Elle a installé son atelier en 1988 à côté de La Manutention et d’Utopia à Avignon et travaillé le verre sous toutes ses formes. Miroirs, vitres, portes, baies, garde-corps, escaliers, dalles, trophées, vasques, crédences, bouteilles, verres, luminaires, mobilier. Elle a maîtrisé toutes les techniques : argenture, piquetage, thermoformage, dorure à la feuille, bouchardage (avec un petit marteau on casse le verre et on utilise ses éclats).
« Dessiner a toujours été ma raison d’être » explique l’une des rares femmes maître-artisans verrier en France. En fait, rien ne la destinait à ce métier-passion. « Le verre c’est froid, ça se casse, ça se raye, je préférais les couleurs et d’autres matières. » Née à Marseille, elle arrive à 8 ans dans la cité des papes et est attirée par ce qui est créatif. Elle fait ses premières études à Bruxelles, à l’école de peinture décorative Van Der Kelen puis est formée au trompe-l’œil. Elle continue dans un bureau de style d’imprimés de tissus à Lyon et enfin intègre l’atelier de gravure sur verre Guillaume Saalburg à Paris. « Finalement je n’ai pas choisi le verre, c’est lui qui m’a choisie, mais il y a beaucoup de contraintes » confie-t-elle.
Obtention du label Entreprise du patrimoine vivant en 2016
Sa signature, c’est son coup de crayon, « Tout se conçoit dans ma tête, après je dessine, je croque à la main. L’ordinateur, la robotique arrivent ensuite, comme le ‘plotter’, une machine qui découpe les pochoirs ». Ses clients ? Il y a les privés qui habitent le Luberon, les Alpilles, la Côte d’Azur ou la Toscane qui commandent des pièces uniques pour décorer leur bastide. Il y a aussi les musées pour la signalétique de leurs expositions, les hôtels étoilés. « Depuis 15 ans, j’ai des commandes du Plaza Athénée pour ses dessus de table travaillés à la feuille d’or et pour ses pare-douches » dit-elle modestement. Un palace de l’avenue Montaigne dans le très chic 8e arrondissement de Paris qui reconnaît l’excellence de son travail, couronné d’ailleurs par le label Entreprise du patrimoine vivant en 2016.
Stéphanie Le Breton a aussi adoré confectionner une croix monumentale de 2,50mètres sur 2 pour l’église de Montfavet. « Ce qui met plaît à travers ma création, c’est envisager un futur objet avec les clients, échanger, le concevoir, faire en sorte qu’il convienne à leurs goûts, à leurs souhaits, à leur intimité, à leur environnement, à leur décoration intérieure. Ces relations humaines permettent un vrai partage, plus tard, ils deviennent souvent des amis. »
Continuer à inventer pour le plaisir
Après 34 ans, elle envisage d’arrêter son activité professionnelle. « C’est un véritable arrachement de quitter mon atelier, j’y ai passé tellement d’heures, de jours, de semaines, d’années. J’y ai tellement conçu, créé, transpiré. » Mais, elle ne compte pas rester inerte pour autant. « Je vais me constituer un petit atelier privé, une tanière où je continuerai à inventer pour le plaisir, sans contrainte de temps, sans date-butoir, sans commande. » Celle qui a magnifié le verre pendant si longtemps va entamer une autre vie, toujours aussi créatrice, ‘En verre et contre tout…’