Le genre du capital : Comment la famille reproduit les inégalités, un ouvrage de Céline Bessière et Sybille Gollac aux éditions La découverte ‘L’envers des faits’.
C’est en famille que se jouent parfois les rivalités les plus fortes. A l’heure de la succession, quand il s’agit de répartir le patrimoine, les injustices éclatent, et il n’est pas rare que les premières victimes en soient les filles. Un héritage historique pourrait-on dire, car c’est dans les familles bourgeoises, au XIXe siècle, il convenait que le fils ainé reprenne l’affaire familiale, tandis que la ou les filles avaient pour mission de maintenir la cohésion du clan. Ce que l’on sait moins, c’est que cette différence de traitement entre les hommes et les femmes perdure encore aujourd’hui, en France, malgré les droits formellement égaux entre les deux sexes. Conjoint ou conjointe, frère ou sœur, père ou mère… n’occupent pas les mêmes positions dans les stratégies familiales, et n’en tirent toujours pas les mêmes bénéfices.
En savoir plus ?
On sait que le capitalisme au XXIe siècle est synonyme d’inégalités grandissantes entre les classes sociales. Ce que l’on sait moins, c’est que l’inégalité de richesse entre les hommes et les femmes augmente aussi, malgré des droits formellement égaux et la croyance selon laquelle, en accédant au marché du travail, les femmes auraient gagné leur autonomie.
Comprendre pourquoi
Pour comprendre pourquoi, il faut regarder ce qui se passe dans les familles, qui accumulent et transmettent le capital économique afin de consolider leur position sociale d’une génération à la suivante. Conjointes et conjoints, frères et soeurs, pères et mères n’occupent pas les mêmes positions dans les stratégies familiales de reproduction, et n’en tirent pas les mêmes bénéfices. Fruit de vingt ans de recherches, ce livre montre que le capital a un genre.
Les auteurs
Céline Bessière et Sibylle Gollac enquêtent sur les calculs, les partages et les conflits qui ont lieu au moment des séparations conjugales et des héritages, avec le concours des professions du droit. Des mères isolées du mouvement des Gilets jaunes au divorce de Jeff et MacKenzie Bezos, des transmissions de petites entreprises à l’héritage de Johnny Hallyday, les mécanismes de contrôle et de distribution du capital varient selon les classes sociales, mais aboutissent toujours à la dépossession des femmes. Ce livre analyse ainsi comment la société de classes se reproduit grâce à l’appropriation masculine du capital.
Les infos pratiques
Le gendre du Capital : comment la famille reproduit les inégalités. Céline Bessière (Sociologue et professeur à l’Université de Paris-Dauphine et Sybille Gollac (sociologue et chercheuse au CNRS). Editions La Découverte ‘L’envers des faits’. 18,90€.