Ce mardi 13 juin, le Syndicat mixte du Scot (Schéma de cohérence territoriale) du bassin de vie de Cavaillon, Coustellet et l’Isle-sur-la-Sorgue a réuni les élus et techniciens du département de Vaucluse à la Fruitière numérique de Lourmarin pour célébrer le premier anniversaire de son Plan Climat Air Énergie Territorial (PCAET) et faire le point sur l’année écoulée. Pour l’occasion, le spécialiste des questions de géopolitique du climat François Gemenne est intervenu sur le sujet du dérèglement climatique.
Le PCAET est un projet de développement durable porté localement à travers divers actions concrètes. Pour le Plan Climat Luberon Sorgue, cela se joue surtout sur un effort collectif. « On essaye de travailler dans l’intelligence collective pour avancer plus loin », a affirmé Fabrice Liberato, président du Syndicat mixte du Scot du bassin de vie de Cavaillon, Coustellet et l’Isle-sur-la-Sorgue.
En ce qui concerne ce bassin de vie, le Plan comptabilise 32 actions qui sont évaluées et renouvelées tous les six ans. Ces dernières devraient mener le territoire vers un objectif : devenir autonome d’ici 2050.
Un effort collectif au niveau local…
Afin de baliser le premier anniversaire du PCAET et remettre en lumière son importance, ainsi que l’importance des efforts collectifs, plusieurs intervenants ont pris la parole au cours de cette soirée. Dès son commencement, c’est le maire de Lourmarin, Jean-Pierre Pettavino, qui a donné le ton de ce premier anniversaire. « J’ai une bonne nouvelle pour mes collègues maires, c’est l’action au niveau local qui serait la clef de la réussite », a-t-il déclaré.
Un argument qui a été appuyé par François Gemenne, spécialiste des questions de géopolitique du climat, rapporteur du GIEC, président du conseil scientifique de la fondation de la nature et de l’homme, et auteur du livre L’écologie n’est pas un consensus. « Les territoires sont la clef de la réussite car c’est là que la contrainte peut devenir projet », a-t-il complété.
…mais aussi à un niveau plus large
Si les élus estiment que les actions pour pallier le dérèglement climatique commencent au niveau local, ils souhaitent tout de même de se faire entendre à un niveau plus large, notamment par l’État. Fabrice Liberato a d’ailleurs remercié Christine Hacques, sous-préfète d’Apt, pour sa présence lors de cette réunion anniversaire.
Ces actions plus large, elles passent également par la Fédération nationale des Scot. « Pour progresser, on réfléchit ensemble à l’aménagement des territoires en faisant des études à la demande des élus, a expliqué Stella Gass, directrice de la Fédération. On s’enrichit les uns des autres, donc on partage au maximum entre les territoires. » Toute l’année, la Fédération organise plusieurs webinaires sur divers sujets : le PCAET, les ressources en eau, la logistique dans les Scot, ou encore le projet alimentaire. Ces réunions sont disponibles en replay sur le site de la Fédération.
Le dérèglement climatique, une vérité qui n’est plus à prouver
D’après un sondage Ipsos-Sopra Steria pour France Télévisions, 80% des Français se disent inquiets au sujet de la protection de l’environnement et du changement climatique. La question de transition écologique n’est donc plus sujette au débat.
En revanche, le concept du dérèglement climatique n’est pas encore tout à fait compris de tous. « Collectivement, on n’a pas encore vraiment compris ce qui se joue, a affirmé François Gemenne. On est dans une dynamique où on bat record de températures sur record de températures, on n’a pas encore réalisé que ce n’étaient pas des événements exceptionnels mais que c’est notre nouvelle normalité à cause du niveau de gaz à effet de serre qui ne fait qu’augmenter. »
Des efforts qui ne paieront pas dans l’immédiat
La vraie difficulté à laquelle les élus font face est celle de convaincre chacun de faire des efforts aujourd’hui afin que les futures générations vivent dans de meilleures conditions. « On sous-estime les ressources d’explication et de pédagogie qu’il va falloir pour expliquer cet effet ‘retard’ qui peut être démotivant car nous, nous ne verrons pas les températures baisser de notre vivant », a développé le spécialiste des questions de géopolitique du climat.
Ainsi, nous allons avoir tendance à croire que nos actions, que ce soit à l’échelle individuelle ou à celle du territoire, sont moindres par rapport à la largeur du problème. « Aucune action n’est inutile, tout ce qu’on va entreprendre vaut la peine d’être entrepris et va faire une différence », a déclaré François Gemenne. Le rapporteur du GIEC a aussi souligné l’importance de se donner une trajectoire, mais aussi de baliser la manière dont nous évoluons sur cette trajectoire, comme avec cette réunion anniversaire.
Avec les efforts viennent les contraintes
Si le dérèglement climatique n’est plus à prouver, selon certains élus du Vaucluse, il n’est pas une mince affaire pour autant. « Les efforts auront à court terme des impacts économiques et sociaux qui vont impacter nos vies et nos quotidiens, a expliqué Gérard Daudet, président de la communauté d’agglomération Luberon Monts de Vaucluse. Mais à long terme, ils pourront conduire vers une croissance plus verte. »
« On rencontre de nombreuses difficultés malgré toute notre bonne volonté », a ajouté Pierre Gonzalvez, président de la communauté de communes du Pays des Sorgues Monts de Vaucluse. Même si l’effort se veut collectif, il est difficile pour l’Homme de le faire passer avant son propre confort et ses propres difficultés. Selon François Gemenne, il faut voir la lutte contre le changement climatique comme un projet de territoire qui nous implique tous, et pas comme une contrainte qui nous assomme.
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