Après ‘Avignon la noire’ et ‘Confession d’un crime parfait’, André Morel, comédien, metteur-en-scène, auteur avignonnais livre son 3e roman, un policier, Mort programmée à Limès-les-forts’.
Comment avez-vous écrit ce roman ?
«C’est la 1re fois que l’idée de ce roman provient non pas d’une situation ou d’un personnage mais d’un paysage. Ce paysage est le creuset d’un village, la Condamine-Châtelard qui se situe au nord de Barcelonnette, dans les Alpes de Haute-Provence.»
Trois forts reliés par un souterrain
«Echelonnés dans la montagne s’y trouvent trois forts superposés appelés l’ensemble fortifié de Tournoux –érigé entre 1847 et 1862-pour défendre la vallée de l’Ubaye à une armée ennemie. Ils ont la grande particularité d’être reliés, entre eux, par un souterrain.»
Une construction abandonnée
«Ce qui m’a interpellé ? Que les trois forts soient abandonnés et surtout qu’ils soient inaccessibles au commun des mortels* Cela créait un mystère, une atmosphère, une géographie particulière propice au décor d’une histoire.»
Le silence et l’invasion de la nature
«Ce qui m’a touché ? Ce silence, l’invasion de la nature, cet espace de solitude qui font de cet endroit un cadre idyllique. Evidemment cela ne fait pas encore l’histoire. A partir de cette vision, j’ai choisi de créer un village fictif ; Limès-les-forts, c’est-à-dire ‘la ville de la frontière’. Là, je touchais au passé prolifique de ces villages en bordure d’un autre pays où foisonnent les histoires de contrebandes et de passages clandestins.»
Le château
«Dans ce village, se trouve également une bâtisse appelée par les habitants ‘le château’ même s’il s’agit d’une demeure bourgeoise qui détonne par rapport aux reconstructions d’après-guerre puisque l’endroit avait été copieusement pilonné, pendant la dernière guerre, du fait de sa proximité avec l’Italie.»
Le prétexte
«Le prétexte de l’histoire pour découvrir ces trois forts superposés ? Trois ados en vadrouille partis explorer cet ouvrage défensif comme on le fait à 15 ans avec l’excitation de l’inconnu et les réminiscences de l’œuvre de Jules Verne. Ils sont dans un âge charnière entre l’enfance et le devenir des hommes qui s’accomplira.»
Les personnages
«Le lecteur ne les approche que par leur surnom : ‘Cogito’, le maire, gestionnaire scrupuleux et joueur d’échec ; ‘Fouille’, le plus civilisé des rebelles et le rebelle le plus civilisé’ et il y a Vaucanson, le fils du château qui vit dans l’immense bâtisse seul avec son grand-père, car il est orphelin.»
On va les suivre
«On va suivre ces trois personnages de 15 à 38 ans où commence le roman et où il s’achève par la mort de Vaucanson. Celui-ci est un passionné de technologies nouvelles, de transhumanisme, rêve d’immortalité et travaille dans la robotique à la Silicon valley.»
Smart city
«Il veut faire de cette petite bourgade reculée la ville la plus connectée du monde. Richissime, il revient dans son village rêvant d’un autre futur pour celui-ci, souhaitant étendre les zones constructibles. Il commence à déranger, bouleverser le quotidien des paisibles habitants, commerçants, bergers…»
Un chercheur
«Vaucanson est également un chercheur très réputé aux Etats-Unis, brassant, dans le plus grand secret, moult affaires dont rien ne filtre, ni même auprès de ses amis d’enfance. Seule ‘The family’, une escouade de professionnels américains dédiés aux activités de son ‘business’, l’épaulent dans ce cercle hermétique.»
L’enquête policière
«L’enquête policière sera menée par un policier marseillais aux antipodes de ce que l’on attend d’un méditerranéen : il n’aime pas l’OM, ni le Pastis et est blanc comme un linge. Il est dépeint comme une longue asperge. Il est une anomalie ! (rires). Tandis que dans l’ombre, un corbeau, très bien renseigné, nourrira l’enquête de pistes aussi réelles qu’imaginaires.»
Qui regarde qui ?
«Qui regarde qui ? Dans cette petite ville, un peu excentrée et isolée l’hiver, la rumeur publique enfle, s’infiltrant partout… Un historien, Charpenel, compile les informations. Il est à la fois le garant de la mémoire mais aussi de l’immobilisme…»
In situ ?
«Au tout début ? J’aillais juste me balader. Puis, l’idée germant, je suis allé sur les lieux à plusieurs reprises, me documentant le plus possible sur la géographie des lieux, compulsant textes et photos émanant de plusieurs sources dont une société savante. Je me suis également largement renseigné sur les technologies nouvelles, le transhumanisme, même si cela ne représente qu’une partie du livre.
Mon écriture ?
«Je n’écris jamais d’un jet. Je ne passe à la phrase suivante que lorsque la précédente me convient parfaitement. Je peux travailler huit heures par jour, je me réveille la nuit, pour écrire trois mots. Parfois l’angoisse m’étreint : je me demande si la trame du roman est logique … Il y a une sorte d’imprégnation durant laquelle on vit avec son roman, ses personnages… Je l’ai écrit dans l’ordre, mon plan étant établi avant de rédiger, mes personnages étant bien campés physiquement et moralement. L’écriture de ce roman s’est réalisée sur trois ans.»
Un dernier mot ?
«Oui, peut-être, qui est de ne pas courir tout de suite à la révélation de l’intrigue mais de s’imprégner des personnages et des phrases anodines qui pourraient donner au lecteur la clef de l’énigme, car celui qui est pressé ne pourra pas trouver…»
*Un projet de restauration sera financé par La Fondation du Patrimoine.
Les infos pratiques
Mon roman Mort programmée à Limès-les-Forts n’a pas reçu le Prix Goncourt (publié trop tard pour la sélection !). Qu’importe ! Rien ne vous empêche de le commander pour vous ou pour un de vos proches à lavoixoblique@orange.fr Il sera envoyé de votre part à l’adresse de votre choix, dédicacé si vous le désirez. Prix 20€ TTC (frais de port offerts). Il est également disponible, à Avignon, aux librairies Les Genêts d’or et à la Mémoire du monde. André Morel ab-morel@orange.fr 04 90 22 37 58 et 06 44 05 55 26