Traditionnellement programmées en juin les ‘Flâneries d’art’ d’Aix-en-Provence ont été décalées les samedi 12 et dimanche 13 septembre, en raison de la crise sanitaire de la covid-19. Placée sous le parrainage du ministre de la Culture, Roselyne Bachelot-Narquin, cette manifestation gratuite organisée par Andréa Ferréol présidente de l’association Aix-en-œuvre est un rendez-vous très attendu du public.
«L’art doit reprendre vie, la fête doit recommencer. Les gens ont besoin d’art, de culture, c’est la raison pour laquelle j’ai repoussé les Flâneries», relate la comédienne qui n’a pas ménagé sa peine, avec son équipe, pour que l’événement ait lieu le deuxième week-end de septembre.
Opéra, théâtre, danse, littérature
«Cette année le public va découvrir de l’opéra, de la danse, comme d’habitude de la littérature, beaucoup de sculpteurs, des bijoux magnifiques et cinq jardins, lieux dans lesquels tout cela va être exposé», précise l’actrice. C’est ainsi que 11 artistes, peintres, plasticiens, céramistes, sculpteurs, joaillier, parfumeur, exposeront leurs œuvres dans des jardins privés du XVIIIe siècle situés en cœur de la ville, dont certains lieux remarquables se dévoileront pour la première fois au grand public. Des comédiens, écrivains et journalistes feront des lectures de lettres, d’auteurs anciens et contemporains. Des concerts classiques, d’opéra et de la danse seront également au programme. Une aubaine pour le public qui tout en se promenant dans la Cité du Roi René pourra côtoyer des artistes de renommée internationale et découvrir leur travail dans quelques-uns des plus beaux jardins de la ville. Depuis leur création, les Flâneries ont accueilli 165 000 visiteurs et 225 artistes venus de France et d’Europe. Cette 14e édition laisse aussi une grande place à la littérature avec des lectures de textes et de lettres aussi rares que magnifiques.
Jean-Dominique Réga
Rencontre avec René Frégni
Rencontre avec René Frégni écrivain Marseillais aux nombreux prix littéraires qui vit aujourd’hui à Manosque. Invité des 14e Flânerie d’Aix-en-Provence, cet homme chaleureux dont les récits se situent dans ce sud qu’il incarne si bien, sera présent dimanche 13 septembre au Jardin littéraire pour un moment intitulé ‘Sur les pas de Giono’.
Quand et comment êtes-vous entré dans l’aventure de l’écriture ?
«C’est à 28 ans que j’ai commencé à écrire puis à envoyer, à Paris, des manuscrits, quatre ont tous été refusés, ce qui est assez humiliant quand on met tout son énergie et son cœur dans l’écriture. Là, je me suis rendu compte qu’il y avait deux France : le petit noyau parisien où l’on se fait sa place de père en fils dans les catégories écrivain, peintre, ou encore journaliste de grands médias, et celle des petites gens de Marseille. Moi, mon père, était peintre en bâtiment et ma mère au foyer. Ils ne connaissaient personne. Donc il a fallu que je m’accroche pour mettre un pied dans ce Paris très fermé.»
Cela ne vous a pas découragé ?
«Je continuais à travailler pour gagner ma vie. J’ai été quelques années infirmier en psychiatrie. Ensuite, j’ai travaillé chez des paysans. Je faisais n’importe quoi pour pouvoir écrire. Mais je croyais que cela ne marcherait jamais, j’observais, de loin, ce petit cercle aussi élitiste qu’hermétique. Il a fallu quelques années. Puis, un beau jour, je suis tombé sur quelqu’un de sérieux qui lisait vraiment les manuscrits chez Denoël. Il m’a envoyé un contrat et, à 30 ans, je suis enfin devenu écrivain.»
“Je connais par cœur les 31 romans de Jean Giono que je lis et relis. Son œuvre vibre en moi et m’a inspiré plus qu’une autre.“
Quels écrivains vous ont inspiré ?
«Céline, Jean Genet, Albert Camus, Hemingway, Faulkner, et tout spécialement Jean Giono. Ce sont ces hommes qui m’ont forgé et donné envie de prendre, à mon tour, un cahier et un stylo. Ils ont bâti le petit écrivain que je suis devenu à presque 30 ans. Je connais par cœur les 31 romans de Jean Giono que je lis et relis. Son œuvre vibre en moi et m’a inspiré plus qu’une autre. Il est né et mort à Manosque et, aujourd’hui, nous nous célébrons le grand écrivain qu’il fut à l’occasion du 50e anniversaire de sa mort. Cette année, d’ailleurs, le Mucem lui a consacré une grande exposition attachant ses œuvres aux moments forts de sa vie. Comme lui, je suis né ici, dans cette région et, comme lui, j’y mourrai.»
Comment écrivez-vous ?
«Alors que le matin point, j’ouvre mon cahier juste à côté de mon bol de café fumant puis j’attends. Parfois j’écris d’autre fois non. Je demeure ainsi, le temps que l’inspiration s’empare de ma main. Giono voyait ses personnages sur de longs chemins: Angelo, Pauline, ou encore des chevaux, apparaître dans ses tableaux. Moi, je fixe mon mur blanc et je vois s’y dérouler des films, un peu comme lui. Je décris ce que je vois. Comme dans un jardin où l’on s’inspirait des arbres, des fleurs. Je m’inspire de la matière et de la réalité que je transforme. C’est ça l’écriture et le métier de l’écrivain. J’ai l’impression, quand j’écoute parler de Giono, que j’écoute parler de mon propre travail.»
Vous marchez dans les pas de Giono !
«Voilà la passerelle qui se tisse entre tous les écrivains, vivants ou morts. Je ne me compare pas à eux pour ne pas être broyé par leurs œuvres. Jean Giono est sans doute celui dont je peux parler le mieux. Andréa m’a demandé d’aborder mon écriture, mes cahiers, et de l’évoquer pleinement. Un débat mettra au centre la vision qu’ont les gens de Jean Giono et de ses œuvres, de cette époque de la voiture à cheval complètement dépassée aujourd’hui, alors que des réminiscences de ce passé font encore écho en nous -femmes et hommes entre les âges- qui avons un pied dans la civilisation du cheval et l’autre dans celle de l’ordinateur. Quand Giono nous parle du choléra en 1830, on y est ! On voit tout : les corbeaux, les chevauchées, les forêts, les rivières, les villageois qui n’ont pas tant changés que cela. Moi qui marche beaucoup, j’appréhende ces réalités. Il y a comme cette surimpression de l’œuvre de Giono sur ces villages que je traverse mêlée à la fragrance de la lavande.»
Propos recueillis par Jean-Dominique Réga
Andréa Ferréol
«L’art est pour moi, affaire de passion, de curiosité», s’émerveille la comédienne Andréa Ferréol qui est née à Aix-en-Provence. Passionnée de théâtre et de cinéma, elle l’est tout autant par la peinture, la sculpture, la musique, l’opéra et tous les arts. Où qu’elle aille, elle continue de découvrir de nouveaux artistes en quête d’exigences différentes et goûte le plaisir de les visiter dans leur atelier, au cœur de la création. C’est pour partager sa passion, qu’elle a créé les Flâneries, offrant aux regards et à la curiosité des visiteurs ses coups de cœur qui, elle l’espère, les toucheront comme elle l’a été.
«Les artistes qui exposent dans des endroits de rêve vont enchanter les amateurs d’art et de jardins» Andréa Ferreol
Les créateurs invités : Sylvain Corentin artiste plasticien français associé à l’art outsider ; le Cercle des parfumeurs créateurs (Olivier le Didroux et Karine Chevalier) ; les sculpteurs (peintres céramistes) Daniel Rocher, Javier Balmaseda avec son œuvre de milliers de crabes, Carlos Puente, Manon Damiens, Chrystel Regord, Jean-Philippe Fally, Frédérique Nalbandian -qui attribue une place prépondérante au savon- mais aussi au plâtre et au verre dans ses sculptures, Yannick Mur, créatrice de bijoux, ainsi que le graphiste autodidacte 100toni -Thierry Santoni- qui pratique ‘l’art-sens’ qui véhicule un message.
Demandez le programme !
Samedi 12 septembre 2020
Hôtel Paul 6 avenue Pasteur
- – 14 à 16h Didier Zuili, signature de livres
Mausolée Joseph Sec 8 avenue Pasteur
- − 14h30 – 16h30 et 18h30
- − Karine Chevalier, master-class de parfum
- − Jean-Claude Blanc, signature de son livre
Jardin des Guerriers, rue des Guerriers
- − 15h Arlette Chabot, lecture, correspondance de Louise Michel avec Victor Hugo
- − 16h15 Pauline Leprince et Philippe Cariou, lecture, correspondance entre Apollinaire et Lou
Jardin des étuves, rue des étuves
- − 15h45 Jacques Mailhot, revue de presse
- − 18h15 Mélody Louledjian et Antoine Palloc, chant et piano pour un récital sur les fleurs.
Jardin Littéraire, 12 rue Mérindol
- − 14h30 Marylin Maeso, écrivain
- − 16h00 Anne Gravoin, violoncelle
- − 17h45 Françoise Marthouret, lettres de Albert Camus
- − 18h30 Dominique de Rabaudy Montoussin, photographies « Portraits de mains ».
Dimanche 13 septembre
Hôtel Paul 6 avenue Pasteur
- − 12h à 12h30, Philippe Cariou et Pauline Leprince, lecture
- − 14h à 16h Didier Zuili, signature de livres.
Mausolée Joseph Sec 8 avenue Pasteur
- − 13h30 Karine Chevalier, master class de parfum
- − 13h30 Jean-Claude Blanc, signature de son livre
Jardin de Guerriers – rue des Guerriers
- − 15h15 Michèle Bernier, lecture, lettres de Calimity Jane à sa fille
- − 16h15 Carole Brenner, lecture, lettres de la marquise de Sévigné à sa fille
- − 17h00 Elena Cocci, danse et Eleonora Begueria, violoncelle
Jardin des étuves, rue des étuves
- − 11h30 Thomas Leleu avec Philippe Jardin et Laurent Elbaz, tuba-batterie-piano
- − 14h00 Ewunia et Yves Dupuis, chant avec piano
- − 16h15 Isabel Otero, lecture, Marilyn Monroe et Frida Kahlo « Corps en souffrance »
- − 18h15 Mélody Louledjian au chant, Antoine Palloc au piano et Andréa Ferréol à la lecturede lettres de Maria Callas.
Jardin Littéraire 12 rue Mérindol
- − 12h30 Duo Keynoad, harpe et violoncelle
- − 15h00 Pauline Leprince et Philipe Cariou, lecture, correspondance : Apollinaire et Lou
- − 17h15 René Frégni, écrivain : sur les pas de Giono.
Et aussi samedi et dimanche, de jardin en jardin, lectures de Philippe Cariou et Pauline Leprince.
Les infos pratiques
Les flâneries d’art contemporain dans les jardins Aixois. Aix-en-Provence. Samedi 12 et dimanche 13 septembre. Entrée gratuite. www.aix-en-oeuvres.com