Près de deux entrepreneurs sur trois ont déjà eu recours à des pratiques financières discutables. Des dépenses personnelles réglées avec les fonds de l’entreprise aux notes de frais gonflées, les mauvaises habitudes sont monnaie courante. Pourtant, la majorité des entrepreneurs français se disent bien informés sur ces aspects financiers. Alors, comment expliquer ce décalage entre la confiance affichée et les pratiques réelles ? Une étude menée par l’organisme de données statistiques Flashs pour L-Expert-Comptable.com auprès d’un panel de 1200 dirigeants d’entreprises et freelance, révèle ces pratiques et les disparités selon l’âge, le sexe et le statut professionnel.
« Si l’entrepreneuriat est souvent associé à l’audace et à l’innovation, la gestion financière en est un pilier souvent méconnu, explique Léa Paolacci, responsable d’étude et co-fondatrice de Flashs. Une étude menée par l’organisme de données statistiques Flashs pour L-Expert-Comptable.com lève le voile sur les pratiques financières de 1 200 entrepreneurs français, révélant une réalité contrastée entre confiance en soi et lacunes potentielles. Bien que la majorité se dise bien informée sur les aspects financiers, certaines pratiques interrogent, notamment en ce qui concerne l’utilisation des fonds de l’entreprise et le recours à l’expertise comptable. Cette étude met en lumière un paradoxe : une confiance affirmée, mais des actions parfois en décalage avec une gestion financière rigoureuse. »
La confiance des entrepreneurs en leur expertise
Une large majorité d’entrepreneurs affirment avoir de bonnes connaissances en gestion financière.
- 86% des entrepreneurs interrogés estiment avoir de bonnes connaissances en matière de gestion financière. Parmi eux, 30% se considèrent même ‘experts’.
- Cette assurance est particulièrement marquée chez les chefs d’entreprise (37%).
- Les jeunes entrepreneurs (18-24 ans) affichent également une plus grande confiance en leurs compétences (42%) que leurs aînés.
Des sources d’information contrastées
L’expérience façonne les choix des sources d’information des entrepreneurs.
- 45% des entrepreneurs expérimentés privilégient les conseils de professionnels, alors que 33% des débutants se tournent davantage vers internet et les réseaux sociaux.
- Cette dichotomie met en lumière l’importance cruciale d’un accès à des informations financières fiables et adaptées à chaque étape du parcours entrepreneurial.
Des pratiques financières à encadrer
Les dérives financières sont courantes et concernent près de 2/3 des entrepreneurs.
- 62% des entrepreneurs ont déjà adopté des pratiques financières discutables. Parmi elles, l’octroi de cadeaux en nature à des clients ou partenaires (40%), l’utilisation des fonds de l’entreprise pour des dépenses personnelles (39%) ou l’omission de déclarer certains revenus (24%) sont monnaie courante.
- Ces pratiques sont plus fréquentes chez les hommes (67%), les chefs d’entreprise (70%) et les entrepreneurs les plus expérimentés (61%).
- Paradoxalement, 69% de ceux se déclarant ‘experts’ en gestion financière sont les plus enclins à adopter ces pratiques.
Des futures vacances aux frais de l’entreprise pour un quart des entrepreneurs
- 27% des entrepreneurs envisagent d’utiliser leur carte bancaire professionnelle pour leurs dépenses personnelles pendant les vacances d’été. Une pratique plus courante chez les hommes (33%) et les chefs d’entreprise (32%).
- Par ailleurs, 19% des répondant(e)s se disent ‘tentés’ d’utiliser leur carte bancaire professionnelle à cette fin.
Le contrôle fiscal, une source d’inquiétude
Le spectre du contrôle fiscal redouté par de nombreux entrepreneurs.
- 32% des entrepreneurs redoutent un contrôle fiscal, en particulier les dirigeants d’entreprise (36%) et les jeunes (49%). Cette inquiétude est également renforcée chez ceux ayant déjà eu recours à des pratiques financières discutables (42%).
- Face à cette inquiétude, un besoin en formation se fait sentir. En effet, 37% réclament davantage de formations et du conseil sur les bonnes pratiques financières.
Micro-entrepreneur : un statut pratique aux frontières encore ambigües
Bien qu’une grande majorité des entrepreneurs connaissent les limites de leur statut, une grande disparité existe selon l’âge.
- Si 76% des micro-entrepreneurs connaissent les limites de leur statut, seulement 64% des jeunes (18-24 ans) déclarent être bien informés, contre 80% pour les plus de 35 ans. Ce point souligne la complexité du système et la nécessité d’un accompagnement personnalisé pour aider les entrepreneurs, notamment les jeunes, dans leurs choix tout au long de leur carrière.
- Par ailleurs, le coût perçu lors d’un changement de statut juridique reste un frein majeur, même pour les entrepreneurs bien informés (40%).
L.G.