23 novembre 2024 | Le premier transformateur de laine de France

Ecrit par Mireille Hurlin le 29 janvier 2020

Le premier transformateur de laine de France

L’Isle-sur-la Sorgue compte sur son territoire un fleuron de l’économie vauclusienne, la manufacture Brun de Vian-Tiran qui produit, depuis 1808, les tissages des fibres naturelles les plus recherchées au monde. Le premier transformateur de laine de France emploie entre 45 et 48 salariés, réalise 10 M€ de chiffre d’affaires – dont 20% sont réalisés à l’export – et expédie 15 000 colis par an.

 

A sa tête, Jean-Louis et Pierre Brun, deux hommes aux semelles de vent parcourant les régions les plus reculées du monde à la recherche d’éleveurs souvent nomades, dépositaires des plus belles et anciennes races de moutons, chèvres, chameaux, lamas, bouquetins et yacks. Rendez- vous est pris, dans les bâtiments de la manufacture Brun de Vian-Tiran, à l’initiative de François Cance, président d’Artothèque, structure organisatrice d’événements culturels et artistiques située à Lacoste. On franchit sans trop y croire un minuscule pont, sous lequel la Sorgue serpente faisant office de parvis aux bâtiments industriels de belle facture. A l’intérieur, hommes et femmes s’affairent à faire naître des étoffes, à la qualité exceptionnelle, depuis 212 ans et cela malgré les guerres, la crise de 1929 et l’arrivée de la grande distribution. Alors à quoi la réussite de cette entreprise familiale tient-elle ? A l’innovation avec tout d’abord le grand-père de Jean-Louis Brun qui sera le 1er, en Europe, à fabriquer, en 1960, la couverture en mohair. Son accueil, au début peu enthousiaste sur le marché, convaincra jusqu’à nos jours pour son aspect duveteux, sa légèreté, sa douceur et ses couleurs pastel qui hisseront l’objet utile au rang d’élément luxueux de décoration.

 

■ La laine danse comme une plume

La laine ? C’est, au tout début, des balles en provenance du monde et de France. Rangées, classées, dûment pesées, étiquetées et inventoriées, elles se lovent dans un hangar aux allures de caverne d’Ali Baba. En réalité il s’agit du coffre-fort de l’entreprise. Les plus modestes en poids font 70 kg et accueillent les laines plus précieuses comme le cachemire et les plus dodues 600 kg pour les laines croisées. Le prix au kilo ? La laine croisée peut tomber à un prix extrême de 50 cents le kilo tandis que le cachemire peut avoisiner les 100€, selon le cours du jour. En levant la tête, sous les toits, de minuscules et très discrètes colonies de chiroptères sommeillent (peut-être d’adorables pipistrelles pygmées friandes d’insectes). « La manufacture se trouve sur le couloir aérien de ces précieux petits mammifères », sourit Jean- Louis Brun qui veille sur le seul mammifère volant que compte la terre. Dans une salle appelée la ‘loge’, des laines de provenances différentes sont assemblées, dansant sous l’effet de la soufflerie comme des plumes jusqu’au plafond. Mais, en réalité, l’aventure commence par la transformation de la laine en un fil torsadé. Au rez-de-chaussée de grandes salles en enfilade accueillent des cuves en inox dans lesquelles est plongée la laine pour la débarrasser de son suint. Plus loin, dans d’autres cuves, la fibre se délasse et se teinte. Les machines anciennes, parfaitement entretenues –et aussi parce qu’au XXIe siècle on n’a pas fait mieux qu’au XIXe– font vaillamment face aux plus récentes. Dans une chorégraphie qui leur est propre elles assemblent les laines de plusieurs provenances, lavent (ensiment), cardent, filent, bobinent, ourdissent, tissent, tintent, foulent, grattent avec les chardons, sèchent, apprêtent tandis que les couturières épincettent, coupent, bordent, étiquettent et mettent en boîte.

 

■ Parce que le temps s’étire

Au fil des générations deux hommes, Pierre et Jean-Louis Brun, autre- fois côte à côte, se font désormais face. Le temps de la transmission est venu. Tous les deux ingénieurs, épris du détail, de mécanique, de process. L’un et l’autre sont toujours aussi curieux de la nature humaine, animale et de la marche du monde. Passant du micro au macro, exerçant leur vision d’hommes, de leaders, ils sont parfaitement conscients de l’effet papillon. Comme avant eux, le relais continue de passer l’écho de la vie des uns et des autres, imprimé dans l’épaisseur des murs, au fil des jours, des nuits et des week-ends pour s’assurer que les bains, l’hygrométrie, la température n’altèrent pas les fibres en devenir. « Le samedi et le dimanche, lorsque j’étais tout petit, nous faisions, ensemble, le tour de l’usine avec mon père pour nous assurer que tout se passait bien », confie Jean-Louis Brun.

 

■ Prendre des virages décisifs, en parfaite concertation

L’histoire, jamais la même, se trans- met et avec elle de nouveaux défis, les coups de bourre, les enjeux, les décisions, les accords commerciaux, la marche de la planète. C’est vrai pour les dirigeants et aussi pour les collaborateurs qui œuvrent avec, en moyenne, 17 ans d’ancienneté dans la manufacture comme Cédric Roux affecté à la mécanique du tissage, qui représente la 4e génération de sa famille à y œuvrer aux côtés de son père ce qui en dit long sur cette entreprise familiale qui ne s’est pas contentée d’exister, de donner, de redistribuer et continue de plonger ses racines loin autour d’elle, dans un écosystème qui retentit à l’autre bout du monde, comme aux confins du désert de Gobi avec le duvet plein de promesse des baby chameaux du désert de Gobi.

 

■ Les nouveautés

La manufacture vient de mettre au point le 1er plaid de chamelon mongol, de la région du Khomyn Tal, grâce à un partenariat mené par la manufacture avec deux ONG (organisations non gouvernementales) en une alliance scellée avec une communauté de nomades vivant dans le désert de Gobi pour ‘le développement durable, le commerce équitable et la lutte contre la désertification’.

 

■ Recevoir & transmettre

Jean-Louis et Pierre Brun travaillent aussi régulièrement avec l’Ecole nationale supérieure de création industrielle (ENSCI) et les ateliers de design textile. Leur collaboration a débouché sur une collection ‘capsule’ de plaids en Mérinos et au renouveau du tapis d’Avignon, feutre de laine mis au point par Charles Tiran en 1830 et remis au goût du jour sous la forme de tapis tendance. « J’ai créé, il y a 5 ans, un partenariat avec l’Ensci », précise Jean-Louis Brun « école d’excellence en matière industrielle. Cet établissement accueille des élèves de l’école Boulle, des Beaux-Arts et d’autres proposant un master 2 en création industrielle. Ces jeunes, sensibles aux tendances et au processus de création, sont capables d’intégrer les contraintes et les possibilités de l’outil de production pour proto- typer des étoffes, en ayant, auparavant, échangé avec nos ingénieurs et techniciens sur la manière de les fabriquer. Des collections capsules (éphémères) de plaids, portant leur prénom, ont ainsi été créées. »

 

■ La Filaventure

Le musée sensoriel des fibres nobles a été inauguré en juillet 2018 et propose, dans le corps de bâtiment d’une ancienne filature, sur 460 m2, de s’attacher à comprendre l’aventure de la filature industrielle de la famille Vian et Tiran de ses débuts à nos jours. Au-dessus de nos têtes, le Filambule, petit personnage en fil de fer, guide nos pas vers les animaux des cinq continents porteurs de fibres plus soyeuses les unes que les autres. On découvre celles-ci en les regardant, en les touchant, en actionnant de véritables machines, en observant les étapes de fabrication. Le jeune public peut même mener une véritable enquête à l’aide d’un livret et repartir avec Edgar, le petit mouton. La visite peut s’étendre sur 1h30 et plus. « La Filaventure ? s’nterroge Jean-Louis Brun, c’est inviter les gens à voir comment nous travaillons parce que nous ne pouvons pas accueillir du public au sein de notre bâtiment pour des raisons de sécurité et de processus industriel. Plus de 13 000 visiteurs en ont déjà poussé les portes. »

 

■ Pourquoi une boutique ?

« C’est la 1re de la marque que nous créons, en propre et en 212 ans, il faut le faire ! Je voulais depuis longtemps que nous ayons ce point de rencontre avec notre public, pour bâtir une expérience de partage et d’attachement avec la marque, et cela change tout », explique Jean- Louis Brun, « c’est comme rencontrer quelqu’un dans la rue et le revoir chez soi, à l’occasion d’un dîner. On franchit une étape de plus. Il y a une différence entre voir nos produits dans les rayons du Bon marché à Paris, entrer chez nous et découvrir nos univers : nos étoffes dans la nuit, dans la mode et dans la décoration. Cela a été possible d’autant plus que nous vivons dans une ville touristique où les gens viennent naturellement à nous. »

 

■ Les produits

La manufacture propose des châles, couettes, couvertures, coussins, écharpes, édredons, étoles, oreillers, foutas (draps de bain, paréos), plaids, pochettes, sacs, sur-matelas et tapis… Les fibres travaillées ? Le coton, la laine, le lin et la soie (Tussah). Les plus belles fibres sont le Mohair (poil de chèvre angora) et aussi le Yangir issu du duvet de l’Ibex (bouquetin de l’Himalaya), le ‘Cashgora’ contraction de la laine cachemire (chèvre), le mérinos (mouton) et l’alpaca (camélidé proche du lama). « Comme mon père avant moi nous privilégions les couleurs naturelles des fibres », souligne Pierre Brun. Les couleurs tendances ? Le kaki, le bleu paon, terre de Sienne, paprika, moutarde…

 

■ Au bout du monde

L’ONG Takh (pour la sauvegarde du cheval Przewalski de Mongo- lie) a contacté Pierre et Jean-Louis Brun afin d’examiner une laine de chamelons (bébés chameaux) de Mongolie aux confins du désert de Gobi. La finesse exceptionnelle de la fibre a convaincu les deux chefs d’entreprise de s’engager à acheter régulièrement et à son juste prix (c’est-à-dire mieux rémunérer les populations nomades) cette matière très rare, contribuant ainsi à préserver l’espèce.

 

■ Le Mérinos d’Arles antique, la plus belle laine de France fête ses 30 ans

Il aura fallu sept ans à Pierre Brun et à son ami Claude Gutapfel, négociant en laine, pour retrouver le mouton Mérinos tel que l’entendait Louis XVI dont le projet, en 1786, était de croiser 80 béliers mérinos importés d’Espagne pour les mêler aux brebis françaises dans la bergerie nationale de Rambouillet. La Révolution portera un coup d’arrêt au projet avant que, l’Empire installé, Napoléon n’entreprenne de moderniser le pays et relance l’expérience de la race en France. Le Mérinos ne se plaira que dans la vallée de la Crau et le pays d’Arles. Au moment des recherches menées par Pierre Brun et Claude Gutapfel, un seul éleveur français avait conservé cette espèce qui fournissait la laine la plus fine (18 microns pour une fibre soyeuse et douce) et la plus douce d’Europe. Grâce à l’intérêt porté par les deux hommes pour la qualité de la laine – égale en qualité au cachemire d’Iran– 15 éleveurs œuvrent désormais à l’élevage de ces moutons estampillés ‘Mérinos d’Arles antique’. Le travail de la famille Brun a permis de conserver et de faire perdurer le Mérinos d’Arles antique qui fête, cette année, ses 30 ans d’existence. « Aller sur le terrain voir les élevages est une nécessité pour se rendre compte de la bientraitance et nous rend plus intelligents », relate Jean-Louis Brun, « exactement comme le cuisinier fréquente les agriculteurs pour toucher les légumes en terre, les fruits sur les arbres. »

 

■ Bien-être animal

« Chaque année je regarde comment travaillent nos négociants », souligne Jean-Louis Brun, « quels cahiers des charges ils ont mis en place auprès des fournisseurs-éleveurs, de quels labels ils disposent et lesquels sont en cours. Pourquoi cette vigilance ? Parce que je veux constater des progrès. Ces documents concernent la qualité de la laine et le bien-être animal. Si le bien-être animal fait l’objet d’une couverture média- tique prégnante actuellement, chez nous sur notre territoire, particulièrement au Domaine agricole du Merle à Salon-de-Provence (où l’on enseigne l’élevage ovin transhumant), le bien-être animal s’inscrit dans une très ancienne tradition. Pourquoi ? Parce que l’éleveur est le premier à aimer ses animaux et à en prendre soin. La tonte de la laine est d’ailleurs préconisée pour le bien-être de l’animal, lui-même, comme c’est le cas des brebis qui doivent être tondues une fois l’an, entre mi-mai et mi-juin. Nos fournisseurs sud-africains avaient déjà depuis longtemps un cahier des charges pour les chèvres mohair. Notre démarche va même bien au-delà de la bientraitance animale avec la façon d’améliorer la qualité de laine, travailler plus proprement. Nous sommes là sur du développe- ment éthique et durable où tout le monde s’y retrouve. »

 

■ Les chiffres

La manufacture a été créée en 1808. Près de 212 ans et huit générations après, elle emploie entre 45 et 48 salariés en 2020. La poly- valence des salariés est un facteur- clé du management, leur permet- tant d’intervenir sur plusieurs des 15 étapes réclamées pour la confection des couvertures. Les matières premières proviennent de plus de 20 pays. Près de 15 étapes sont nécessaires à la fabrication d’une couverture de la marque : assemblage, ensimage, teinture, cardage, filature, bobinage, ourdissage, tissage, rentrayage, foulage, lavage, lainage, rame, tondage et bordage. Les produits estampillés ‘Brun de Vian-Tiran’ sont proposés dans plus de 2 000 points de vente dans le monde et 1 700 en France, en plus du site Internet et l’entreprise réalise un peu plus de 10M€ de chiffre d’affaires annuel avec l’envoi de 15 000 colis. L’export, que Jean- Louis Brun souhaite développer, représente 20% du chiffre d’affaires avec la Russie et l’Asie.

 

■ De la toison au fil et du tissu à la confection

Au tout début, il y a l’assemblage de fibres complémentaires. Ainsi les fibres d’Amérique du Sud sont réputées solides, tandis que celles provenant d’Australie et de France sont douces et moelleuses. Elles sont ensuite couvertes d’un léger voile d’huile puis plongées dans l’eau avant d’être happées par les grands rouleaux dentés des machines à carder pour former, peu à peu, des bandelettes semblables à des mèches. Celle-ci est étirée et subit une torsion de 100 à 500 tours par mètre afin de lui conférer finesse et solidité. Le fil est ensuite mis en bobines après avoir subi un contrôle électronique de sa régularité. La chaîne de tissage est ensuite créée et complétée par les fils de trame qui constitueront une pièce de tissu d’environ 45 m de long. Chaque mètre de tissu est ensuite inspecté par deux couturières qui relèvent et corrigent les moindres défauts ôtant impuretés, fils supplémentaires ou, à l’inverse, introduisant les fils manquants pour une qualité optimum du tissu. Le foulage inter- vient pour faire rétrécir le tissu en largeur et en longueur afin de lui donner sa dimension définitive. Le foulage était exercé autrefois par les roues à aube, il est désormais exécuté par des rouleaux dans une cuve. La teinture de la fibre peut intervenir sur la laine en bourre ou sur la pièce de tissu. Le tissu est ensuite gratté à l’aide de chardons métalliques reprenant la forme des chardons végétaux, invention imaginée par Pierre Brun. L’étoffe est ensuite séchée et contrôlée électroniquement en machine. A la suite de toutes ces opérations, l’étoffe, selon la matière dont elle est composée, peut être tondue pour se faire velours (chameau, alpaca et lama), ébouriffée (pour des couvertures aussi gonflantes que chaudes), rabattue (pour un élégant effet) ou brossée (pour faire briller le mohair), ou encore calandrée sous haute pression (pour les plaids chics et plombés) avant de passer à la confection où le tissu est coupé, bordé, étiqueté et soigneusement mis en boîte.

 

■ Ce qu’ils ont dit

« La Filanventure s’est installée dans un bâtiment jouxtant la manufacture mais, à l’origine, les deux bâtiments n’en faisaient qu’un », explique Jean- Louis Brun. Le dispositif muséal à l’intérieur du bâtiment est d’1M€. Le coût de l’aménagement du parvis complété de la mise en scène des sculptures et de l’éclairage se monte à 250 000€. L’aménagement de la boutique s’est monté à 250 000€. Plus de 10 000 visiteurs ont apprécié le musée entre juillet 2018 et 2019. Pourquoi avoir conçu un musée ? « J’ai été œnologue sur trois continents. Ce que l’on a bien compris dans le vin ? C’est qu’il faut faire visiter son domaine. Les visiteurs nourrissent ainsi un attachement particulier à ce qu’ils connaissent, ce qu’ils ont vu et touché. » Du B to B au B to C « Si Brun de Vian-Tiran est une marque connue des grandes maisons elle doit aussi le devenir du grand public avec une image et des valeurs : savoir-faire, transmission, respect, bienveillance et naturalité. Il y a aussi la question de la pérennité des entreprises. Celle-ci s’inscrit dans la capacité de se remettre en question à chaque génération. » « Chacune d’entre elles apporte sa propre révolution en lien avec l’évolution du marché. Il y a une addition de compétences et de points de vue », souligne Pierre Brun. « Trans- mettre c’est transformer et, aussi, prendre des risques », ajoute Jean- Louis Brun. « La grande question est de savoir quelle est notre place dans l’univers concurrentiel actuel et de demain ? Quand on dit : « il y aura toujours besoin de beau, il y aura toujours de la place pour la qualité », c’est faux ! Beaucoup d’entreprises-bijoux détentrices de rares savoir-faire ont disparu parce qu’elles n’étaient plus compétitives, parce qu’elles ont été écrasées par la concurrence, parce que les règles du jeu ne privilégient pas forcément la qualité. Ça n’est pas parce qu’on est meilleur qu’on réussit mieux ; Microsoft et Apple l’on prouvé car ça n’est pas le meilleur système qui a gagné et ça n’est pas le seul exemple. Les critères de succès sont la sélection naturelle. C’est une question d’adaptation. La fibre de laine ne compte que pour 1% de la production textile mondiale. »

La Filaventure, musée sensoriel des fibres nobles. Avenue de la Libération. L’Isle-sur-la-Sorgue. 7,50€. Ouvert du mardi au samedi de 10h à 12h30 et de 14h30 à 19h. Dimanche de 12h à 19h. Ouvert 7/7j en juillet et août. 04 28 70 28 00. www.brundeviantiran.com

 

QUI SONT-ILS ?

Jean-Louis Brun

Jean-Louis Brun, directeur général de la manufacture Brun de Vian-Tiran est ingénieur agronome, œnologue et docteur en sciences cognitives. Il engage aujourd’hui la maison Brun de Vian-Tiran dans des coopérations internationales pour la recherche de matières rares. Il a longtemps vécu en Amérique du Sud et a rejoint, à la quarantaine, l’entreprise.

Pierre Brun

Ingénieur textile fort de plus de cinquante ans d’expérience, Pierre Brun, avec son ami négociant en laine Claude Gutapfel, a retrouvé et reconstitué le cheptel de brebis Mérinos qui fournit la plus fine laine d’Europe : le Mérinos d’Arles antique®. Il a inventé et mis au point un chardon métallique (reproduisant le chardon végétal hérissé de piquant) pour carder (peigner) la matière première qui se trouve ainsi nettoyée, assouplie, aérée pour créer la matière des étoffes et préserver en France les quinze métiers dont la maîtrise est nécessaire à leur élaboration.

 

Au départ, l’alliance d’un beau-père et de son gendre

La manufacture Brun de Vian-Tiran commence précisément par une alliance, celle d’un beau-père Charles Tiran avec son gendre Laurent Vian qui, ensemble, feront construire un moulin paroir en bord de Sorgues pour fouler draps de laine et couvertures. En 1886, le mariage de la petite-fille Vian avec Emile Brun formera l’appellation actuelle de la manufacture. En 1900 l’Isle-sur-la-Sorgue comptait 5 manufactures ‘intégrées’, de nombreux ateliers spécialisés dans les draps de laine, les couvertures, les tissus de confection, les tissus techniques pour la papèterie et les tapis d’Avignon conçus sur un très ancien métier ‘Jacquard’. Aujourd’hui, seule la manufacture Brun de Vian-Tiran témoigne de ces métiers et savoir-faire.

 

Ils ont créé et développé la manufacture

La manufacture Brun de Vian-Tiran, fondée sous le 1er Empire a été label- lisée ‘Entreprise du patrimoine vivant’ en 2009. Fait rarissime, la manu- facture est toujours ‘fabricant intégré’ c’est ainsi que machines et anciens processus continuent de s’allier aux dernières technologies pour produire une qualité de fibres inégalée. La ‘guerre’ des marges a poussé l’entreprise à cesser de travailler en ‘marque blanche’ afin de développer sa propre notoriété. (Une marque blanche est un service ou un produit conçu par une entreprise -le fabricant-, que d’autres entreprises -distributrices- reprennent à leur compte et commercialisent sous leur propre marque). Connus des professionnels : grands magasins, décorateurs, enseignes de linge de maison, Brun de Vian-Tiran vise aussi le grand public, particulièrement en ouvrant le musée des fibres nobles. Les articles vont, pour les petits accessoires, de 30€, à 89€ pour une écharpe Trois mérinos en passant par 1 056€ pour un châle tissé en poil de Yangir (bouquetin sibérien) et une couverture en même poil à 3 000€.

 

 

 
crédit photo / Steph Cande
Crédit photo / Laurent Lenfant
( Crédit photo / Claire Curt )
Crédit photo / Steph Cande
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