Dans le cadre du SCAD Film Festival qui a eu lieu à Lacoste, Vaucluse Provence Attractivité (VPA) et le Conseil départemental de Vaucluse ont présenté leur Plan Cinéma. Un projet ambitieux dont l’objectif est de favoriser la création audiovisuelle et de pérénniser la filière au sein du département.
C’est dans le cadre idyllique du village de Lacoste, accueillis par le Savannah College of Art and Design (SCAD) de Lacoste et par son directeur Cédric Maros, que les membres du Conseil départemental de Vaucluse ainsi que ceux de VPA, et des professionnels de la filière cinéma se sont réunis afin de présenter leur nouvelle ambition commune : faire du département une terre de cinéma. Un choix géographique « évident pour lancer le plan » selon Cédric Maros, puisque Lacoste vient d’accueillir la 1ère édition du Festival du film du SCAD Lacoste.
Si la Provence et le Vaucluse ont déjà accueilli de nombreux tournages de films connus de tous tels que Jean de Florette et Manon des sources, tournés à Vaugines, ou encore A good year à Bonnieux, l’objectif du Plan Cinéma serait d’attirer davantage les acteurs de la filière afin de développer cette dernière et de créer un réel impact sur la fréquentation du département et sur son économie.
Sur le continent Nord-Américain, c’est l’état de la Géorgie qui accueille le plus de tournages. État dans lequel se situe le SCAD Savannah, d’où l’importance du soutien et de la collaboration du SCAD Lacoste dans ce Plan Cinéma.
Une météo et des décors de rêve
Le département de Vaucluse est riche en histoire, en culture et en patrimoine. Ce qui en fait un lieu propice aux tournages grâce à ces nombreux décors qui attirent déjà beaucoup d’artistes et de cinéastes français, mais également étrangers, et ce, depuis plus d’un siècle. Côté décors de rêve, il est vrai que le Vaucluse n’est pas en reste. Plus de 500 décors naturels sont référencés au sein du département. Le Mont Ventoux, le Luberon, le colorado provençal, les innombrables vignobles, ou encore les forêts et cours d’eau qui viennent enrichir la diversité du paysage vauclusien, les possibilités de tournages sont inquantifiables. « Nous avons des décors incroyables qu’il faut exploiter dans cette direction-là », affirme Alex Berger, producteur qui a notamment travaillé sur la célèbre série Le Bureau des légendes.
C’est sans parler de la météo, qui elle aussi, profite aux cinéastes. Avec plus de 300 jours d’ensoleillement par an, le Vaucluse est peu contraignant pour les tournages qui ne sont donc pas forcés de s’arrêter pour intempéries. C’est comme si la météo, elle aussi, voulait faire partie intégrante du Plan Cinéma et voulait inciter les acteurs de la filière à venir travailler en Provence, mais également à y poser leurs valises. Telle est l’ambition de Vaucluse Provence Attractivité qui souhaite développer le Vaucluse sous toutes ses formes afin qu’il devienne un département où l’on s’installe, et pas seulement que l’on visite.
Le Vaucluse, une terre aimée des producteurs
Aujourd’hui, bon nombre de producteurs de cinéma font de la Provence leur lieu de résidence. D’autres y sont même nés, et l’ont quitté avant d’y revenir. C’est le cas du producteur avignonnais Jules Pochy, qui après avoir vécu quelques dizaines d’années à la capitale, est revenu à sa terre natale. Le producteur nous avait confié vouloir que l’industrie du cinéma se développe en Provence, en affirmant ne pas comprendre « pourquoi il y avait si peu d’activité audiovisuelle dans une région à fort taux d’ensoleillement, une région qui séduit le monde entier, qui a fait rêver les plus grands artistes, peintres, photographes. »
Comme Jules Pochy, le producteur de la série Le Bureau des légendes Alex Berger vit en Vaucluse. C’est donc au milieu des terres rouges roussillonnaises qu’il a déposé ses valises il y a une quarantaine d’années. Lui aussi, voulant développer l’industrie du cinéma dans son département. « Pour les 2 prochaines années, il n’y a plus de studios disponibles en France, a-t-il expliqué. Il y a un réel besoin de sédentariser les productions en Provence et en Vaucluse. »
La nécessité de créer des formations et des structures
Le Vaucluse accueille de plus en plus de formations liées au monde du cinéma. Le SCAD Lacoste, qui propose des formations en film et télévision, en animation et en théâtre, se révèle une nouvelle fois comme étant un partenaire déterminant pour l’exécution de ce Plan Cinéma. L’école des Nouvelles images à Avignon, quant à elle, se spécialise dans les métiers de l’animation & l’image de synthèse. Trois étudiants sortant de cette école ont vu leur film nommé aux Oscars. « Nous proposons une formation forte qui encourage les studios à s’installer en Vaucluse », développe Julien Deparis, le directeur de l’école. C’est sans compter sur les écoles dédiées au jeu vidéo telles que l’Esa Games et la Game Academy, ou encore l’Institut des métiers de la communication audiovisuelle et l’Institut supérieur des techniques du spectacle.
Il y a un an, le département a également accueilli le studio d’animation La Station animation, qui travaille beaucoup avec les étudiants des Nouvelles images. « Nous croyons beaucoup en la Région, notamment le Vaucluse, a expliqué Michel Cortey, directeur de production du studio. Nous souhaitons importer les productions mélangeant animations et prises de vue réelles, une technologie qui devrait ne plus se développer seulement à la capitale et dans les métropoles. »
Malgré cette volonté de donner l’occasion au Vaucluse de s’imposer dans le milieu du cinéma, cela n’est pas suffisant. Le département manque de structure.
Depuis la crise du Covid-19, beaucoup fuient les métropoles. Les acteurs du cinéma n’échappent pas à la règle. La Provence se révèle être l’endroit idéal pour venir se ressourcer, que ce soit de façon temporaire ou sur une période plus longue. Seulement, la création de structures et de formations supplémentaires se présente comme une nécessité. Un projet de grand pôle cinéma, qui s’implanterait dans la zone Courtine à Avignon, est en train de se dessiner pour venir soutenir la création et la recherche de talents, et ainsi, développer la filière.
Une soutien indispensable de la Région Sud
Au Conseil régional de la région Provence-Alpes-Côtes d’Azur, neuf élus vauclusiens travaillent en synergie sur ce Plan Cinéma. Renaud Muselier l’avait annoncé en 2020, « la Région Sud prendra toute sa part au plan culture. » Un plan d’un budget de 5 millions d’euros visant à soutenir les artistes, les compagnies et les structures des domaines de la musique, du livre, des arts plastiques, et bien entendu du cinéma. Aujourd’hui, la Région fait une nouvelle fois preuve de soutien envers la filière du cinéma avec un budget total de 11 millions d’euros qui lui est dédié.
La Région Sud se place parmi celles où le monde de l’audiovisuel prend le plus de place. Même si elle est en train de perdre du terrain face à l’Occitanie qui accueille de grosses productions comme Demain nous appartient ou Ici tout commence, toutes deux diffusées sur la chaîne télévisée TF1, la Région Sud, qui elle voit sa plus grosse production Plus belle la vie s’arrêter, n’en démord pas. La région a tout de même vu plus de 6000 jours de tournage en 2021.
Un nouveau tournant pour l’économie vauclusienne
Derrière ce Plan Cinéma se cache une volonté de la part du Conseil départemental de Vaucluse et de VPA de propulser l’économie du département. En 2021, la Commission du film Luberon Vaucluse a recensé 73 tournages dans le département, qui ont permis la création de 1078 emplois au total. Et qui dit accueil d’une équipe de tournage dit des commerces qui en profitent, et une économie qui se réjouit. « Nous estimons que les retombées économiques de ces tournages se sont élevées à environ 4 265 680€ », développe Pierre-Emmanuel Audoyer, vice-président de la Commission du film Luberon Vaucluse.
Ainsi, non seulement les tournages profitent à l’économie dans une temporalité immédiate, mais ils lui profitent également sur le long terme. Ils permettent de faire la promotion du département de Vaucluse, ce qui peut encourager le tourisme ou bien l’installation permanente. Les tournages permettent également de mettre en avant les atouts des paysages et décors vauclusiens afin d’attirer d’autres acteurs de la filière. C’est ainsi que le Vaucluse souhaite devenir et s’imposer comme une terre de cinéma.