La fondation Calvet a lancé son nouveau site Internet où elle déroule tous ses trésors. Il y a tout d’abord le Musée Calvet, puis le musée Lapidaire, les bibliothèques de la fondation Calvet, le muséum Requien, la bibliothèque Requien, le Musée du Petit Palais, le Médailler Calvet, voilà pour Avignon et, enfin, le musée archéologique de l’Hôtel Dieu et le musée Jouve et juif Comtadin à Cavaillon.
Et, au creux de ces temples du savoir, des œuvres hors du commun, comme, au titre de la peinture, le portrait de Louis XIV (1638-1715) en armure réalisé par Nicolas Mignard et que le roi aurait plébiscité, mandant le peintre à Versailles pour de nouvelles commandes. Moins académique et totalement incroyable, on tombera sous le charme de l’Idiot de Chaïm Soutine (1893-1943) qui témoigne du talent à la fois expressionniste et proche du fauvisme, laissant paraître les démons intérieurs du grand artiste russe, dont on se rappelle l’amitié avec Modigliani.
Au chapitre de l’archéologie,
il y a la Tarasque de Noves mi-loup, mi-lion, ithyphallique, qui englouti un corps humain. En réalité, une sculpture funéraire gauloise découverte à plus de 2,5 m de profondeur derrière l’église de Noves et datant entre 50 avant Jésus-Christ et le 1er siècle. Elle symbolise le rite de passage entre la vie qui prend fin et le renouveau. Et si vous aviez envie de redécouvrir le marché de la Place Pie peinte par Pierre Grivolas en 1868, par celui qui fut élève d’Ingres et de Delacroix, il vous faudra vous rendre, avec bonheur, sur place. Ces œuvres ont été offertes, achetées ou léguées alors que le cercle des 8 –exécuteurs testamentaires et administrateurs- ont étayé et nourri depuis plus de 200 ans, les collections d’Esprit Calvet, homme hors du commun qui souhaitait que le ‘commun’ puissent accéder au savoir et à l’esthétique.
Comment peut-on faire pour que son patrimoine,
ses collections, les recherches de toute une vie ne disparaissent pas avec soi ? Comment Esprit Calvet a-t-il pu se saisir de cette faille d’éternité pour exister plusieurs siècles après que son corps se soit dissous dans l’infini ?
L’Avignonnais Esprit Calvet (1728-1810),
riche médecin, physiocrate (économiste), archéologue et naturaliste, collectionneur d’œuvres d’art et d’ouvrages, en se penchant sur la question, demeure cet homme libre qui continue de faire battre son âme au gré de la fondation éponyme sur les terres de sa vie, et en cela, c’est déjà prodigieux.
Quant à la solution ?
Elle sera trouvée un peu plus d’un an après sa mort par un certain Napoléon 1er qui lui permettra de faire en sorte que le legs puisse être accepté par le maire d’Avignon au profit de ses administrés. Objectif ? Donner l’accès à sa bibliothèque et à ses collections aux habitants d’Avignon et de ses environs. En cela, Esprit Calvet trouve le moyen post-mortem de créer le premier musée de France !
Pourquoi ?
Au départ, cet homme –il avait à peine 15 ans lorsqu’il en fut convaincu – prit conscience que ce qui manquait le plus ‘à sa patrie’ –entendez par là Avignon et ses environs- était une bibliothèque. A ce même âge, en plus des ouvrages, il entame plusieurs collections dont une de pièces anciennes, et, certaines en or. Alors qu’il sent poindre le crépuscule de sa vie, il a 82 ans, sa bibliothèque comprend 1 400 volumes, une collection d’histoire naturelle, un cabinet d’antiquités, 12 000 pièces anciennes et une importante succession immobilière.
La Fondation Calvet
«Son cabinet de curiosités et sa bibliothèque seront le fondement de sa donation pour la création du Musée Calvet, qui devait permettre au public d’accéder aux Lumières, indique la Fondation Calvet. Dans son testament de 1810, il organise cet accès à la connaissance en y joignant ses biens immobiliers pour en assurer la gestion future et en instituant trois exécuteurs testamentaires – nommés à vie- et de 5 administrateurs nommés pour 10 ans, par le Conseil municipal d’Avignon et chargés de faire respecter ses volontés jusqu’à maintenant.»
Le Conseil d’administration de la Fondation Calvet
est composé de Cécile Helle, président ; Bernard Gamel-Cazalis, vice-président –choisi pour 5 ans par le Conseil d’administration- et exécuteur testamentaire ; Bertrand Lapeyre et Philippe de Cours de Saint-Gervasy également exécuteurs testamentaires à vie et par cooptation ; Jean-Louis Cros, Marianne Robert, Marie-Christine Liénard, Danielle Blanc et Pierre Provoyeur, administrateurs, choisis par le Conseil municipal d’Avignon.
Parmi le patrimoine de la Fondation Calvet
Le patrimoine de la Fondation Calvet se partage entre Avignon et Cavaillon avec des ensembles classés monuments historiques ou d’intérêt patrimonial. Parmi le parc immobilier considérable de cette fondation hors du commun à Avignon, Carpentras et Cavaillon, l’on compte : l’Hôtel Forbin la Barben dit Hôtel Puech à Avignon ; Le collège Saint-Nicolas d’Annecy et la chapelle Notre Dame de Fours à Avignon ; A Cavaillon, il s’agira de la Chapelle de l’Hôtel Dieu, de l’îlot Jouve, du couvent des dominicains, du Mikvé –qui sont les bains juifs rituels-…
Pour tout savoir : accès au livret ici.