Cécile Helle, maire d’Avignon, ne briguera pas de 3e mandat. Elle l’avait fait savoir aux élus de sa majorité au dernier moment, juste avant d’en informer les avignonnais lundi 3 février par une lettre ouverte parue dans les média. A priori personne n’aurait dû douter de ce moment puisque la plus jeune députée de France devenue Conseillère régionale puis maire avait bien précisé, dès son élection de 2014, qu’elle ne ferait pas de 3e mandat. L’élue socialiste a également mentionné qu’elle ne ferait pas partie de la prochaine équipe mais qu’elle pourrait conseiller celle-ci au regard de son expérience de maire.
«Je savais que ce choix allait surprendre, parce que je suis une femme d’engagement, que je me suis consacrée à mon mandat de maire et que j’ai démissionné du Conseil régional alors que je n’y étais pas obligée. J’ai dit que je diminuerai les indemnités des élus y compris celle du maire de 20% et je l’ai fait. J’ai assaini les finances de la Ville sans augmenter les impôts, et transformé celle-ci. J’ai dit que je ferai 2 mandats et je m’y tiens parce que je pense que la politique a besoin de renouvellement. J’ai des fonctions électives sans interruption depuis 1997 et en 2026 j’affleurerai les presque 30 ans en mars 2026.»
«J’ai côtoyé de loin ou de près des personnalités politiques, des maires qui ont assumé un 3e mandat et je considère que ce n’était pas le plus réussi pour plusieurs raisons. Je ne suis pas la seule à avoir pris cette décision également partagée par Bertrand Delanoë qui a estimé avoir fait un parcours au sein de la ville de Paris et qui avait envie de passer la main, Eric Piolle, maire de Grenoble, défend cette même position. Evidemment, je mettrai toute mon énergie pour que la continuité municipale soit assurée. Et celle-ci passera par un projet.»
«J’ai dit que je ferai 2 mandats et je m’y tiens.»
«Ce que je retiens de 2014 et de 2020 ? C’est qu’il faut avancer avec des propositions, les expliquer et les partager avec la avignonnais pour que le choix démocratique soit porté collectivement. Pour cela, il faudra être rassemblés. Aujourd’hui, nous sommes une majorité avec une diversité politique puisqu’il y a à la fois des membres du Parti communiste mais aussi des élus qui se revendiquent plus en proximité avec le président de la République. Ce rassemblement se construira sur un projet, des valeurs et des conditions.»
«J’assumerai mon mandat de maire jusqu’en mars 2026.»
Le choix ?
« Il se portera sur un talent et des ambitions, la capacité à porter un projet, à faire avancer Avignon, à se projeter vers l’avenir, notamment par rapport aux défis climatiques, en termes démocratiques, de citoyenneté et de solidarité. Il faudra aussi être en capacité de rassembler la diversité politique. Je sais ce qu’être maire veut dire donc oui, je dirai mon choix, cependant ce choix devra rester collectif. J’assumerai mon mandat de maire jusqu’en mars 2026 car il y a beaucoup de projets à porter en y mettant toute mon énergie, mon engagement, la sincérité dans la relation que je tisse avec les avignonnais. J’essaie de démontrer par la preuve et les actes.»
«Ce que je porte»
«Je porte une très belle proposition culturelle avec Curiosités qui reçoit visiblement un écho très positif au sein de la population, c’est une belle motivation pour une fin de mandat. Nous allons inaugurer les Bains Pommer, renforcer l’offre muséale et donc l’offre touristique et l’attractivité de la Ville. Nous allons livrer la 1re tranche du Jardin des Doms dont les sols vont être rendus perméables. Nous allons lancer un réseau de chaleur urbain pour un accès à une énergie vertueuse et peu coûteuse, dans les quartiers populaires. La rénovation du groupe scolaire Saint-Roch est entamée et celle des Grands Cyprés aura lieu entre 2027 et 2029. Tous ces travaux seront réalisés après 2026 et c’est le propre d’un maire de préparer sa ville à l’avenir.»
«La transformation des quartiers populaires a été un point fort de mes mandats. Il fallait enclencher une dynamique ambitieuse qui se traduit par 150M€ de solidarité de l’Etat des quartiers d’Avignon pendant 10 ans, via le NPNRU. Nous rentrons dans cette phase de transformation dès cette année. Les réhabilitations d’immeubles, les démolitions les reconstructions.»
Le commerce
«Nous avons contribué à l’économie locale pour le commerce de proximité, avec la requalification urbaine des rues des Trois faucons, de la place Saint-Didier, de la rue de la Bonneterie, du parvis Sud des Halles, des rues Carreterie, Carnot et maintenant Thiers. Je constate aujourd’hui qu’il y a plus de devantures de commerce ouvertes. Cette économie locale s’appuie aussi sur le l’Ecomin (Marché d’intérêt national) qui accueille 120 entreprises et 1 400 emplois en lien avec le centre-ville d’Avignon et fait partie de notre écosystème local. Nous étudions la possibilité d’une foncière du commerce. Egalement, Le printemps d’Avignon (Terre de culture) va mettre en valeur tout l’écosystème de la culture -dont une quinzaine de structures- pour former les futurs comédiens, techniciens du spectacle, spécialistes du jeu vidéo, la Villa créative…»
Les fondamentaux
«J’aimerais que cette dynamique perdure : l’éducation aux enfants et à la jeunesse, la transformation de la ville pour la qualité de vie, notamment dans le cadre du changement climatique, et la situation financière très saine de la Ville, dont je vous rappelle que ça n’était pas le cas à notre arrivée. La solidarité est aussi ma façon de lutter contre le fascisme. Pour moi, ça a été de baisser deux fois les tarifs de la restauration scolaire, alors que nous étions dans une situation inflationniste- car nous nous sommes vite aperçus que des enfants pouvaient enfin y accéder pour y manger.»
Les mobilités
«J’ai fait deux mandats de maire sans être présidente du Grand Avignon. Ça n’a pas forcément bridé ma capacité d’actions mais ca ne l’a pas forcément facilité, notamment sur certains enjeux. Puisque le tramway est là, il faut lui donner plus de sens. Nous aurions besoin d’une mobilité plus ambitieuse à l’échelle de l’agglo, car le problème de circulation qui se pose à Avignon ne relève pas de ses habitants, mais de ceux qui travaillent hors d’Avignon. Le parking des Angles n’a pas été réalisé pour l’instant. Il nous faut réfléchir aux flux de voitures qui viennent du Gard et d’Avignon Nord ; proposer le développement de transports en commun ; travailler sur l’étoile ferroviaire qui est un vrai atout puisque les rails et les gares existent via des TER en partance d’Orange, de Carpentras, de Tarascon, Beaucaire, Cavaillon et Bagnols-sur-Cèze. Enfin, il nous manque 800 mètres pour faire la jonction entre la Léo (Liaison Est Ouest) et le rond-point de Châteaurenard. Les maires de Rognonas, Barbentane et le président du Grand Avignon sont d’accord avec moi pour aller voir, ensemble, le préfet de Région et lui dire à quel point ces quelques mètres de jonction sont importants pour le trafic routier. Il y a urgence à trouver la solution la moins écologiquement et financièrement impactante, dans l’intérêt général du bassin de vie d’Avignon. Cela permettra enfin de diminuer significativement le trafic sur la Rocade.»
MMH
Cécile Helle
Cécile Helle a été députée de Vaucluse de 1997 à 2002 et Conseillère régionale de Provence-Alpes-Côte d’Azur de 2004 à 2014. Elle est élue maire d’Avignon et est entrée en fonction en avril 2014 et réélue en juillet 2020. En février 2025 elle annonce qu’elle ne briguera pas de 3e mandat ni aucune autre fonction politique. Elle a succédé à Marie-Josée Roig. Elle est la première vice-présidente du Grand Avignon. Elle a refusé le poste de Ministre de la Ville et du Logement sous le gouvernement de Michel Barnier.