Depuis 38 ans l’AHARP se décarcasse pour tendre lamain aux femmes victimes de violences conjugales comme aux mineurs en difficulté
Cette « Association pour l’Hébergement, l’Accueil et la Réinsertion en Provence » a été créée en 1985 par Denis Martin, ingénieur puis directeur-adjoint du site nucléaire de Marcoule. Et c’est lui, (qui fêtera ses 96 ans le 18 septembre prochain), qui a ouvert l’assemblée générale de l’association mardi matin à Avignon. « Je vous remercie vous tous, les personnels et les partenaires qui agissez par conviction et par compétence, vous qui êtes au service de la solidarité envers les plus fragiles ».
Sylvie Martin, co-présidente a dressé le rapport moral : « Notre fil rouge c’est le slogan de l’association, ‘Agissons pour l’avenir’. Et depuis 1985, nous en avons fait du chemin en aidant les personnes dont le parcours a été traumatisant, fait de violences, de séparations et de solitude. Nous avons fait en sorte qu’ils aient un avenir qui rompe avec l’isolement, qui facilite l’inclusion sociale ».
En liaison avec les services de l’Etat et le Conseil départemental, l’AHARP a ouvert une halte-garderie en 1987 (Li Pitchoun), puis une 1ère maison-relais (La résidence Denis Martin, du nom de son fondateur) en 2013, un service « jeunes » pour la protection de l’enfance et l’accompagnement de mineurs isolés étrangers en 2015, en 2021 un centre maternel, en 2022 une maison d’accueil d’urgence pour les enfants et en 2023 une pension de familles de 35 places sur le Grand Avignon. Aujourd’hui, elle fonctionne grâce à une dotation de 5M€.
En partenariat avec l’association « RHESO », elle prend en charge globalement les femmes qui quittent leur domicile, qui se retrouvent sans revenus après leur divorce, parfois victimes de violences conjugales, psychologiques, sous emprise de leur conjoint, avec ou sans enfants eux aussi parfois victimes de violences parentales.
En tout, 9 structures existent aujourd’hui au sein de cette strucure d’économie sociale et solidaire. Luc Crespo, co-président de l’AHARP insiste « Nous sommes là pour accueillir, accompagner, pour lutter contre le sans-abrisme, pour offrir un toit, pour que chacun se sente chez soi, homme, femme, enfant. Nous ne leur disons pas ‘Qu’est ce que vous voulez? Mais ‘Que pouvons-nous faire pour vous?’
En tout, en 2022, 400 personnes vulnérables ont été soutenues par les 76 salariés de l’AHRP, éducateurs socio-éducatifs, animateurs, infirmières, psychologues, conseillers conjugaux, comptables, logisticiens, techniciens, veilleurs de nuit, maîtresse de maison, Leur credo : la solidarité, la protection, le professionnalisme. Il faut savoir que 47% des personnes accompagnées l’an dernier étaient des hommes, 40% des femmes, 8% des femmes avec enfant(s) et 5% des couples.
Les salariés font face à des personnes qui ont des droits de séjour parfois incomplets, des problèmes psychiques ou physiques. Elles sont parfois victimes d’addictions, elles ne parlent pas forcément français.
Parmi les pays dont proviennent ces publics, la Tunisie, Côte d’Ivoire, Guinée, Mali, Somalie, Soudan, Cameroun, Congo, Tchad, Albanie, Bengladesh et Afghanistan, c’est dire la diversité des langues, même si certains pays africains sont francophones.
Le directeur de l’AHARP, Benoit Filist précise : « Les taux d’occupation sont de 92,66% pour les dispositifs d’accueil d’urgence, 97% pour l’insertion, 88% pour les femmes victimes de violences et la durée moyenne des séjours s’allonge en raison de certains freins sociaux ». Une collaboratrice, Faustine ajoute « On a de plus en plus de besoins en alimentation, en hygiène, il y a un engorgement de l’hébergement. Les titres de séjour sont longs à renouveler ce qui empêche l’insertion, le droit au logement. Salima témoigne « Mon but est qu’ils / elles retrouvent le sourire, mais c’est dur quand on voit qu’ils souffrent physiquement, psychologiquement, qu’ils ont des angoisses, des obsessions mais qu’ils veulent passer à autre chose, sans hospitalisation dans un établissement psychiatrique ».
Autre prise de parole, celle de Sylvia : « Dans le centre parental, l’enfant se développe entre son papa et sa maman, harmonieusement, il s’épanouit alors qu’un placement sans eux représenterait un traumatisme. » Emilie, elle s’occupe de médiation sociale grâce à un petit chien : « C’est une façon d’aider un enfant en souffrance. Quand il l’a dans ses bras, qu’il le caresse, un lien corporel se tisse entre eux qui l’aide à lâcher prise, à lui rendre confiance en lui ».
Le « R » de l’AHARP, c’est la réinsertion et elle passe par une formation, un métier. Ils concernent majoritairement le BTP (32%), l’artisanat (12%), les métiers de l’hôtellerie et la restauration (10%), l’automobile (6%) et le transport et la logistique (4%). Le jeune Mohamed Aly a d’ailleurs décroché le 2ème prix de « La meilleure baguette française », catégorie apprenti, c’est dire si son processus d’autonomie est en marche.
Pour conclure, reprenons les mots du trésorier de l’AHARP, Jacques Vincent : « Notre boussolle, c’est non seulement l’accueil mis aussi le soutien psychologique, l’empathie, l’écoute, la bienveillance et le respect de toutes ces personnes cabossées par la vie. »