Davantage qu’une région décentralisée avec ‘zéro papier’, qu’un laboratoire de la lutte contre le réchauffement climatique avec ‘une COP d’avance’, qu’une capitale euro-méditerranéenne ou qu’une région phare de l’industrie du XXIe siècle, c’est le concept inédit de « région du bonheur et des sourires » que Renaud Muselier a mis en avant lors des vœux adressés à la presse.
Au dos du pupitre de l’élu, on peut lire « tout ce qu’on vœux pour 2022, c’est que vous soyez heureux », sur une grande affiche créée pour l’occasion. Un petit film institutionnel enfonce le clou. Il met en majesté tout ce qui le mérite de l’être sur une chanson de Christophe Mahé, « Il est où le bonheur ».
« Je vous annonce que, désormais, cet objectif de la région du bonheur et des sourires sera au cœur de toutes nos politiques publiques », enchaîne Renaud Muselier. Il s’agit de contrer la morosité, la rancœur et l’œil dans le rétroviseur. Dès le début de son discours, Renaud Muselier parle d’une « vision d’avenir et de succès » et des « 700 000 voix qu’il pèse », lui ayant permis d’obtenir « le meilleur score de la droite » aux dernières élections (57% au second tour).
Un outil d’évaluation et d’orientation des politiques publiques permettant de mesurer l’impact réel des actions régionales sur la qualité de vie et l’état d’esprit des habitants sera donc publié. Ce ‘baromètre du bonheur’ – issu d’un travail de plus de deux ans avec le monde scientifique et la société civile représentée par le Conseil économique et social régional – se compose « d’indicateurs territorialisés, scientifiques et grand public, comme l’environnement, le cadre de vie, l’économie ». Voilà comment se présente ce « monde d’après », où l’intérêt général se soucie du bien être individuel.
Financement : la Région double la mise en Vaucluse
Il se rapproche du citoyen au moyen d’une décentralisation accrue, interne à la région. « Je veux fixer des objectifs propres à chaque territoire », explique le président du Conseil régional.
Notre département est celui qui a été le plus de visité – 17 fois depuis mai 2017 – par Renaud Muselier. Dès son premier mandat, il a multiplié par quatre les engagements financiers du conseil régional, passant de 250M€ sous Michel Vauzelle, à un milliard (690M€ et 310M€ de crédits européens).
« Dans ce deuxième mandat, je vous annonce que nous allons déployer 2,3 milliards d’euros pour le Vaucluse, 1,6 milliard d’euros de fonds régionaux, 700M€ de fonds européens. »
La méthode est la même pour tous. « On donne une vision spécifique aux départements, quelles thématiques prioritaires, quel objectif on poursuit et à quoi on veut mener chaque territoire ». L’annonce de ce plan décentralisé d’investissement négocié localement à été faite à Sorgues, le 14 janvier dernier.
En ce qui concerne notre département, le projet baptisé ‘Le sud des possibles’ prévoit de faire cause commune – Grand Avignon, intercommunalités, maires – pour soutenir tout d’abord une dynamique de l’emploi productif.
Dans le volet ‘industrie du XXIe siècle’, grâce aux leaders européens des explosifs avec des pépites comme Eurenco ou au pilote associant la technopole pégase et l’aéroport d’Avignon dans l’aéronautique.
Dans l’agriculture, pour l’irrigation, avec la Société du Canal de Provence, au sud, et le programme Haute Provence Rhodanienne au nord : 30M€ de la région seront engagés pour gagner 18 000 hectares de surface irriguée. « Cela implique d’avancer sur le foncier agricole : je donne la mission à l’Etablissement public foncier régional de mener une expérimentation de portage dans le Vaucluse ».
Dans une perspective plus incertaine, concernant la LEO, les 40M€ promis seront déployés le jour où les conditions de réalisation seront réunies, rassure l’élu qui veut aller vite.
Nouvelles méthodes pour aller plu vite, plus loin
Le principe d’action de l’intervention publique régionale à l’échelle des élus locaux se veut également plus simple, proche et immédiat : le dispositif ‘Nos communes d’abord’remplace les ‘Frat’ et ‘Nos territoires d’abord’ remplace celui des ‘Cret’. Les enveloppes sont plus conséquentes pour les communes. Celles de moins de 1500 habitants sont éligibles à 15 000€ d’aides, couvrant jusqu’à 70% de leur projet. Une avance de 50% pourra être accordée à la notification de la subvention.
Celles de plus de 1500 habitants peuvent bénéficier de 200 000€ de concours régional, avec un plafond relevé de 30% à 50%. La subvention pourra atteindre 250 000€ si le dossier répond à des critères environnementaux précis.
S’agissant de ‘Nos territoires d’abord’ qui vise les intercommunalités, les annonces seront faites le 30 janvier.
La décentralisation à l’échelle des institutions départementales et régionale va s’incarner par deux outils, encore inédits :
– un contrat départemental de proximité, canton par canton, pour planifier nos investissements sur trois ans, dans chaque canton de Vaucluse, pour ne laisser aucun territoire sur le bord du chemin.
– un collaborateur du département de Vaucluse s’installera à Bruxelles pour multiplier par deux les aides européennes obtenues par le Vaucluse, dans tous nos domaines de compétence.
Un pôle régional de télémédecine se construit aujourd’hui
Manquait un projet plus symbolique et fédérateur par sa nouveauté et son ancrage territorial, celui d’un pôle régional de télémédecine.
Le contexte s’y prête. Ça va mieux avec le brutal Veran qui a longtemps refusé de travailler avec le secteur privé, les pharmacies, les départements, les ministères de la Défense ou de l’Intérieur. « Les 79M€ d’euros que nous avons mis sur la table pour l’hôpital public ont cependant déclenché 553M€ de l’Etat. Pour le Vaucluse c’est plus de 15M€ pour l’extension des urgences et de la réanimation d’Avignon, 5M€ pour les urgences de Carpentras et des engagements pour Montfavet, Orange et Cavaillon », tempère Renaud Muselier. « Je crois à une responsabilité locale de la région et au co-pilotage des Agences régionales de santé ».
Cette compétence pourrait résulter du travail accompli pendant la crise et du projet de pôle régional de télémédecine. « C’est le département idéal, à la fois marqué par la ruralité et les déserts médicaux, où la région a beaucoup agi pour ouvrir 12 Maisons de Santé, pour soutenir l’installation de 41 médecins généralistes ».
Apt est aussi le seul établissement du département choisi par les autorités de santé pour conduire une expérimentation de conduite d’un service d’Ehpad (Saint-Christol) « hors les murs ». Celui-ci concernait, en 2019, une cinquantaine de personnes âgées dépendantes résidant au plus à 20 minutes en voiture de l’Ehpad où une infirmière coordinatrice fait le lien entre les différents acteurs du soin à domicile, la famille et l’établissement hospitalier pour un suivi en télémédecine.
« Avec cette crise, nous apprenons à faire à distance. On voit tout l’intérêt de ces interventions en télémédecine qui marchent bien en médecine générale, radio, ou dermatologie. Elles complètent, mais ne remplaceront jamais le contact humain. Mais c’est un enjeu sanitaire quand on voit ce qui s’est passé. Le début de cette expérimentation aura lieu dès le début de l’année, je ne veux pas perdre de temps sur ce sujet qui va aussi nous obliger à une couverture à 100% en haut débit numérique ». La ville lauréate n’est pas encore choisie, ni le montant des financements divulgués.
Les fonds régionaux engagés dans le Vaucluse
Voici la liste des principaux dossiers actuellement planifiés et en cours :
– le soutien aux urgences et à la réanimation d’Avignon à hauteur de 15,5M€,
– le soutien aux urgences de Carpentras pour 5,2M€,
– l’hydraulique agricole avec le soutien à Haute Provence Rhodanienne pour le Nord Vaucluse et à la Société du Canal de Provence pour le Sud-Vaucluse avec 30M€ pour 33 400 hectares,
– l’échangeur de Bonpas avec 7,5M€,
– le passage de 79% à 100% de couverture ‘Très Haut Débit’ internet pour 18M€,
– l’aménagement de la zone d’activités Europarc à Bollène avec un million,
– le tramway du Grand Avignon grâce à 8M€,
– les pistes cyclables entre Jonquières et Orange pour 2,8M€.
Un calendrier européen
Renaud Muselier compte sur la présidence française de l’union européenne (six mois) et ses vastes chantiers – plus de 200 textes sont à l’étude – pour avancer deux propositions ; l’une consistant à sortir l’endettement « vert », finançant des projets vertueux pour l’environnement, des critères budgétaires de Maastricht ; l’autre demandant la formation d’une « macro-région », à l’échelle du bassin continental Méditerranéen. Pour leur donner une actualité, ces propositions seront notamment soutenues par un calendrier d’évènements :
– le 23 février, la signature avec la Commission européenne de la convention ferroviaire « Ligne nouvelle Provence Côte d’Azur ».
– les 3 et 4 mars, le « Sommet des villes et des régions européennes » à Marseille, réunissant 15 000 élus issus de 242 régions.
– les 12 et 13 avril, réunion des directeurs des écoles nationales de sécurité civile à Gardanne.
– le 14 mai, la fête de l’Europe à Nice avec un concert de Barbara Pravi (concours Eurovision de la chanson, 2021).