Rendez-vous avait été donné au Palais-des-Papes, aux Archives départementales. Il pleut à seaux. Nous sommes venus assister à la pose de vitraux polychromes datant de 1885 tout juste restaurés et remis en place devant nous. Depuis l’entrée des Archives départementales nous gravissons les marches, circulons à travers quelques salles d’archives dont les murs disparaissent sous d’inestimables ouvrages.
Nous voici arrivés au creux de la chapelle Benoît XII recouverte d’immenses bâches tout d’abord recouvrant les murs ainsi que le centre de la pièce. Les ouvrages ont été totalement confinés et les ouvertures sans vitraux arborent désormais des plaques de polycarbonate afin de tenir le bâtiment hors d’eau et hors d’air.
Les ouvriers artisans empoignent les vitraux
voulus par l’architecte Henri Révoil (1822-1900). Ils sont plutôt lourds en verres soufflés teintés, assemblés au plomb. Ils ont été auparavant déposés et le verre ainsi que le plomb nettoyés à l’eau et à l’éthanol puis restaurés à l’atelier Thomas vitraux à Valence. Les vitraux endommagés ou brisés, très peu nombreux, ont été remplacés par des pièces identiques créées par la verrerie de Saint-Just Saint-Rambert.
«Nous sommes sur une opération de restauration du Palais des papes de grande ampleur,
relate Christophe Mathieu chef de service opérations neuves et réhabilitation, Direction du bâtiment, au Conseil Départemental, qui a démarré au printemps 2018, en ce qui concerne les études de maîtrise d’œuvre. Pour la phase 1, des travaux de confortement et de sécurisation des merlons de la chapelle ont été lancés au printemps 2020, au sortir du premier confinement de la Covid. Les travaux de restauration des façades avec le traitement de la pierre et le remplacement des merlons de l’aile des Familiers et la Tour Campane avaient démarré en décembre 2021 pour s’étendre sur 18 mois. Désormais nous sommes à la fin de la phase 2 des travaux qui comprend la restauration de la chapelle Benoit XII –édifiée aux environs de 1340- avec ses vitraux du 19e siècle, actuellement en cours de repose qui devrait s’achever à la fin de ce mois. La phase 2 devrait être terminée en mars 2024. La difficulté du chantier ? Elle réside au travail de restauration depuis une passerelle qui doit supporter le poids des échafaudages et des ouvriers, pour cela nous avons conforté le passage avec des plaques de répartition.»
«L’architecte Henri Révoil avait mené une grande campagne de restauration sur le Palais des papes
qui, pour rappel, a été classé en 1840, suite à une visite de Napoléon III en 1860, resitue Clotilde Dreux, Directrice de projet à l’agence parisienne Pierre-Antoine Gatier, architecte en chef des Monuments historiques et en charge de la conception et du suivi des travaux au Palais des Papes. Viollet-le-Duc avait déjà prévu une grande campagne de restauration du Palais, projet qui n’a pas abouti. »
L’enjeu majeur de cette opération ?
« Déposer les vitraux tout en protégeant les archives restées en place grâce à de grandes bâches afin que la poussière ne se diffuse pas en dessous, tout en conservant l’aspect technique sécurité incendie, avec un montage d’échafaudage, reprend Clotilde Dreux. Les 15 vitraux polychromes –ne présentant pas de sujet- sont dans un très bon état général, les travaux portant sur un dépoussiérage et un traitement des éléments métalliques et structurels des panneaux ainsi que leur système de fixation. Désormais la chapelle est plus éclairée et les polychromes arborent enfin leurs couleurs. Quant aux anciens vitraux ? Ils ont disparu lorsque le Palais des Papes a été transformé en prison et ils ne restent d’eaux que des traces écrites.»
«Nous avons déposé les vitraux de la chapelle qui ont été restaurés en atelier
avec un procédé agréé par le Monument historiques et changé les pièces cassées relate Laurent Thomas, un des gérants de l’entreprise Thomas Vitraux basée à Valence qui existe depuis plus de 140 ans, spécialisée dans la restauration, conservation et création de vitraux. Si le site est emblématique, les vitraux de moins d’un mètre carré, datant de la fin du 19e siècle, sont récents et inspirés du style cistercien, non figuratifs et simples avec une bordure décorative d’entourage qui correspondent bien au lieu. Les vitraux étaient en état correct mais avec beaucoup de dépôts. Peu de pièces ont été cassées par des chocs mécaniques comme la grêle, des branches projetées par le vent, les pierres, les oiseaux… Nous avons résolu des problèmes d’étanchéité, de tenue, restauré une partie des plombs. L’essentiel du travail a été réalisé en atelier.»
A qui appartient le Palais des papes ?
La place du Palais, le Petit Palais, les remparts, le pont Saint-Bénézet, le jardin et la promenade des Doms appartiennent à la commune ; le Palais des Papes est également propriété municipale, à l’exception de la partie nord-ouest comprenant la chapelle de Benoît XII et la tour de Trouillas, qui appartiennent au Département du Vaucluse. La cathédrale Notre-Dame des Doms appartient à l’État. Tous les édifices du bien sont protégés au titre du code du Patrimoine, certains portés sur la liste des Monuments historiques dès 1840.
Source Unesco
Le centre historique d’Avignon,
qui réunit le Palais des papes, l’ensemble épiscopal et le Pont d’Avignon est un exemple d’architecture médiévale. Fruit d’un épisode exceptionnel de l’Histoire qui a vu le siège de l’Église quitter Rome durant un siècle, il a joué un rôle capital dans le développement et la diffusion d’une forme particulière de culture à travers une vaste région d’Europe, à une époque de première importance pour la mise en place de relations durables entre la papauté et les pouvoirs civils.
Source Unesco
Chiffre
Pour rappel, le chantier monumental en deux tranches de restauration globale du Palais des Papes principalement financé par le Département de Vaucluse et subventionné par l’Etat avec une participation financière de la Ville d’Avignon atteint presque les 6M€, (5,820M€ pour être précis).