23 novembre 2024 | « Face au recul de l’État nous devons créer nos propres richesses » : Gérard Daudet, Maire de Cavaillon et Président de Luberon Monts de Vaucluse

Ecrit par Didier Bailleux le 1 octobre 2024

« Face au recul de l’État nous devons créer nos propres richesses » : Gérard Daudet, Maire de Cavaillon et Président de Luberon Monts de Vaucluse

Déjà célèbre pour ses melons, Cavaillon est en passe de devenir, pour le Sud-Est de la France, une importante place de marché dans le commerce et la distribution de produits alimentaires. Aux côtés des acteurs historiques et des quelques 200 PME de la filière, des entreprises de dimension nationale s’installent aujourd’hui dans la cité cavare. Rencontre avec Gérard Daudet, artisan de ce développement.

« C’est prenant, mais c’est vivifiant », Gérard Daudet savoure aujourd’hui les premiers résultats des décisions qu’il a engagé, depuis plusieurs années, en matière de développement économique. En tête de chapitre de ses projets figure la ZAC des hauts-Banquets dont les premières esquisses remontent maintenant à 2016. Le constat était simple l’agglomération ne dispose pas de friches industrielles ou de réserves foncières pour accueillir de nouvelles entreprises. Il fallait donc faire l’acquisition de terrains pour permettre ces développements. Le choix s’est porté sur des anciennes terres agricoles, laissées à l’abandon depuis plus de 20 ans, situées au sud de la ville en direction de Cheval-Blanc. 45 hectares qui permettront d’accueillir une dizaine d’entreprises et de créer plus d’un millier d’emplois nets (hors transfert). Une aubaine pour un territoire dont le taux de chômage moyen est de deux points supérieur à la moyenne nationale (11 contre 9 %). C’est aussi pour les agglomérations un moyen de faire face au désengagement financier de l’État.

« Face au recul de l’État nous devons créer nos propres richesses »

Gérard Daudet

Mais avant la mise en œuvre de cette zone, Il fallait d’abord la sécuriser en construisant une digue de près de 3 km pour contenir des éventuelles crues de la Durance. Cette digue a également permis de protéger les 7 000 habitants vivants à proximité. Ensuite, il a fallu satisfaire aux nombreuses contraintes techniques et environnementales liées à l’aménagement de ce type de terrain. Le coût total de ce projet pour les collectivités, qui l’ont financé, est de 30 millions d’euros HT (digue comprise).

« Aujourd’hui, on affiche presque complet »

Gérard Daudet

« Aujourd’hui, on affiche presque complet » affirme fièrement Gérard Daudet. Les 15 lots disponibles ont presque tous trouvé preneur. Et c’est le Réseau Le Saint, spécialisé dans la distribution de produits alimentaires frais, qui s’y est installé le premier. Cette entreprise familiale, crée il y a 65 ans en Bretagne est présente un peu partout en France. Elle réalise un CA de 800 M€. En avril dernier Le Saint a racheté VERPRIM, un grossiste en fruits et légumes installé à Verquières (Bouches-du-Rhône). VERPRIM c’est d’ailleurs ce nom qu’a été choisi pour la plateforme cavaillonnaise. L’entreprise emploie aujourd’hui 35 personnes et une centaine à terme.

Face à la demande Il a fallu mettre en place des critères

« Depuis le lancement de cette ZAC nous avons reçu plus de 200 demandes d’entreprises et nous avons discuté avec 70 d’entre eux » précise Gérard Daudet. La localisation de cette ZAC explique pour part importante son succès. Située à toute proximité de l’autoroute A 7, Marseille est à 1 heure, Montpellier à 2 heures et Lyon à 3 heures. Un emplacement idéal.

Face à la demande Il a fallu mettre en place des critères pour sélectionner les entreprises. D’emblée l’idée que les futurs occupants devaient être dans une démarche environnementale s’est imposée. Ensuite « je souhaitais qu’elles offrent le meilleur ratio surface occupée nombre d’emplois créés » précise Gérard Daudet. Les entreprises de la filière agroalimentaire se sont montrées les premières intéressées. La vocation agricole du territoire n’y est sans doute pas étrangère.

Ainsi après Le Saint, c’est l’entreprise Terravita (fabricant d’huiles essentielles et de compléments alimentaires) qui va y regrouper ses établissements d’Aix-en-Provence et de l’Iles-sur-la-Sorgue. Le site devrait être opérationnel pour septembre 2025. Au total c’est également une centaine d’emplois qui seront concernés au terme des 3 phases de développement du projet.

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STEF, le leader européen du transport frigorifique s’y implantera également à partir de 2025 avec à terme 20 000 m2 d’entrepôts et de bureaux. 200 emplois seront créés. A noter que le site actuel situé à proximité du MIN sera conservé.

Si les provençaux aiment les choux fleurs bretons, ces derniers sauront sans aucun doute apprécier les melons de Cavaillon

Autre breton autre projet. La coopérative Even présente dans la production, la transformation et la distribution de produits frais (pour part importante dans le lait) a également signé pour s’implanter aux Hauts-Banquets. Les travaux devraient débuter en octobre prochain pour une mise en fonction prévue pour 2026. Il s’agit là de la construction d’un bâtiment de 17 500 m2 et la création de 200 emplois.

Et cela ne s’arrête pas là puisque sont également attendus dans cette ZAC, Kookabarra, Provence Primeurs ou Aroma-zone.

C’est tout un éco système autour de l’agroalimentaire qui est en train de se constituer. C’est aussi autant d’opportunités pour les producteurs locaux de trouver de nouveaux débouchés pour leurs productions. Si les provençaux aiment les choux fleurs bretons, ces derniers sauront sans aucun doute apprécier les melons de Cavaillon… Comme on dit chez nombre de ces distributeurs les camions ne doivent jamais rouler à vide !

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