Philippe Pellaton, président de la cave Sinnae à Laudun, vient d’être élu président d’Inter-Rhône. Il succède à Michel Chapoutier pour un mandat de 3 ans durant lequel il entend poursuivre la politique de montée en gamme, de hiérarchisation et environnementale de l’interprofession.
Philippe Pellaton, 51 ans, est le nouveau président d’Inter-Rhône. Il succède à Michel Chapoutier, qui vient d’achever 2 mandats de 3 ans à la tête de l’interprofession regroupant 1 500 opérateurs des vins AOC (Appellation d’origine contrôlée) des Côtes-du-Rhône et de la vallée du Rhône. Selon les modalités de gouvernance en usage au sein de l’interprofession, c’est donc un représentant de la production qui succède à un élu du secteur du négoce.
Un changement dans la continuité puisque Philippe Pellaton était déjà vice-président d’Inter-Rhône depuis 2010 et membre de la commission promotion depuis 2004. Il est aussi le président depuis 18 ans de la maison gardoise Sinnae (ex-cave coopérative de Laudun Chusclan Vignerons). Cette cave, créée en 1925, regroupe aujourd’hui 200 vignerons coopérateurs répartis sur 25 communes avec plus de 2 800 hectares de production et un potentiel de 130 000 hectolitres annuel. Il s’agit du premier producteur en volume des Côtes-du-Rhône et Côtes-du-Rhône Villages (8 millions de bouteilles).
« Certaines appellations des Côtes-du-Rhône sont aujourd’hui loin de leur potentiel de production ».
Le nouveau président d’Inter-Rhône entend poursuivre le mouvement de « premiumisation », en continuant de relever la valeur des vins de la Vallée du Rhône tout en diversifiant la production vers les blancs (15% d’ici 5 ans contre 10 % actuellement) et les rosés (20 à 25 % au lieu de 15 %).
En parallèle de cette diversification de la production, Philippe Pellaton réaffirme sa volonté de valoriser par la hiérarchisation et la montée en puissance des Côtes-du-Rhône Villages avec indication géographique et des Crus. Le nouveau président envisage une belle marge de progression puisque, pour lui, « certaines appellations des Côtes-du-Rhône sont aujourd’hui loin de revendiquer tout leur potentiel de production ».
Philippe Pellaton souhaite, enfin, continuer d’accompagner l’ensemble du vignoble dans une démarche environnementale type HVE (Haute valeur environnementale) ou RSE (Responsabilité sociétale des entreprises).
« Depuis plusieurs années, les pratiques vertueuses d’un engagement RSE sur les plans économiques, sociaux et environnementaux sont reconnues par les acteurs du vignoble, vignerons, caves coopératives et négociants, insiste-t-il. L’objectif est de maintenir l’équilibre entre l’efficacité économique, le respect de l’environnement et le progrès social. » Une approche que Philippe Pellaton souhaite rendre pérenne et collective en incitant « toutes les parties prenantes des Côtes du Rhône et de la Vallée du Rhône à le suivre, il pourra s’appuyer sur l’exemplarité d’Inter Rhône qu’il souhaite faire labelliser ».
« Nous nous inscrivons dans un moment de grande confusion. »
Le nouveau président d’Inter-Rhône est aussi revenu sur les conséquences de la conjoncture actuelle. Si le Covid-19 a focalisé l’attention, le secteur a également été touché par la mise en place des taxes douanières voulues par l’administration Trump aux Etats-Unis ainsi que la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne : les deux premiers pays clients à l’export des vins de la Vallée du Rhône.
« Nous nous inscrivons dans un moment de grande confusion, tant au niveau national qu’au niveau international, explique-t-il. Nous venons de traverser 6 mois compliqués et nous avons devant nous 6 mois sans visibilité. »
Si pour l’instant le Brexit semble ne pas avoir eu de conséquences sur la demande outre-Manche, le marché américain a connu une baisse de -20 % sur les 12 derniers mois et de -46 % entre janvier et août 2020. En Chine, autre pays convoité par Inter-Rhône, le recul est de plus de 40 % sur les 8 premiers mois de l’année.
L’impact est cependant moins important puisque la Chine représente moins de 50 000 hl, là où les Etats-Unis pèsent 150 000 hl par an. « Il s’agit de 2 pays ciblés par Inter-Rhône depuis des années qui constituent des relais de croissance, tant en volume qu’en valeur », précise Philippe Pellaton qui entend par ailleurs restructurer le pôle technique de l’institut rhodanien afin d’en faire un véritable outil de mutation du secteur au profit des adhérents d’Inter-Rhône.
Un vigneron engagé dans le combat syndical
Titulaire d’un diplôme d’ingénieur en agriculture obtenu à l’école d’ingénieurs en agronomie, agro-alimentaire et environnement de l’Isara de Lyon, Philippe Pellaton a d’abord occupé un poste de responsable commercial dans un laboratoire vétérinaire avant de s’installer comme jeune agriculteur en 1999 à Laudun, sur l’exploitation familiale. Il y reprend les 8 ha de son grand-père. Aujourd’hui, son exploitation compte 35 ha certifié HVE (Haute valeur environnementale). Il produit une partie en bio et réalise 20 % de sa production en blanc.
Particulièrement actif en termes de représentation syndicale, il a enchaîné 4 mandats de président du Syndicat général des vignerons des Côtes-du-Rhône. Une présidence qu’il va abandonner en décembre prochain. Depuis juillet dernier, il a également cessé son mandant au sein de la Fédération des AOC (Appellations d’origines contrôlées) du Sud-Est. Il fera bientôt de même d’ici quelques semaines au sein de la Confédération nationale des vins d’origine (Cnaoc). En revanche, après avoir été président du Comité régional vins de l’Institut national de l’origine et de la qualité (Inao), Philippe Pellaton en restera membre.