Isle-sur-la-Sorgue : échanges entre Albert Camus et Maria Casarès au parc Gautier
Ce jeudi 12 mai, la comédienne Nathalie Savalli lira une sélection de lettres tirées du livre ‘Albert Camus Maria Casarès – Correspondance 1944-1959’ au parc Gautier à l’Isle-sur-la-Sorgue.
Publié en 2017 aux éditions Gallimard, ce livre est un recueil de 865 lettres échangées entre l’écrivain Albert Camus et l’actrice Maria Casarès. C’est la fille de ce premier, Catherine Camus, qui a décidé de publier les correspondances amoureuses qui ont duré une quinzaine d’année entre les deux amants.
La comédienne Nathalie Savalli, qui avait déjà fait la lecture de quelques de ces lettres à la librairie le Bleuet à Banon, sera cette fois-ci présente au parc Gautier à l’Isle-sur-la-Sorgue dans la soirée de jeudi pour vous faire vivre les échanges issus de cet amour interdit.
Jeudi 12 mai. De 19h à 20h. Entrée libre. Parc Gautier. 74 Avenue de la Libération. Isle-sur-la-Sorgue.
V.A.
Isle-sur-la-Sorgue : échanges entre Albert Camus et Maria Casarès au parc Gautier
Ils se sont aimés pendant 15 ans. Souvent éloignés l’un de l’autre ils ont entretenu une correspondance entre 1944 et 1959, près de 865 lettres. L’écrivain Albert Camus et la comédienne Maria Casarès se révèlent dans ces échanges amoureux magnifiques.
Camus-Casarès-une géographie amoureuse» un titre qui reflète la Carte du Tendre. La carte du Tendre du XVIIe siècle précisait les différentes étapes de la vie amoureuse selon les Précieuses de l’époque. La relation entre Camus et Casares est une géographie amoureuse comparable avec ses difficultés et ses enchantements, ses impasses et ses extases.
Le spectacle écrit et interprété par Jean-Marie Galey et Teresa Ovidio est une mise en situation. L’idée n’est pas de proposer une énième adaptation en duo de cette correspondance mais bien de faire découvrir, par le montage et le parti pris (172 lettres choisies et des extraits d’interviews et souvenirs de Maria Casarès) sous un angle différent ces deux grands noms de la littérature comme du théâtre. Un Camus tourmenté et capricieux, une Casarès pleine d’humour qui nous font aussi découvrir une époque particulièrement agitée.
Quelques mots pour le dire. «Nous nous sommes rencontrés, nous nous sommes reconnus, nous nous sommes abandonnés l’un à l’autre, nous avons réussi un amour brûlant de cristal pur, tu te rends compte de notre bonheur et de ce qui nous a été donné ? », Maria Casarès. 4 juin 1950 «Également lucides, également avertis, capables de tout comprendre donc de tout surmonter, assez forts pour vivre sans illusion, et liés l’un à l’autre, par les liens de la terre, ceux de l’intelligence, du cœur et de la chair, rien ne peut, je le sais, nous surprendre, ni nous séparer.» Albert Camus. 23 février 1950.
Les infos pratiques «Camus-Casarès, une géographie amoureuse». Samedi 20 novembre. 20h. Dimanche 21 novembre.16h.10 à 23€. Théâtre du Balcon. 38, rue Guillaume Puy, Avignon. 04 90 85 00 80 – contact@theatredubalcon.org
Isle-sur-la-Sorgue : échanges entre Albert Camus et Maria Casarès au parc Gautier
Il faisait très bon hier soir. Assises sur les marches d’un hôtel particulier en face du Chêne noir, nous attendions d’y rentrer tranquillement. Les aficionados du lieu arrivaient par grappe en devisant joyeusement. Que l’automne était doux ce vendredi soir qui clôturait la semaine par Albert Camus au Théâtre du Chêne noir. On peut encore y aller ce soir à 20h. Résa ici.
Plus précisément ? On allions voir ‘Lettres à un ami Allemand’. Une création du théâtre du Chêne noir avec Didier Flamand, sa voix chaude et un peu grave, sa longue silhouette, sa présence aristocratique. La pièce est mise en scène par Julien Gélas. Ensemble, ils font vivre le texte qu’Albert Camus a travaillé dans l’intimité de sa solitude, de la résistance, quelque part, à Paris, à partir de l’été 1943. En fait, il s’agit de chroniques écrites dans la Revue libre en juillet 1943, dans les Cahiers de la libération en 1944, dans la revue Libertés au début de l’année 1945.
La forme
La forme empruntée par le journaliste, essayiste, romancier, dramaturge, philosophe et prix Nobel ? Une lettre imaginaire à un ami imaginaire. La démonstration aussi d’un homme qui se distancie des évènements et de son torrent d’émotions pour appréhender ce qui se joue véritablement. La domination d’un pays sur un autre. La force brute pour réduire l’autre. Alors Albert Camus explique que l’on est plus fort et plus grand que ce petit bout d’humanité qui se fait bête. Que l’autre est soi et que l’homme, devant l’absurdité des événements, redonnera sens en s’appuyant autant sur son intelligence que son courage, la brutalité ne pouvant engendrer la justice.
Le Chêne noir
Voilà la belle salle de l’ancienne chapelle qui se remplit tranquillement. Sur scène une salle d’archives, la lumière blafarde des néons sur un bureau où trône un ordinateur. Il y a un homme au bout de son téléphone portable qui demande l’envoi de document et répète ‘Ne m’oublie pas’. Il –Didier Flamand- écrit le discours qu’il s’apprête à donner devant les Nations Unies dont le socle est ‘Paix, dignité et égalité sur une planète saine’. Il aura une heure pour convaincre la mémoire de revenir. Alors il cisèle ses phrases, répète son introduction, travaille sa diction, la résonance des mots.
Sa feuille de route ?
Son discours. Au centre de celui-ci ? La perte de sens de notre monde. Il met en garde contre l’enthousiasme des peuples pour les idéologies faciles. Le soulèvement initié par la faconde d’un sombre orateur. L’usurpation de la liberté pour cause d’extrémismes et de nationalisme, puis les agitateurs de peur qui exploitent la haine pour régner en maître. En fonds sonore et vidéo, des discours de haine de la seconde guerre mondiale, la liesse des peuples, le silence, les uniformes, les rues et places désertes, des hommes contenus par d’autres en uniformes, qui osent en pleine occupation, le chant des partisans. D’autres encore résistants et innocents embarqués en camion, assis sous la bâche puis placés face aux fusils. La jeunesse que l’on sacrifie ça et là. De vrais images, de vrais destins et la mort au bout si l’on oublie…
On salue
On salue le travail documentaire effectué par Julien Gélas et son équipe pour incarner le danger toujours présent prêt à basculer dans l’indicible. Le talent de Didier Flamand qui exprime la pensée de Camus avec justesse et intensité. Le monstre rode et l’histoire peut se répéter. On salue le talent de Didier Flamant qui vibre des défaillances de l’humanité et de l’impératif d’être présent à ce qui se joue. On a aimé la mise en scène, les mises en ambiances et lumières, à la fois percutantes, graphiques, dessinées, incarnées, chaotiques, le décor simple mais raffiné.
Ressenti
Tout est fort dans cette pièce. L’intensité de ce que vivent les hommes entre drame et bonheur. Au milieu ? La voix posée d’Albert Camus, de Didier Flamand et de Julien Gélas. Celles, froides, des dictateurs qui ne veulent pas d’union des nations. La mise en scène est soignée, simple, rigoureuse, instaurant la chorégraphie d’un patchwork d’images, de sons, de texte, de jeu mis au jour pour toucher la réalité du doigt. Parce que ce qui s’incarne derrière l’écran peut s’incarner devant. La salle bondée applaudit à tout rompre. Didier Flamand est ému et nous avec lui.
Les infos pratiques
Lettres à un ami Allemand. Avec Didier Flamand sur une mise-en-scène de Julien Gélas. Samedi 16 octobre 2021 à 20h Théâtre du Chêne noir. 8 bis, rue Sainte-Catherine à Avignon. 04 90 86 74 87. Résa ici.
Albert Camus
Albert Camus c’est ce gamin pauvre des quartiers les moins reluisants d’Alger, descendant des premiers arrivants des colonies. Sa maman est sourde et il est orphelin d’un père tombé à peine un mois après qu’il fût enrôlé dans le 1er régiment de zouaves en septembre 1914. Atteint à la tête par un obus en octobre de la même année; emporté à tout juste 28 ans. Après ? L’enfant bagarreur est aussi un élève brillant dont l’intelligence vive émeut son instituteur. Et cela revêtira une importance capitale. Pourquoi ? Parce que le professeur convaincra la grand-mère et forte-femme d’Albert Camus de le laisser poursuivre ses études obtenant même qu’il devienne boursier pour aborder le lycée. La pugnacité de l’instituteur aura été au fondement de la carrière du futur grand homme.
La force des blessures
Ce qui a forgé Albert Camus ? Une enfance marquée par l’absence d’un père, une mère sourde qui lit sur les lèvres mais est analphabète, la pauvreté, les copains de la rue. Plus tard ? Son incompréhension et son refus de la ségrégation entre français et arabes, son amour du foot, la découverte de la littérature, de la politique, du militantisme, l’absurdité de la guerre, le dépassement des passions et la dangerosité des idéologies. Enfin ? La découverte que l’autre est soi, que l’intelligence et le courage ne sont rien l’un sans l’autre, que le dépassement et l’accès à la lucidité se font aussi par la lecture, l’écriture, le théâtre populaire, et l’art.
Pourquoi son destin résonne-t-il tant ici ?
Camus c’est aussi un peu l’ode à la très en vogue laïcité : enfant pied-noir d’extraction modeste, nourri à la lecture, aux livres éclectiques par un oncle boucher anarchiste, voltairien, franc-maçon ; c’est aussi la rencontre d’un instituteur détecteur de talent. Albert Camus c’est aussi une comète, mille vies en à peine 46 ans, l’aventurier qui avait appliqué ses propres règles à son existence : lier l’intelligence au courage. Pourquoi ici ? Parce que son ami René Char lui a fait découvrir la Provence. Parce qu’il a vécu et habité l’Algérie puis s’est établi, les deux dernières années de sa vie à Lourmarin où ceux qui l’ont connu disaient qu’il était humble, discret, empathique, accessible. Que tout comme Hemingway il écrivait debout et conservait une véritable passion pour le football.
Et la Comète se love dans l’infini
Albert Camus est né le 7 novembre 1913 à Dréan, en Algérie française et mort à Villeblevin le 4 janvier 1960, à 46 ans. Les circonstances de sa mort ? Un accident de voiture alors qu’il reprenait la route pour Paris. Dans la Facel-Vega il y a, à la conduite, Michel Gallimard et à ses côtés Albert Camus tandis que Janine et Anne Gallimard l’épouse et la fille de Michel Gallimard ont pris place à l’arrière avec le chien Floc. La voiture de luxe percute un premier puis un deuxième platane. Albert Camus est tué sur le coup, Michel Gallimard décèdera six jours plus tard. Les deux femmes s’en sortent miraculeusement indemnes. En cause ? L’asphalte mouillé et… le fatal éclatement d’un pneu. Sa sépulture se trouve dans le cimetière de Lourmarin. Quant au chien Floc ? Il n’a jamais été retrouvé.
Isle-sur-la-Sorgue : échanges entre Albert Camus et Maria Casarès au parc Gautier
Avignon, Théâtre du Chêne noir, la nouvelle création de Julien Gelas «Lettres à un ami allemand» selon le court recueil d’Albert Camus. «Lettres à un ami allemand» contient quatre lettres d’Albert Camus à l’un de ses amis allemands, lettres qu’il a écrites de juillet 1943 à juillet 1944. Ce n’est pas son œuvre la plus lue. Elle est pourtant essentielle et très actuelle par les thèmes abordés: le courage, la haine, le fanatisme…
Julien Gelas, directeur du Chêne Noir, met en scène une pensée humaniste
Camus, par ces lettres imaginaires en temps de guerre, sous l’occupation, remet l’homme au centre des combats et de ses choix. Ses chroniques sont à considérer comme un document de la lutte contre la violence. Elles n’opposent pas 2 nations mais 2 attitudes face à la guerre et au combat.
Didier Flamand donnera voix à ces lettres
En nous transportant dans les années 1940, le comédien Didier Flamand, seul en scène, convoquera les valeurs essentielles de justice et liberté. Vendredi 15 octobre à 20h. Samedi 16 octobre à 20h.10 à 23€. Théâtre du Chêne Noir. 8 bis, rue Sainte Catherine. 04 90 86 74 87. www.chenenoir.fr
Isle-sur-la-Sorgue : échanges entre Albert Camus et Maria Casarès au parc Gautier
On associe souvent Lourmarin, charmant village du Luberon à l’écrivain Albert Camus. Et pour cause, l’intellectuel repose dans le cimetière du village, dans une simplicité digne du grand homme qu’il fût.
Un habitant du village nous conduit tout droit vers son dernier lieu de vie. Il nous précise alors, « vous verrez, la tombe est d’une simplicité confondante, Camus ne voulait pas d’un grand faste. » Nous le suivons sous la chaleur accablante de ce mois de juillet, dans le petit cimetière provençal de Lourmarin, zigzaguant entre les tombes de formes diverses et les photographies des défunts. Les cimetières ont ceci d’unique qu’ils nous rappellent à l’ordre. Le lieu nous extrait de nos rêveries pour nous mettre face au défi du temps qui s’égrène, inéluctablement. En contemplant ces âmes se reposer par centaines, l’homme prend conscience qu’il n’est rien, que son existence, solide et pérenne, est en réalité plus que fragile. Quel merveilleux sursaut que de se retrouver dans un cimetière.
Nous voilà désormais face au grand, au génie contestataire qui gravit les montagnes des quartiers pauvres d’Alger au Prix nobel de littérature, Albert Camus le tuberculeux. Sur la tombe de l’écolier surnommé « moustique », des lettres, des cigarettes et des crayons, beaucoup de crayons. Un lieu de recueillement pour tout être humain amoureux de l’œuvre immense de ce philosophe, journaliste, politique et artiste engagé. A 13h55, le 4 janvier 1960, la voiture dans laquelle se trouve Albert Camus percute un platane, le long de la nationale 5, un peu au sud de Fontainebleau. Albert Camus, 46 ans, meurt sur le coup. La tombe du grand homme est désormais un lieu de recueillement plébiscité par de nombreux lecteurs et admirateurs. Sa fille vit toujours dans sa maison de Lourmarin.
Alger la blanche
Petit garçon d’Alger devenu Prix Nobel de Littérature, le parcours d’Albert Camus si singulier passionne toujours autant. Il trouvera le calme et la tranquillité dans le Luberon. Enfant modeste né en Algérie, Camus va rencontrer notamment deux hommes qui vont avoir une influence sur sa vie future au cours de ses 20 premières années. Tout d’abord son professeur Louis Germain qui va lui faire passer le concours des Bourses, permettant au jeune Albert de poursuivre sa scolarité au Lycée Bugeaud d’Alger.
Il y rencontre son nouveau professeur Jean Grenier, ce dernier avait été pensionnaire de la fondation Laurent-Viber (Château de Lourmarin) en 1930 et 1931, c’est à travers ses paroles que Camus découvre la Provence et Lourmarin. Séduit par la description du village, il s’y installera tardivement encouragé par son ami René Char qu’il visite souvent à l’Isle-sur-la Sorgue.
Ses petites habitudes
Albert Camus venait à Lourmarin pour y trouver le calme et l’anonymat. Pour ne pas être reconnu il avait l’habitude d’utiliser un pseudonyme et se faisait appeler M. Terrasse. Aujourd’hui encore nous pouvons nous asseoir à une table du Restaurant Ollier où Camus aimait passer du temps. Le Café de l’Ormeau où l’auteur venait lire son journal est lui aussi toujours en activité. Un peu plus loin nous trouvons le stade de foot : passionné par ce sport, Albert Camus a même offert des maillots à la Jeunesse Sportive Lourmarinoise. L’écrivain séduisait les habitants par sa simplicité, fréquentant autant le forgeron que les brocanteurs du village ou encore son ami René Char à qui il rendait souvent visité. Il aimait également déambuler dans le château de Lourmarin, premier château Renaissance de Provence.
L’Eternité à Lourmarin, poème de René Char, écrit après le décès de son ami Albert Camus, dit l’absence : « Le jour qui allongeait le bonheur entre lui et nous n’est nulle part… » Les mots de René Char accompagnent Albert Camus. Ils ne sont pas au Panthéon. Les honneurs oui, bien sûr. Mais pas ces traces laissées… par le poète, « car seules les traces font rêver ».
Toute l’année, l’association Les Rencontres Méditerranéennes Albert Camus partage, échange et organise des rencontres autour d’Albert Camus : http://www.rencontres-camus.com.
Nous vous invitons à écouter la modernité de son discours lors de la remise de son prix Nobel de littérature en 1957.