22 juillet 2024 |

Ecrit par le 22 juillet 2024

Marie Jeanselme, une vie écrite à la lettre

Marie Jeanselme ? Ce sont de petits messages percutants, des lettres confinées dans un petit sachet qui ne laisse place qu’à l’essentiel. Et ce petit sac transparent, punaisé dans un cadre vitré, est soutenu par deux, trois mots écrits cette fois à la pince Dymo. C’est aussi surprenant qu’inattendu, mais le plus savoureux est encore ailleurs. Pour cela il faut plonger dans l’histoire d’une petite fille qui n’arrivait pas à apprendre à lire et à écrire.

Les doses de poésie en préparation Copyright MMH

Au tout début
Marie Jeanselme sait rêver sa vie, c’est sans doute l’un de ses grands talents aussi. Un exemple ? Un jour, au creux d’un groupe d’amis, chacun interroge l’autre : ‘Quel serait, là tout de suite, ton plus important souhait ?’

A cette question où chacun répond avec l’angélisme du moment,
Marie Jeanselme décrit l’image qui s’impose immédiatement en elle : ‘Je vois un vieux mas au bout d’une grande allée de platanes. J’y vis en famille. J’y installerais également un atelier où je pourrais créer tout ce qui me viendrait en tête’. L’un des amis présents répond : ‘Ce mas existe. Je suis déjà passé devant, mais c’est une ruine à Montfavet’.

10 ans plus tard, une amie m’y conduit.
La voiture se fraie un chemin sous les frondaisons d’une allée de platanes, avec, au bout de celle-ci un portail en fer forgé. A droite, derrière le portail, un petit fortin se joue de n’être qu’une cabane en bois. Solidement plantée en hauteur, elle s’est finalement transformée en château avec sa tour du guet. Un enfant heureux vit ici.

«C’est une des œuvres de la période du Covid
où nous avons pu récupérer du bois et construire la cabane de notre fils,» explique Marie Jeanselme alors que parait Marius, nous prenant la main, il nous entraîne derechef au poulailler puis à l’autre bout du jardin, où évoluent dans un parc, trois bébés tortues d’Hermann, à peine plus grandes qu’une pièce de monnaie.

On s’installe sur le salon Fermob
qui jouxte l’atelier où règne une belle lumière. La fraicheur du jardin et les arbres contrent efficacement la torpeur de l’été et l’eau pétille dans les verres. C’est le moment de se parler.

Les petites doses de poésie de Marie Jeanselme Copyright Marie Jeanselme

«Je viens juste de quitter mon poste de professeure
d’arts plastiques au collège d’Orange, commence Marie Jeanselme. Alors, vivre de mon art c’est le pari fou que je fais pour mes 39 ans, avec l’accord de ma famille, mais c’est tout de même un sacré pari !»

Comment tout a commencé
«Tout a commencé lors d’une expo de trois mois au Bon Marché où j’avais auparavant été repérée via mon compte Instagram. Le Bon Marché avait reconstitué un atelier dans lequel je travaillais en direct, devant les gens, alors que mon travail y était exposé et proposé à la vente. Ce pop-up avait pour but de mettre en avant le talent des artisans. Ça a été une période de ma vie plutôt hallucinante où je travaillais à la fois dans les quartiers avec mes élèves, tout en faisant des allers-retours Avignon-Paris.»

Visibilité
«C’est aussi là que Marie Jeanselme a été repérée par la très célèbre Sarah Andelman –chineuse de tendance qui avait fondé avec sa maman –Colette Roussaux- le concept store de luxe colette (1997-2017) lieu de référence de la mode et du design- raconte une amie commune. C’est une grande dame. Tout le monde veut faire partie d’une de ses expos. Pour un artiste c’est une consécration.»

Sarah Andelman me dit :
‘Marie, j’ai besoin de toi parce que l’expo s’appelle ‘Mise en page’, et c’est sur les librairies, se remémore Marie Jeanselme. C’est sur tout ce qui a trait aux mots et jeux de mots. Et là, je me dis : Génial ! Elle a flashé sur mes petites doses de poésie !»

Marie Jeanselme dans son atelier à Montfavet, Avignon. Sur le mur de gauche la nouvelle collection des clichés parisiens pour les Jeux Olympiques

«Et puis, quand je suis revenue de Paris
j’ai eu besoin d’explorer plein de nouveaux matériaux, de nouvelles thèses. Je me suis remise à dessiner, à faire des tests, à faire découper du plexis. Les petites doses de poésies ont pris de nouvelles formes, faisant la part belle aux clichés parisiens et français alors que les Jeux Olympiques s’annoncent. Je me suis amusée à faire ‘La collection Paris’ qui s’épanouit sur mon site et chez des revendeurs.

Comment tout a commencé ?
«En réalité mon parcours est plutôt atypique, prévient Marie Jeanselme. Avant d’être prof d’arts plastiques au collège j’ai fait l’Ecole des Beaux-Arts de Lyon et l’Ecole supérieure d’art d’Avignon. Pourtant, petite fille, j’ai été dépistée souffrant d’une sévère dyslexique et donc les études, depuis la maternelles sont  très compliquées pour moi.»

La carotte
«J’ai beaucoup pleuré parce que j’avais beau faire d’énormes efforts pour lire et écrire, les lettres ont toujours dansé devant mes yeux. Chaque jour je voulais arrêter l’école. C’est là que très intelligemment, mes parents qui me voyaient désespérée, m’ont proposé de suivre des cours d’art le soir après l’école, à condition que je m’accroche, la journée, à mes cours. C’est la carotte qui m’a sauvée.»

«J’ai réussi tant bien que mal à décrocher un bac technique
Mes parents étaient contents et moi aussi. Mais le plus surprenant c’est j’ai finalement fait 5 ans d’études après le bac en entrant aux Beaux-Arts. Je monte à Paris mais sans réseau, impossible de percer. Alors je suis rentrée. Mon petit ami de l’époque qui deviendra mon mari, me dit de postuler à un poste de prof d’arts plastiques au collège. C’est ainsi que j’ai commencé ma carrière à Orange. Puis j’ai passé le Capes (Certificat d’aptitudes aux professeurs du secondaire). La 1re fois j’ai eu 1 à l’écrit et 18 en pratique. La 2e fois je l’ai passé en interne et j’ai été classée dans les 10 premiers reçus de France.»

«A l’orée de la crise de la quarantaine
j’ai enfin eu envie de croire en moi et je me donne une chance de vivre de mon art. Il y a quelques semaines, j’ai donné mon dernier cours et rangé ma petite salle. Mes amis m’ont conseillé de sortir de ma coquille, c’est ce que je fais. Je me suis enfin écoutée pour faire ce que j’aime. Un coup de pouce de mes petites doses de poésies devenues peu à peu célèbres pendant le confinement via Instagram

Comment l’idée a germé ?
Petite et même plus grande, j’ai été fascinée par ces lettres que je ne comprenais pas et qui ne faisaient que danser, ainsi j’ai beaucoup observé leurs formes, textures, couleur. Et puis, j’aime l’univers de Jacques Tati, du burlesque… J’ai toujours créé des objets en forme de lettres, des sculptures, fait mes propres moulages, et même créé des lettres géantes en béton, d’ailleurs exposées à Villeneuve-lès-Avignon sur la place de la Mairie. Je suis très tentée par le gigantesque.»

Les lettres en béton, installation, Copyright Marie Jeanselme

«Mon rêve ?
Concevoir d’immenses lettres en granit ou en marbre. C’est d’ailleurs là que j’ai commencé à faire de toutes petites lettres parce que lorsque j’ai exposé un gros tas de lettres en béton les gens avaient envie de piocher dedans pour écrire leurs mots à eux. Ils me disaient : Je peux acheter telle ou telle lettre ? Du coup ça m’a donné l’idée de créer de petites lettres.»

«Je travaille aussi à la demande
Je personnalise mon travail selon la demande. Des lettres qui représentent les prénoms de toute la famille. Des cadeaux de naissance ou d’anniversaire. Des lettres-messages sur les tables de mariage. Des messages ‘entreprises’. J’adorerais concevoir des entrées d’hôtel, des têtes de lit avec des mots sur le sommeil, l’amour, les rêves ; ou encore intégrer des lieux de passage qui deviendraient des lieux d’art, l’art hors les murs…»

Je veux être une artiste de variétés
Dire cela pourrait sembler être désuet, voire un peu vulgaire alors que pas du tout, c’est être ancrée dans la société, toucher tout le monde, à la manière de Miss.Tic, ou de Ben. Ils sont une vraie source d’inspiration. Je rêve d’incruster mes doses d’humour partout, de faire des collaborations avec d’autres artistes. J’adore partager. »
www.mariejeanselme.com

La vue depuis l’atelier de Marie Jeanselme Copyright MMH


Marie Jeanselme, une vie écrite à la lettre

Nous avions découvert pour la plupart cet artiste au cours de l’hiver 2022 à la Galerie Ducastel

Son travail abstrait sur la lumière et l’espace avait rencontré un beau succès d’estime et public. Ses tableaux — souvent des grands formats —  témoignaient d’un esprit libre et non conventionnel tout en recherchant un doux équilibre. 

C’est le regard des gens qui est intéressant, moi je ne peux donner que des explications 

« Le point de départ de cette exposition est un travail réalisé en 2023 qui s’inscrit dans ma peinture sous la forme d’une série intitulée ‘formes libres’. L’utilisation de la couleur et de formes géométriques plus dessinées participe à une expression poétique de la peinture où l’ordre et le désordre se côtoient, le langage se délite, la douceur combat la noirceur. Au départ imbriquées les unes dans les autres, les formes se libèrent et plongent dans un « espace temps » indéfini ; jusqu’à disparaître. Un certain nombre de peintures a été regroupé autour de ce travail ; elles s’inscrivent dans la même veine, éclairant le chemin que je suis. »

Le vernissage aura lieu le jeudi 16 mai à 19h à La Galerie Ducastel.

Exposition du 16 mai au 6 juin 2024. Galerie Ducastel. 9, rue Folco de Baroncelli. Avignon. 04 90 82 04 54.


Marie Jeanselme, une vie écrite à la lettre

Le cinéma Capitole MyCinewest diffusera le documentaire John Singer Sargent : Mode & Glamour, réalisé par David Bickerstaff, le mardi 7 mai.

John Singer Sargent est connu comme le plus grand portraitiste de son époque. Ses portraits de style ‘grande maniera’ devaient leur particularité à l’autorité du peintre sur ses modèles, leurs habits et comment il les présentait au public. Ce documentaire d’1h30, qui examine l’influence de la pratique unique de l’artiste sur l’art moderne, la culture et la mode, mêle des entretiens de conservateurs de musées, de fashionistas contemporaines et d’influenceurs mode.

Des cadeaux seront à gagner avant la diffusion du documentaire. Pour réserver votre place, cliquez ici.

Mardi 7 mai. 19h30. Cinéma Capitole MyCinewest. 161 Avenue de Saint-Tronquet. Le Pontet.


Marie Jeanselme, une vie écrite à la lettre

Anne-K Imbert est sculpteure. Sa maison et son atelier se trouvent au milieu de la garrigue de Gordes, au détour d’un dédale de hauts murs de pierres sèches. On y parvient par un labyrinthe d’étroits chemins où il est impossible de se croiser. La nature y bruisse de toute part d’une faune et d’une flore invisibles au premier abord. L’Eté tout y est sec et aride, blanc plutôt que blond. Si la nature y était encore vierge d’habitations, on s’attendrait à y voir surgir le facteur Cheval. Mais c’est Anne-K que l’on y voit flanquée de son chien Haïku, à la recherche de trésors. Cet univers enchanté nourrit son travail de poétesse de la nature d’ailleurs très plébiscité par les galeristes et amateurs d’un art aussi léger que raffiné qui immortalise la caresse d’une ombre ou le souffle léger du vent.

Et puis, sur la gauche, une pierre arbore deux mots
inscrits en métal noir, ‘Les ombres’. On les croirait presque écrits à la plume à distance de la pierre. C’est ici le domaine d’Anne-K et de sa tribu. Dessin, modelage, taille de pierre tendre calcaire, serrurerie, métal à la soudure, ciselure, platine nourrissent son talent pour exprimer, avec une immense légèreté, l’émotion d’un corps, d’une herbacée… Tout ce qui est de l’ordre de la légèreté, d’une nature habitée, structurée, consciente, vivante, vibrante, Anne K met au jour cette géniale architecture aussi miniature que sacrée.

C’est aussi là qu’Anne K arpente les chemins de traverse avec son chien, Haïku
En fait, tout le secret, tout le cheminement d’Anne-K pourrait se résumer à ce très court poème japonais qui immortalise un instant, une émotion. Avec cependant, une différence majeure, celle d’y inscrire, peut-être, une permanence plutôt qu’une impermanence. Lors de ses deux escapades journalières, elle se sent vivante, imprégnée de cette terra incognita, qui s’ouvre peu à peu à elle, comme dans les voiles d’un inconscient savoir païen.

Anne-K y prélève des trésors
exactement comme lorsqu’elle était petite fille sur l’île de Ré. C’est là que s’est forgée sa personnalité, son goût pour les choses simples et en même temps infiniment élaborées et miraculeuses qui nous entourent. Elle s’arrête, prend la photo quotidienne qu’elle postera sur Instagram. Glane une mue de cigale, une défunte mente religieuse verte, statufiée dans son éternité.

Son parcours
Anne-K a commencé comme apprentie sculpteure, à 20 ans, dans l’atelier de Pierre-Miguel Merlet, sculpteur et restaurateur en chef, à ce moment-là, du monument de l’Assemblée Nationale. Elle entre, ensuite, à l’Ecole nationale des arts appliqués Duperré où elle fréquente les cours du soir puis obtient une bourse à la Séma (Société d’encouragement aux métiers d’art) pour la restauration de sculptures et monuments historiques.

Elle expérimente diverses techniques
sur les chantiers de restauration du Louvre, du Père Lachaise, des Archives nationales, du Pont neuf et des Beaux-Arts… Remarquée, elle devient l’assistante des sculpteurs Jean-Michel Othoniel, Laurence Montano et d’Hervé Bourdin.

‘L’art n’était pas ou peu proposé dans les fiches d’orientation’
«Petite, j’étais très bricoleuse et manuelle, se rappelle Anne-K Imbert. Je dessinais, je modelais un peu et puis, à cette époque, les Ecoles d’art étaient moins sur le devant de la scène. Elles ne figuraient pas particulièrement dans les axes d’orientation. Parents et enfants recherchaient de solides formations. C’est ainsi que je me suis retrouvée en fac d’anglais. C’était la meilleure option, une façon de temporiser, afin que je sache ce que je pouvais faire avec mes mains.»

Anne-K Imbert utilise ces pinceaux végétaux glanés dans la nature pour immortaliser ses promenades Copyright Mireille Hurlin

‘Une rencontre qui va tout changer’
«Puis j’ai rencontré un sculpteur, à l’époque restaurateur en chef sur le monument de l’Assemblée nationale. Il m’a accepté dans son atelier en me disant ‘je ne prends pas d’élèves mais mon atelier t’est ouvert.’ Avec, cependant, un avertissement : ‘Si tu veux devenir artiste et créer, tu dois pouvoir en vivre et donc apprendre un métier’. Il m’a proposé d’apprendre des techniques pour la restauration de sculpture, essentiellement sur les monuments, puisque c’était sa spécialité.»    

«Entre 20 et 23 ans, j’ai fait énormément de modelages,
de copies de plâtres, des dessins extrêmement précis. Je l’assistais sur certaines choses. Au bout de trois ans, il m’a proposé de postuler pour une bourse à la Séma, que j’ai obtenue. Ses anciens élèves m’ont alors pris sous leurs ailes m’emmenant sur leurs chantiers. Dotée d’une solide expérience, j’ai commencé à aller de chantiers en chantiers. J’ai participé à de nombreuses restaurations sur les toits et les façades du Louvre, au Père Lachaise, au Musée de l’art juif, les Archives nationales. Mon dernier chantier ? Une tête pour le Pont-Neuf. A ce moment il n’y avait pas beaucoup de femmes sur les chantiers –le travail y était très physique-. Puis les hommes se sont aperçu que nous étions beaucoup sur la délicatesse, la précision. Ce qui fait que l’on me confiait ce qui réclamait rigueur et précision. Nous comprenions nos complémentarités.»

Les monotypes de Anne-K Imbert Copyright Mireille Hurlin

«Puis j’ai trouvé un atelier dans une fonderie industrielle et d’art.
J’ai pu commencer à y développer mon travail personnel entre deux chantiers. A force d’avoir fait des copies, la pierre ne m’inspirait plus du tout. Dans cette fonderie il y avait du métal partout autour de moi et je glanais, autour des ouvriers, les différentes techniques de fonte au sable, à la cire perdue, de tournage de pièces… Je m’exerçais avec les restes de métaux trouvés dans la poubelle de la fonderie. C’est là que j’ai commencé le travail du métal.»

«Puis j’ai rencontré des artistes et j’ai commencé, un peu, à devenir leur assistante.
Je leur préparais leurs modèles en plâtre, en élastomère pour, après, que les œuvres soient fondues. J’ai notamment travaillé pour Jean-Michel Othoniel, qui a remporté le concours pour le kiosque des noctambules, la station de métro Palais Royal, place Colette à Paris.»

«Le process ?
Il est arrivé avec ses dessins, sa maquette et il fallait agrandir chaque élément en plâtre, grandeur réelle, pour préparer la fonte en aluminium. Il y avait des colonnes, des grilles, un banc, tout le projet. A partir de ce moment Jean-Michel Othoniel est devenu très connu et a travaillé sur beaucoup de réalisations. J’ai également travaillé pour un agrandisseur de sculpture ; un artiste spécialisé dans le mobilier d’art, avec de grands bas-reliefs en plâtre. Les assistants des artistes ? Ils ne sont jamais cités et je trouve cela dommage. Je pense qu’aujourd’hui les choses changent. Un exemple ? Christian Desailly, qui est un peintre très connu de la région a été assistant de Victor Vasarely. Mais cette reconnaissance est très difficile à obtenir.»      

François Cance et Anne-K Imbert Copyright Mireille Hurlin

«Entre deux demandes d’assistanat, je travaillais le métal
Mes premières sculptures ressemblaient à du dessin dans l’espace, du métal plat travaillé en pleins et déliés. Souvent des silhouettes de femmes. Le challenge ? Créer un volume avec le moins possible de lignes, trouver le juste équilibre et jouer avec la lumière qui donne une autre dimension à l’ensemble. Puis j’ai eu mon propre atelier dont j’ai ouvert les portes lors de journées exceptionnelles ce qui me permettait de me faire connaître, d’être en lien direct avec d’autres publics que la clientèle des galeries qui prennent 50% du prix de l’œuvre. Mes créations n’en n’étaient que plus abordables si les visiteurs de l’atelier avaient un coup de cœur. Je pouvais vendre en direct.»

«Ce qui m’inspire ? La Nature.
Depuis toute petite je glane, ramasse, collecte ces petites choses qui sont comme des trésors. J’en viens même à ne plus vouloir utiliser de métal. Lorsque je me promène, je reviens toujours les poches pleines de petites fleurs, d’herbacées et de graines, fenouils et salsifis sauvages… Puis j’arrive à la fonderie avec ces petites herbes et graines pour les muer en sculptures de bronze. Je travaille ensuite le ‘brut de fonderie’, par un travail minutieux de nettoyage et de ciselure, en utilisant des outils de dentiste comme des fraises diamantées et des petites perceuses.»

La lustrerie Mathieu
«Grâce à François Cance, le président d’Artothèque, j’ai pu aller visiter la lustrerie Mathieu ce qui m’a fortement inspiré. Alors j’ai collecté ces perles qui sont en fait des galles du Chêne de différentes couleurs que j’enfile comme des perles pour en faire un lustre. »  

«Je fais des sculptures d’inspiration Haïku
Les Haïku sont des poèmes d’origine japonaise brefs, célébrant un instant de nature, souvent une saison. Comme d’habitude je voulais raconter une histoire avec très peu. C’est ainsi que je me suis mise à faire ces sculptures exposées dernièrement à la Maison Victoire. C’est comme ces deux papillons qui dansent autour d’une herbe fanée, la danse des papillons. En l’éclairant, les ombres sont projetées. J’aime que cela reste fluide, vivant, léger, en mouvement. Je travaille également avec le fil de métal tissé.»

Anne-K Imbert Copyright Mireille Hurlin

«J’ai commencé à beaucoup produire
Ce travail a commencé à plaire et les galeristes ont diffusé mon travail. Les envolées d’oiseaux sont aussi des modèles récurrents dans mes sculptures. Les demandes ont afflué. Il m’a fallu beaucoup produire, c’était épuisant. Je n’arrivais plus à réfléchir, à penser. C’est là que nous sommes partis de la région parisienne pour vivre ici, à Gordes. J’ai eu mon chien et j’ai pu recommencer à me balader, à renouer les liens avec la nature.»

«Ré-apprivoiser, observer à nouveau la nature
En arrivant, j’ai appris à la ré-observer, à l’apprivoiser, et là, j’ai à nouveau récolté des trésors. Comme j’avais suivi une formation de techniques de gravure aux Ateliers des Beaux Arts, j’ai récupéré, ici, une presse et me suis mise à travailler le monotype avec de grandes plaques de plexiglass transparentes que j’enduis complètement d’encre que je fixe contre une vitre -à la lumière- et sur laquelle je commence à dessiner au moyen de tiges trouvées dans la nature et utilisées comme des pinceaux. »

«Ce qui est extraordinaire ?
La plante contient en elle son propre dessin, ses cannelures. J’utilise tous ces matériaux, y compris des plumes, des graines de glycines qui semblent être en velours, pour dessiner leur univers, en essuyant la plaque, en dessinant en vide. C’est la pensée chinoise qui me guide entre le plein et le vide. C’est le vide qui créé la plante. Ces dessins, conçus à partir de ces ressources naturelles, sont comme mes promenades. Puis je fixe le papier chinois très solide, Wenzhou –préalablement teinté par un jus de café ou de thé, afin qu’il ne soit pas blanc, sur la plaque que je comprime régulièrement sur toute sa surface avec mes mains, ce qui donne ces dessins. J’aimerais en faire des triptyques encadrés de métal.»

Une des boîtes des 4 saisons de Anne-K Imbert Copyright Mireille Hurlin

«Les boîtes des 4 saisons
Alors que je me baladais dans la colline et la garrigue, je pensais qu’il n’y avait rien, hormis des oliviers et des chênes. Et puis j’ai trouvé des trésors et, à partir de ceux-ci, j’ai conçu des boîtes –été, automne, hiver, printemps- compartimentées, accueillant ici des graines, ailleurs des plumes, une mente religieuse, une feuille devenue dentelle… Depuis bientôt six ans que je parcours la colline, ces promenades biquotidienne m’alimentent en nouveau trésors que je glisse dans mon sac rempli de petites boites. Désormais j’immortalise mes trouvailles à la poudre ou à la cire d’or pour en faire apparaitre les moindres structures : résilles, torsades, dessins, veinures, drapés, dentelles, en fait, de la plante, à la graine, en passant par l’insecte, presque invisibles, en l’état, à l’œil nu.»

Dans l’atelier d’Anne-K Copyright Mireille Hurlin

«Regarder la nature, pour s’en imprégner et la respecter
Je veux amener les gens à entrer dans cette petite nature que l’on néglige, que l’on ne voit pas. On parle de sauver les ours polaires alors que pour moi, ils sont loin. Ne devrait on pas sauver ce qui nous entoure ? Cela me réjouis de voir toute cette diversité, cette richesse. Je suis entrée dans cette nature pour la vivre.»

Des boîtes comme des cabinets de curiosité 
«J’aimerais que ces boîtes, que je fabrique moi-même, dont certaines seront façonnées en velours, inspirent des artistes. Qu’un bijoutier, par exemple, la mette en vitrine pour amener les gens à se rapprocher de la nature, en aiguisant leur regard. Qu’à leur tour les gens se perdent dans cette boîte comme pour le temps d’une promenade. Finalement on ne regarde bien que ce que l’on en nomme pas.»

Anne-K Imbert Copyright Mireille Hurlin


Marie Jeanselme, une vie écrite à la lettre

Sati Mougard travaille sur l’invisible. Pour preuve ? Son travail sur les principes féminin et masculin avec sa lampe à huile en verre soufflé. Il y a aussi son regard sur la mandragore, le tarot de Marseille, l’herboristerie du Moyen-âge et toujours la pâte de verre. Et aussi son orgue à abeille, au massif du Sancy. Parce que Sati Mougard est avant tout une amoureuse et une militante de la planère bleue. L’artiste plasticienne expose du 23 février au 23 mars.

Sati Mougard

Ces œuvres résonnent des mondes invisibles ,
De la terre nourricière à laquelle appartient, entre autres, l’homme et non pas une terre dont l’homme serait propriétaire. Elle exprime son attachement à Gaïa comme avec ce serpent de verre contenant d’infimes graines germées ou non, ou encore cet orgue à abeilles dont les plots enduits de cire appellent les abeilles à venir y danser. Sati s’intéresse au symbolisme, à la spiritualité et au rapport de la terre avec tout ceux qui l’habitent. Ses réalisations sont empreintes de l’exigence de ses recherches qu’elle veut partager avec tous les âges de la vie, dans un immense rassemblement où l’intérêt pour l’autre, la curiosité du monde dans lequel nous baignons favoriserait un nouveau regard pour une nouvelle conscience de la vie.

Au commencement, dans l’œuvre de Sati Mougard,
il y eut du caramel, des pétales de fleurs, des algues, des matériaux simples et organiques pour composer des sculptures ou des installations. Puis, le verre est arrivé dans ses pièces uniques ou ses multiples, comme un   nouvel élément organique : il est transformation, transmutation; son état change si rapidement du liquide au solide pour finir en cristallisation définitive.

Son travail est ainsi navigation entre l’instant et l’éternel,
en tension entre profane et sacré : Les ordinaires «Le sable qui se dérobe, l’abeille qui vole, le soleil qui chauffe…»…ne prennent sens que dans l’attention que nous voulons bien y porter, celle-là même qui transforme l’ordinaire en extraordinaire, le commun en sublime. Ainsi s’opère la transmutation du vivant : la création, somme de toutes les parties du vivant.

«Alter-écho» est une exposition pensée pour l’Atelier William Ruller
et conçue pour résonner avec l’omniprésence des grands miroirs aux murs et des céramiques aux tons sourds de William. Le rapport au reflet et à l’altérité est donc le point de départ de réflexion de la scénographie. Le visiteur est invité à appréhender les œuvres avec leurs réflexions et jeux de lumière, tant du point de vue formel que symbolique. La nature magique du miroir tient à sa façon d’attirer notre imagination vers ses abysses apparents, cette impression qu’au- delà de l’image de notre réalité immédiate, ainsi réfléchie, se cache peut-être la découverte de l’Être, ou quelque chose d’entièrement autre. »

L’Atelier Ruller
L’atelier William Ruller est un espace de projet qui expose des artistes contemporains locaux. Le choix des artistes et la direction conceptuelle est dirigé par William Ruller et Elise Hamon-Ruller. Les expositions vont de la peinture à la sculpture / installation et performance. Le concept est de montrer des artistes contemporains vivant et travaillant dans la région qui créent des œuvres qui traitent de questions et de concepts pertinents pour l’ici et maintenant.

Les infos pratiques
Résidence/Exposition « Alter-écho » par Sati Mougard du 23 février au 23 mars à L’Atelier William Ruller. 63, rue de la République à Apt. 06 14 24 82 50


Marie Jeanselme, une vie écrite à la lettre

Ce mardi 7 novembre, le cinéma Capitole MyCinewest propose une séance unique d’exposition sur grand écran ‘Klimt et le baiser’. Le Baiser du peintre Gustav Klimt est l’un des tableaux les plus connus et les plus reproduits au monde.

Dans un documentaire d’1h30, découvrez ce qui se cache derrière le charme de cette œuvre et qui était l’artiste qui l’a créée. L’occasion d’explorer l’or, les arts décoratifs, le symbolisme et l’érotisme latent de ce tableau avec une étude minutieuse qui emmènera le public dans le Vienne du tournant du XXe siècle, lorsque l’ancien monde luttait contre l’émergence d’une nouvelle ère.

Des cadeaux seront à gagner en avant-programme de cette séance unique.

Pour réserver votre séance, cliquez ici.
Mardi 7 novembre. 19h30. Cinéma Capitole MyCinewest. 161 Avenue de Saint-Tronquet. Le Pontet.

V.A.


Marie Jeanselme, une vie écrite à la lettre

Le jeune artiste autodidacte de 20 ans Angelo Douiller dévoilera ses peintures au public du vendredi 8 au lundi 25 septembre à travers l’exposition ‘Métamorphoses’ au Cloître Saint-Louis à Avignon.

Ce sera la 10ᵉ exposition du peintre, qui est sorti de sa zone de confort composé des bleus et des rouges pour explorer des verts, des noirs ou encore des ocres, mais qui est aussi passé de surfaces lisses à des rugosités terreuses, afin de bousculer les repères des formats, des lumières et des énergies. Cette exposition représentera les différentes métamorphoses de notre monde qui va vers un avenir incertain.

L’exposition sera parrainé par André Castelli, amateur d’art et acquéreur de l’une des premières toiles d’Angelo Douiller, et par Michel Lagrange, poète et agrégé de littérature, qui ont tous deux écrit les textes qui accompagneront les œuvres. Le vernissage aura lieu ce vendredi 8 septembre à 18h.

Du 8 au 25 septembre. Entrée libre de 10h à 18h tous les jours sauf les mardis. Cloître Saint-Louis. 20 rue du Portail Boquier. Avignon.

V.A.


Marie Jeanselme, une vie écrite à la lettre

Ce mercredi 7 juin, la caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) de Vaucluse a inauguré la toile réalisée par l’artiste avignonnais Pablito Zago.

Célébrant « les valeurs humaines de la caisse primaire d’assurance maladie de Vaucluse », l’œuvre de Pablito Zago a été inaugurée en présence de l’artiste multidisciplinaire, de Jean-Paul Sadori, président de Conseil de la CPAM de Vaucluse, de Sophie de Nicolaï, directrice de la CPAM et des acteurs du projet, collaborateurs et conseillers.

Constitué de 5 blocs de 90x120cm, la toile a été réalisée le 4 avril dernier lors d’un séminaire qui a réuni près de 550 collaborateurs de la CPAM de Vaucluse à Sorgues. Ces derniers ont réfléchi ensemble aux valeurs qui les animent et qui représentent selon eux la caisse primaire d’assurance maladie. Tout au long de la journée, Pablito Zago a donné forme à ces valeurs en les peignant sur une toile destinée à revêtir l’accueil du siège social de la CPAM de Vaucluse.

« Cette fresque rappelle l’ADN de ce qui fait un service public et nous rappelle que nous travaillons au cœur de l’humain. » a déclaré Sophie De Nicolaï, directrice de la CPAM de Vaucluse. © Jérôme Renaud – L’Echo du mardi

100% libre quant à la composition de son œuvre, Pablito Zago confie ne pas être habitué aux performances live et avoir composé 70% de sa toile en amont, à l’aérosol, « pour qu’elle fonctionne, que ce soit équilibré ». Les 30% restants ont été réalisés en improvisation, aux posca, en réaction aux idées des collaborateurs. « J’ai fait un canva pour ensuite faire rentrer les mots et les formes. Ce n’est pas une œuvre corporate. J’ai voulu représenter à la fois le personnel et les assurés. »

Vivant et travaillant à Avignon, Pablito Zago a été choisi par la CPAM de Vaucluse pour son ancrage local. Sa récente collaboration avec la caisse d’allocation familiale (Caf), pour laquelle l’artiste a réalisé cinq totems hauts en couleur et en motifs, a également joué en sa faveur. Sa création artistique accueillera dorénavant les assurés de la région.

J.R.


Marie Jeanselme, une vie écrite à la lettre

« On n’a pas connu Martha Argerich (icône du clavier née en 1941) à ses débuts, mais là on vient d’assister en direct à l’envol d’une grande concertiste! » confie, ravie, une avignonnaise qui était présente, ce dimanche après-midi, lors du 1er récital de piano donné dans la Salle de la Scala Provence.

Une révélation, avec une musicienne née dans l’Ain en 1992 et récompensée au Conservatoire Régional de Lyon. A moins de 20 ans, elle part déjà en tournée en France et à l’étranger. En 2019, elle est invitée en Suède alors que débutent la pandémie et le confinement. Elle en profite pendant deux ans pour explorer le Grand Nord, la nature, le froid, les massifs enneigés. Et lors de ses randonnées, elle s’oxygène mentalement, recherche un autre univers musical et compose dans sa tête le programme d’un CD qui serait un florilège de « Paradis perdus » entre deux mondes. Elle défriche d’autres territoires, de nouvelles écritures pianistiques au-delà de Chopin, Mozart, Beethoven ou Rachmaninov, qui permettent de mettre en valeur l’amplitude du piano, jusqu’au fortissimo en passant par le sotto voce et révéler ainsi la nature dans tous ses états.

Jodyline Gaillardin sur la scène de la Scala Provence.

Pour ce 1er concert donné sur la scène de la Scala Provence, Jodyline a concocté un itinéraire inclassable et poétique. D’abord une partition de Henry Cowell sur la création du monde, puis « 5 trees – Opus 75 » de Jean Sibelius sur 5 essences de bois, une oeuvre de la compositrice américaine Amy Beach, un lied de Schubert revisité par Liszt, une « Goyesca » de Granados, complainte entre une jeune fille et un rossignol et enfin « La valse » de Ravel. Un voyage initiatique entre vent et vagues, un univers unique où, tour à tour, la jeune pianiste cogne avec son coude gauche sur le clavier puis effleure les touches d’ivoire et d’ébène du quart de queue Yamaha de sa main droite, alterne puissance et flamboyance, accords acrobatiques et fluidité, virtuosité et finesse, crescendo et diminuendo, touchers punchy et caresses.

Jodyline Gaillardin en pleine dédicace. ©André Brunetti

« Le Monde » l’a sélectionnée parmi les albums à écouter absolument, la revue « Classica » lui a décerné son « Choc du mois » pour son 1er CD « Lost Paradises » édité par le Label Scala Music grâce à son directeur de la musique, Rodolphe Bruneau-Boulmier. Jodyline Gaillardin a signé quelques autographes à l’issue du concert. « C’est une chance d’avoir un label qui a accepté que j’enregistre ce programme, qui m’a laissée libre de mes choix musicaux » explique-t-elle, « Merci pour votre émotion et votre puisssance » répondra une spectatrice sous le charme, « Ca fait du bien de changer un peu », répondra la concertiste à peine trentenaire, « La musique c’est un puits sans fond, il suffit d’être curieux pour découvrir grâce à internet de nouveaux compositeurs, des territoires musicaux différents, des partitions innovantes. C’est comme la cuisine, moi j’adore les crêpes, toutes les crêpes, sucrées ou salées! Mais je viens de donner des concerts au Brésil et là-bas, j’ai découvert d’autres mets, d’autres recettes, des goûts différents, des épices, des saveurs qui s’ajoutent à ce que j’aime ».

Retenez bien son nom, Jodyline Gallavardin! Cette étoile du piano va briller longtemps au firmament de la musique!

Contact : www.scalamusic.fr

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