En jouant son rôle de proximité, la banque mutualiste a gagné 30 000 clients et distribué des crédits à tour de bras pour soutenir l’économie du territoire. Sans gagner plus d’argent.
« Sans faire d’auto satisfaction, notre banque a répondu à ce qu’on pouvait attendre d’elle », juge Sabine Calba, la nouvelle directrice générale de la Banque Populaire Méditerranée (BPMED). Si les gens, tout au long de 2020 enfermés chez eux, ont accéléré le changement des usages bancaires en activant les canaux numériques à leur disposition, il ne reste pas moins vrai qu’ils se sont d’abord tournés vers leurs agences pour savoir comment la gestion de la crise sanitaire pourrait affecter leur relation avec leur établissement bancaire et surtout dans quelle mesure.
Contre toute attente, ce sont donc les banques traditionnelles qui ont le mieux tiré leur épingle du jeu concurrentiel lorsqu’elles ont pris la balle au bond. Et tout particulièrement celles qui ont « un modèle de proximité capable de marquer sa supériorité face à d’autres modèles », ajoute Sabine Calba. « Alors que beaucoup d’entre nous ont dû adopter du jour au lendemain le travail à domicile et les nouveaux outils qui l’accompagnent, un véritable esprit de solidarités’est instauré au sein des équipes (2 200 collaborateurs) non seulement pour faire face à un afflux exceptionnel de demandes de la part de nos clients, mais aller au-devant de leurs attentes. »
Les « neo banques », dont l’offre est agile mais sans grande variété n’a pas convaincu face à la mobilisation des réseaux physiques comme celui de la Banque populaire Méditerranée. Dès l’annonce du premier confinement (17 mars), un plan de continuité de l’activité s’est mis en place pour assurer le contact auprès des clients. Et maintenir le lien en multipliant « les petites actions et les signaux forts ». « Nous avons par exemple poursuivi la rénovation de 35 agences et mis en place plusieurs cellules de crise parce qu’il n’était pas question de courber l’échine face aux difficultés inédites qui ont bouleversé notre économie ». La relation client donc s’est maintenue avec 400 000 rendez-vous et mieux encore améliorée puisque la banque, toutes clientèles confondues, a attiré 30 000 nouveaux clients.
Activité record en matière de crédit notamment
L’activité de la banque a donc connu un nouveau record avec une production de crédit de 5 milliards d’euros, supérieure d’un milliard à celle de 2019 :
– Les entreprises ont été fortement soutenues, à hauteur de 1,2 milliards, pour 12 000 dossiers de prêts garantis par l’Etat dont la plupart a été distribué dans les deux premiers mois du confinement. La banque a en effet instruit un PGE sur dix en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, tandis que sa taille en part de marché est deux fois moindre sur d’autres segments. Selon les chiffres de la banque, environ 15% des entreprises prévoyaient – au début de l’année – de rembourser leur prêt par anticipation ou à échéance d’un an. Elles ont été en réalité deux fois moins nombreuses (7%). « Parmi celles qui demandent un différé de remboursement, 78% choisissent une durée de cinq ans ; les 15% restantes optent pour un délai d’un à quatre an », détaille Philippe Gassend, le directeur de l’exploitation de la banque. « Si on regarde le début 2021, la demande de PGE (100M€) a été plus faible et plus modérée. Les entreprises peuvent aussi souscrire un prêt participatif pour renforcer leurs fonds propres. Ces créances, sur 8 ans, prévoient 4 ans de franchise de remboursements suivi de quatre ans d’amortissement. Même s’il est peu connu, on ne peut pas dire que ce dispositif a reçu pour l’instant un accueil à la Johnny Halliday… »
– Les reports d’échéances de prêts pour les entreprises et les professionnels ont permis de reporter plus de 10 000 crédits dès les premiers jours d’arrêt en mars 2020, pour un montant de 1,1 milliard d’euros.
– Gros marqueur d’activité, les prêts immobiliers atteignent 2,5 milliards en production pour 2020. Le stock de l’ensemble des crédit (hors PGE) accordé à la clientèle dépasse les 15 milliards, soit une envolée de plus de 22% par rapport à 2019.
Au terme de cette année atypique, la BPMED ne gagne pas plus d’argent, parce qu’il ne coûte presque plus rien : même si la distribution de crédit est forte, les revenus d’activité d’intermédiation restent très faibles. Ils composent néanmoins 58% du PNB de la banque (370M€) contre 42% pour les frais et commissions bancaires (55% et 45% en 2019). Le résultat net, en progression de moins de 1,5% (53M€), est plombé par le coût du risque, multiplié par deux (33M€) en un an.
Quelle est la vision de la banque sur la situation actuelle ?
« Tout semble ‘en stand by’. Il est par conséquent difficile de se projeter sur une reprise rapide ou non. Il est important que les gens aient envie de consommer et d’être dans une spirale de positivité pour que nous ayons un meilleur équilibre entre épargne et consommation, favorable à la reprise de l’économie », conclut Philippe Gassend.