C’est une jolie adresse le 33, rue Joseph Vernet. Trois marches blanches pour se laisser happer par cet immeuble classé du 18e siècle. A l’intérieur ? Un havre de paix à la blancheur immaculée rythmé de touches vertes. Nous sommes chez Anne Caprini qui a choisi de travailler la plus belle parure de la femme, ses cheveux. Sa potion magique ? Les soins ayurvédiques Aveda.
Nous sommes mercredi et ce jour est précisément dévolu aux soins des cheveux. Anne Caprini m’accueille. Silhouette fine derrière son tablier d’artisan, cheveux châtain doucement bouclés, maquillage discret, regard brun pénétrant. En fond sonore, un jazz aux notes longues et lentes, des touches de piano qui ancrent dans l’instant présent pour tout de suite après, mieux se laisser dériver.
Pendant 5 ans
«Pendant cinq ans je me suis occupée de femmes qui souffraient d’un cancer du sein, entame Anne Caprini, la patronne de ce salon de coiffure pas comme les autres. Il fallait passer le cap de la chute du cheveu, en faire le deuil et intégrer une chevelure d’appoint, c’est-à-dire une perruque. Avant d’en arriver là ? Plusieurs étapes de préparation. Je me suis découverte durant ces années. J’ai aimé les accompagner, leur donner la pêche, la motivation d’affronter ce qui leur arrivait. Il faut dire qu’auparavant j’avais fait beaucoup de séminaires, de soins de support et surtout, appris à aborder les effets négatifs de la chimio. C’était à moi de les amener à accepter une chevelure qui n’était pas la leur mais qui les faisait rester elles, celles qu’elles sont au présent. Ce jour c’était le mercredi, comme un jour confidentiel où je prenais les clientes une à une, pour leur consacrer tout mon temps.»
Témoignage
«J’ai été malade -atteinte du cancer- et des personnes autour de moi l’ont également été, relate une rousse flamboyante, cliente d’Anne Caprini. Et là, Anne, la patronne du salon de coiffure Aveda, nous a choyées, accompagnées avec une incroyable générosité, beaucoup de douceur, de gentillesse, prodiguant conseils et bien-être. Elle a été merveilleuse. Alors que nous étions en plein confinement dû au Covid, elle a fait partie de ce peu de gens qui ne nous ont pas lâchées, apportant expertise, soins, et nous offrant des accessoires capillaires qui boostaient notre moral, au moment où le confinement avait fermé toutes les portes. Maintenant, elle le fait un peu moins parce qu’elle est passée à autre chose, mais l’on peut toujours compter sur elle, que l’on soit fragilisées par la vie ou en plein forme, elle nous donne du peps et surtout prend soin de nous.»
Aujourd’hui
«Aujourd’hui j’ai un peu ralenti, car le système de santé a changé, continue Anne. Avant le confinement il y avait des infirmières ‘d’annonce’ (Ndlr du cancer), qui accompagnaient les femmes dans cette période difficile de leur vie, les informant du déroulement et des effets produits des traitements, et puis… Je me suis rendue compte que les dames qui venaient au salon ne semblaient plus bénéficier de cet accompagnement progressif et individuel, ou du moins, pas de la même façon. Leur désarroi, leur détresse devenaient abyssaux et cela devenait trop lourd à porter parce que l’information, en amont, n’avait que peu ou pas été délivrée. Je ne pouvais pas prendre en charge ce travail qui n’était plus fait. Ça n’était pas mon rôle. J’ai décidé d’arrêter et le mercredi est devenu le jour ‘only fun’. Ce jour n’était plus forcément dévolu au cancer, mais au soin du cheveu pour retrouver du volume, pour soigner l’alopécie (perte des cheveux) qui est d’ailleurs prise en charge par la sécurité sociale et la mutuelle complémentaire. Cette perte de cheveux, ou pelade, peut être médicamenteuse, psychologique… Là encore, je propose une chevelure d’appoint ou un complément capillaire de tous types de cheveux, naturel de type indien, européen, l’univers de la chevelure est vraiment très pointu.»
De l’affaire Eric Zemmour
«J’ai ouvert le salon le 1er avril 2008 et nous sommes 4 à y travailler. A l’époque j’avais ouvert sous l’enseigne Haute coiffure Eric Zemmour qui développait un nouveau savoir-faire et force d’innovation sur toute la Côte d’Azur. J’ai d’ailleurs été sa première franchise. » A partir de 2006 jusqu’en 2011, un autre Eric Zemmour, journaliste, polémiste d’extrême droite, intervenait dans l’émission ‘On n’est pas couché’ de Laurent Ruquier, avec son comparse, Eric Naulleau et commençait à faire parler de lui. «A cette époque cela faisait encore sourire, mais après, lorsque l’homme est devenu incontournable dans les médias et plus encore, candidat aux élections présidentielles de mars 2022, tout s’est durci. Les gens ne faisaient pas la différence entre le polémiste et le groupe forgé par Eric Zemmour l’artiste qui portait la Haute coiffure. J’ai dû changer d’enseigne pendant les élections, en avril dernier, car il n’était plus du tout possible de travailler.»
Aux soins ayurvédiques
«C’est un ami, coiffeur en Suisse, qui m’a fait découvrir les produits Aveda. Je suis très attirée par la nature, les produits naturels, la phytothérapie, l’aromathérapie, alors les soins ayurvédiques Aveda donnaient plus de sens à mon métier et résonnaient en totale cohérence avec ce que j’aimais. D’autant plus que nous utilisons des techniques innovantes à base de plus de 96% d’ingrédients d’origine naturelle certifiés bio et Vegan. Également, nous proposons des colorations sur mesure et un espace SPA du cheveu et des soins personnalisés. Ma clientèle ? Elle est bien sûr, locale, régionale, internationale – très présente cette année et provient de tous les pays- et connait bien ces produits et les process de soins.»
Re-naissance
Le fondateur d’Aveda est Horst Rechelbacher, autrichien (1942-février 2014), coiffeur et activiste environnemental. Il a fondé Aveda Corporation en 1978, pour promouvoir, dans la coiffure, des produits d’origine végétale. Il a développé sa société, en faisant un empire industriel, spécialisé dans l’utilisation d’ingrédients organiques, s’exerçant aux pratiques de commerce équitable, à l’aromathérapie et au recyclage des emballages. À la fois ancré dans son temps et précurseur, il était en quête d’une certaine sagesse traditionnelle et passionné de botanique, thèmes sur lesquels il a beaucoup travaillé à partir du milieu des années 1960. Il a d’ailleurs toujours rappelé qu’il tenait son goût pour la nature et ses bienfaits de sa mère qui était herboriste. Son goût pour la phyto-médecine et la santé l’a conduit au sein d’ashrams indiens, à vivre avec des tribus primitives, à fréquenter des guérisseurs traditionnels et des chamans du monde entier. Horst Rechelbacher a également tissé des partenariats avec le Henry Ford West Bloomfield Hospital, le Children’s Hospital of Minnesota et la Mayo Clinic. Il a collaboré avec de célèbres médecins, chimistes et pharmacologues, ainsi qu’avec des vedettes du rock. En 1997, le chef d’entreprise aux multiples réseaux vendait Aveda Corporation au groupe Estée Lauder Companies. Décédé à 72 ans d’un cancer du pancréas, il signait sa correspondance par la mention «Au service d’une planète verte, saine et non-violente».
Un nouveau tournant
«Les 5 dernières années que nous avons tous vécues ont été assez difficiles : Ça a été deux ans de travaux du tram rendant le centre d’Avignon peu accessible à tous, suivis des manifestations et blocages des gilets jaunes pour, ensuite, subir la crise du Covid et du confinement durant lesquels nous n’étions pas commerce essentiel -ce qui ne nous a pas permis de toucher des aides-, pour, ensuite, être témoins de la guerre en Ukraine, de subir des pénuries de carburant, la hausse de l’énergie et maintenant une forte inflation… Il y a eu beaucoup de sacrifices. Mais là encore, je me suis redécouverte. J’ai une vraie capacité à rebondir, à me régénérer, à sentir quand je dois m’arrêter ou continuer. J’ai également beaucoup d’intuition et une de mes passions est l’astrologie que je pratique depuis plusieurs décennies. Non pas que je fasse des thèmes astraux, cela ne m’intéresse pas car, pour moi l’astrologie est comme un guide de la route. Je suis sur les réseaux sociaux Nassrine Reza qui a écrit ‘La Nutri émotion, une nouvelle voie de guérison et d’épanouissement : le pouvoir de l’eau et des émotions’ édité en octobre 2021. ‘Chaque expérience nous amène à de nouvelles révélations’ relate l’auteure qui évoque le corps, l’émotion et le mental, l’observation de soi pour bien vivre.»
L’expérience commence
Anne s’enquiert de ce qu’il sera nécessaire de faire, couleur ? Coupe ? Coiffage ? Puis l’on passe au diagnostic du cuir chevelu et du cheveu qui déterminent les soins adaptés, puis direction le bac. Le fauteuil s’incline, mes jambes s’allongent, la position est ultra confortable et pourtant j’ai déjà la tête dans le bac. Le fauteuil commence à masser tout le corps, tout d’abord très doucement puis de plus en plus profondément, Ô joie d’être là. Ce sera detox du bulbe du cheveu avec un complexe à base de menthe poivrée, Néroli, de l’algue marine purifiante ‘Scalpt solutions’… 8 années de recherche très poussées pour ce produit oxygénant, puis un shampooing ‘Shampure’ avant un autre soin ‘Nutri-plenish’ (après-shampooing sans rinçage pour hydrater) apportant de la lumière et de la brillance aux longueurs. Carnation de la peau, couleur des cheveux, Anne me propose d’aller vers les teintes froides et pastelles plutôt que chaudes. On parle nutri-émotion, blessures émotionnelles, Anne est pleine de ressource et propose à ses clientes d’aller chercher leurs réponses dans des ouvrages, conseille des thérapeutes holistiques qui sont intervenus dans sa propre histoire, tout en restant très discrète. Bref, nos bavardages ouvrent à chaque fois de nouveaux horizons. S’ensuivront de longs massages du cuir chevelu avec la pulpe des doigts puis une brossette à picots, puis une crème de boucle pour des cheveux souples, brillants et hydratés.»
Dans l’escarcelle d’Anne ?
«Plus de 1500 clients fidèles, dont des parisiens venus s’installer lors du confinement, une belle clientèle internationale du Luberon et bien sûr locale.» Alors comment se démarque-t-on de ses confrères ? «En proposant des soins et des produits différents.» Le management ? «Il est participatif, responsable et autonome. J’interviens lorsqu’il faut se remotiver car nous sommes tous humains.» La clientèle ? «Elle est exigeante et cela est bien normal. » Ma position ? « Nous avons été jusqu’à neuf à travailler dans le salon mais désormais nous sommes quatre. » Ce que demande la clientèle ? « Le meilleur. Je prends beaucoup moins de monde et élargis mes plages horaires. J’ai développé ma qualité de service et réduis la quantité de clients Je m’aperçois que les gens ont besoin de cela.» Le chiffre d’affaires ? «Il s’en est vu augmenté.» La coiffure ? «C’est un métier-passion depuis mes 16 ans, j’adore ce que je fais. C’est nécessaire dans la vie, cela permet de travailler dans la joie et de passer les épreuves.» Les tendances capillaires actuelles ? «Laisser ses cheveux le plus possible naturels. On ne veut plus être à l’opposé de ce que l’on est. C’est aussi ce que la marque Aveda attire. Cela se mesure également chez les couturiers où l’on retrouve la paille, les matières naturelles, la campagne. La nature a refait surface avec le Covid car même si elle faisait partie du paysage, on ne la voyait plus. Un nouvel état de conscience et de changement s’est fait jour, peut-être un peu plus éloigné de la sur-consommation.»
Ce que j’ai vécu
Durant le soin j’ai bu des tisanes ayurvédiques doucement parfumées, mangé des carrés de chocolat Vénézuela de Puyricard, le voisin du salon de coiffure, et me suis massé et lavé les mains avec un linge chaud trempé dans une eau divinement parfumée à la Bergamote. En résumé ? Un accueil ultra bienveillant, confort, détente, massages du corps et des cheveux, beauté et légèreté de ma crinière, je sors légère comme une plume après plus de 2h30 de soin relaxant et de bavardage intéressant. Les prix pratiqués ? La coupe femme est de 55 à 75€, les colorations de 59 à 69€, les techniques de balayages de 65 à 110€, les techniques ombrées à 135€, des extensions de cheveux, du lissage à la kératine, pour le Spa du cheveu compter de 20 à 35€ -selon la longueur des cheveux- et les coupes hommes de 20 à 45€.
Maintenant ?
Le soir, après sa journée de travail, Anne parcourt quelques kilomètres pour gagner les environs des dentelles de Montmirail où elle retrouve sa chère maison et un joli jardin qui comptera bientôt, en plus de beaux arbres, son propre potager. Elle potasse les techniques qui permettent une permaculture luxuriante et sobre en eau, la culture d’herbes aromatiques et pourquoi pas de simples ? Après ? Il sera question de cuisiner de jolis bocaux qu’elle confectionnera dans l’arrière cuisine, histoire de se régaler en famille de sa propre production. La nature ? Elle l’aime verdoyante, luxuriante, vivifiante. Elle la respire, elle veut entendre chaque jour les oiseaux qui nourrissent son appétit de vivre bien et en harmonie. Anne veut être alignée, avec elle-même, son environnement, la Terre et le Cosmos, consciente de tout ce qui se passe et de ce qu’elle vit. Anne veut tout comprendre, tout apprendre parce que c’est la clef de l’existence. Et aussi parce que pour donner, il faut être soi-même bien dans sa vie. Voilà qui est bien proche de son métier de coiffeuse ayurvédique.
Les infos pratiques
Salon de coiffure Anne Caprini-Aveda. Femmes, hommes, enfants. 33, rue Joseph Vernet. Avignon. Colorations naturelles. Balayages, mèches. Spa et soin du cheveu. Perruques esthétiques, complément de volumes et solutions cheveux fins. Du mardi au samedi inclus de 9h à 18h. 04 90 86 11 25. Site web, toutes les informations et réservation ici. Préférer la réservation via internet au téléphone sur le site Anne Caprini-Aveda .