22 novembre 2024 |

Ecrit par le 22 novembre 2024

Voici le retour de la bougie

Rassurez-vous, il ne s’agit pas d’une nouvelle menace ou d’une future restriction qui pourrait nous être imposée. Nous sommes dans l’artistique… En effet, après Marseille, c’est à Avignon* que la compagnie Candlelight propose ses concerts à la bougie. Une démarche originale qui n’est pas dénuée de symboles, voire de sens.

Il y a quelques temps encore pour renvoyer les écologistes militants dans leur 22 mètres, on disait que si on les écoutait il faudrait « revenir à la bougie ». Un moyen pas très sympathique et surtout pas très honnête de résumer leur pensée et leur conception de la société. Nous en sommes revenu et c’est tant mieux. La bougie est devenue ainsi, et malgré elle, le symbole des temps anciens, pour ne pas dire des temps obscurs. Aujourd’hui, elle est en quelque sorte remise au goût du jour avec ces spectacles à l’éclairage appartenant à un autre temps. Au-delà des aspects esthétiques de cette démarche artistique, la métaphore est intéressante. L’évocation d’une autre époque, celle où l’on prenait le temps et il en faut pour allumer toutes les bougies ! Un temps où la simplicité l’emportait sur le sophistiqué et où la convivialité était de mise. Et ce clin d’œil au passé n’est pas unique.

Qui aurait misé 3 cacahuètes sur le retour de la galette noire ?

Un autre « retour en arrière » intéressant. Le grand retour du disque vinyle. Qui aurait misé 3 cacahuètes sur le retour de la galette noire ? En tout cas pas ceux qui s’en sont débarrassé il y a quelques années, ils sont condamnés, aujourd’hui, à les racheter ! Dans plusieurs pays, comme la France ou les États-Unis, les ventes de vinyles ont supplantées celles des CD. Bon il est vrai qu’avec la généralisation de la musique dématérialisée les volumes de vente des CD sont tombés très bas. Mais là aussi, c’est le symbole qui est important. On a sans doute besoin d’avoir du concret, un objet à manipuler, à posséder. De l’authentique quoi ! Dans le même ordre d’idée on pourrait se féliciter que les liseuses n’aient pas emporté le livre physique, ou que la photo argentique n’ait pas totalement disparue. L’ancien monde fait parfois de la résistance.

La zone est aussi blanche que les murs de son abbaye fraichement restaurée

Vous voulez encore un exemple ? Plus proche de nous, dans la vallée de la Sénancole, là où se trouve l’abbaye de Sénanque, aucun réseau de téléphonie mobile ne passe. La zone est aussi blanche que les murs de son abbaye fraichement restaurée. Les opérateurs téléphoniques ne s’y sont pas vraiment intéressé, faute de potentiel commercial. En définitive, c’est une vraie aubaine pour nos moines cisterciens qui y vivent et les hôtes qui y sont accueillis. Ils ne souhaitent pas du tout que ce besoin de connexion permanente vienne troubler leur retraite. Au fond les vrais espaces de liberté ne seraient-il pas ceux où la connexion permanente est coupée, laissant ainsi les vraies connexions s’établir, celles avec soi-même et avec les autres ?

Cette expérience de spectacle à la bougie prend alors peut-être tout son sens. Mais de là à dire que la bougie pourrait aussi éclairer d’un jour nouveau notre monde c’est une lueur que je vous laisse éventuellement le soin d’entrapercevoir.

*le 12 mai au Palais des Papes avec un hommage à Elvis Presley


Voici le retour de la bougie

La Poste émettra un timbre de la série touristique de 1,16€, sur l’abbaye Notre-Dame de Sénanque lundi 26 juin prochain. Sa spécificité ? Le timbre et les bords de feuille (les brins de lavande) seront parfumés à la lavande.

Le timbre sera vendu en avant-première vendredi 23 et samedi 24 juin à Gordes, à l’abbaye de Sénanque, dans un stand érigé à l’extérieur à l’entrée de 9h45 à 18h ; ainsi qu’à Paris au carré d’encre, de 10h à 19h, 13 bis rue des Mathurins à Paris.

Le dessinateur
Le dessin est de Stéphane Levallois qui animera une séance de dédicaces vendredi 23 juin de 10h30 à 12h30.

La vente
À partir du 26 juin, il sera vendu dans la boutique Le Carré d’Encre, dans certains bureaux de poste, par abonnement ou par correspondance à Philaposte Service Clients Commercial Z.I Avenue Benoît Frachon, BP 10106 Boulazac, 24051 Périgueux cedex 9 ; par téléphone au 05 53 03 19 26 et par mail sav-phila.philaposte@laposte.fr, sur réservation auprès des buralistes et sur le site Internet www.laposte.f

Philaposte
Philaposte est une direction opérationnelle en charge d’exécuter le programme philatélique officiel français. Premier imprimeur de marques d’affranchissement en Europe, elle conçoit, imprime et diffuse également les timbres du programme philatélique de France.

Les chiffres-clés
– Une imprimerie à Boulazac (Dordogne) et deux points de vente à Paris et à Boulazac – Plus d’1 milliard de marques d’affranchissement dont 500 millions de timbres issus des carnets de timbres de correspondance ou du programme philatélique. – 200 millions de timbres sont réalisés pour de nombreux acteurs postaux. – Plus de 100 millions d’imprimés de sécurité : chèques, fiches d’état civil, passeports, traçabilité, … – 1 service clients et des canaux de ventes variés en France comme à l’étranger (Carré d’Encre, Abonnements, Catalogue, bureaux de poste, facteurs, boutique laposte.fr, buralistes…).

Six familles de timbres

Les moines cisterciens
L’abbaye Notre-Dame de Sénanque, a été fondée en juillet 1148 par un groupe d’une douzaine de moines cisterciens venant de l’abbaye de Mazan, située à 1 300 m d’altitude dans le Haut-Vivarais, en Ardèche. Elle fut érigée à l’initiative de l’évêque de Cavaillon, Alfant, et instituée sous la protection des seigneurs de Simiane, suzerains de Gordes.

La fondation des monastères
L’abbaye est née de ce grand élan de fondation de monastères, initié en 1098 avec l’abbaye de Cîteaux, en Bourgogne. C’est du nom de Cîteaux -lieu où poussent des cistels, c’est-à-dire des roseaux- qu’est dérivé le terme cistercien. Le moine le plus célèbre issu de Cîteaux est saint Bernard, fondateur de l’abbaye de Clairvaux, dans l’Aube. La fin du XIIIe siècle marque l’apogée territoriale de l’abbaye de Sénanque, qui s’étendait un peu partout en Provence. Le XIVe siècle fut son grand siècle, qui n’est sans doute pas sans rapport avec le rayonnement de la papauté d’Avignon rejaillissant sur toute la région.

Gouvernée par des abbés
Sénanque fut gouvernée par une succession d’abbés (supérieurs) de grande qualité. Au XVe siècle, l’abbé Jean Casaletti fonda un collège cistercien à Avignon pour que les jeunes moines puissent y étudier avant que les troubles religieux, prélude aux guerres de Religion, se répandent en Europe.

L’abbaye rachetée par un particulier
En 1792, Sénanque, délaissée, sans communauté monastique dans ses murs, est rachetée par un particulier d’Aix-en-Provence. C’est en 1854 que l’abbaye va connaître un renouveau monastique sous l’impulsion de Dom Barnouin, nouvel abbé du monastère, qui en 1869 essaimera sur l’île Saint-Honorat, en face de Cannes : ce sera l’abbaye de Lérins, encore habitée par des moines cisterciens de nos jours. Les lois de la République, en 1881, amènent une première expulsion des moines, puis une seconde en 1904.

Le retour des moines se fait en 1926 puis en 1988
Les moines reviennent à Sénanque en 1926, quittent l’abbaye en 1969 faute de vocations pour la relève. De 1969 à 1988, l’abbaye, toujours propriété des moines de Lérins, abrite un centre culturel soutenu par Paul Berliet. En 1988, l’abbaye de Lérins y envoie un petit groupe de moines afin de perpétuer la vocation de l’abbaye de Sénanque depuis sa construction au XIIe siècle.
MH

Abbaye de Sénanque DR

Voici le retour de la bougie

Le 5 aout 1963, André Malraux, alors ministre chargé des affaires culturelles, lançait une vaste campagne de ravalement des principaux bâtiments de Paris. Il s’agissait d’enlever la grisaille incrustée sur les pierres des bâtiments de  laplace Vendôme, de l’Opéra Garnier, du Conseil d’État, de l’Hôtel-de-Ville ou encore du Louvre… Ainsi, entre 1960 et 1972, sur les 80 000 immeubles que compte Paris, 68 000 ont été ravalés.

« Malraux blanchit Paris »

Cette opération d’envergure value au ministre du général de Gaulle le jeu de mots « Malraux Blanchit Paris », eu égard à son soi-disant penchant pour une certaine poudre blanche. Ce fait historique  – pas le mauvais jeu de mots qui y est associé – me revient en mémoire en découvrant, il y a quelques semaines, le nouveau visage de l’abbaye de Sénanque.
En effet, le hasard de nos promenades pédestres nous emmena ce jour-là jusqu’à ce joyau de l’art cistercien de la vallée de la Sénancole.
En travaux depuis deux ans le site voyait son chantier enfin se terminer. Comme beaucoup de visiteurs présents ce jour-là nous nous sommes amusés à jouer les inspecteurs des travaux finis. Concernant Sénanque ce n’était pas une rénovation mais un sauvetage. L’église abbatiale s’enfonçait inexorablement dans le sol et sa nef menaçait de s’effondrer. Les travaux furent lancés en 2019, grâce à un appel aux dons publics, complété ensuite par une campagne menée par le sémillant Stéphane Bern, l’ami des rois et des vielles pierres (pas forcément la même chose).

La blancheur et l’éclat d’origine
Les travaux de sauvetage étaient donc terminés ou presque, mais les ouvriers ont profité des immenses échafaudages installés (une bagatelle de 80 tonnes)  pour nettoyer façades et toitures, ces dernières étant faites de lauze. Puisqu’on y était et qu’il restait encore un peu de produit c’est tout le corps de bâtiment de l’abbaye qui y passa. Ainsi, l’abbaye la plus célèbre de Provence est devenue toute blanche. Murs et toits compris. Blanchie façon Malraux ! Tant pis pour toutes les cartes postales, guides touristiques et autres sets de table qui, du coup, deviennent totalement dépassés et obsolètes.
Ca va finir par ‘re-griser’ me direz-vous. Certes, mais il faudra être patient. En s’offrant ce sérieux coup de jeune notre abbaye a de quoi rendre jaloux ses sœurs provençales : Silvacane et Thoronet. Incontestablement ces travaux de rafraichissement ont su lui redonner sa blancheur et tout son éclat d’origine.

Un patrimoine comme le grand témoin de notre histoire
La France est le pays qui dispose sans doute de la plus grande richesse patrimoniale immobilière. En 2020, 45 684 monuments historiques étaient recensés. Et comme le disait déjà Malraux, un jour où sa lucidité n’avait d’égal que de la fluidité de son élocution, « ce patrimoine est le grand témoin de notre histoire » et dans le cas de la France cette histoire est particulièrement riche et mouvementée. Malraux poursuit avec la grandiloquence qui le caractérise : « Versailles, bâti pour le roi, conquis par le peuple, sauvé par la nation ».

Rénover, une idée neuve !
Cette idée de rénovation et de protection des monuments anciens est en fait une chose assez récente, elle remonte au 19e siècle. Avant, on n’y prêtait que peu d’attention, le passé n’avait sans doute pas la même valeur. Dans des temps encore plus anciens on démontait (ou on pillait suivant les cas) les pierres des anciens bâtiments pour en construire de nouveaux.
Outre la transmission (on dit aujourd’hui devoir de mémoire) cette préservation du passé est plus que nécessaire. Elle offre aussi l’avantage d’attirer de plus en plus de touristes. Dans les années 2000, l’abbaye de Sénanque recevait chaque année 250 000 visiteurs. Les moines ont voulu freiner un petit peu, car cela ne correspondait plus avec leur règle de vie.

Le passé : un mauvais clin d’œil au présent
Dans ce culte du passé on peut aussi y voir un mauvais clin d’œil au présent. Nous pourrions ainsi dire que si on préserve autant le passé c’est peut être que nous ne sommes pas sûr que le présent ait un vrai futur.
Aujourd’hui, on ne construit plus ou peu avec l’idée du temps… Témoigner et laisser des traces dans l’histoire n’est plus une priorité. Autre temps autres mœurs. Mais ne boudons pas notre plaisir et allons re-visiter Sénanques, avec sa blancheur retrouvée et son champ de lavandin en fleur vous pourrez faire une nouvelle photo pour l’histoire !

Ancien directeur général et directeur de la rédaction de Mirabelle TV (télévision régionale en Lorraine), Didier Bailleux a été auparavant consultant dans l’audiovisuel et à travaillé sur plusieurs projets : TNT, SVOD, services en ligne, création de TV locales. En tant que directeur marketing, il a participé, dans les années 1990 et 2000, à la création de plusieurs chaînes thématiques : Canal J, Voyage et Pathé-Sport. Aujourd’hui, il vit en Vaucluse et travaille sur la production de documentaires consacrés aux terroirs.

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