«WeWard est une application mobile gratuite qui récompense ses utilisateurs en monnaie digitale, (les Wards) pour chaque pas effectué dans la rue, explique Yves Benchimol, co-fondateur président aux côtés de Tanguy de la Villegeorges, également co-fondateur et directeur général. Plus précisément ? Les Wards (points) sont ensuite échangeables contre des euros directement sur son compte en banque, des produits, des voyages, des dons ou encore des cartes cadeaux. L’application est téléchargeable sous Android et iOS.»
Monnaie digitale
Typiquement, il s’agit d’une application qui paye ses utilisateurs pour marcher et offre aussi d’analyser leur activité physique quotidienne. Dans une étude réalisée pour cette entreprise, entre octobre 2019 et octobre 2020 effectuée auprès de 18 455 personnes, l’utilisation de l’application aurait augmenté de 24% le temps de marche de ses utilisateurs. Comment ? En introduisant un mécanisme de récompense ludique par paliers et en proposant des challenges quotidiens, hebdomadaires et mensuels afin de motiver la régularité de la pratique de l’activité physique.
Friands de récompenses
Sans surprise, les utilisateurs se montrent friands de récompenses puisque dans une autre étude réalisée sur 100 000 utilisateurs un grand nombre s’est efforcé d’augmenter sa marche pour atteindre son palier, voire un nouveau palier.
Méthodologie et vérifications
«Nous avons choisi de comparer des populations semblables au cours d’une même période de temps avec comme variable le fait de posséder ou non l’application WeWard. Ainsi, chaque mois entre octobre 2019 et octobre 2020, nous avons sélectionné les populations A et B. La population A: était composée des utilisateurs possédant l’application pendant le mois J. Tandis que pour la population B les personnes avaient téléchargé l’application après le mois J. Les populations A et B ont été considérées comme semblables car chaque individu, aujourd’hui utilisateur de l’application, n’a pas été ciblé. Ils ont simplement été informés de l’existence de WeWard à des moments différents.»
Accès à l’historique
Egalement, afin d’obtenir les données de la population B avant leur téléchargement de l’application, WeWard avait demandé à certains utilisateurs l’accès aux données d’Apple Santé, permettant ainsi de connaître l’historique de leur nombre de pas, avant l’installation de l’application. Résultat ? « Les personnes qui ont utilisé l’application en janvier 2020 ont augmenté leur moyenne de pas de plus de 20% », précise Yves Benchimol.
Interview
«Pourquoi avoir créé Weward ? Pour lutter contre la sédentarité qui est un enjeu de santé publique puisqu’elle fait partie des 10 premiers facteurs de risque de mortalité dans le monde, données sourcées auprès de l’Organisation Mondiale de la Santé. Une étude réalisée en 2008 par cette institution démontre qu’environ 3,2 millions de décès chaque année sont attribuables au manque d’exercice. Selon une étude menée par The University of Sydney la sédentarité et le manque d’activité physique représentent un budget de 67.5 milliards de dollars par an.»
De plus en plus sédentaires
«Je suis ingénieur de formation et nous sommes tous de plus en plus nombreux à rester des heures derrière nos ordinateurs. Les nouvelles technologies comme les services de livraison à domicile, nous convainquent également de bouger de moins en moins. Nous, nous voulions démontrer que nous pouvions concevoir un nouveau système pour bouger plus, se déplacer, faire de l’activité physique et profiter de sa ville. Ainsi, Weward, récompense aussi bien pour la marche à pied que pour la course, pour faire du vélo, de la corde à sauter. Pour financer ce concept ? Avec de la publicité à condition qu’il s’agisse de commerçants locaux, des musées, des monuments dès lors que les utilisateurs se trouvent à proximité. Ainsi l’on créé du flux et plus de visibilité pour les commerçants partenaires alentours avec, notamment, des bons-plans.»
Ce que nous observons
«Nous savons qu’une ville qui recèle un grand nombre d’automobiles accueille peu de piétons. Nous remarquons également que nos utilisateurs sont à 70% des femmes parce qu’elles sont sensibles à un mode de vie et de consommations sains ainsi qu’à l’environnement. Près de 40% des utilisateurs ont entre 18 et 35 ans et certains ont plus de 80 ans ce qui peut paraître remarquable lorsqu’il s’agit d’utiliser les nouvelles technologies ! D’ailleurs nous travaillons avec un Centre universitaire hospitalier à Nice, sur le projet ‘Bien vieillir’. Promener son chien, amener ses enfants à l’école, jouer avec eux sont des activités douces bonnes pour la santé.»
Bouger c’est bon pour la santé
«Concernant les personnes handicapées nous sommes en lien avec une communauté d’aveugles qui utilisent l’application, ainsi que des seniors très motivés. Nous travaillons avec des associations pour prendre en compte les personnes en fauteuil roulant –au moyen de brassards en comptabilisant les mouvements de bras- afin qu’elles puissent continuer à sortir, à visiter et à recommander des lieux accessibles. Pour celles qui n’utilisent pas leur bras nous sommes en train d’étudier la possibilité de compter les tours de roues. Ce qui est important ? C’est déjà de savoir combien l’on fait de pas par jour. Faire une prise de conscience et s’interroger sur ce que l’on peut améliorer et comment. Nous, nous proposons de se donner l’envie d’atteindre à chaque fois un nouveau palier et donc, favoriser l’exercice physique.»
Plusieurs millions d’utilisateurs
«Aujourd’hui nous comptons plusieurs millions d’utilisateurs dont les données sont extrêmement protégées et que nous ne revendons pas. Notre objectif ? Inciter les gens à marcher toujours plus, à opter pour un mode de vie et des modes de consommation plus sains en recommandant des lieux de bien-être, de bien manger… Nous travaillons sur la monétisation, les partenariats pour assurer la pérennité de l’application avec des marques de sport, à internationaliser Weward.»