Réunis à Grenoble à l’occasion de leurs Assises nationales, les commissaires aux comptes (CAC) de toute la France ont eu l’occasion de se pencher sur les conséquences de l’avènement de l’IA dans leurs métiers. L’occasion aussi de se pencher sur son intégration.
Délocalisées tous les deux ans en région, c’est à Grenoble que se sont tenues, les 5 et 6 décembre, les assises nationales des commissaires aux comptes, sur la thématique de l’intelligence artificielle (IA).
IA et certification des comptes : comprendre les process des entreprises
Après l’intégration des données extra financières, c’est un nouveau virage d’importance qui s’impose en effet aux professionnels de la certification de comptes. « L’enjeu de la durabilité demeure et entre actuellement dans sa phase de mise en œuvre. Mais l’accélération de la transition numérique amenée par l’IA nous amène à repenser nos modèles », avance Philippe Vincent, président de la Compagnie nationale des commissaires aux comptes (CNCC), élu en novembre dernier. « Nous sommes par définition les professionnels qui certifient la donnée, l’IA massive bouscule nos méthodes de travail ».
Un constat partagé par Antoine Sirand, président de la Compagnie régionale des commissaires aux comptes (CRCC) Dauphiné-Savoie, hôte de l’évènement. « Ces nouvelles technologies sont adoptées par nos clients et intégrées dans leurs process, nous sommes donc obligés de nous acculturer à ces sujets, et d’en comprendre les opportunités et les limites, pour optimiser nos audits ».
Intelligence artificielle : un outil pour les commissaires aux comptes ?
L’autre question posée par l’avènement de l’IA dans les pratiques des CAC, est celle de la compatibilité entre la certification de données et la délégation de certaines tâches à une IA. « Nos cabinets sont des entreprises comme les autres et nous sommes à la recherche de gains de productivité, et l’IA est manifestement une des solutions », poursuit Antoine Sirand. Le président de la CRCC précise que la commission nationale développe actuellement un outil d’IA dont l’objectif sera d’aller chercher des données dans des bases fiables pour solutionner des questions juridiques.
Philippe Vincent explique également que les professionnels usent déjà d’outils numériques. « La vigilance nécessaire avec l’IA réside dans le fait qu’on ne sait pas reproduire son raisonnement. Il faut trouver des sécurités de traçabilité, ‘d’auditabilité’ qui est la pierre angulaire de nos métiers. Mais à l’heure où nos clients, et les entreprises en général, produisent de plus en plus de données, avoir un outil qui permet d’aller plus vite sur certains traitements, à partir du moment où on les maitrise et qu’on les a sécurisés en termes de qualité d’information et de traitement, il faut y regarder. On va gagner en temps et en pertinence. On pourra peut-être, au lieu de travailler sur des échantillons travailler sur la totalité des données de l’entreprise ».
Assises nationales des commissaires aux comptes à Grenoble : un millier de participants
Les 25 exposants du salon organisé à l’occasion de ces deux jours de réflexion étaient aussi sélectionnés pour guider les CAC dans la voie de l’IA : éditeurs de logiciels, drones programmés pour réaliser des inventaires dans les entrepôts…
Le président de la CRCC Dauphiné-Savoie s’est réjoui par ailleurs du succès de l’évènement. « Ça surpasse nos attentes puisqu’au niveau de la compagnie, plus de la moitié de nos 400 confrères sont présents : c’est une mobilisation comme jamais on a eu. Et globalement, on compte plus d’un millier de participants, ce qui est une belle performance pour des assises délocalisées en province. »
Caroline Thermoz-Liaudy, de l’Essor Isère pour RHE