Alors que le Conseil départemental de Vaucluse va désigner demain son nouveau président, le binôme Anthony Zilio et Christine Lanthelme vient d’annoncer qui soutiendrait la candidature de Dominique Santoni. Un choix qui, sauf coup de théâtre, devrait définitivement faire basculer le scrutin en faveur de la maire d’Apt.
Anthony Zilio et Christine Lanthelme, nouveaux conseillers départementaux du canton de Bollène, viennent d’annoncer qu’ils voteraient demain en faveur de la candidature de Dominique Santoni, maire LR (Les Républicains) d’Apt et vice-présidente sortante de la mandature de Maurice Chabert qui ne s’est pas représenté.
Avec ce choix, le binôme du haut Vaucluse devrait définitivement faire pencher la balance en faveur de la droite à la gouvernance du Département. En effet, suite aux résultats des élections de dimanche dernier, la droite et la gauche ont obtenu 6 cantons chacun, le RN (Rassemblement national) 3 et la Ligue du Sud 1. A cela s’ajoute les deux élus du canton de Bollène dont la décision était attendue avec impatience.
Ancien membre du parti socialiste, Anthony Zilio, le nouveau maire de Bollène, avait pris grand soin de mener une campagne sans étiquette. « Je dois mon élection à la mairie de Bollène à un communiste, Daniel Barrière, qui a eu l’intelligence d’appeler à voter pour une liste qui, pourtant, regroupait des LR, des UDI, des socialistes… Il a eu l’ouverture d’esprit nécessaire qui a permis de redonner une visibilité à ce canton qui n’était plus entendu depuis 12 ans avec l’arrivée de Marie-Claude Bompard. Depuis, notre score sans appel à l’occasion du dernier scrutin départemental, où une partie des électeurs RN aux régionales se sont tournés vers nous aux départementales, nous permet d’envoyer un message limpide : notre priorité c’est notre canton ! »
Un contrat de mandature pour le canton
Courtisés par les deux camps, les deux élus ont donc souhaité les rencontrer afin de leur proposer un contrat de mandature au profit du canton.
Objectif : fixer les priorités du canton pour les 6 prochaines années en matière d’accès à la santé, de sécurité, de culture, de maintien des Ephad, de restauration du patrimoine… « Il y a fort à faire car le canton de Bollène a déjà perdu trop de temps puisque bien trop peu a été fait depuis 12 ans », rappelle Anthony Zilio.
A ce jeu-là, Dominique Santoni semble avoir répondu aux attentes des 2 néo élus départementaux. « Avec elle le dialogue a été immédiatement clair et transparent, dévoilent-ils. Y compris d’ailleurs sur sa position vis-à-vis de l’extrême droite, ligue du sud et RN, avec lesquels ils étaient évidemment impensable pour nous de travailler. Surtout, un dialogue productif pour notre canton, puisque nous en sortons avec des engagements forts de sa part et de la Région sur les dossiers prioritaires que nous avions listés. Des engagements qu’elle a signés, et nous veillerons chaque jour à leur application. Des dossiers qui vont concrètement changer le quotidien de ceux qui vivent dans notre canton. »
Les ‘maladresses’ de la gauche
Du côté de la gauche, il semblerait que l’on avait déjà vendu ‘la peau de l’ours’ en comptabilisant le canton de Bollène dans son camp dès dimanche soir.
« Nous avons été un peu étonnés que des responsables de partis fassent semblant de découvrir aujourd’hui que nous étions sans étiquette et que nos seuls patrons ce sont les habitants du canton et pas les appareils politiques », s’agace Anthony Zilio.
Une attitude du fait accompli qui n’a donc pas été aux goûts du duo qui regrette également « l’invention de propos et des engagements imaginaires ».
Si à cela on ajoute un échange express avec « le chef de file de la gauche au Département » puis les ‘maladresses’ d’une partie des élus de cette gauche très plurielle à l’installation espérée d’un EPR2 à Tricastin alors que le secteur nucléaire est l’un des piliers de l’économie locale, l’affaire a vite été pliée.
« La gauche est ma famille politique d’origine, je n’en fais pas mystère, je ne le renie pas, rappelle le maire de Bollène. J’y ai de nombreux amis, parmi mes collègues élus, qui partagent mon étonnement sur la manière de procéder. Mais quoi qu’il en soit, je suis de gauche et je le resterai demain après ce vote. »
C’est donc pour cet ensemble de raisons qu’Anthony Zilio et Christine Lanthelme ont décidé de finalement apporter leurs suffrages à Dominique Santoni.
« Cela a été une décision difficile à prendre, reconnaît Christine Lanthelme, également maire d’Uchaux. Mais nos électeurs nous ont demandé de prendre la bonne décision. Après des contacts clairs, notre choix a été clairement en faveur du territoire. »
Occasion ratée pour un nouveau monde de gouvernance
Auparavant, faute de majorité claire, les deux élus ont vainement tenté de proposer un nouveau mode de gouvernance « mêlant les sensibilités de gauche et de droite, dans l’intérêt commun ».
Une approche dictée par les résultats électoraux : « Sans majorité absolue, on pouvait espérer que ce soit l’opportunité de créer une nouvelle gouvernance, mêlant les sensibilités de gauche et de droite, dans l’intérêt commun. Nous avons donc proposé aux deux camps, gauche et droite, l’idée d’une gouvernance commune, assise sur la nécessité de faire progresser le Vaucluse avec une majorité stable. Comme d’ailleurs cela se fait dans de très nombreuses intercommunalités et communes, celles du canton de Bollène par exemple. Nous n’avons pas été entendus, chaque parti restant sur ses positions. Une occasion ratée, la logique des appareils politiques est trop forte, cette fois », regrette Anthony Zilio.
Pas de chèque en blanc
« Nous avons décidé d’apporter nos voix à Dominique Santoni, pas à la droite », insiste Anthony Zilio qui d’ailleurs a prévu de constituer un groupe indépendant au sein de l’assemblée départementale. Ce n’est pas un chèque en blanc. Nous sommes indépendants aujourd’hui, nous le serons demain. »
Et pour preuve de cette indépendance, le binôme a déjà fait savoir qu’il n’accepterait pas de vice-présidence ou de nominations à des organismes associés. « Ce ne sont pas les milliers d’euros d’indemnités que nous cherchons, ce sont les millions d’euros pour le canton que nous voulons trouver », poursuivent-ils en chœur.
« Nous ne serons pas prisonniers d’un groupe politique qui voudrait nous imposer ses choix idéologiques, rajoute Anthony Zilio. Le bon sens, l’intérêt des habitants, voilà notre unique boussole. »
Après avoir récupéré le ‘chéquier’ du Département et de la Région (et accessoirement celui aussi de l’Europe via le Conseil régional), peut être que demain, les principaux gagnants de cette élection pourraient être finalement les habitants du canton de Bollène.