22 novembre 2024 | Graineterie de Carpentras : une reprise d’activité en vue ?

Ecrit par Vanessa Arnal le 25 mars 2022

Graineterie de Carpentras : une reprise d’activité en vue ?

Carpensud vient d’organiser une visite de la graineterie Roux, située à Carpentras, dont la Cove est aujourd’hui propriétaire. Entre rénovation des machines et projet de réhabilitation du bâtiment, que va-t-elle devenir ?

L’association d’entrepreneurs du Comtat Venaissin Carpensud vient d’organiser une visite de la célèbre graineterie Roux de Carpentras, l’une des cinq encore existantes en France, coordonnée par Nicolas Meffre, directeur de Link organisation. L’occasion pour l’association de faire intervenir un de ses récents adhérents Dominique Risueno, dont l’activité principale réside dans la rénovation de machines, mais aussi Stéphanie Collet, directrice des affaires culturelles de la Cove.

Dans un premier temps, Stéphanie Collet a rappelé l’historique de la graineterie Roux, de sa mise en fonction jusqu’à sa cessation d’activité, en passant par son sauvetage de la destruction au début du siècle, ainsi que son rachat par la Cove. Dominique Risueno a ensuite prit la parole afin d’expliquer son activité, encore peu connue du grand public, et de démontrer comment les machines de la graineterie pourraient être rénovées dans un but plutôt pédagogique.

Une graineterie centenaire

Aujourd’hui inscrite en tant que monument historique au Ministère de la culture, la graineterie Roux était à l’origine un moulin. Au début du XXème siècle, Albert Simon dont l’industrie de graines et semences se situe à Sorgues, veut étaler son activité à Carpentras. Il transforme donc le moulin en graineterie juste avant la Première guerre mondiale mais celle-ci vient perturber ses affaires. Il offre le bâtiment quelques années plus tard à son gendre Aimée Roux, en tant que dot, et c’est là que la graineterie prend le nom sous lequel elle est encore connue aujourd’hui.

La plus grosse machine de la graineterie Roux, aussi appelée « le moulin ». Elle se situe dans la salle la plus ancienne et prend tout un pan de mur. ©Vanessa Arnal

De la fin de la préhistoire jusqu’aux années 1980, les paysans étaient autonomes dans la production de semences pour réensemencer leurs champs d’une année sur l’autre. C’est au XIXème siècle seulement qu’on essaye d’améliorer le processus de tri et de décorticage des semences pour optimiser la productivité. Les graineteries sont donc devenues essentielles pour exercer ces fonctions-là.

À partir des années 1920, les techniques d’hybridation et de modification génétique commencent à apparaître. Ainsi, des machines plus performantes viennent s’installer dans les graineteries. Dans les années 1970, les affaires deviennent plus compliquées pour la graineterie Roux mais aussi les autres graineteries françaises puisqu’elles subissent la pression du lobby du maïs américain. Ce dernier crée des espèces hybrides et s’approprie le vivant en déposant des brevets sur ses créations. La graineterie Roux ferme donc ses portes en 2002 et est rachetée par la Cove quelques années plus tard pour éviter sa destruction.

Une des plus anciennes machines de la graineterie Roux. Elle permet de trier les corps étrangers et les graines. ©Vanessa Arnal

Une possibilité de modernisation et de reprise d’activité ?

Aujourd’hui, la graineterie Roux « baigne dans son jus », comme l’indique Stéphanie Collet. Son inscription au Ministère de la culture les protège, elle et ses machines, de toute destruction. Tout a été laissé tel quel. « On dirait presque que les ouvriers ont quitté les lieux hier soir », ajoute la directrice des affaires culturelles de la Cove, avant d’évoquer l’avenir du bâtiment.

Un restaurant sur le thème des graines, un café agencé autour des machines, un laboratoire, un musée ou tout simplement de nouveau une graineterie. Les possibilités de réhabilitation de la graineterie Roux sont nombreuses. Pour l’instant, ces hypothèses n’en sont qu’au stade d’idées, mais la Cove reste optimiste face au potentiel du lieu, notamment grâce à sa superficie qui s’étale sur trois étages.

Dominique Risueno a tenu à ajouter que les machines restent exploitables. « Le bruit poserait un problème au voisinage, mais il serait tout à fait possible d’électrifier les machines individuellement pour les présenter en mouvement lent afin que les visiteurs en comprennent le fonctionnement », a développé le rénovateur de machine. Cet remise en route nécessiterait seulement la cartérisation des machines, c’est-à-dire la création d’une barrière protectrice autour de ces dernières, pour que les potentiels futurs salariés ou visiteurs soient mis hors de danger.

Dominique Risueno explique comment cette machine, appelée le vibraklon et utilisée pour tamiser les graines, pourrait être rénovée. ©Vanessa Arnal

Pour le moment, la graineterie Roux, située près de la gare de Carpentras, garde ses portes closes et ses machines endormies. Le bâtiment reste à la recherche d’un projet, d’une destination, afin de mixer le passé, le présent et l’avenir. Telle est l’ambition de la Cove.

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