Le ministère de la Culture, la FDJ (Française des jeux), l’historien et présentateur Stéphane Bern, et la Fondation du patrimoine mènent plus d’une centaine de projets dans le cadre de la Mission Patrimoine, dont plusieurs, en Vaucluse, sont déjà en cours.
Parmi plus de 4 000 projets signalés par le grand public depuis 2018, cette sélection se caractérise par sa très grande diversité car tous les types de patrimoine y sont représentés : édifices religieux, industriels et techniques, habitations, châteaux, maisons d’artistes, bibliothèques, moulins, jardins. En Vaucluse le village troglodytique de Barry à Bollène, l’abbaye de Sénanque ont déjà bénéficié de ce programme. Cette année, c’est le Rocher de la cathédrale Sainte-Marie de l’Assomption à Vaison-la-Romaine qui a attiré l’attention de Stéphane Bern.
La cathédrale Sainte-Marie de l’Assomption à Vaison-la-Romaine
La cathédrale Sainte-Marie de l’Assomption est située dans la ville haute de Vaison-la-Romaine. Nichée à plus de 40 m sur un éperon rocheux à-pic, l’église érigée au XVe siècle est une prouesse architecturale. L’édifice résulte d’agrandissements successifs qui ont repoussé les élévations à l’extrémité de la falaise. Pillée pendant la Révolution française, la cathédrale se retrouve peu à peu délaissée au profit de Notre-Dame de Nazareth située dans la ville basse. En 1992, son mauvais état entraine sa fermeture, mais grâce à son classement au titre des monuments historiques et à l’engagement d’une association d’amis de la cathédrale pour éviter sa disparition, elle rouvre finalement au public en 2013.
Fragilité de la falaise
La cathédrale est aujourd’hui gravement menacée par l’extrême fragilité de la falaise haute de 40 m sur laquelle elle repose. L’effondrement des strates du rocher serait également une catastrophe pour les maisons situées en contrebas, au bord de l’Ouvèze. La sécurisation de l’éperon rocheux est un préalable urgent à la restauration requise de l’édifice. Ses toitures ne sont plus étanches, provoquant des infiltrations d’eau qui fragilisent le bâtiment et les décorations intérieures.
Nature des travaux
Le confortement du rocher fragilisé doit être entrepris d’urgence (Mission Bern). Une fois la stabilité de la falaise solutionnée, la cathédrale pourra être restaurée tout d’abord en revoyant étanchéité sur la toiture puis en opérant la rénovation du clocher et des chapelles.
Une église de style roman
L’église est le témoin des origines du village. De style roman, elle est datée des XI-XIIe siècles. Au premier plan d’un panorama sur le Mont Ventoux, elle cristallise le dépouillement de l’art roman, qui fut d’abord un art de maçons et de tailleurs de pierre. Le clocher plat à double arcade, ouvert sur les montagnes, surplombe le chevet animé d’une vague de pierres formées par l’abside et ses deux absidioles. De plus, l’église accueille le festival d’été ‘Musique d’été’ depuis 30 ans, ainsi que le festival ‘Autour du Ventoux’. L’église souffre d’infiltrations d’eau, qui s’accumule au bas des murs. Près 10 800€ seront nécessaires.
Le village troglodytique de Barry à Bollène
Le village troglodytique de Barry à Bollène a bénéficié d’une aide de 198 000€. Depuis l’époque néolithique et jusqu’au milieu du XXe siècle, plusieurs civilisations se succèdent sur le site de Barry, village accroché au flan d’une colline. Les Ligures, les Celtes puis les Romains ont fait de Barry, la Capitale du Tricastin en y développant un commerce intense par où transitaient les marchands phéniciens et grecs qui remontaient le Rhône puis la voie Agrippa. Tout concourt à penser à l’antique cité Aéria mentionné par Strabon. Le village, constitué de maisons troglodytiques, a été habité jusqu’au XXe siècle. Avant l’ouverture des carrières en 1850, les gens vivaient de l’élevage de brebis, ânes, cochons et de la terre : vigne, erse, arbres fruitiers et oliviers
Une vie intense
Ce site a abrité une vie intense. Les carriers exploitant la pierre du massif depuis l’époque romaine vivaient dans ce village. Des chapelles y étaient érigées, une seule demeure la chapelle Notre Dame d’Espérance, que la commune a restaurée courant 2014. Depuis 2009, un arrêté municipal interdit l’accès au public du fait de l’instabilité de la falaise. Cette instabilité met fortement en péril le village troglodytique et tout le patrimoine bâti.
Fragilité de la falaise
La ville de Bollène a commandé plusieurs phases de sondages de la falaise entre 2009 et 2010, ces derniers mettent en évidence sa fragilité et sa dangerosité. Les objectifs poursuivis sont la valorisation du site par des actions de sauvegarde, de consolidation et de sécurisation. Les travaux seront de plusieurs natures et porteront sur la falaise, le bâti et les espaces verts.
Mesures de sauvegarde
Sur le bâti les interventions seront axées sur la dévégétalisation des toitures, des façades, le remaillage de fissures, le confortement des maçonneries, la réfection de joints à la chaux, la consolidation d’enduits existants, la réfection de toitures et la création de couvertures en lauzes.
S’agissant des cheminements, ils seront sécurisés avec la création de murets en terrasse, la restauration et le rehaussement de restanques et enfin au moyen de l’installation de garde-corps à deux lisses. Les calades seront remises en valeur. L’objectif principal est de sauvegarder ce site et cette mémoire mais aussi de le sécuriser pour le public car malgré l’arrêté un très nombreux public fréquente Barry, familles, groupes organisés, sportifs… et enfin, d’y amener de l’animation ponctuelle. Le village de Barry a bénéficié de 198 000€ provenant de la ‘mission’ Bern, cependant sa réhabilitation complète est estimée à 2,11M€.
L’Abbaye de Sénanque à Gordes
Lors de la mission patrimoine 2019, 707 493€ avaient été remis au monastère pour lancer la restauration de cet édifice religieux cistercien fondé au XIIe siècle constituant un joyau de l’art roman provençal classé Monument historique depuis 1921. Estimé à 2,8 M€ les travaux prévoient la stabilisation de la nef ainsi que de la coupole du clocher, le renforcement des fondations et la consolidation des murs pignons et des murs gouttereaux. Le chantier est supervisé par l’architecte Renzo Wieder basé à Arles et Valenciennes.