Guerre en Ukraine, frictions géopolitiques, inflation, tensions énergétiques, vagues de chaleur – 2022 est d’ores et déjà considérée comme une année de crise. Et comme dans toutes les périodes de crise, on retrouve des gagnants. Cette fois, il s’agit notamment des grands groupes pétroliers, qui encaissent des profits records avec la flambée des prix de l’énergie. Le géant français de l’énergie, Total, a par exemple annoncé un bénéfice de 5,7 milliards de dollars au deuxième trimestre, soit une hausse de plus de 60 % par rapport à l’année dernière. « C’est la première fois depuis vingt-cinq ans que je vois toutes nos activités profiter d’un tel contexte de prix », a commenté Patrick Pouyanné, le PDG du groupe.
Les autres géants pétroliers ne sont pas en reste. La compagnie anglo-néerlandaise Shell a enregistré un bénéfice de 11,5 milliards de dollars d’avril à juin, soit plus du double de celui réalisé à la même période en 2021. La situation est même encore plus profitable aux groupes américains ExxonMobil et Chevron, qui ont vu leurs profits plus que tripler, pour atteindre respectivement 17,9 et 11,6 milliards de dollars au deuxième trimestre. À titre de comparaison, c’est plus que le bénéfice trimestriel moyen d’Amazon l’année dernière (8,3 milliards de dollars en 2021).
Les marges juteuses dégagées par les raffineries sont toutefois vues d’un œil critique. Comme le rapporte France24, Exxon et Chevron se retrouvent dans le collimateur de l’administration Biden aux États-Unis, qui leur reproche de ne pas faire suffisamment d’efforts financiers pour limiter la flambée des prix à la pompe. Début juin, le président américain avait même ironisé à leur égard, en avançant qu’Exxon allait « gagner plus d’argent que Dieu » cette année. Le chancelier allemand, Olaf Scholz, s’est lui aussi exprimé de manière critique récemment, bien que de manière plus modérée. En juillet, il avait déclaré sur Twitter, « certaines entreprises réalisent des bénéfices particulièrement importants dans la situation actuelle, avec la hausse des prix de l’énergie. Ce n’est pas correct ».
De Tristan Gaudiaut pour Statista