L’Université d’Avignon et son laboratoire Culture et communication viennent d’accueillir les rencontres des industries culturelles et créatrices (ICC). L’événement a été l’occasion pour des professionnels du milieu et chercheurs de débattre et présenter aux participants les enjeux et défis que rencontrent actuellement ces industries. Les sujets des différents métiers de ces industries, des publics, du spectacle vivant, du cinéma et séries, de la photographie et des nouveaux usages de consommation audiovisuelle ont été abordés à travers différentes formes, de la table ronde aux masterclass.
Un projet porté par les étudiants de master information et communication
« C’est un projet auquel Virginie Spies et Judith Caceres pensaient depuis un moment » explique Auriane José, étudiante en master et chargée des relations presse lors de ces rencontres. Cette idée de projet sur deux jours a donc été proposée par l’enseignante-chercheuse en sciences de l’information et de la communication Virginie Spies et la doctorante Judith Caceres aux étudiants de première année de master en début d’année. Ces derniers ont su saisir le projet et ont réussi à le mener à bien en s’associant avec les étudiants de deuxième année de master. Ensemble, ils ont donc pu devenir, le temps de quelques mois, organisateurs d’événementiel, et prendre contact avec un grand nombre d’acteurs de ces industries avec l’accompagnement de leurs enseignants.
Le déroulé des rencontres de l’ICC
La première journée était articulée autour de trois tables rondes et un gala le soir. Les tables rondes avaient pour sujet les métiers des industries culturelles et créatrices, la relation avec les publics et le spectacle vivant et les lieux culturels.
La matinée suivante était dédiée à l’industrie du cinéma et des séries avec une table ronde d’une heure et demie sur les cinématographies à l’export. L’après-midi était d’abord occupée par une table ronde sur la photographie d’événements et de célébrités menée par plusieurs photographes reconnus. S’en est suivie une suite de trois prises de paroles par différents intervenants et sous différentes formes, une masterclass, une table ronde et un entretien. Ces trois conférences ont, avec différents prismes, questionné l’évolution de l’information, des médias et des industries concernées depuis plusieurs années avec les nouveaux usages et nouvelles habitudes du numérique.
« De la télévision à l’utilisation quasi-constante des téléphones portables. »
Nouveaux usages du numérique et consommation de contenus audiovisuels
Le premier sujet abordé a été celui des nouveaux usages de consommation des écrans qui sont passés de celui de la télévision à l’utilisation quasi-constante des téléphones portables. Cette question a été analysée par Virginie Spies et Gilles Freissinier, directeur du développement numérique et adjoint au directeur éditorial chez Arte France. Les deux conférenciers sont revenus sur la façon dont les médias de la télévision d’adaptent aux nouvelles consommations de contenu audio-visuel. La télévision est aujourd’hui complétée par la consommation sur smartphone. Il y a, en réalité, en majorité une consommation de programmes qui sont dédiés aux nouveaux usages et non de programmes pensés pour la télévision qui sont consommés autrement que sur la télévision.
L’idée pour les chaînes de télévision comme Arte est donc de se développer en dehors de la télévision avec différents programmes pour capter une diversité de public important. Cela est d’autant plus vrai pour la chaîne franco-allemande, Gilles Freissinier explique que « l’identité de la chaîne Arte, c’est d’être une plateforme culturelle européenne avec une mission politique qui est de rapprocher les peuples européens à travers la culture », et, pour mener à bien cette mission, il faut répondre à la question que le directeur du développement numérique se pose « Comment en tant que médias, on peut me trouver sans me chercher ? ».
« Ne pas se laisser enfermer dans les algorithmes. »
Les conférenciers viennent donc à la question des réseaux sociaux, acteurs phares de ces nouveaux usages, le nouveau défi pour les médias aujourd’hui, c’est de ne pas se laisser enfermer dans les algorithmes qui laissent les utilisateurs dans de petites communautés sans nécessairement proposer une diversité de contenus, un système qui laisse moins d’occasions pour se confronter à différents points de vue.
« Comment en tant que médias, on peut me trouver sans me chercher ? » demande, pour se développer sur le numérique, Gilles Freissinier, directeur du développement numérique et adjoint au directeur éditorial chez Arte France.
Thomas Hercouët, auteur chez Brut.
(© Thomas O’Brien)Thibaud Meurice, doctorant en sciences de l’information et communication. ©DR
Les questions du direct et des chaînes d’information en continu
Virginie Spies et Gilles Freissinier ont poursuivi cette réflexion avec une table ronde où Thomas Hercouët, auteur chez Brut et streamer sur Twitch, et Thibaud Meurice, doctorant en sciences de l’information et de la communication se sont ajoutés. C’est le sujet du direct qui a alors été évoqué, et notamment ses nouvelles pratiques sur Twitch, service de streaming interactif. Le direct reste donc un rendez-vous avec d’autres auditeurs pour vivre ensemble un événement, cette idée est restée la même de la télévision aux écrans plus petits et portables.
Enfin, un entretien a été mené par Virginie Spies avec Bruce Toussaint, journaliste et présentateur de BFM TV dans lequel la discussion tournait autour du fonctionnement d’une chaîne d’information en continu. L’identité de BFM TV a pu être abordée et décortiquée mais aussi la façon dont s’organise une journée au sein des équipes d’une chaîne d’information. La question de la difficulté de faire de l’information non-stop est ressortie, l’audience a pu apprendre qu’en l’absence d’information nouvelle, les chaînes avaient trois façons de «’créer l’information’ avec la diffusion de débat, de longs formats rediffusés ou encore avec des interviews.
« La première chose qui fait l’audience c’est la concurrence »
Bruce Toussaint, journaliste-présentateur à BFMTV
Pour revenir au sujet des nouveaux usages de la consommation de l’information, Virginie Spies rapporte que les réseaux sociaux numériques ont changé le rapport à l’information qui est constamment accessible via les écrans qui nous accompagnent la journée. L’occasion pour Bruce Toussaint de parler du rôle des réseaux sociaux qui sont aussi devenus des sources d’information notamment du côté de la politique. De nombreuses questions ont pu être posées par les participants des rencontres, un vrai moment d’échanges entre professionnels, chercheurs, étudiants et passionnés.
Vers la création d’un observatoire des industries créatrices et culturelles ?
En conclusion de ces rencontres, Virginie Spies a affiché sa volonté de voir émerger prochainement un observatoire des industries créatrices et culturelles dont l’objectif est de devenir un lieu où les regards de différents acteurs et analystes pourront se croiser avec, pourquoi pas, de nouvelles rencontres dans les prochaines années.