3 juillet 2024 |

Ecrit par le 3 juillet 2024

Défense nationale : Le Vaucluse combien de divisions ?

Alors que la promulgation par le président de la République de la prochaine Loi de programmation militaire (LPM) devrait intervenir imminemment, quel impact aura l’adoption de ce texte pour le Vaucluse ?

Adoptée par le parlement, il y a une quinzaine de jour, la Loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030 devrait, sauf avis contraire du Conseil constitutionnel (ndlr : qui a finalement censuré 11 articles), être promulguée par le président de la République dans les tous prochains jours. Cette LPM prévoit un investissement de 413 milliards d’euros pour les 7 prochaines années. C’est 40% de plus par rapport à la précédente Loi (295 milliards pour 2019-2025). Pour y arriver, l’effort de défense national sera porté à 2% du produit intérieur brut (PIB) entre 2025 et 2027.

La LPM 2024-2030 prévoit l’acquisition de 31 Rafale destinés à la BA 115 d’Orange-Caritat. © N.Tiragallo-Armée de l’air et de l’espace

Répondre aux nouveaux objectifs sécuritaires
Pour 2023, le budget de la défense a été fixé à 43,9 milliards d’euros. Avec la nouvelle LPM, ce budget (le 2e de l’Etat) augmentera de 3,3 milliards en 2024 et 2025, de 3,2 milliards en 2026 et 2027 et de 3,5 milliards en 2028, 2029 et 2030. De quoi atteindre plus de 68 milliards d’euros à l’horizon 2023.
Objectif pour ce budget des armées très largement à la hausse : répondre aux enjeux sécuritaires liés à la nouvelle situation internationale. Oubliée donc la récolte des fruits des dividendes de la paix impulsée après la chute du mur de Berlin. Si certains ont alors prophétisé la fin de l’Histoire, force est de reconnaître que celle-ci est plutôt un éternel recommencement. L’attaque de la Russie contre l’Ukraine, avec le retour impensable de la guerre en Europe, ainsi que les menaces toujours plus grandissantes de la Chine envers Taïwan sont là pour nous le rappeler cruellement. Jusqu’alors en chute libre, les dépenses militaires mondiales connaissent un rebond considérable depuis le début de l’invasion russe et la prise de conscience qu’un conflit de haute intensité pouvait à nouveau éclater.
C’est dans cette logique que le budget des armées françaises vise désormais à répondre à ces menaces via le renouvellement des matériels existants mais aussi la modernisation de la dissuasion nucléaire, le renforcement du renseignement militaire, les investissements dans les défenses cyber, sol-air, spatiale et maritime, l’objectif de disposer de 105 000 réservistes…

31 Rafale pour la BA 115 et 37 Serval pour le 2e REG
Dans le cadre du renouvellement des matériels, la LPM prévoit donc notamment l’acquisition de 31 Rafale. Les premiers avions devant rejoindre la BA (Base aérienne) 115 d’Orange à partir du troisième trimestre 2024. C’est là, en effet, que sera déployé le futur 5e escadron du biréacteur ‘omnirôle’ de Dassault dont le chantier des infrastructures d’accueil a commencé début 2023. Des travaux (voir vidéo ci-dessous) d’un montant de 180M€ qui vont permettre la construction de nouveaux hangars, d’ateliers, de bureaux et des simulateurs de vol mais aussi d’aménagements des pistes, de voies de roulement, de réseaux souterrains, d’éclairage des balises lumineuses et de parkings avions.
La base vauclusienne a, par ailleurs, déjà fait l’objet de nombreux travaux de modernisation et de réaménagement lors de la Loi de programmation précédente, comme avec l’édification d’un nouveau mess.

Découvrez les futures installations de la BA 115 destinées à accueillir les Rafale de l’Armée de l’air et de l’espace.

Dans le même temps, les 900 hommes du 2e régiment du génie de la Légion à Saint-Christol devraient réceptionner 37 véhicules de combat Serval d’ici 2030. Une remilitarisation du Vaucluse qui fait suite au départ des 800 hommes du 1er Régiment étranger de cavalerie de la Légion à Orange qui avaient rejoint Carpiagne en 2014, le démantèlement du site de missiles nucléaires du Plateau d’Albion à la fin des années 1990 (aujourd’hui reconverti en Laboratoire souterrain à bas bruit) ou bien encore la dissolution du 7e génie des chasseurs alpins en 1993 dont la caserne Chabran abrite désormais la préfecture de Vaucluse et le Crous d’Avignon.

A ce jour, le nombre de militaires s’élève à 2 670 en Vaucluse. Un chiffre qui se monte à 5 799 personnes si l’on intègre les familles. A cela s’ajoute 356 réservistes. Un nombre qui devrait atteindre 700 en 2030.
Cette présence n’est pas sans impact sur la vie économique du département puisque le ministère des Armées verse 98M€ de salaires chaque année. De quoi générer la création de 1078 emplois induits dans les services et les petits commerces de proximité ainsi que 11M€ de paiements directs du ministère des Armées aux 189 entreprises et fournisseurs locaux départementaux.
Dans le même temps, 26 000 ressortissants de l’Office national des combattants et des victimes de guerre sont dénombrés en Vaucluse alors que le département reçoit 189 000€ d’aides de solidarité aux anciens combattants.

352M€ d’investissements
Par ailleurs, sur cette période 2024-2030, la LPM a budgété 352M€ d’investissements pour les infrastructures militaires vauclusiennes dont plus de 120 logements construits ou rénovés. S’ajoute également 62M€ cumulé des achats par les unités militaires locales (prestations d’entretien, services à la personne, réparations…) ainsi que 6,5M€ de dépenses liées au Plan Famille 2 visant à « limiter les impacts des engagements opérationnels et des mutations fréquentes sur la vie personnelle, familiale et professionnelle ».

Eurenco, leader européen des poudres et explosifs, a choisi d’implanter son siège social à Sorgues. © Eurenco

La défense en Vaucluse s’est aussi un secteur industriel qui se renforce à l’image de l’inauguration du nouveau siège social d’Eurenco à Sorgues en mai dernier transféré depuis la région parisienne. Le leader européen des poudres et explosifs, qui fabrique notamment une partie des obus des canons Caesar, marque ainsi son enracinement dans le département où le groupe y emploie près de 400 salariés.
Un attachement qui vient aussi de se traduire par la création d’une nouvelle formation via l’installation d’une antenne du Campus pyrotechnie du futur de Bourges au sein du Campus de la CCI de Vaucluse à Avignon. Une quarantaine de personnes de la région devrait venir s’y former dès la rentrée prochaine.
Mais l’industrie de la défense ne se limite pas Eurenco puisqu’on dénombre en tout 21 sous-traitants de l’armement dans le Vaucluse. L’ensemble représentant 613 emplois.


Défense nationale : Le Vaucluse combien de divisions ?

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Les 338 hectares d’espaces naturels de la base de défense de Saint Christol d’Albion, seront, selon les deux institutions, plus préservés et valorisés sur le territoire du Parc du Mont-Ventoux.

Une convention qui s’inscrit dans une démarche globale du Ministère de la Défense
Cette convention s’inscrit dans un plan plus large de développement durable lancé par le ministère des Armées en 2019. Dans ce contexte, le régiment a déjà entamé sa transformation en remplaçant ses installations vieillissantes par une chaufferie biomasse et un champ solaire thermique, réduisant ainsi ses émissions de gaz à effets de serre et sa consommation d’énergie.

Autorisation d’exercices
Également, le Parc soutient le régiment dans la prise d’un arrêté permanent d’autorisation d’exercices en terrain libre sur l’ensemble du Parc naturel régional et en adéquation avec le respect des patrimoines locaux.

La convention dans les faits
Le régiment ouvrira ses portes aux experts du Parc pour monitorer et inventorier les populations d’espèces et les milieux remarquables de la zone. Le Parc organisera également des ‘master class’ sur la préservation des milieux et espèces protégés à destination des cadres et légionnaires en charge des espaces verts et de l’entretien du quartier. Le régiment quant à lui, s’engage dans une démarche de concertation pour ses futurs projets d’infrastructure, à l’écoute des spécialistes du Parc du Mont-Ventoux.

La signature
La signature de la convention a eu lieu le 22 février au Quartier Maréchal Koenig à Saint-Christol d’Albion, sous la présidence de Jacqueline Bouyac, vice-présidente de la région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur, Présidente du Parc naturel régional du Mont-Ventoux et par le colonel Emmanuel Combe, commandant le 2e Régiment Etranger de Génie.

Ils étaient présents
Elle s’est également déroulée en présence du Général de corps d’armée Facon, Gouverneur militaire de Marseille et commandant de la Zone Sud ; du secrétaire général de la Sous-Préfecture de Carpentras, Philippe de Brion ; du directeur du PNR du Mont-Ventoux, Ken Reyna. Au travers de ce partenariat, le Parc apporte au régiment son expertise dans la gestion des milieux naturels et le suivi de la biodiversité locale.

Les producteurs locaux
À cette occasion, plusieurs producteurs locaux ont présenté leurs produits à l’assemblée : les vignobles AOP Ventoux, le label Porc plein air Ventoux et les fromages du GAEC de la Bellimure.

En savoir plus
Quand les képis blancs se mettent au vert
Le développement durable et les énergies renouvelables ne sont pas une nouveauté pour les képis blancs et notamment le 2e régiment étranger de génie puisqu’en septembre 2019, Florence Parly alors ministre de la Défense avait évoqué le plan en quatre axes : avec la prévention des risques environnementaux, le renouvellement de la flotte de véhicules commerciale pour détenir 50% de véhicules hybrides ou électriques d’ici 2030 ; la rénovation énergétique de logements domaniaux ; le développement d’électricité produite par des panneaux photovoltaïques et la préservation de la biodiversité sur les emprises militaires.

Ferme photovoltaïque
Fin 2019, une ferme photovoltaïque s’était étendue sur les 5,5 hectares de terrain du 2e REG à Saint-Christol pour la production d’électricité. D’ici fin de cette année près de 2 000 hectares de terrains militaires devraient suivre la tendance.
MH

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