Un cadre atypique pour un séminaire unique. Les élèves du lycée Louis Pasteur à Avignon ont rivalisé d’ingéniosité pour penser les entreprises de demain, sous les moulures de la salle des fêtes de la mairie d’Avignon.
« C’est impressionnant de travailler ici, ça nous responsabilise, on se sent comme des adultes », nous confie un étudiant de Terminal STMG, le regard absorbé par le haut. Voilà quatre ans que Xavier Bourgue, professeur d’éco-gestion crée l’émulation collective. ‘Startup Pasteur’, le doux nom du séminaire de création d’entreprise impulsé par l’équipe pédagogique du lycée Louis Pasteur, dont l’Echo du mardi était partenaire. Une semaine banalisée du 10 au 16 décembre avec un final en beauté : un ‘pitch’ pour défendre son projet devant un auditoire comble et un jury des plus rigoureux.
« Les étudiants se révèlent durant cette semaine banalisée. Certains qui sont de nature très timide et réservée n’hésitent pas à prendre le micro pour présenter leur projet sur scène », explique l’enseignant passionné. Avec lui, d’autres professeurs tout aussi dévoués slaloment entre les tables, expliquent, donnent des conseils. Ambiance studieuse et cocréation à la mairie d’Avignon.
Si ce type d’initiative voit le jour, c’est en partie en raison du mur quelques fois infranchissable entre les sphères éducatives et professionnelles. « On tend à perdre ce contact avec le monde de l’entreprise. J’essaie vraiment développement des synergies, de trouver des systèmes, d’organiser des rencontres entre les étudiants et les chefs d’entreprise », explique Xavier Bourgue. Des partenariats comme celui avec la French tech Grande Provence ont par exemple vu le jour pour permettre à des ‘startupers’ de conter leur histoire et transmettre les clefs de la réussite.
Les timides se révèlent
Pour cette semaine de création, l’organisation est réglée comme du papier à musique. Rien n’est laissé au hasard. A commencer par les cours classiques qui sont supprimés durant toute la semaine pour se consacrer pleinement au projet. Tout commence par une plénière pour installer les process, identifier les compétences, lister les idées. Les groupes sont alors formés en prenant soin d’associer un élève de marketing, de comptabilité, de finance des entreprises, pour une complémentarité des savoirs.
Les professeurs se succèdent dans les salles mobilisées et apportent leur soutien et leurs connaissances aux projets des élèves. Ils mobilisent les notions de leurs programmes respectifs pour aider les différents projets. De 8h à 17h, comme en entreprise, les jeunes se triturent l’esprit pour voir naître leur bébé, leur startup. Cet exercice correspond par ailleurs à une des briques pédagogiques de la préparation des élèves à l’écrit de l’épreuve pratique du Baccalauréat. Les élèves organisés en groupe de 5 à 6 personnes, évoluent en totale autonomie, et bénéficient de l’appui du corps professoral en cas de besoin.
« Plutôt que d’utiliser les réseaux sociaux de manière personnelle, ils les utilisent pour travailler leur stratégie de communication par exemple. Ils ont également accès à un padlet d’outils partagés pour mettre en application leurs idées », précise Xavier Bourgue. Pour « donner plus de résonnance » ce dernier n’a pas hésité à élire domicile dans cette salle prestigieuse de la mairie, avec le soutien de Cécile Helle, édile d’Avignon. « Nous souhaitions que les jeunes s’approprient ce lieu commun, qu’ils se rendent compte de l’écosystème dans lequel ils vivent », explique l’enseignant.
Galerie d’art virtuelle, plateforme coworking, prêt-à-porter pour chien
Des désaccords ? Comme dans toutes entreprises, il en existe. « Mais on trouve toujours des points d’entente et on finit par avancer », nous explique Numa, âgé de 17 ans qui imagine une plateforme de centralisation pour faciliter les coworking. « Faire ce genre d’exercice nous permet de mettre en application les théories des deux dernières années. C’est du concret, on sait qu’on en est capable, on laisse notre créativité s’exprimer », abonde-t-il.
Bienvenue au cœur de Meta. Une galerie d’art virtuelle dans laquelle les acheteurs peuvent se procurer leur coup de cœur à l’aide d’un jeton. « Le jeton est en quelques sortes un certificat d’authenticité qui atteste que vous êtes bien le propriétaire de l’œuvre que vous venez d’acheter », nous explique un membre du groupe. Ce qui fait la force de l’offre, un partenariat noué avec une entreprise d’impression 3D pour positionner votre sculpture ou tableau en plein cœur de votre salon.
Et comme nos ingénieux ont pensé à tout, la fidélité client s’opère à travers des niveaux à franchir. « Le système est assez ludique, plus l’acheteur passe du temps dans la galerie numérique, plus il gagne des niveaux. Idem pour le vendeur, plus il met en avant ses œuvres, plus il est récompensé », nous explique le groupe en cœur. CQFD ! Concernant le business modèle, une commission de 15% est ponctionnée par l’équipe Meta sur chaque vente. Un tarif qui évolue en fonction du nombre d’impressions de l’œuvre et de sa notoriété. Quand on vous dit que les futurs cadres sups de la Silicon sont ici.
Un peu plus loin, nous voilà à la rencontre d’une équipe aussi dynamique que souriante. Le nom de la firme est subtilement pensé : ‘La patte française’ ! Un véritable site e-commerce proposant des vêtements et autres accessoires pour nos amis les chiens. Mention spéciale pour les chaussons d’hiver évitant que les patounes ne se gèlent dans la neige. Plusieurs coloris, tailles, tendances, modes de livraison, sont proposé en ligne.
Sur la table trônent des maquettes de styliste matérialisant les nouvelles collections. Ici, le tissu est 100% made in France et respectueux de l’environnement. Une première puisqu’aucune entreprise ne s’est jusqu’alors spécialisée sur ce marché de niche. Pour épouser parfaitement leur cible, des enquêtes ont été menées. ‘La patte française’ séduit principalement les femmes, plutôt urbaines et évoluant dans le secteur tertiaire. Le concept est prêt à bouleverser le marché !
Retrouvez toutes les informations et les actualités du Lycée Louis Pasteur : cliquez ici.