Christian Pons, le président de la Fédération du Bâtiment et des travaux publics du Vaucluse s’insurge des propos lâchés par Muriel Pénicaud, ministre du Travail qui a accusé les entreprises du bâtiment et des travaux publics d’être « défaitistes et de manquer de civisme face à la crise économique provoquée par le Coronavirus-Covid 19. »
« Les propos incroyables de Muriel Pénicaud, la ministre du Travail, ont soulevé la colère des métiers du bâtiment et des travaux publics ! »
« Le monde du BTP est furieux ! Comment peut-on comme la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, tenir ces propos sans connaître le monde du BTP ? Nous ne travaillons pas au milieu des champs comme celle-ci le souligne insinuant qu’en travaillant à l’air libre nous ne serons pas atteints par le Coronavirus.
La réalité ?
Nous ne possédons aucun masque –même pas à poussière– et nos matériaux, souvent de forte densité, ont la plupart du temps besoin d’être soulevés et tenus par plusieurs hommes à la fois, à moins d’un mètre de distance les uns des autres pour pouvoir travailler.
Clairement ?
Nous ne sommes pas en mesure de protéger nos salariés du Coronavirus ! Nous avions demandé 10 jours afin de nous organiser et cette sentence bête et inutile tombe comme le couperet d’un jugement inique (ndlr : avant les déclarations de la ministre, la Fédération française du bâtiment, la confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb) ainsi que la Fédération nationale des travaux publics avaient exhorté le gouvernement à prendre position sur les arrêts de chantiers). J’ai demandé leurs préconisations au préfet de Région ainsi qu’au préfet de Vaucluse, Bertrand Gaume, qui est un homme aguerri au terrain et bienveillant avec ses interlocuteurs. La situation que nous vivons actuellement est très dangereuse pour notre secteur car nous ne pouvons pas continuer les chantiers sans matériel pour nous protéger de l’épidémie.
J’ai lancé des questionnaires auprès de nos adhérents pour connaître ce qu’ils vivent à l’instant présent : 80% des entreprises ont cessé leur activité du fait de la pandémie. Près de 20% continuent d’exercer et, là, il s’agit d’entreprises dont les activités s’exercent en atelier et où les recommandations sanitaires sont appliquées, cependant plus de 56% d’entre elles déclarent fermer leurs portes dans les jours, heures qui viennent par mesure de précaution. Enfin, 25% de la totalité des entreprises adhérentes ont répondu qu’elles subissaient des pressions de la part des maîtres d’œuvre pour continuer les chantiers. Aussi, si je reprends les consignes de Muriel Pénicaud, nous devons continuer à travailler sans aucun moyen pour protéger nos salariés : pas de masques, pas de gel… Ainsi donc ce que préconise le Gouvernement est sciemment omis par la ministre du Travail ce qui est un comble !
Je compile des kilomètres de témoignages de chefs d’entreprise me disant ne pas vouloir exposer au risque d’épidémie leurs équipes malgré les multiples pressions auxquelles s’ajoute le manque de matériaux parce que les fournisseurs ne sont plus, eux-mêmes, livrés. Un seul élément manque sur un chantier et c’est la désorganisation. Nous ne pouvons plus produire dans ces conditions, même avec la meilleure volonté.
Ce que je ferai remonter au préfet de Vaucluse ?
La colère de la profession et les témoignages des chefs d’entreprise. Arrêtons cette mascarade et que l’Etat demande officiellement l’arrêt pur et simple des chantiers ! »