Le parc du Ventoux veut remettre la Haie à l’honneur
Le Parc naturel régional du Mont-Ventoux lance le pacte en faveur de la Haie qui vise à augmenter les lignes d’haies en France de 50.000 km d’ici 2030 dont 148km d’ici 2026 en région sud dans les exploitations agricoles. Dans la lignée de la mise en place du projet CHAM « Cultiver la Haie et l’Agroforesterie au Mont-Ventoux », le Parc et la Chambre d’agriculture coanimeront le lundi 2 septembre, une réunion d’information sur l’accompagnement de ce dispositif et les aides disponibles.
Ce dessein rentre totalement dans l’objectif de l’État qui à travers son pacte en faveur de la Haie souhaite augmenter le linéaire de haies en France de 50.000 km d’ici 2030. La Région Sud, très sensible à ce projet et aux causes environnementales, a dédié 1,94 millions d’€ pour la plantation de 148 km de haie sur une période de 2 ans, de 2024 à 2026. Le pacte offre un accompagnement technique ainsi qu’une aide financière pour la plantation de de ces haies et l’alignement intraparcellaires dans les exploitations agricoles.
Une réunion d’information le 2 septembre
Une première réunion de présentation sur l’accompagnement et les aides disponibles, co-animée par le Parc et la Chambre d’Agriculture, aura lieu à la Mairie de Sault le lundi 2 septembre à 14h30. Cette réunion sera suivie, en décembre de deux autres réunions de présentation, dans la plaine Comtadine et le Pays Vaisonnais. Les périodes de plantation concernées par le projet sont les automnes-hivers 2024-2025 et 2025-2026.
Un défi agricole et environnementale
Avec plus de 1130 exploitations sur son territoire, le Ventoux fait partie des zones importantes où l’activité agricole est importante. C’est donc tout logiquement que le Parc naturel régional du Ventoux a fait le choix de s’engager pour accompagner les dynamiques locales autour de la haie et de l’agroforesterie afin de répondre aux défis agricoles et environnementaux de son territoire. Responsable d’un quart de l’émission à effet de serre, l’alimentation issue du territoire du Ventoux reste un point important pour l’économie du département.
Il était donc essentiel face à la capacité et la dynamique agro-alimentaire du Ventoux de réagir afin de faire face à ces défis d’avenir. Les haies jouent un rôle essentiel dans la préservation de la biodiversité, le soutien de la production agricole, la promotion de la transition agroécologique ainsi que l’adaptation au changement climatique.
Le parc du Ventoux veut remettre la Haie à l’honneur
Samedi 13 mai, l’association Terre & Humanisme inaugurera ‘La Noria’, située dans le nord du Gard, dans la commune de Robiac-Rochessadoule, près de Bessèges. Cette ferme-pilote installée sur 5 hectares, sera consacrée à la production en micro maraîchage, à l’expérimentation paysanne et à la formation des publics qui souhaitent faire évoluer leurs pratiques ou s’installer en agro-écologie.Une initiative de l’association Terre & Humanisme, association fondée autour de Pierre Rabhi il y a bientôt 30 ans et dédiée à la diffusion et transmission de l’agro-écologie et conduite par Françoise Vernet dont l’interview se trouve en fin d’article.
Proposer de la formation professionnelle A son actif ? Plus de 200 animateurs formés en agro-écologie, l’association a également sensibilisé plus de 80 000 personnes dans le monde et plus de 4 000 citoyens en France au jardinage et au potager. Objectif ? Démontrer la pertinence des modèles agro-écologiques à l’échelle professionnelle.
La Noria La Noria sera dévolue au micro-maraichage. «L’idée que nous avons, avec la ferme de La Noria, est ambitieuse expose Françoise Vernet, présidente de Terre & Humanisme. Nous souhaitons non seulement former, transmettre et démontrer la viabilité territoriale de l’agro-écologie à la taille d’un domaine agricole, mais aussi monter, avec les autres acteurs du territoire, un lieu ouvert à visée sociale, environnementale, pédagogique et vecteur de lien en local.»
Une ferme-laboratoire Pour opérer le réaménagement de la ferme et la diversification des activités, Terre & humanisme a fait appel au bureau d’études Tero, puis travaillé avec 35 étudiants de l’Institut Agro Montpellier, pour organiser ce nouveau lieu de 5 hectares à l’expérimentation de techniques agro-écologiques, à la production à l’échelle paysanne et à son insertion dans le territoire.
Accueillir les porteurs de projets agricoles et vivriers La Noria a pour feuille de route la recherche de savoirs et de méthodes qui permettent de s’adapter à la sécheresse, de cultiver en assurant la fertilité et la valorisation des terres, en veillant à la sobriété en eau, à l’enrichissement de la biodiversité et en innovant face changement climatique. Le lieu vise la production de légumes en maraîchage bio-intensif sur petite surface avec faible mécanisation, agroforesterie et, à terme, l’élevage paysan dans le cadre d’un système de polyculture-élevage… les futurs paysans pourront se former auprès de maraîchers expérimentés, déjà installés sur place, qui commencent à approvisionner le bassin de vie de Bessèges. La formation pour tous ici. Pour les professionnels ici.
Au programme de cette journée inauguration et découverte L’inauguration de la Noria, qui aura lieu ce samedi 13 mai, dès 9h30, proposera un marché de producteurs locaux et de plantes. La journée débutera avec mot du Maire de la commune de Robiac-Rochessadoule et discours de la présidente de l’association Françoise Vernet, des ateliers et animations, des table rondes sur l’alimentation et l’agriculture, du théâtre pour petits et grands, l’Assemblée Générale de l’association et une soirée festive avec le concert d’un groupe local. L’occasion pour les habitants du territoire de venir découvrir le projet porté par Terre & Humanisme dans ce lieu qui, pour certains, est bien connu pour avoir été leur producteur de légumes bio pendant des années.
Agroécologie ? Selon l’Inrae (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) « Face aux défis de la sécurité alimentaire mondiale, du changement climatique, de la restauration de la biodiversité, de l’épuisement des ressources, l’agroécologie offre un cadre de réflexion et d’innovation prometteur. »
Plusieurs leviers « La technique propose plusieurs leviers pour assurer la production agricole, tout en réduisant l’utilisation des intrants et en préservant les sols et l’eau. Parmi ces leviers, le biocontrôle permet de réguler les maladies et ravageurs en utilisant leurs prédateurs naturels comme les oiseaux, les insectes, et les microorganismes auxiliaires. L’utilisation de ces régulations naturelles implique de favoriser la biodiversité dans les espaces cultivés. Autre levier de l’agro-écologie, la diversification des cultures, de la parcelle aux paysages, contribue à cette biodiversité et à la réduction de l’usage des intrants. »
Les articulations des productions animales et végétales « Ce cadre permet de réfléchir l’articulation entre les productions animales et végétales dans les territoires, mais aussi les articulations entre tous les organismes présents dans les écosystèmes. Ces évolutions, qui vont conduire à des productions et des produits plus hétérogènes, vont aller de pair avec l’évolution des régimes alimentaires. »
Terre & Humanisme Est l’association pionnière de la transmission de l’agro-écologie en France et à l’international, dans 10 pays d’Afrique de l’Ouest et du pourtour méditerranéen. Créée en 1994, elle partage, depuis près de 30 ans, sa philosophie et ses savoir-faire avec les particuliers et les professionnels, et intervient dans 4 champs : la formation, la sensibilisation, l’accompagnement de projets et la vente de prestations d’expertise. Terre & Humanisme. 471, Chemin du mas de Beaulieu 07 230 Lablachère. 04 75 36 64 01. Lundi, mardi, jeudi et vendredi de 9 à 12h et de 14 à 17h.
L’interview Françoise Vernet, présidente de Terre & Humanisme «Il y a plus dans le monde de paysans qui travaillent en agro-écologie, que de paysans qui travaillent selon nos méthodes disons ‘occidentale’, industrielle, conventionnelle, mécanisée, je ne sais comment on peut l’appeler… La lutte contre ce type d’agriculture est assez stérile. Nous mettons en œuvre ce que nous disons pour, plutôt, convaincre par l’exemple et donner envie d’être dans cette dynamique. Le rapport de 2011 d’Oliver de Schutter qui était le rapporteur aux questions alimentaires à l’Onu -Organisation des Nations Unies- (2008-2014) a été le premier à dire que dans une structure internationale que l’agro-écologie était la solution à tous les soucis que nous pouvions rencontrer.»
Modèle économique «Evidemment, nous ne sommes pas sur le même modèle économique, puisque la plupart des personnes qui travaillent en agro-écologie ne touchent pas les aides et n’ont pas des centaines d’hectares, même si, par exemple, Paul François, agriculteur en Charentes, a transformé son domaine de 300 hectares en bio. Si le bio et l’agro-agriculture ne sont pas le même sujet, cela donne une idée des transformations possibles des domaines agricoles vers une autre interprétation de l’agriculture. Les paysans travaillant en agro-écologie pratiquent la polyculture-élevage. Dans cet écosystème vertueux, ‘les déchets’ produits par les poules, les moutons, l’élevage permettent de fertiliser les terres. La question à se poser ? Quelles activités dois-je mettre en œuvre pour me rémunérer correctement et nourrir le territoire sur lequel j’habite ? Les personnes qui travaillent en agro-écologie sont motivées pour produire local, prendre soin de leur outil de travail : la terre, l’eau, la biodiversité, tous les habitants de la terre : invertébrés, insectes, micro-organismes qui permettront aux cultures d’être abondantes.»
En France, un agriculteur se suicide par jour «Pourquoi ? Je ne saurais le dire mais je crois que ces agriculteurs ont mis le doigt dans un engrenage qui, à un moment donné, les contraints. Un exemple ? Ils se sont endettés pour un outil de traite, pour des tracteurs, pour acquérir un équipement qui correspond au modèle agricole qu’ils pensent durable. Et puis, à un moment donné, il n’y a plus d’eau, l’attaque d’un ravageur, la récolte peut être moins bonne pour plein de raisons… Le modèle économique, déjà fragile, ne tient plus. Vous vous rendez compte que vous ne pouvez plus payer les traites, vous allez faire pâle figure auprès de vos confrères, de vos voisins, alors que votre image –je suis fille d’agriculteurs- est et reste extrêmement importante. Plutôt que perdre la face, de montrer qu’on n’a pas été capable de gérer, ça amène certains agriculteurs, malheureusement, à se suicider.»
Pressions sociale et financière «Quand j’étais toute petite, dans les années 1970, le paysan était considéré comme un plouc. Agriculteur n’était pas le métier le plus noble. Ce que nous défendons chez Terre & Humanisme, c’est de dire que ce métier de paysan est extrêmement technique. Là il n’y a pas de drones et de capteurs. Il y a une science du vivant très technique qui demande beaucoup d’expertise, qui a besoin d’être respectée, considérée, toute une population dont nous avons besoin.»
Un exemple ? «En Ardèche –département qui souffre du manque d’eau- nous n’avons eu aucun problème d’eau. Pourquoi ? Parce que nous avons mis au point des techniques : paillages, ombrières, création d’un puits, mises en place de cuves de récupération des eaux de pluie, ce qui nous a permis de ne pas souffrir du manque d’eau. D’ailleurs nous sommes en train d’écrire un livre qui sortira l’année prochaine pour accompagner les jardiniers sur ces questions de l’eau. Egalement, Olivier Filippi, pépiniériste à Perpignan, jardine depuis deux ans sans eau. Il y a donc des solutions mais qui demandent un peu de temps, à être connues, diffusées, autant de techniques que nous diffusons lors de formations.»
Quel modèle économique face à la grande distribution ? «Il est vrai que c’est compliqué pour les agriculteurs qui ont la pression pour les remboursements, les aides, la production. Ce sont les contraintes de leur modèle économique. Il y a ce manque de temps à mettre en place d’autres techniques. Je crains que beaucoup croient que, sans couverture phytosanitaire, il n’y ait point de salut. Egalement, lorsque l’on regarde la répartition de la marge entre le producteur et le distributeur, celle-ci révèle injuste. J’ai créé une Amap (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne) que j’ai dirigée pendant 10 ans et je n’ai pas compris pourquoi le kilo de carottes à 1€ ne recelait que 12 centimes, au mieux, pour le producteur, alors qu’en Amap, ce même kilo, vendu un peu en dessous d’1€ revenait en totalité à l’agriculteur. A un moment tout cela devient indécent.»
Pourquoi cette compulsion de la profusion ? «Aujourd’hui, au niveau mondial, nous produisons une fois et demie plus que ce dont nous avons besoin. Nous avons un problème de répartition, de déchets alimentaires : 12 à 15% du contenu des frigos en moyenne jetés. Est-il logique de ne produire que des porcs en Bretagne ? Du blé dans la Beauce ? Que des noix à Grenoble ? Ne pourrait-on pas réfléchir à un monde plus vertueux pour le territoire ? Créer plus de biodiversité ? Le Gouvernement a payé les agriculteurs, il y a 20 ou 30 ans, pour qu’ils arrachent les haies, désormais on les paie pour qu’ils les replantent… Peu de ministres de l’agriculture comprennent vraiment les enjeux, peu ont pris le temps de les apprécier. Il y a les lobbies, 3 lobbyistes par député… parce que les groupes industriels réalisent que leur modèle économique est fini et qu’il faut changer.»
Ce qui me donne de l’espoir ? «Le Covid nous a fait vivre ce que nous n’avions jamais vécu. Du jour au lendemain nous ne pouvions plus sortir de chez nous, prendre l’avion… C’est le traumatisme le plus dingue qui nous soit arrivé. Ce temps nous a questionnés, remettant en perspectives nos valeurs.»
Nous avons fait notre 1er marché le 3 mai «Plus de 60 personnes sont venues. Pas mal de personnes âgées, d’autres aussi, tous avec un pouvoir d’achat plutôt modeste. Ça a été génial. Il a fallu repartir récolter durant le marché, pour nous réapprovisionner et répondre à leur demande. L’agriculteur a un vrai rôle à jouer d’acteur économique, social, dans le nord du Gard qui est un territoire un peu en difficulté. Rien que pour cela La Noria a tout son sens, ici.»
Une collection de livre, aussi «Nous avons sorti une quarantaine de titres chez Actes Sud avec Cyril Dion. C’était en ligne directe du film ‘Demain’ réalisé par Cyril Dion et Mélanie Laurent. Les gens sortaient du cinéma en nous disant que ça les inspirait mais qu’ils ne savaient pas comment faire. Nous avons alors créé cette collection chez Actes Sud, dans l’idée de soutenir cette envie, et surtout, de donner les moyens aux gens de se mettre dans l’action, de ne pas rester dans cette passivité qui peut nous tuer.» La collection que Françoise Vernet dirige ici.
Françoise Vernet Françoise Vernet-Aubertin a fait une école de commerce, ESLSCA Business School Paris (1989-1991), avant de partir vivre trois ans en Australie puis en Espagne. Acheteuse pour le catalogue « Bien Joué » (1993-1996), puis pour les magasins « Nature & Découvertes » (1998-2008), elle crée le service marketing et devient directrice marketing et communication. Elle a ensuite créé et dirigé la Fondation Pierre Rabhi (2009-2013) avant de devenir en 2013 Présidente de l’association Terre & Humanisme qui œuvre à la diffusion de l’agroécologie. Elle a dirigé le magazine « Kaizen » de 2014 à 2018. Dans sa région, elle anime depuis plusieurs années l’AMAP (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne) des deux villages et les Rencontres citoyennes de Poigny-la-Forêt. Elle est également diplômée du Collège européen de naturopathie traditionnelle holistique (Cenatho) (2012-2016).