mais des festivals Off : celui des ‘seul en scène’ ; celui des compagnies qui travaillent beaucoup avec les scènes publiques nationales, les CDN (Centres dramatiques nationaux) qui ont déjà leur public ; celui des grosses productions de sociétés privées parisiennes avec une sorte ‘d’Avignon Paris quartier d’été’, elles viennent montrer leur production où les créent à Avignon parce que c’est moins cher ici qu’à Paris et il y a Avignon des cinq scènes historiques et les cinq autres que nous sommes avec le collectif Fabriqué à Avignon: l’Artéphile, les Carmes (membre aussi des Scènes), la Factory, l’Isle 80 et le Transversal.»

« Aujourd’hui nous sommes dans un marché capitaliste, celui des grosses productions de sociétés privées parisiennes avec une sorte ‘d’Avignon Paris quartier d’été’ »

Le festival l’alpha et l’oméga d’Avignon et après ?

«Le festival, l’alpha et l’oméga d’Avignon et après ? Tout l’enjeu est là. C’est d’ailleurs l’objet de notre collectif qui a vocation à se développer : il y a un gisement sous les pieds de la ville ! L’art vivant devrait être un des piliers à l’année de l’économie de la ville. Ça voudrait dire que l’argent public devrait être réorienté ou être abondé vers cette dynamique. Notre ambition ? Une « scène nationale » originale, structurée par un maillage de 15 salles en ordre de marche à l’année qui permettraient un parcours de formation et de création à toutes les compagnies de France et au-delà. On a des outils qui restent dormants durant tout le reste de l’année, tout comme l’hébergement, la restauration…»

Avignon ? Son ADN est d’être un lieu de création permanent…

«L’ADN d’Avignon est d’être un lieu permanent de création qui ponctuerait l’année de rencontres, de lectures, de recherche de production et de co-production par exemple en décembre avant que le programme du festival ne se fasse. Les 15 lieux pourraient inviter les producteurs et co-producteurs de France et d’Europe et leur dire ‘On a, chacun, soutenu deux spectacles que l’on souhaite vous montrer’. Une trentaine de maquettes seraient ainsi soumises aux producteurs qui y adhéreraient et soutiendraient les compagnies pour le prochain festival… On pourrait créer un maillage tout au long de l’année de théâtre qui soutiendraient l’art vivant et dont le festival ne serait plus la conclusion mais le point d’orgue et pas l’excuse artistique.»

Exploiter le gisement

«La ville d’Avignon possède un potentiel incroyable de salles qui dorment à l’année alors qu’elle reste une des villes les plus pauvres de France plombée par des difficultés économiques endémiques. La Covid-19 va en poser d’autres. Dans le cadre de l’effort touristique avignonnais, notre collectif invite les élus à miser sur l’art vivant à l’année en structurant une quinzaine de lieux dans une dynamique de mutualisation d’accueil, de moyens et d’hébergement des compagnies française et européennes. 

 

Qui est-il* ?

Laurent Rochut, écrivain et metteur en scène, administrateur de AF&C est directeur de la Factory, structure qui comprend le théâtre de l’Oulle et la salle Tomasi, lieu orienté vers le soutien à la création et ouvert toute l’année. «La salle Tomasi, d’une jauge de 110 places, est plutôt dédiée à la création émergente du territoire, pour aider les troupes en cours de professionnalisation. A l’année ? C’est plutôt un lieu de travail, de recherche car elle accueille peu de représentations. Le théâtre de l’Oulle accueille 40 semaines résidences à l’année, des compagnies plutôt affirmées travaillant sur des projets artistiques ambitieux : danse contemporaine, art circassien, théâtre. Nous avons créé, avec quatre autres scènes d’Avignon Théâtre des Carmes, le Transversal, l’Artéphile, l’Isle 80 un collectif ‘Fabriqué à Avignon’, structure qui aura pour vocation de se développer, notamment avec le soutien du ministère de la Culture, notre ambition ? Augmenter nos standards d’accueil, aider à l’hébergement, au déplacement de la compagnie, offrir une bourse sur certains projets lors des résidences que nous accueillons à l’année.» 

 


(Carte interactive) Festival d’Avignon 2023 : l’Echo du Mardi vous en parle

Sylvain Cano-Clémente, régisseur général du Théâtre du rempart à Avignon a créé la Fédération des théâtres d’Avignon (FTA) qu’il coordonne avec Valérie Contestable, directrice artistique du théâtre de l’Observance et Pierre Lambert directeur du théâtre Présence Pasteur.

‘Se rassembler pour conserver l’âme du festival d’Avignon’

«Née en 2017, la Fédération des théâtres d’Avignon a pour vocation de rassembler les exploitants des salles d’Avignon, de promouvoir l’accueil exemplaire des compagnies, des techniciens et des spectateurs tout en améliorant l’offre artistique au mois de juillet mais aussi toute l’année.

Ce qui m’émeut ? Le fait que le In et le Off n’arrivent toujours pas à amorcer un vrai dialogue alors que le festival d’Avignon (In) vendrait entre 100 et 120 000 billets et le Off 1,380 million de billets. D’un point de vue économique, ce sont plus de 113M€ qui s’échangeraient durant le mois de juillet dont une centaine de millions grâce au seul festival Off. Dialogue aussi peu existant avec la Ville malgré des efforts récents depuis 6 ans. Pourtant nous voulons nous entendre pour porter, ensemble, des solutions pour mieux recevoir les compagnies, les artistes, les techniciens, apporter plus de visibilité au plus grand théâtre du monde.

Au lieu de cela, il est de plus en plus critiqué, l’affichage est remis en cause alors que des photographes du monde entier viennent faire des reportages pour témoigner de cette grande manifestation qui a lieu aussi dans la rue, tout comme la grande parade d’ouverture, ainsi que le tractage des compagnies auprès des passants et bien sur les billetteries sur les trottoirs. Donc l’on revient à l’interdiction de ce qui fait le festival pour ne pas déranger les riverains… Alors que d’un autre côté, AF&C (structure d’accompagnement du festival Off depuis 15 ans) imprime à foison un programme coûteux qui ressemble au bottin alors que les festivaliers consultent leur smart phone pour faire leur choix.

En fait c’est l’âme du festival qui se délite ! Un théâtre populaire dont l’effervescence a choisi la rue. Au lieu de cela on voudrait cantonner le public dans les théâtres, un peu à la mode parisienne. Mais moi, ce que je vois, ce sont des gens qui viennent pour profiter de l’ambiance, apprécier les parades, rencontrer les acteurs qui tractent en personne et se laissent séduire par une pièce à un prix raisonnable. Si l’on vide les rues, c’est le festival que l’on tue.

Aujourd’hui les lieux du off ne sont reconnus que par la valeur financière qu’ils représentent. Il est temps que cela change. Pour l’heure, notre Fédération rassemble une cinquantaine d’exploitants de théâtre qui comptent 85 salles. Des structures, avides d’une entente intelligente et de réelles avancées collégiales nous ont rejoints comme le Palace, le Capitole, le Vox, Présence Pasteur, le Collège de la Salle, le Petit Louvre, le théâtre du Roi René, l’Observance, le Carnot et bien d’autres. Le festival Off d’Avignon dispose, au total et hors chapiteaux, d’environ 120 salles et accueillait en 2019 près de 1 600 spectacles différents.

Fédération des Théâtres d’Avignon, domiciliée au Théâtre du rempart, 56, rue du rempart saint-Lazare à Avignon. 07 49 16 70 37

Propos recueillis par Mireille Hurlin


(Carte interactive) Festival d’Avignon 2023 : l’Echo du Mardi vous en parle

André Morel, l’auteur et comédien avignonnais a décidé de réagir aux propos donnés dans le communiqué de Julien Gélas. Réponse en forme de clin d’œil à Maurice Clavel* quittant le plateau de l’émission «À armes égales» suite à la censure de son film, «Le soulèvement de la vie».

 

Messieurs les censeurs bonsoir,

«J’étais dans mon jardin voltairien où je respirais à loisir mauvaises graines et herbes indomptables quand j’ai découvert le communiqué de Julien Gélas, le co-directeur du Théâtre du Chêne noir. »

Que dire ?

«Que dire, moi qui en suis resté à l’Ancien Testament, qui connaît le Père, mais non le Fils signataire de la requête, sur l’Esprit de cette Réforme du Festival Off d’Avignon, sur cette occasion ‘de changer en profondeur les choses, de retrouver des règles qui (lui) redonneront de la grandeur et de l’esprit ?»

Démesure commerciale

«Que la dérive commerciale de cette manifestation ait pris des proportions démesurées,  qui le nierait ? Comme on peut regretter la course aux comédiens connus – quel que soit leur talent – pour remplir les salles durant l’été. Nous sommes dans un monde de libéralisme économique et la loi du plus fort et du plus riche prime sur tout : ce que je déplore.»

Alors, que faire ?

«En appeler au temps jadis et aux idéaux altruistes et engagés de Jean Vilar pour retrouver morale et valeur éducative ? Un truisme. Mais un truisme de vœux pieux sauf à croire métamorphoser l’entière société.»

Réformer le maelstrom du Off ?

« Pourquoi pas ? Mais qui le fera et de quel droit ? La puissance publique ? On criera à la censure politique. Ceux qui peuvent se targuer du droit d’ancienneté sur le sol, comme d’un droit d’aînesse ou de cuissage féodal, en quelque sorte ? On criera aux privilèges.

Une assemblée constituante ? Mais relevant de quelle légitimité et se basant sur quels critères de sélection ? On criera à sa partialité.»

Quant aux spectateurs…

«Quant aux spectateurs qui seraient les premières victimes, de ‘l’idéal mercantile planétaire d’une société qui privilégie la quantité à la qualité, le divertissement à l’approfondissement’, laissons-leur le libre arbitre d’adultes responsables. Ils sauront toujours séparer ‘leur’ bon grain de l’ivraie. »

André Morel

 

*Maurice Clavel était présent lors du premier festival avec sa pièce La terrasse de Midi mise en scène par Jean Vilar.

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