Alors que Bruno Lemaire, le ministre de l’économie, vient de promettre que 600 000 TPE (Très petites entreprises) allaient bénéficier d’un tarif de 280€/MWh en moyenne sur l’année afin de limiter les effets des prix excessifs de l’énergie, Bernard Vergier, président de la CPME de Vaucluse estime qu’il est urgent d’apporter une solution pérenne à l’échelle européenne afin de faire face à cette nouvelle crise qui pourrait impacter sévèrement l’activité économique. Il rappelle également que sa confédération est à la disposition des entrepreneurs locaux afin de les épauler durant cette période pleine d’incertitudes.
« Il y a eu d’abords les grèves, puis les gilets jaunes, ensuite le Covid, après la guerre en Ukraine, avec l’explosion du coût des matières premières, les hausses de carburants et maintenant le prix excessif de l’énergie… La coupe est pleine », prévient Bernard Vergier, président de la CPME (Confédération des petites et moyennes entreprises) de Vaucluse.
« Nous avons l’exemple d’un adhérent restaurateur avec 5 salariés dont la facture d’électricité vient de passer de 1 000€ à 12 000€ par mois ! Même en changeant de fournisseur, sa facture mensuelle va passer à 6 000€. C’est une hausse qui représente un salaire chargé. C’est-à-dire qu’au final, ces augmentations de l’énergie risquent d’avoir pour conséquence de supprimer des emplois », poursuit Bernard Vergier.
Des remontées catastrophiques du terrain alors que toutes les factures ne sont pas arrivées
« Nous avons des remontées catastrophiques de la part de nos adhérents, s’alarme le président de la confédération vauclusienne qui comptera bientôt près d’un millier d’adhérents dans le département. Et là ce n’est que le début, car les factures ne sont pas encore arrivées chez tout le monde. Nous ce que l’on veut c’est que les pouvoirs publics anticipent cette situation et qu’ils la gèrent sinon nous allons au-devant de très graves déconvenues. Il faut arrêter cette hémorragie au niveau européen car c’est le ‘petit’ qui va encore souffrir alors que c’est lui qui fait tourner l’économie et créé des emplois. On va droit dans le mur ! C’est une bombe à retardement dont le décompte va bientôt s’achever car si en ce moment on reçoit les factures, dans trois mois il y aura combien d’entreprises et d’emplois en moins ? D’ailleurs, depuis quelques mois déjà on observe un frémissement du nombre de procédures collectives au tribunal de commerce. Ce n’est pas encore inquiétant, mais il va falloir être très vigilant sur le 1er semestre 2023. »
Alors que l’augmentation du coût des matières premières a particulièrement impacté les secteurs du BTP et de l’agroalimentaire, les entrepreneurs Vauclusiens, à l’image du reste du pays, doivent aussi faire face à des très grosses difficultés à recruter.
« Tous les métiers énergivores vont être en première ligne et il n’y a pas que les boulangers dont on parle beaucoup en ce moment pour illustrer ce phénomène, insiste le président de la CPME 84. Il y a l’industrie agroalimentaire, comme on vient de le voir avec l’usine Raynal et Roquelaure de Camaret qui a arrêté temporairement sa production à cause des prix de l’énergie, la restauration, les lieux accueillants du publics avec des espaces à chauffer… Ceux qui n’ont pas réussi à rembourser le PGE comment vont-ils faire face aux hausses des factures de l’énergie de plusieurs milliers d’euros. »
« Il y aussi des entreprises qui nous disent qu’il y a du travail mais qu’elles refusent de répondre à des marchés publics, lancer des projets de développement ou prendre des contrats à l’export faute de main-d’œuvre, ou en raison du coût des matières premières et maintenant de l’énergie. Il faut trouver des solutions : c’est une urgence vitale pour l’économie de notre pays. »
Le feu de paille des aides
« Bien sûr il y a des aides, mais elles ne sont largement pas suffisantes pour couvrir l’explosion des factures, complète le président Vergier. Mais de toute façon on ne cherche pas d’aides, on ne veut pas d’aides. Il faut arrêter avec ces aides. Les aides c’est un feu de paille, on veut juste travailler convenablement et être rémunéré en conséquence. On veut une inflation raisonnable et un coût de l’énergie raisonnable. Il n’est pas normal que l’on soit pris en otage comme cela. »
Le risque de découragement des chefs d’entreprise
« Il y a des artisans qui ne gagnent pas 2 000€ par mois alors pour payer 8 000€ de plus d’électricité… Pour les toutes petites entreprises, le risque est aussi que les chefs d’entreprises baissent les bras devant toutes ces difficultés qui s’accumulent. A bout d’un moment, il ferme en se disant qu’il y aura bien une caisse qui le récupérera et qu’il ne sera pas plus malheureux que certain. C’est tout ! A quoi cela sert qu’il s’embête avec des soucis avec son propriétaire, l’Urssaf, l’inspection du travail… On en prend des coups sur la tête quand on est chef d’entreprise. Il faut arrêter à un moment. »
C’est pour cela que la CPME entend poursuivre son action d’appui aux entreprises vauclusiennes.
« Je ne suis pas là pour moi, je suis là pour les chefs d’entreprises et ceux qui ont besoin de tous les services que la CPME peut apporter aux entrepreneurs mais aussi aux pouvoirs publics et aux services administratifs, insiste celui qui rappelle qui intervient bénévolement.
Il faut que tout le monde sache qu’à la CPME 84 on se met en quatre pour eux car en ce moment il y a un très gros souci qui risque de foutre le pays en l’air. »
Une des CPME les plus dynamiques de France
« Nos adhérents sont accompagnés au quotidien et sont ‘privilégiés’ par rapport à ceux qui sont dans la nature et livrés à eux-mêmes. Nous proposons plus d’un rendez-vous par semaine ainsi que des visites mensuelles d’entreprises qui sont un vrai succès. Nous proposons un service personnalisé et confidentielle à l’année à tous nos adhérents. Nous disposons de trois permanents et nous allons encore recruter pour augmenter notre offre de services. C’est certainement pour cela que nous sommes l’un des départements les plus dynamiques parmi les CPME de France. »