4 décembre 2024 | Isle-sur-la-Sorgue : Brun de Vian-Tiran étoffe sa collection, une façon d’allier l’art à la matière

Ecrit par Andrée Brunetti le 2 décembre 2024

Isle-sur-la-Sorgue : Brun de Vian-Tiran étoffe sa collection, une façon d’allier l’art à la matière

Depuis 1808, Brun de Vian-Tiran, cette manufacture des fibres nobles, innove. Mohair, cachemire, laine, soie, angora, alpaga, des mots synonymes de douceur et de chaleur. Qu’elles proviennent des moutons Merinos d’Arles, des babies lamas du Pérou, de chamelons australiens ou de yacks de Mongolie, voire de Nouvelle-Zélande ou d’Afrique du Sud, toutes ces fibres font l’objet de traitements méthodiques à l’Isle-sur-la-Sorgue avant de nous envelopper délicatement.

Une douzaine d’étapes seront nécessaires parmi lesquelles : cardage, filature, bobinage, ourdissage, tissage, épincetage, teinture, foulage, grattage, séchage, découpage, assemblage et confection. Et soudain, les plaids, châles, écharpes, mais aussi les couettes, couvertures, sur-matelas et oreillers sont solides, mais aussi soyeux, moelleux et vaporeux.

Sur les bords de la Sorgue, à l’entrée de l’Isle, Jean-Louis Brun, l’actuel patron qui représente la 8ᵉ génération de cette manufacture familiale le reconnaît : « Oui, la crise existe. Et même si nous luttons contre la surconsommation, l’opération Black Friday’ existe et nos clients y participent. Donc on ne va pas se voiler la face, on fait des promotions. »

« Nous nous devons de garder la mémoire d’un authentique savoir-faire patrimonial qui a plus de 200 ans. »

Jean-Louis Brun

Aujourd’hui, Brun de Vian-Tiran, ce sont 44 salariés, dont certains travaillent dans ces ateliers de grand-père en petits-fils, de mère en fille depuis des lustres. « Il y a de plus en plus de couturières, reconnaît Jean-Louis Brun. Nous formons les nouveaux venus dans l’entreprise et nous avons engagé une jeune femme qui a un master de chimie nucléaire qui nous aide à conforter les bonnes pratiques, contrer les dérives, faire la chasse aux défauts, aux scories. Nous avons aussi embauché une spécialiste du e-market pour être en phase avec les goûts et les attente de nos clients. »

Côté ‘Filaventure’, la boutique s’est agrandie de 80 m² pour totaliser au rez-de-chaussée 240 m² d’exposition de l’excellence à la française pour cette maison classée depuis 2009 ‘Entreprise du Patrimoine Vivant’ avec des accessoires de salon, de chambre, de décoration d’intérieur, des voiles de lit, sacs à mains en fibres naturelles, trousses de voyage estampillées « Camargue », « Kashmir », « Californie », « Calypso », « Touareg » ou « Pendjab », dont les noms font rêver à d’autres horizons. Pendant qu’à l’étage trônent d’anciens outils de tisserands et des collections d’étoffes iconiques qui sont l’âme de la maison au fils des siècles.

« Cette année, nous innovons avec des vêtements tendance, des ponchos, des capes, des vêtements qui nous enveloppent dans leur drapé, qui nous sécurisent comme un cocon. Nous travaillons avec de jeunes stylistes, des designers de l’ENSCI (École Nationale Supérieure de Création Industrielle) qui débordent d’envie, de créativité et qui nous apportent un plus. »

La crise est là : -5% en 2023. « Mais depuis cet été, on est reparti à +8%, ajoute Jean-Louis Brun. Cela nous aide à rembourser les investissements de Filaventure, le prêt garanti par l’État, plus ou moins compensé par les ventes après la crise sanitaire et le confinement qui ont aussi touché les clients aisés. Le luxe ne se porte pas aussi bien que ça. En plus le SMIC a augmenté de +12% en 2 ans, sans parler du coût de l’énergie et des charges. »

Malgré tout, le patron imprime sa marque, il positive, il avance, il fonce. Il vient d’acquérir un nouveau métier à tisser. « La Rolls Royce du genre, high-tech, à commande numérique, avant-gardiste, une vraie fierté créée par le leader mondial belge Picanol sur la base du célèbre système mécanique français ‘Jacquard’. Il produit deux fois plus vite, quelle que soit la complexité du dessin et nous pouvons jongler avec huit couleurs possibles. Nous l’appelons ‘Le Métier 19’  parce qu’il y en a eu 18 avant lui dans cet atelier. Une de nos anciennes machines, totalement mécanique celle-là, a été fabriquée en Italie il y a 70 ans. Elle est régulièrement révisée, huilée et elle fonctionne au top. »

Le nouveau métier à tisser high-tech. ©Andrée Brunetti / L’Echo du Mardi

Aujourd’hui, Brun de Vian-Tiran exporte 15% de ses productions dans le monde entier. « Mais désormais, nous allons nous concentrer sur nos voisins européens, les Italiens, Espagnols, Portugais, Belges, Allemands, Suisses. Ils sont de l’autre côté de nos frontières. Cela fera moins de kilomètres, donc moins de taxe carbone pour le transport de nos marchandises. Or, le respect de l’environnement, vous le savez, fait partie de notre éthique », conclut Jean-Louis Brun.

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