Plus de 300 invités le 4 juillet dans le magnifique site du Château de Massillan à Uchaux pour la seconde « Nuit du Commerce de Proximité » organisée par la Chambre de commerce et d’industrie de Vaucluse. Une gentilhommière du XVIIème siècle avec un hôtel 4 étoiles, deux restaurants, l’un bistronomique et l’autre gastronomique, des salles de séminaires, une piscine sur le toit, un jardin potager avec légumes anciens, lavandes, aneth, thym, laurier et romarin, un parc de 10 hectares et même un terrain de pétanque à l’ombre de pins et platanes centenaires. Un site rénové par l’ancien « roi du quinoa », l’ardéchois Didier Perréol, infatigable entrepreneur depuis plus de 40 ans.
C’est ce cadre somptueux que Gilbert Marcelli, le Président de la CCI 84 et Tomas Redondo, le Directeur Général ont choisi pour évoquer les nouvelles tendances du commerce, la nécessité pour les commerçants de se réinventer face au e-commerce et à la grande distribution et d’insuffler une nouvelle énergie au coeur de l’économie locale de proximité.
Etait présent également Philippe Coy, Président National des Buralistes. « Ils sont au nombre de 23 000 en France aujourd’hui, alors qu’on en recensait 34 000 il y a 25 ans. Nous ne sommes pas que des débitants de tabac. Nous aussi nous avons dû évoluer pour ne pas disparaître, notamment en zone frontalière puisque les fumeurs allaient à l’étranger acheter des cigarettes moins taxées qu’en France. Nous sommes un commerce de proximité, notre rôle est de rendre service au public avec les timbres-amendes, les jeux à gratter, le service postal ou bancaire, voire les cigarettes à vapotage. Nous sommes devenus des relais de lien social. On ne se renie pas, on s’adapte ». L’un des 207 patrons de bureaux de tabac de Vaucluse, Yohan Tissier, a témoigné de son expérience à Vacqueyras : « Au fil des mois, à l’écoute des demandes des clients, de leurs suggestions, nous sommes aussi devenus un centre de presse et une épicerie de village ».
Emmanuelle Sokolowsky, créatrice du showroom et de la marque « Almé » une ligne de vêtements pour femmes fortes, implanté à Avignon explique sa démarche. « Après ma 2ème grossesse, j’avais pris pas mal de kilos et j’ai constaté qu’il y avait très peu d’articles pour les femmes qui font une taille de 44 ou 46, or elles sont plus 40% en France. Il y avait un manque, je l’ai comblé. Cest un lieu où on chouchoute les clientes, elles peuvent prendre leur temps, essayer les vêtements dans une ambiance cosy et bienveillante et elles se sentent belles ». Aujourd’hui Almé emploie une trentaine de salariés et compte plus de 130 000 clientes. Un autre site ouvre Rue de la Boétie à Paris.
Renaud Sore-Larregain, Président de l’Observatoire des Centres-Villes travaille pour le renouveau des coeurs de villes. « 9 Français sur 10 plébiscitent les terrasses de café, pourquoi? Parce qu’on y discute, on parle à des gens qu’on ne connaît pas, parfois on sympathise. Aujourd’hui, de plus en plus de jeunes sont attachés justement à ces coeurs de villes. Tout est à côté du domicile : les commerces, la crèche, l’école, le cinéma, la culture, le bus, le médecin, le boulot. Pas besoin de permis, de voiture, on y va à pied ou à vélo. Contrairement à leurs parents, ils préfèrent « être » plutôt qu’ « avoir ». Leur travail a un sens, plus que leur salaire. Il faut absolument réduire l’étalement urbain, éviter les déplacements, ça fera baisser la pollution et ça augmentera la qualité de vie. On a bien vu la colère des gilets jaunes, ces habitants de lotissements péri-urbains, loin de tout, obligés de prendre leur voiture pour faire les courses dans des hypersmarchés impersonnels où personne ne leur parle. D’ailleurs, depuis une dizaine d’années ces immenses centres commerciaux déclinent, ils souffrent. Les gens préfèrent des structures plus petites, plus accueillantes, à taille humaine où le commerçant leur sourit. »
Alain Gallu, le maire de Pierrelatte est venu en voisin de la Drôme parler de ce qu’il a mis en place pour dynamiser le centre-ville, y recréer des activités. « Nous demandons aux commerçants de se former, d’avoir un concept, de se singulariser voire de surprendre les clients potentiels. On a bien vu que les enseignes Zara, Darty, HM périclitaient. »
Olga Crépet est Directrice du Commerce à la mairie d’istres, au bord de l’Etang de Berre, dans les Bouches-du-Rhône. « Quand je suis arrivée, il y a 10 ans, il y avait 23% de boutiques et magasins fermés, aujourd’hui on est à 10%. Avec les artisans, coiffeurs, charcutiers, poissonniers, boulangers, notaires, propriétaires privés, on a lancé une ‘Bourse aux locaux vacants ». On ne voulait plus d’alimentations de nuit où prospèrent les trafics en tous genres, ni de bars à chicha. Et ça marche. »
Pour cette 2ème « Nuit du Commerce de Centre-ville » après Lacoste en décembre dernier, Gilbert Marcelli, le dynamique président de la CCI 84, a salué tous les invités présents dans l’une des salles de réception du Château de Massillan, élus, commerçants et artisans. « Dans le cadre du lancement de nos chèques-cadeaux, nous avons, avec les services de la CCI, visité plus de 11 EPCI (Etablissements Publics de Coopération Intercommunale), 50 communes et plus de 1 800 commerces. Partout nous avons reçu un bel accueil, rencontré des acteurs du monde économique et la question de la re-dynamisation des centres-villes était systématiquement aux coeur des échanges. Aussi bien en termes de dispositifs pour relancer l’économie locale que de pratiques innovantes pour nombre de commerçants, avec de belles histoires de vie à la clé ».
Le Président Marcelli poursuit. « Nous avons aussi en mai dernier participé aux Assises Nationales des Centres Villes au Palais des Papes. Il y a été question de la culture, de la transformation des usages des bâtiments, des mobilités. Tous ces éléments nous ont amenés à construire notre thématique ce soir à Uchaux. Cette soirée est dédiée au commerce et aux coeurs de villes, les 2 piliers essentiels de la vitalité de nos communautés. Les boutiques, marchés et restaurants, leurs lieux de rencontre et de vie sont bien plus que des espaces communaux ou commerciaux. Ils sont le coeur battant de nos cités, site de convivialité où se tissent des liens sociaux, culturels et économiques. Ils représentent notre patrimoine, notre histoire et surtout notre avenir ».
C’est à ce moment-là que Gilbert Marcelli a évoqué « La Foncière » créée par la Banque des Territoires, la Caisse d’Epargne et Grand Delta Habitat. « Désormais, quand le bailleur GDH réhabilitera des logements, la CCI pourra disposer, au rez-de-chaussée, de locaux pour y installer des commerces à loyers ou prix modérés et non spéculatifs. A la Chambre de Commerce, nous savons bien que le commerce de proximité joue un rôle crucial dans le tissu urbain, il favorise l’iimplantation de boutiques variées, dynamiques, qui renforcent l’attractivité, créent des emplois, renforcent l’économie locale et offrent des services de proximité indispensables à nos concitoyens Ils incarnent aussi une dimension humaine et chaleureuse que les grands centres commerciaux peinent souvent à reproduire. Il est égallemnt essentiel de souligner l’importance de l’innovation et de l’adaptation du commerce de centre-ville. »
Il évoque alors le principal concurrent immatériel, le commerce en ligne. « Il prend une place prépondérante, nos commerçants doivent redoubler d’ingéniosité pour offrir des expériences uniques et personnalisées. C’est en intégrant les nouvelles technologies, en misant sur la qualité et en valorisant les circuits-courts que nos commerce de proximité peuvent tirer leur épingle du jeu, se différencier et séduire une clientèle toujours plus exigeante. Nous sommes là, élus, commerçants et acteurs économiques pour réfléchir ensemble, faire évoluer nos territoires et partager expériences et bonnes pratiques ».
Après « Les Trophées du Commerce » en mars, le lancement des « Chèques-Cadeaux Horizon Commerce » en juin et la création de « La Foncière », Gilbert Marcelli se décarcasse avec ses équipes pour qu’on ne voie plus de rideaux de fer baissés dans les rues de nos villes et villages. Et surtout pour que les centres-villes soient attractifs pour tous, aussi bien les vauclusiens qui y vivent que les touristes qui viennent chez nous en vacances, or ils sont plus de 4 millions par an à choisir la destination Vaucluse.