On ne compte plus les multiples casquettes de David Lelièvre. L’ancien rugbyman n’est pas uniquement président du club ASBC (Avenir sportif de Bédarrides Châteauneuf-du-Pape), il est également président du comité de direction d’Eclatec, société spécialisée dans les solutions d’éclairage public, vice-président de la Ligue sud Paca de rugby et président du Fonds de dotation. Son dernier projet ? Le lancement de Vaucluse rugby, un nouveau centre de formation pour tutoyer le haut niveau, valoriser le territoire et véhiculer les valeurs du sport au ballon ovale.
« Trois symboles participent au rayonnement du Vaucluse. Nous en avons déjà deux : le Ventoux qui figure sur notre maillot depuis deux ans et l’appellation Châteauneuf-du-Pape qui est dans le nom de notre club. Nous allons chercher le 3e symbole à Avignon », nous confie David Lelièvre avec engouement. Vaucluse rugby, le doux nom d’un tout nouveau club de rugby, dédié au haut niveau départemental de l’ovalie. Une initiative d’autant plus importante qu’elle naît dans le sillage de la labélisation Terre de Jeux 2024 décrochée par la ville d’Avignon en 2019. Le nom est d’ores et déjà déposé et quatre clubs font partie de cette nouvelle aventure sportive et sociale.
Fédérer plusieurs clubs
Le but de Vaucluse rugby ? Fédérer plusieurs clubs du département en vue d’offrir aux jeunes filles et garçons une infrastructure pour aller chercher le haut niveau. « On fédèrera les clubs sur les moins de 16, 18 et les seniors. Les jeunes resteront dans leurs clubs d’origine mais alimenteront les filières de formation en vue de continuer au niveau senior et évoluer au meilleur niveau », explique David Lelièvre. Vaucluse rugby ambitionne de créer des vocations, faire goûter au rugby par différentes étapes, le rugby à 5, à 7 (discipline olympique), et à 15 à l’image de la Coupe du monde.
« Rappelons que le Vaucluse est qualitativement le 2e département de la Région Paca sur le plan rugbystique. Son potentiel est très important, son palmarès est historique, nous disposons d’une belle image départementale. Mais il faut que les clubs travaillent ensemble à pérenniser et à développer le rugby sur ce territoire. » Le Vaucluse compte en tout 17 clubs pour environ 3500 licenciés. Un club est en Fédéral 1 (ASBC) et trois clubs sont en Fédéral 3 (L’Isle-sur-la-Sorgue, Cavaillon et Valréas).
Un seul club en France
« En France, il n’existe qu’un seul club qui porte la même vocation, l’alliance entre les clubs de Villeurbane ASVEL (Fédérale 1) et le RC Rillieux (Fédérale 2) ». Entendons-nous bien, il ne s’agit pas d’une fusion absorption d’un club sur l’autre, mais d’une association pour le meilleur avec ce paradoxe arithmétique : 1+1 = 3. Vaucluse rugby table sur l’union et la synergie. Chaque club conserve son école de rugby et ses équipes de jeunes.
L’association Vaucluse rugby sera support à une dimension plus large pour tutoyer l’élite et exceller au haut niveau. Une belle aventure humaine, sportive et sociale qui sera mise sur orbite en juin 2022, pour débuter la saison 2022/2023. « Les engagements des personnalités politiques se finalisent, pour pouvoir en fin d’année civile signer les conventions avec le soutien de la Fédération française de rugby. »
Gouvernance partagée
David Lelièvre tient à le préciser, cette nouvelle entité sera co-pilotée par les clubs qui collaboreront à sa création et à son développement. « On ne parle pas de fusion, mais de travail d’équipe, et d’investissement collégial. Les équipes seniors continueront à évoluer et bénéficieront de la qualité de formation dispensée aux jeunes. Les politiques sont très intéressés par le projet car il n’est pas que sportif, il porte beaucoup de valeurs autour de l’éducation, des valeurs sociales, culturelles, d’intégration et d’ouverture. » La performance sportive et le haut niveau sont évidemment au cœur de cette aventure. « Vaucluse rugby permettra d’offrir du spectacle de haut niveau dans l’enceinte du Parc des sports à Avignon. »
La municipalité d’Avignon, le Conseil départemental de Vaucluse, les mairies des clubs membres, tous sont concernés par ce projet et les ambitions qu’il porte. « Nous rencontrons une difficulté démographique liée aux licenciés, le Vaucluse est un département pauvre sur le plan économique. Le but est d’élargir nos territoires, nos bassins de chalandise pour chercher de futurs partenaires car c’est le nerf de la guerre. » Bernard Laporte, président de la fédération française était présent lors de l’inauguration de la Maison ovale de territoire (MOT), antenne départementale de la ligue de rugby de Provence.
Celle-ci emménageait dans ses nouveaux locaux à la Plaine des sports d’Avignon il y a quelques semaines. Un outil de proximité au service des clubs et de ses licenciés. « Bernard Laporte est très impliqué dans le développement local du rugby dans les territoires, cette nouvelle MOT 84 accueille également le Comité départemental du rugby. » L’objectif du comité ? Développer le rugby sur le bassin avignonnais dans la perspective notamment de la Coupe du monde de rugby de 2023.
‘Perspectives rugby’ et esport
Une des composantes du projet Vaucluse rugby est 100% avignonnaise. Il s’agit du club ‘Perspectives rugby’ qui est présidé par Younes Khattabi, un enfant du pays avignonnais et de ses quartiers qui s’est illustré au plus haut niveau. « Il gère notamment la partie sport et bien-être du stade nautique », souligne David Lelièvre. Perspectives avec un ‘s’, car le club englobera le sport mais également le e-Sport. « Notre 1er concurrent : Fortnite. Nous allons proposer aux jeunes de pratiquer leur passion du gaming dans une infrastructure avec un coach pour les faire progresser. C’est également une occasion de les resociabiliser, leur montrer à quoi ressemble un sport de haut niveau. Il faut savoir qu’aujourd’hui, un joueur asiatique de 23 ans qui s’illustre dans le e-Sport gagne bien plus sa vie que Neymar. Mais derrière, il y a une préparation mentale et physique extrêmement rigoureuse, avec un réveil à 6h30. On est loin des sessions chips devant l’écran. Si on arrive à les faire courir ne serait-ce que 30 minutes par semaine, ça serait un bon début. A terme, nous aimerions créer des passerelles avec des entreprises technologiques implantées à Montpellier. »
Et d’ajouter : « Il y a beaucoup de volonté mais les clubs ne sont pas suffisamment forces de proposition. D’un autre côté, il faut admettre que la situation est compliquée. On sort d’une longue période de crise sanitaire, les priorités et préoccupations étaient surtout de s’en sortir économiquement. On commence à retrouver la vie d’avant. Ce qui me motive ? Cela fait 3 ans que je travaille sur ce projet, j’ai commencé bien avant la crise. Tout le monde est le bienvenu au sein de Vaucluse rugby. Chacun peut amener sa pierre à l’édifice, ça profitera à tout le monde. C’est l’essence même du projet. »