Le budget primitif 2020 de Vaucluse avec ses 673,4 M€ vient d’être voté par l’assemblée départementale.
«Un budget ambitieux et équilibré », ainsi le qualifie Jean-Baptiste Blanc, le grand argentier de l’hémicycle. « Dans un contexte budgétaire préoccupant et incertain avec la suppression progressive de la taxe d’habitation, le département met en œuvre une gestion rigoureuse de ses dépenses tout en respectant ses missions auprès des habitants (aide sociale, collèges, routes…), en améliorant leur qualité de vie et en préservant l’ensemble des politiques de solidarité humaine et territoriale ».
A titre d’exemple, « le département de Vaucluse bénéficie d’une fiscalité nettement plus basse que ses voisins, avec un taux de taxe foncière inchangé de 15,13% en 2019. Il arrive troisième dans le classement le plus bas des 21 départements de la même strate (24,65% de l’autre côté du Rhône, dans le Gard par exemple) » poursuit Jean-Baptiste Blanc avant de faire le tour des grands postes de dépenses : 188M€ pour le social, dont 103,5 pour le RSA (Revenu de solidarité active). Son coût a été multiplié par 10 depuis 2009 dans le Vaucluse, 6e département le plus pauvre de France. 111M€ pour l’insertion. La masse salariale des 2 207 agents du Conseil départemental s’élève à 128,9M€. Même s’ils sont moins nombreux (2 318 en 2014, à l’arrivée de la nouvelle majorité) avec l’amélioration des salaires, ils sont mieux rémunérés. De fait la dépense augmente mécaniquement de +1,5%. Le SDIS (Service départemental d’incendie et de secours) est doté d’une subvention de 33,6 M€, les collèges de 11,4 M€.
■ Côté investissements, le Département ne faiblit pas
Voilà pour le fonctionnement. Côté investissements, le Département ne faiblit pas : 131M€, dont 42,9M€ pour la voirie, 31M€ pour l’aménagement et le développement du territoire et 24 M€ pour le remboursement de la dette. Quant à l’impact du transfert par l’Etat des dépenses d’allocations individuelles de soli- darité, entre 2009 et 2020, il représente 566,4M€ en 11 ans, « C’est- à-dire plus d’un demi-milliard d’euros » constate, atterrén Jean- Baptiste Blanc.
Après cette présentation détaillée, place aux réactions des élus. A commencer par l’écologiste Sylvie Fabre qui dénonce une « politique de trop petits pas dans le domaine de l’environnement avec un budget de seulement 3M€ pour 2020 ». André Castelli, du Front de Gauche, insiste sur « le désengagement régulier de l’Etat, notamment dans le secteur social comme le RSA. C’est un abandon de la solidarité qui ne permet plus de prendre en compte la détresse de milliers de Vauclusiens ». Le socialiste Jean-François Lovisolo, rend surtout hommage aux agents du département venus porter assis- tance aux riverains d’Apt, Pertuis et La Tour d’Aigues, lors des inondations de début décembre. A l’adresse de Maurice Chabert, le président du Conseil départemental, il déclare : « Vous n’êtes pas le Bon Dieu, mais vous pouvez aider. Vous êtes le garant du service public de proximité, vous ne vous attachez pas seulement à des valeurs comptables d’équilibre, mais à l’aspect humain ».
Côté Rassemblement national, Hervé de Lépinau affirme que « l’on assiste aux obsèques du départe- ment. Chaque année, la caisse à outils de l’Etat se réduit comme peau de chagrin. Stop aux larmes de crocodile. En 2017, vous avez voté pour celui qui amène les collectivités locales chez l’équarrisseur. Depuis, vous cautionnez une succession de renoncements ». Même son de cloche pour Yann Bompard (Ligue du Sud) : « On assiste à un désir d’euthanasie de la part du gouver- nement ».
Finalement, le projet de budget primitif 2020 sera voté (malgré 5 voix contre et 13 abstentions), y compris par le macroniste Sylvain Iordanov qui, pourtant, l’a qualifié de « sans ambition » et par la socialiste Darida Belaïdi qui, elle, l’a trouvé « ambitieux et sain » et qui a conclu : « Au-delà des chiffres et des graphiques, il y a de vrais gens. Et la solidarité est le seul patrimoine de ceux qui n’ont rien ».
Andrée Brunetti