Le groupe Serpe, dont le siège social est basé au Thor, se classe en 82ᵉ position du palmarès des Champions de la croissance 2024, élaboré par Les Echos et Statista. Rachetée en 2009 par le couple Bénédicte et Armand Wiedemann-Goiran, la société existe depuis 1988. D’une PME à une ETI, en seulement 35 ans, Serpe s’est élevée au rang de leader de l’élagage en France et elle est le 4ᵉ acteur national en gestion du paysage.
Lui a un diplôme d’études approfondies (DEA) d’économie, elle a un doctorat en biologie. Parents de sept enfants, Armand et Bénédicte Wiedemann-Goiran ne veulent pas voir grandir ces derniers en ville. Ainsi, dans leur projet de reprise d’entreprise, ils s’éloignent de la capitale et posent leurs valises en Vaucluse, et font l’achat de l’entreprise Serpe, basée au Thor, en janvier 2009. « On cherchait à se rapprocher d’Aix-en-Provence, où Bénédicte a fait sa thèse et où elle a vécu étant petite », explique Armand.
Après avoir été responsable de la communication de Serpe puis vice-présidente, Bénédicte copréside aujourd’hui l’entreprise avec Armand. « On travaille en couple et c’est assez enrichissant d’avoir des points de vue différents, d’avoir chacun ses points forts et des sensibilités différentes, développe Armand. Ça permet d’enrichir les discussions et les points de vue. »
Une entreprise créée il y a 35 ans
Serpe a été fondée en juin 1988 par Paul Rensch, qui l’a développée pour essayer de donner du travail aux jeunes, et de travailler sur tout ce qui gravite autour de l’environnement et de la nature. C’était, à l’époque, une société d’entretien, de restauration du patrimoine et de l’environnement. Jusqu’en 2009, elle était axée sur l’entretien des rivières, le débroussaillage et l’élagage.
Après le rachat il y a 15 ans, de nouveaux métiers se sont ajoutés à ceux déjà existants tels que la phytoépuration et l’entretien d’infrastructures. « On a essayé de développer le bois énergie pendant plusieurs années et finalement, on a arrêté de revaloriser nous-mêmes le bois, ce sont des prestataires qui le font », ajoute Armand.
Une croissance fulgurante
Lorsque Armand et Bénédicte rachètent l’entreprise thoroise, c’est une PME (petite ou moyenne entreprise) de 35 personnes. Aujourd’hui, Serpe compte plus de 1 000 salariés dispersés dans 35 agences un peu partout en France. « On ne travaille pas encore dans le Nord-Est, précise le coprésident. On se laisse 12 à 18 mois pour stabiliser l’entreprise, pour l’instant, on digère les différentes acquisitions, on digère la croissance, on structure l’entreprise, et ensuite, on continuera de se développer. »
« Pour gérer une telle croissance, il faut accepter de prendre des risques et il faut investir. Tout ne marchera pas, mais si on ne le fait pas, on est sûr que ça ne fonctionnera pas. »
Armand Wiedemann-Goiran
Si aujourd’hui le groupe Serpe fait partie des entreprises françaises avec la plus forte croissance, c’est notamment grâce au rachat du groupe CMEVE (Compagnie Méditerranéenne d’Espaces Verts Exploitation) qui a été annoncé en 2020. L’entreprise a également racheté deux sociétés de débroussaillage en rail-route. En tout, Serpe a effectué le rachat de sept entreprises en une dizaine d’années, ce qui l’a propulsée au rang d’ETI (entreprise de taille intermédiaire).
L’entreprise aux cinq valeurs
L’année dernière, le groupe Serpe a célébré ses 35 ans. L’occasion de redéfinir les valeurs de la société. « On les a redéfinies tous ensemble lors d’un séminaire qui a réuni 400 collaborateurs à la Grande-Motte », affirme Armand. Ainsi, les valeurs de l’entreprise sont au nombre de cinq :
•S’engager avec passion en sécurité
•Être soi-même
•Rêver et agir pour demain
•Partager la mission d’excellence
•Travailler en équipe avec la force du groupe
« Aujourd’hui, c’est une chance d’avoir 35 responsables qui portent les valeurs de Serpe, qui défendent le drapeau sur les territoires. »
Armand Wiedemann-Goiran
Serpe se veut une entreprise à l’écoute de ses salariés et qui prône la tolérance. « Il faut que les gens puissent assumer ce qu’ils sont et être bien au travail, explique Armand. Il y a des schémas structurés, notamment le comité social et économique (CSE), ou encore les référents harcèlement. » Du côté des deux coprésidents, il y a aussi l’envie d’être proche des agences, de partager, d’aller au contact des équipes, du terrain, pour être à l’écoute et pouvoir entendre ce dont elles ont besoin. Régulièrement, Bénédicte et Armand se déplacent au sein des différentes agences. « Ça permet de challenger les équipes, d’avoir des retours complémentaires, d’avoir une vue transverse sur l’ensemble de l’entreprise », ajoute le coprésident.
Une vision 2033 axée sur l’environnement
« En même temps qu’on a redéfini les valeurs, on a écrit la vision 2033 », déclare Armand. Après s’être concentrée sur le développement, la structuration et l’investissement, l’entreprise est prête à vivre une aventure d’une autre nature : l’aventure écologique. « Il y a plein de sujets sur la transition énergétique, sur la sensibilisation à l’écologie que l’on porte et sur lesquels on a envie d’agir », ajoute Armand.
« On ne peut pas tout faire, mais on ne peut pas rien faire non plus. »
Armand Wiedemann-Goiran
Le groupe veut prendre sa part au niveau écologique, en essayant de concilier les contraintes environnementales avec la capacité à travailler au quotidien durant certaines périodes de l’année. « Je pense notamment à la période de nidification, durant laquelle il y a des sensibilités qui font qu’on pourrait être empêchés de travailler, développe le coprésident de Serpe. Et donc la question est : comment réussir à concilier la réalité, la sensibilité, et les contraintes économiques de travailler tout au long de l’année ? Il a des cadres de travaux à créer pour entamer une réflexion sur ces aspects-là. »
Des difficultés de recrutement
Aujourd’hui, les métiers autour de la création et de l’entretien d’espaces naturels sont très concurrentiels. Ce sont des métiers qui ont commencé à se financiariser il y a quelques années avec l’arrivée d’investisseurs qui ont changé la dynamique et l’approche de ces métiers. Même si le groupe Serpe, malgré sa taille, garde un côté familial, de proximité avec ses collaborateurs, il rencontre des difficultés à recruter.
Aujourd’hui, l’entreprise a 130 postes ouverts pour environ 1 000 salariés, ce qui fait 13% de postes à pourvoir. « On rencontre une vraie difficulté à recruter, affirme Armand. On a une équipe de six ou sept personnes qui gèrent tout ce qui entoure le recrutement et la formation, donc on a des choses à travailler sur ce point-là. »
Un nouveau centre de formation interne
Afin de pallier ce problème de recrutement, le groupe Serpe a créé son propre centre de formation interne, Serpe Formation, en 2023. Basé à Bouillargues, dans le Gard, ce centre a formé dix personnes l’année dernière, dont huit ont intégré l’entreprise à l’issue de leur formation, et en forme une trentaine cette année. « Ce centre de formation a pour objectif de proposer un métier, et non pas une formation », explique Armand.
Ainsi, les formations sont axées sur les besoins des agences, pour que les formés apprennent tout en étant dans les conditions de l’entreprise. Trois formations sont proposées : une Prépa-apprentissage pour ceux qui sont loin de l’emploi pour les remettre et les sensibiliser au métier, un Titre professionnel d’Ouvrier du paysage et le Certificat de spécialisation Élagage. Deux nouveaux titres devraient s’ajouter l’année prochaine : Technico-commercial du paysage et le Brevet professionnel en espace vert.
Serpe en Vaucluse
Si le groupe Serpe a de nombreux chantiers dans presque toute la France, dont des contrats avec la SNCF et Enedis, ainsi qu’avec de grandes collectivités comme les Métropoles de Lyon et Montpellier, l’entreprise thoroise agit également au niveau local. En Vaucluse, elle travaille notamment pour le Département, ou encore les mairies de Châteauneuf-de-Gadagne, de Pujaut et de Roquemaure.
En ce moment, plusieurs postes sont à pourvoir dans le département. « On cherche des élagueurs, des ouvriers espaces verts, ou encore des personnes pour le marketing », développe Armand. Si l’entreprise embauche généralement des profils jeunes, elle est ouverte à tout type de profils. Le groupe Serpe est par ailleurs ouvert à l’apprentissage, puisque 10% de ses effectifs sont des alternants. « Premièrement, c’est notre responsabilité sociale de participer à former les jeunes, affirme le coprésident. Deuxièmement, c’est notre goût de former les jeunes. Troisièmement, c’est utile à l’entreprise parce que ce sont les pépites de demain. »
La société Serpe s’est donc bien développée les 35 dernières années, et continue de chercher et de former « les pépites de demain », pour consolider et poursuivre sa croissance, et ainsi garder sa place de leader de l’élagage en France et rester parmi les principaux acteurs nationaux en gestion du paysage.