Est-il un domaine où la situation sanitaire, claquemurant les habitants chez eux, n’a pas assombri nos perspectives d’avenir et vidé nos poches ? Oui, il s’agit du secteur de l’énergie.
Le prix du baril ayant été, pour la première fois, négatif l’année dernière ; ceux du gaz, au plancher historiquement bas de 3€ le MWh*, a été atteint en avril et mai 2020.
Evidemment, il y a eu un fort repli de l’activité économique planétaire. Mais la douceur des températures a changé significativement la donne en France, mais surtout en Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Finalement, « la situation sanitaire a eu un impact plus limité que le climat sur l’évolution de la consommation régionale de gaz, en recul de 7% par rapport à 2019 », estime Georges Seimandi, délégué territorial Rhône-Méditerranée de GRT gaz. : « 2020 est l’année la plus chaude jamais enregistrée en France depuis 1900 ».
Que nous mijote le gaz ?
Hormis ce pic, si l’on prend du recul sur 10 ans, l’érosion lente et constante de la consommation de gaz est de plus en plus concomitante d’un effort pour soutenir l’essor des énergies renouvelables.
GRT gaz qui transporte le gaz des fournisseurs vers les consommateurs grâce à un réseau national de 32 000km de canalisations enterrées, s’est modernisé depuis 2015 dans notre région. Depuis lors, 30M€ ont été investit dans le projet ‘power to gaz’ de Fos-sur-Mer dont le principe est de transformer une énergie renouvelable – par nature intermittente – en gaz lorsqu’il y a un surplus de production. Ainsi, une énergie qui aurait été perdue est valorisée, sa consommation pouvant être différée. ‘Jupiter 1 000’, c’est son nom, est le premier démonstrateur industriel en France à l’échelle du mégawatt. Une trentaine de demande de raccordement ont été présentées, projets de toute nature pour réaliser de l’injection de méthane de synthèse et d’hydrogène dans le réseau.
« GRT gaz et 10 autres gestionnaires d’infrastructures gazières ont par ailleurs présenté en juillet dernier leur vision du développement d’une « dorsale » hydrogène européenne, qui se traduirait par un réseau de 3 300km de canalisations ‘100% hydrogène’ de Fos-sur-Mer à la frontière allemande d’ici 2040 », ajoute Georges Seimandi, précisant qu’un premier bilan des essais de Jupiter 1 000 sera dévoilé à la fin du premier semestre.
L’hydrogène profite enfin d’un contexte politique plus favorable. Mais il reste à réduire les coûts, « un véhicule à hydrogène étant trois fois plus cher qu’un autre ».
Le GNV semble bien avoir décollé
Pour l’heure, c’est le GNV (Gaz naturel véhicule) qui semble bien avoir décollé. Dans notre région, les achats sont en très forte hausse. Environ 120 camions (+22%) et 250 bus (+60%) circulaient en 2020 en Provence-Alpes-Côte d’Azur, si l’on compare les chiffres avec ceux de 2019. Ces véhicules se ravitaillent en gaz ou biogaz dans 9 stations publiques ; 4 autres stations étant en projet de construction. Au plan national, la barre des 20 000 camions au gaz circulant sur nos routes sera franchie dès 2023, dont les émissions polluantes de CO2 équivaudront à celle d’une flotte de 70 000 camions Diesel. « Il s’agit d’une technologie très performante, sans concurrence et sur laquelle on communique peu », observe Georges Seimandi.
Enfin, la méthanisation semble un peu à la traîne, seuls trois sites (Apt, Sormiou, Fréjus) injectent du biométhane (issu de biodéchets des ménages, résidus de culture, effluents d’élevage) dans le réseau de distribution gazier au titre du « droit au raccordement » qui suscite l’intérêt d’une trentaine de projets en cours. L’énergie fournie actuellement couvre à peine la consommation de 3 800 ménages. Un quatrième site, à cagnes sur mer a été mis en service en 2021.
*La grande industrie a profité du prix de gros le plus bas en Europe à 9€ en moyenne le MWh sur 2020, soit 30% de moins qu’en 2019. (Source : GRT gaz)
Les chiffres régionaux 2020
Consommation de gaz : 40 TWh
Réseau : 1 460 km de canalisations
Clients : 45 points de livraison pour les clients industriels, 161 pour la distribution publique
Emplois : 123 salariés
Investissements : 31M€ en 2019, 18M€ en 2020, 11M€ en 2021