Parti de rien, Richard Fournier a développé le Comptoir de Mathilde. Aujourd’hui implanté à Camaret-sur-Aigues, ce concept est devenu le premier réseau français d’épicerie fine artisanale.
Richard Fournier est un self-made man à succès. Il a ouvert sa première boutique dans la Drôme en 2007. Aujourd’hui président-fondateur du Comptoir de Mathilde dont le siège est à Camaret-sur-Aigues, il est à la tête de 164 établissements (tous en France sauf 3 en Belgique : 2 à Bruges et 1à Bruxelles) et de 130 salariés, sans compter la centaine d’emplois à durée déterminée entre juillet et décembre.
Mathilde : une déclaration d’amour à sa grand-mère
S’il a choisi le prénom ‘Mathilde’, c’est par amour pour sa grand-mère qui était boulangère-pâtissière à Montbrison, dans la Loire et qui a travaillé jusqu’à l’âge de 82 ans. Son slogan ‘Pas de limites’. La preuve : « Mon objectif est de passer de 40M€ de chiffre d’affaires aujourd’hui à 100M€ et à 250 magasins d’ici 5 ans » dit-il avec un large sourire.
Ce qui séduit chez cet homme c’est sa bienveillance, son énergie, son pragmatisme, son sens des affaires et son envie de toujours aller de l’avant. En 2012, il affiche 25% de progression pour ses épiceries fines grâce à une gamme plus large de sucré et de salé. En 2023, il dépasse même ses objectifs avec un profit qui grimpe encore de +30%.
« Je suis parti de rien. »
Et il procède à la première croissance externe en acquérant La Maison de la Châtine à Revel en Haute-Garonne. Elle est spécialisée dans l’enrobage de fruits secs, déshydratés, mais aussi de billes de céréales avec du chocolat. « C’est un savoir-faire, le turbinage d’amandes et de noisettes, que nous n’avions pas et qui nous fait gagner beaucoup de temps » commente-t-il, « Du coup nous allons agrandir ce site et il va passer de 800m2 à plus de 1000m2 ». Cela lui a aussi permis de développer ce qu’il appelle ‘Le bord de tasse’, c’est à dire l’accompagnement du ‘petit noir’ dans les cafés, les bars et les restaurants.
En novembre dernier à Lyon, il reçoit un trophée de La Victoire de l’Autodidacte (voir vidéo en fin d’article) organisé par Harvard Business School. « C’est une fierté pour un gamin de Saint-Etienne comme moi ». Une reconnaissance pour quelqu’un d’ambitieux, de volontaire, qui a fait plein de petits boulots dont les marchés, tôt le matin, qu’il pleuve ou qu’il gèle avant d’être à la tête d’un empire. « A la Harvard Business School, on forme des ultras-diplômés, moi je suis parti de rien ».
600 références
Cet ‘empire’ du Comptoir de Mathilde ce sont 600 références, de chocolats sous toutes leurs formes, de caramels, pâtes à tartiner, miels, madeleines, cafés, babas au rhum, confitures, pâtes de fruits, guimauves, liqueurs, gins, huiles d’olive, vinaigres, thés, sels, poivres, moutardes, morilles, truffes, terrines, foies gras. Avec dans la région des boutiques à Avignon, Le Pontet, Isle-sur-La Sorgue, Orange, Vaison-la-Romaine, Nîmes, Alès, Montpellier.
Comme Richard Fournier est toujours à l’affût de nouveautés et de technologie qui permettent de gagner du temps et de prospérer, il s’est rapproché de la startup My Traffic. Elle analyse les flux piétons dans les zones commerciales, les comportements d’achats, la fréquentation des clients dans les marchés, les complexes cinématographiques, les restaurants, les pizzérias, les salons de thé. Quels jours, à quelles heures, hommes ou femmes, leur âge ? Une forme de ‘géo-marketing’ pour s’implanter le plus judicieusement possible dans les zones de chalandises les plus fréquentées.
Enorme spéculation sur le chocolat
Il y a toutefois un sujet qui l’inquiète, c’est l’explosion du prix du cacao. « Le cours est passé de 2 500$ la tonne à 12 000$ au New-York Stock Exchange de Manhattan. Notre métier est en danger, la production mondiale a changé 20 fois de main l’an dernier, on subit une énorme spéculation » explique Richard Fournier.
Malgré tout, il aime prendre du plaisir dans ce qu’il fait, il a créé des fantaisies coquines : tablette ‘Kama’Sutra’, apéro ‘Franchouillard’ avec saucisson et camembert en chocolat, un mug en porcelaine ‘Ca me fait chaud au cœur’ ou ‘Qui aime bien, chocolate bien’. Et il met le paquet avec des événements gourmands, en fonction du calendrier. Le 2 février ce sera la Chandeleur avec de la pâte à tartiner noisettes ‘S’en lécher les babines’ ou ‘Ne pas y aller à la Cuillère’ et bien sûr, des crêpes. Pour la Saint-Valentin : sucettes cœur en chocolat, à la fraise et ‘Oursons d’amour’. Pour Pâques, ‘Lapinou’ en chocolat au lait, mini œufs, cloches… En juin, ce sera ‘La Fête des Maîtresses d’Ecoles’, « Vous n’imaginez pas à quel point les petits écoliers les aiment et les couvrent de cadeaux! ».
Développement du premier réseau français d’épicerie fine artisanale
Richard Fournier est un bâtisseur, il va continuer. Par exemple en 2015 il avait ouvert à Vaison « Le Mathilde Café », une chocolat-shop. « Mais c’était du retail à emporter, or les gens voulaient rester sur place. Du coup, j’envisage une nouvelle formule avec un espace cosy, des sièges confortables pour que les consommateurs se sentent bien et y passent du temps. Le premier sera installé à Paris ». Il a aussi en tête un concept de ‘Kiosque’ de 12m2, 18m2 et 24m2, pour les gares, les aéroports, les lieux de flux. Il va en ouvrir un à Nîmes cette année. Et il envisage aussi une expansion à l’international, en Asie et au Moyen-Orient.
Il a aussi des vignes en Drôme Provençale et fait son vin, ‘Chastel Samson’ dans les 3 couleurs avec les étiquettes et dessins ad hoc ‘Je suis dans le rouge’, ‘Je passe à l’orange’ et ‘Je suis blanc comme un cul’. Et il les proposera lors du prochain Wine Paris en février. Avant d’être juré en mai, toujours dans la capitale pour ‘La Victoire de l’Entrepreneur Autodidacte’ créée en 1989 pour les entrepreneurs qui n’ont pas eu accès aux grandes écoles et qui ont réussi, comme Richard Fournier, à se faire un nom à force de pugnacité, de résilience, de travail et de discipline.