Alu Vaison, entreprise spécialisée dans la fabrication et la pose de menuiseries extérieures à Vaison-la-Romaine- vient de remporter le Trophée du repreneuriat du bâtiment 2025 décerné par le CRA (Cédants et repreneurs d’affaires). Une distinction pour saluer la vision et l’ambition d’un chef d’entreprise, Freddy Guillet : stratégie, numérisation, modernisation, démarche commerciale, qualité et segmentation du marché.
Valoriser une reprise ambitieuse de l’entreprise
Cette récompense valorise le travail mené depuis la reprise de l’entreprise en 2018 par Freddy Guillet. Durant ces 7 années, Alu Vaison est passée d’une structure artisanale à une entreprise semi-industrielle innovante, performante et engagée dans les champs social et écologique. Cette vision de l’entreprise a permis de doubler son chiffre d’affaires ainsi que ses effectifs, tout en s’engageant dans la responsabilité sociétale.
Devenir patron
À l’aube de ses 50 ans, Freddy Guillet, ingénieur BTP formé à l’ENSI Poitiers –Ecole nationale supérieure d’ingénieurs- et fort d’une expérience significative au sein des grands groupes Bouygues et Vinci, a réalisé son rêve entrepreneurial.

Une vision de l’entreprise
Dès son arrivée, il entreprend une restructuration majeure en introduisant des méthodes modernes de gestion et d’organisation inspirées de ses expériences dans les grands groupes. Pour cela, il engage des investissements stratégiques conséquents, notamment dans l’informatisation des processus administratifs et commerciaux.
Se donner les moyens
L’atelier de fabrication est devenu semi-industriel grâce à des équipements à commande numérique. De nouvelles activités ont émergé comme le négoce BtoB (business to business) et la fabrication de menuiseries aluminium haut-de-gamme. Un nouveau bâtiment à hautes performances environnementale a été construit en 2023 proposant un showroom, des bureaux modernes et un atelier de production climatisés et chauffés. L’ensemble de ces changements a permis l’obtention du label RSE (Responsabilité sociétale des entreprises) niveau 1 délivré par UIMM (Union des industries et métiers de la métallurgie), pour l’engagement durable de l’entreprise.
L’ambition de faire toujours mieux
En 7 ans Alu Vaison double son chiffre d’affaires passant de 1,8M€ en 2018 à plus de 4M€ en 2024 grâce à ses équipes passées de 9 à 20 salariés.

En savoir plus
Le C.R.A (Cédants et Repreneurs d’Affaires) est une association française fondée en 1985, dédiée à l’accompagnement des entrepreneurs souhaitant céder ou reprendre une entreprise. Grâce à un réseau de 240 délégués bénévoles, le C.R.A offre des services de mise en relation, de formation et de conseil, favorisant ainsi la transmission réussie des TPE et PME (Très petites et moyennes entreprises) sur l’ensemble du territoire français.
Un Trophée pour saluer l’intelligence au service du savoir-faire
La remise officielle du prix a eu lieu le 27 mars dernier à Paris, lors des Rencontres du C.R.A, en présence de Véronique Louwagie, Ministre déléguée chargée du Commerce, de l’Artisanat, des Petites et Moyennes Entreprises.
L’Interview
«Petit, j’accompagnais mon père, chef d’entreprise dans le second œuvre, se remémore Freddy Guillet. Ensemble, le samedi, nous faisions la tournée des chantiers. C’est à ce moment-là, je crois, que j’ai pris goût aux chantiers et que j’ai décidé de devenir chef d’entreprise même si je ne me suis permis de réaliser mon rêve qu’un peu tardivement, à presque 50 ans.»
Un dirigeant forgé par les grands groupes
«Devenu ingénieur, j’ai travaillé dans de grands groupes tels que Bouygues et Vinci. C’est là que j’ai appris mon métier. Puis, alors que je travaillais chez Vinci, un nouveau dirigeant est arrivé. Je n’avais pas envie de rester, même si je n’avais pas tout à fait encore un projet en tête. Nous nous sommes quittés dans de bonnes conditions. Un an plus tard je reprenais, via le C.R.A. délégation d’Avignon, Alu Vaison.»

Une société déjà très implantée
«J’ai toujours connu cette société mais je ne savais pas qu’elle était à vendre. Le C.R.A. m’a mis en relation avec le fondateur de l’entreprise, Thierry Pascal. Nous avions la même vision de l’entreprise et nous étions l’un comme l’autre aussi droits, ça a vite matché entre nous. Il avait monté l’entreprise à un très bon niveau –Alu Vaison réalisait un chiffre d’affaires de 1,5M€ par an- et j’avais les bagages, grâce à mon expérience professionnelle dans de grands groupes, pour la faire monter en puissance.»
Un homme en mode solutions
«Les défis auxquels j’ai dû répondre ? Ils étaient de nature interne et externe. J’ai informatisé tous les services mis en place un ERP (Entreprise ressourcing planning) : un système de gestion globale du commercial jusqu’à la comptabilité. J’ai rassuré les salariés car il est toujours traumatisant pour eux, de changer de dirigeant. J’ai détecté deux pépites qui sont devenues mes adjoints : la secrétaire désormais directrice opérationnelle et un poseur devenu directeur technique.»
Le Covid ? Une tuile qui se transforme en booster
«Puis nous sommes passés de 8 à 19 salariés et de 1,5M€ à plus de 4M€ en 2024. Nous avons construit une nouvelle usine de fabrication, puis nous avons été frappés de plein fouet par la pandémie de Covid 19 le 17 mars 2020. Les premières et dernières nuits ont été difficiles parce qu’on ne savait pas où l’on allait. Mais avec le recul, la crise du Covid s’est révélée être un bon booster, nous permettant de nous développer, même si nous devions faire face au problème d’approvisionnement et à la pénurie d’acier.»

Etablir son indépendance
«C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous avons construit notre propre usine et tissé un solide réseau de fournisseurs. Le 17 mars, l’entreprise était mise en sommeil pendant que, de mon bureau et depuis mon domicile, j’établissais les devis, faisais la comptabilité pour m’occuper l’esprit. L’entreprise reprenait peu à peu fin avril, puis tout le monde fin mai. A aujourd’hui, nos carnets de commande sont nourris jusqu’à la fin d’année 2025 avec 8 mois de visibilité.»
Les écueils
«Dans les écueils ? Je placerais les changements de gouvernements, la loi de finances non votée en 2024, gelant les crédits liés aux aides de l’Etat, notamment pour la rénovation énergétique. Ainsi décembre, janvier et février furent compliqués.»
Foncer et ne pas se laisser dominer par le stress
«Je suis un battant et je n’ai pas l’impression d’avoir 57 ans. J’ai acquis avec Bouygues et Vinci un carnet d’adresses assez important comprenant mes anciens collègues, clients, architectes avec lesquels je travaille. Je suis aussi un homme de réseaux : Réseau Entreprendre Rhône-Durance où je suis administrateur, et dont j’ai été lauréat.»

Ma petite entreprise…
«J’ai tendance à dire que ‘Ma petite entreprise connaît pas la crise’ et je pense que ça n’est pas le fruit du hasard, mais le fruit du quotidien et de l’acharnement. Il faut se battre tous les jours avec le couteau entre les dents et avancer. Mais ça n’est pas moi qui fait l’entreprise, mais tous les collaborateurs, une équipe avec laquelle j’ai plaisir à échanger tous les matins en partageant un café.»
Aujourd’hui et demain
«Maintenant que l’entreprise a progressé, il faut la stabiliser pour obtenir un niveau d’activité compris entre 4 et 5M€ ; Assurer la rentabilité de l’entreprise ; Maintenir l’emploi ; Fidéliser les salariés et faire en sorte qu’ils se sentent bien ici et chez eux. Désormais je dois écrire nos process, un manuel mode d’emploi de l’entreprise.»
Entre détresse et grandes joies
«Ces 7 dernières années ont été une superbe expérience avec des moments de détresse, des moments compliqués que l’on oublie vite au profit de tout ce qu’il y a de bon et de la joie que l’on éprouve. Je regrette juste de ne pas avoir été patron plus tôt. Mais peut-être n’étais-je pas prêt ? J’ai appris mon métier et je vais finir ma carrière en entrepreneur heureux, ainsi je travaille à la pérennité de l’entreprise. Alors la boucle sera bouclée puisque mon père, qui est toujours là, est fier de mon parcours et cela est une immense satisfaction.»
Alu Vaison
Zone Artisanale Les écluses 2 à Vaison-la-Romaine.