Le président de l’AOC Costières de Nîmes Cyril Marès n’y va pas par quatre chemins : « Nous avons une récolte en moyenne en recul de -25%, voire -50% à Monfrin. Donc moins de quantité, mais en revanche, un beau millésime, atypique avec la météo qui me rappelle mes jeunes années, entre 1980 et 90. »
Aurélie Pujol, la directrice de l’AOC analyse le bilan post-vendanges : « Certes la quantité baisse, mais sûrement pas la qualité qui promet gustativement beaucoup. Les ventes sont en repli avec la baisse de consommation, mais le dynamisme des prix tire la production vers le haut. Avec d’autres vignobles, nous avons vécu une année compliquée, une série de paradoxes qui font l’actualité d’une filière en pleine mutation. »
De son côté, Jérôme Castillon, le vice-président précise : « On a quand même produit 105 573 hl sur nos 3 242 hectares, dont 1/3 en bio ou en conversion. Nos vignes sont en bonne santé, vigoureuses, elles n’ont qu’une trentaine d’années, elles savent où aller chercher l’eau dans le sous-sol, donc elles n’ont pas connu de stress hydrique cette année. Côté stock, on est passé de 11 à 14 mois, surtout en rouge, mais on a manqué de rosé à l’exportation. Mais surtout, personne n’a bradé son vin. Vous savez, on est une équipe, on est fier de notre travail, de porter le drapeau des Costières. Et ceux qui sont obligés de déstocker, ce sera pour du Vin de France pour ne pas nuire à la famille que nous formons. »
Une résilience malgré les difficultés
« Les exportations sont en baisse constante or, elles représentent 90% de nos ventes, ajoute Aurélie Pujol. 70 000 hl en 2021, 63 000 hl en 2022, 45 000 hl cette année. Elles se tassent en Chine, au Royaume-Uni aussi avec le Brexit ». Et le Cyril Marès précise : « Aux États-Unis, on est arrivé à un plateau, la consommation ne progresse pas. Et on ne sait pas ce qui va se passer si Trump est réélu le 5 novembre, sa taxe avait simplement été suspendue lors de la mandature Biden. »
En dépit de la crise que traverse le monde agricole, les vignerons ne se résignent pas, ils sont persuadés d’un futur rebond. « Nous nous projetons dans l’avenir, nous faisons des projets, nous devons être désirables pour être désirés, résume Jérôme Castillon. Nous avons une démarche proactive en dépit du contexte, nos réunions sont loin d’être moroses, nous avons un instinct de résilience. Notre identité, c’est notre singularité, notre appartenance à une culture, une agriculture. Nous sommes une AOC qui avance, innove, positive. »
Un territoire engagé pour la nature
Aurélie Pujol évoque la Charte Paysagère et Environnementale, le Schéma du Végétal, la pose de nichoirs à mésanges pour préserver la biodiversité, la plantation de haies avec des essences locales pour abriter insectes, hérissons et oiseaux. Un nouveau logo épuré a été dessiné avec un slogan « Les Costières de Nîmes : la fraîcheur d’une brise marine, la force des galets », pour insister sur ce terroir entre Cévennes et Camargue, Vaccarès et Alpilles, le site a été mis au goût du jour, un clip tourné avec pour bande son, une musique composée par le guitariste gardois Julien Doré.
Des événements reconduits en 2025
En 2025, face au succès populaire rencontré cette année, seront évidemment reconduits les ‘Vignes Toquées’, ‘Minuit Toqué’, les bodégas, les ‘Jeudivins’. « Chaque jeudi, au cœur de Nîmes, face aux Arènes, il y a eu plus de 2000 touristes et autochtones par soirée, se félicite Aurélie Pujol. Donc, nous continuons à jouer à fond la carte de l’attractivité auprès des commerçants, des bars, des cafés et des offices de tourisme avec notre vitrine sur l’Esplanade et ça va aller crescendo quand le Palais des Congrès sortira de terre, dans quelques mois. »
Le paysage de l’appellation menacé
Les Costières de Nîmes vendent 20 millions de bouteilles par an, c’est dire si elles rayonnent au-delà du Gard et de l’Occitanie. Toutefois, elles ont une épée de Damoclès au-dessus de la tête, la ligne THT (très haute tension) de 400 000 entre le bassin de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) et Jonquières-Saint-Vincent (Gard). « Elle est capitale pour le territoire et pour le pays en matière de décarbonation », a déclaré le Préfet de la Région Sud, Christophe Mirmand le 27 septembre dernier à Marseille. Ce qui, de l’autre côté du Rhône, a provoqué une levée de boucliers. Pêle-mêle : « Déni de démocratie », « Mépris des populations », « Projet écocide destructeur de paysages protégés. » Arles et les Alpilles seraient épargnés, pas la Plaine de la Crau, pas les Costières de Nîmes qui seraient défigurées par ces immenses pylônes au milieu des vignes. Le lobbying va donc s’intensifier pour éviter ce pillage, cette atteinte au paysage et à l’environnement. La solution de l’enfouissage prônée depuis des décennies coûtant trop cher risque d’être abandonnée au profit de 60 km de fils à haute tension qui altèreraient le panorama. Comme le font, sans que cela choque quiconque, les éoliennes autour des remparts de la Cité de Carcassonne, pourtant inscrite au Patrimoine Mondial de l’Humanité de l’UNESCO…
Contact : communication@costieres-nimes.org