Un mois après l’arrivée de Georgia Lambertin à la présidence de la Chambre régionale d’Agriculture, ses élus se sont réunis au Puy-Sainte-Réparade pour évoquer l’avenir de l’agriculture de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Entre Aix-en-Provence et La Roque d’Anthéron, au coeur d’un domaine de 200 hectares dont 120 de vignobles, voici Château La Coste. Avec un chai signé Jean Nouvel, la participation des plus grands architectes contemporains (Franck Gehry, Jean-Michel Wilmotte, Renzo Piano) pour les différents aménagements du site comme le Pavillon de Musique, une araignée géante de Louise Bourgeois posée au-dessus d’un plan d’eau-miroir ou encore un « Mobile » d’Alexandre Calder.
C’est au milieu de ce domaine viticole huppé entre béton lisse, verre et acier que se sont réunis les élus de la nouvelle Chambre Régionale de la Région Sud, avec à sa tête, une femme, la seule en France à siéger au Bureau des Chambres d’Agriculture, la vauclusienne de Venasque, Georgia Lambertin a succédé à André Bernard le 11 mars.
Un travail collectif
Entourée des représentants des six départements (Alpes-Maritimes, Alpes-de-Haute-Provence, Hautes-Alpes, Bouches-du-Rhône, Var et Vaucluse), elle a esquissé la feuille de route de la mandature 2025-2031. « Nous sommes là pour poser notre pierre à l’édifice, partir sur de nouvelles bases, travailler collectivement avec les compétences de chacun, faire face aux enjeux climatiques, à la raréfaction de la ressource en eau dans toutes les filières, que ce soit en viticulture, maraîchage, arboriculture, oléiculture, plantes aromatiques et à parfums ou élevage. Tirer nos productions vers le haut. »
« D’ici 10 ans la moitié des agriculteurs vont partir à la retraite. »
Georgia Lambertin
Georgia Lambertin poursuit : « D’ici 10 ans la moitié des agriculteurs vont partir à la retraite, nous devons donc nous renouveler, attirer des jeunes, leur transmettre les exploitations, les former à gérer, à se mettre au courant des normes, lois, règlementations qui nous étouffent. » Elle se félicite d’avoir Bénédicte Martin, son amie, vice-présidente de la Région Sud, fille de paysans. « Avec elle, nous travaillons en bonne intelligence, main dans la main, elle connaît les difficultés du monde paysan depuis qu’elle est toute petite, elle est un réel soutien. »
Trois axes de travail
Elle évoque les trois axes de travail de la nouvelle Chambre : « Défendre la dignité du métier d’agriculteur, l’armer face à la concurrence, le défendre face au sentiment d’oppression, de harcèlement administratif et numérique, l’aider moralement. »
Les autres élus évoquent tour à tour la énième Loi Egalim. « Sur 100€ dépensés dans l’alimentaire, seulement 7€ finissent dans la poche du paysan », « Nous devons nous coordonner, nous fédérer pour peser sur les décisions », « La loi d’orientation agricole n’a toujours rien précisé sur les revenus minima », « Laissez-nous travailler sur nos tracteurs au lieu de nous em… avec des mails comminatoires et nous faire passer des nuits blanches devant l’ordinateur. »
La présidente a conclu en évoquant le rôle essentiel de la Chambre Régionale d’Agriculture. « Elle est là pour représenter et défendre les intérêts des paysans. Elle est composée d’ingénieurs, de techniciens compétents qui conseillent, forment, aident les fermiers à s’adapter à la sècheresse, à limiter l’utilisation de l’eau et des intrants, à respecter l’environnement, à participer à la souveraineté alimentaire. Elle doit continuer à promouvoir les productions labellisées qui sont la fierté de la Provence avec ses centaines d’ AOC, AOP, Label Rouge, ses fruits et légumes qui en font la 1ère région bio de France. Et sa pôle-position pour la cerise, l’huile d’olive, le raisin de table et la lavande. »